Jecomprends pas j'ai d'énormes difficultés a séduire des filles et quand rarement j'y arrive impossible de faire plus de 3 mois avec. Je ne comprend absolument rien avec les filles et j'ai l
A chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration de smartphones, nous constatons l’apparition de nouvelles icĂŽnes et de nouveaux boutons difficilement comprĂ©hensibles mĂȘme pour les utilisateurs les plus expĂ©rimentĂ©s. C’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui un petit guide pour vous expliquer la signification des icĂŽnes et des symboles prĂ©sents dans les diffĂ©rents menus d’ barre d’étatLe tĂ©lĂ©phone mobile est maintenant prĂ©sent dans tous les aspects de la vie. Il est trĂšs difficile voir totalement impossible de s’en passer. Malheureusement avec l’accroissement du nombre de fonctionnalitĂ©s, l’expĂ©rience utilisateur s’est largement l’arrivĂ©e de nouvelles interfaces avec des icĂŽnes trĂšs Ă©purĂ©es n’a rien fait pour arranger la situation. Certains pictogrammes sont difficilement identifiables au premier coup d’oeil alors que d’autres sont totalement incomprĂ©hensibles y compris pour les titulaires d’un Bac + vous aider Ă  profiter au mieux de votre smartphone, nous avons dĂ©cidĂ© de vous proposer un petit rĂ©capitulatif de toutes les icĂŽnes prĂ©sentes sur l’OS de Google. Nous allons commencer ce tour d’horizon par la barre d’état d’Android. Il s’agit de la petite barre noire placĂ©e tout en haut de l’écran de votre de notifications et symboles affichĂ©s en haut de l’écranA gauche de celle-ci, vous allez retrouver toutes les icĂŽnes des notifications non lues. Ca peut-ĂȘtre un SMS, un message WhatsApp, un tweet, une capture d’écran, une nouvelle mise Ă  jour provenant du Play Store ou une publication Facebook. Le logo affichĂ© correspond Ă  celui de l’application liĂ©e Ă  la important, la plupart des applications fonctionnant en arriĂšre-plan comme par exemple les antivirus disposent de leurs propres icĂŽnes. Ces derniĂšres s’affichent en permanence sur l’interface du tĂ©lĂ©phone. Il n’existe malheureusement aucune fonction pour les masquer de la barre d’ la partie droite de la barre d’état, vous allez pouvoir consulter l’heure, le pourcentage de batterie restant ainsi que la qualitĂ© de la couverture rĂ©seau triangle de votre opĂ©rateur mobile. Dans cette zone figure Ă©galement toutes les icĂŽnes liĂ©es Ă  une fonction prĂ©cise de votre smartphone Wi-Fi, Bluetooth, connexion internet, rotation de l’écran etc
.Le volet de notificationsLes icĂŽnes permettent en thĂ©orie de s’affranchir de la barriĂšre linguistique. Malheureusement le design minimaliste en vogue sur les OS mobiles ne facilite pas la comprĂ©hension immĂ©diate de l’information. C’est cas par exemple des icĂŽnes prĂ©sentes dans le volet de notifications d’ votre doigt en haut de l’écranFaĂźtes le glisser pour faire apparaĂźtre le volet de notificationsLa barre de rĂ©glages placĂ©e tout en haut vous permettra de faire varier la luminositĂ© de la dalle. N’oubliez pas que plus votre Ă©cran sera lumineux et plus ce dernier consommera de l’énergieEn haut Ă  gauche vous trouverez l’icĂŽne permettant d’activer la connexion sans fil Wi-Fi et le BluetoothSur la seconde rangĂ©e se trouve se trouve le bouton permettant d’activer votre connexion internet mobile 4G, le mode avion dĂ©sactive simultanĂ©ment les connexions cellulaires, le Wi-Fi, le Bluetooth ainsi que la radio FM et la lampe de pocheSur la derniĂšre ligne, vous retrouverez les icĂŽnes permettant d’activer les fonctionnalitĂ©s suivantes la localisation GPS, le point d’accĂšs sans fil utiliser son smartphone comme modem sans-fil et les profils audio rĂ©glages sonnerie, mode silencieux, rĂ©unionIl arrive parfois qu’on tombe sur une icĂŽne mystĂ©rieuse. Dans ces cas-lĂ  pas de panique. Laissez un message dans les commentaires avec un descriptif prĂ©cis de ce curieux pictogramme. Un lecteur du blog se fera un plaisir de vous rĂ©pondre.
Icivous trouvez la solution exacte Ă  Bouton Rond Qu'on Tourne Du Doigt pour continuer dans le paquet CodyCross Cirque Groupe 85 Grille 1. Solution pour Bouton Rond Qu'on Tourne Du Si le niveau 80 est terminĂ©, vous pouvez alors passer Ă  cette page qui recense toutes les solutions Brain Out, niveaux 81 Ă  90. On vous offre les indices officiels ainsi que la rĂ©ponse Ă  taper et le raisonnement Ă  avoir pour y aboutir. >> Solution complĂšte Brain Out Solution Niveau 81 Titre Aidez ZoĂ© Ă  boire le sĂ©diment de jus au fond. Description Une petite fille souriante, un verre rempli de jus d’orange, un tĂ©tine et un caillou. Indice Faites glisser la partie infĂ©rieure vers sa bouche. Solution Cliquez sur le bas du verre et glissez jusqu’à la bouche de ZoĂ©. Elle pourra ainsi boire le concentrĂ© du jus qui Ă©tait au fond du verre. Le niveau est maintenant validĂ©. Solution Niveau 82 Titre Placez les formes dans le bon cadre. Description Nous avons 3 piĂšces colorĂ©es et les contours de chacune d’entre elles. Indice Peut-ĂȘtre qu’on peut en mettre quelques unes dans un seul cadre ? Solution Glissez la piĂšce rouge dans la forme qui lui correspond. Faites pareil avec la piĂšce bleue. La piĂšce jaune ne rentre pas dans le rectangle, il faut la glisser dans la piĂšce rouge. Solution Niveau 83 Titre RepĂ©rez les diffĂ©rences. Description Sur une table se trouve deux pots en terre cuite avec des fleurs. Indice Pourquoi ne pas essayer de dĂ©placer la table ? Solution Faites glisser la table vers le bas pour voir d’autres fleurs. Puis cliquez sur les 2 diffĂ©rences fleurs. Nous avons entourĂ© les 2 erreurs ci-dessous Solution Niveau 84 Titre Combien de trous a ce pantalon ? Description Un pantalon bleu avec des trous jeans Indice Notez qu’il y a 2 trous Ă  l’avant et 2 trous Ă  l’arriĂšre. Solution Il y a 9 trous au total. Le grand trou pour l’enfiler, les 2 trous pour chaque jambe, les 4 trous au niveau des genoux 2 Ă  l’avant et 2 Ă  l’arriĂšre et les 2 trous pour les poches. Solution Niveau 85 Titre Quel est le nombre maximum de morceaux qu’une pastĂšque peut ĂȘtre coupĂ©e en 10 morceaux ? Description Une pastĂšque au centre de l’écran et une case rĂ©ponse. Indice Deux Ă  la puissance dix. ça fait 1024 piĂšces. Solution 2^10 = 1024. La solution a taper est 1024. Solution Niveau 86 Titre Attrapez le rat ! Description On peut voir un tuyau, un feu, un morceau de bois, un chat et un caillou. Indice Allumez le bĂąton, fumez un cĂŽtĂ© de la pipe et utilisez votre doigt pour bloquer l’autre cĂŽtĂ©. Solution Glissez le baton sur le feu pour qu’il s’allume. Puis placez le baton Ă  gauche du tuyau, de la fumĂ©e sortira par la droite. A l’extrĂ©mitĂ© droite du tuyau, placez votre doigt et laissez appuyĂ© pendant plusieurs secondes. Le rat sera enfumĂ© et va sortir du tuyau. Mission accomplie ! Solution Niveau 87 Titre Comment rĂ©ussir ce niveau ? Description Ce n’est pas un ballon ou un cerf volant mais une souris d’ordinateur avec les deux boutons oranges et le fil. Indice N’oubliez pas d’utiliser la souris. Bougez et cliquez avec le bouton droit de la souris. Solution Glissez la souris et vous allez voir le curseur se dĂ©placer flĂšche blanche. Possitionnez la flĂšche sur le bouton prochain » puis cliquer sur le bouton orange de la souris. Solution Niveau 88 Titre Formez le plus petit nombre possible. Description Il y a 4 traits noirs horizontaux et 4 boutons avec des chiffres 5, 6, 8 et 9. Indice Levez le signe – » et faites en sorte que la rĂ©ponse devienne -999. Solution Faites glisser le premier trait vers le haut. Il devient alors le signe moins ». Puis tapez 999. On obtient alors -999 » qui est le plus petit nombre que l’on peut faire avec ces chiffres. Malin ! Solution Niveau 89 Titre Encore une fois ! Description Une cible tourne et on a 20 flĂ©chettes. Indice Agrandir le cercle serait plus facile. Solution Avec deux doigts, faites comme si vous zoomiez la cible afin qu’elle soit plus grande. Vous pouvez Ă  prĂ©sent lancer vos 20 flĂ©chettes en prenant garde de ne pas en envoyer deux au mĂȘme endroit, sinon il faut recommencer. C’est clairement pas Ă©vident Ă  faire, vous devrez certainement vous y reprendre plusieurs fois pour arriver Ă  planter les 20 flĂšches sans qu’elles ne se touchent. Si jamais ce niveau vous Ă©nerve et que vous n’y arrivez pas, vous pouvez utilisez 2 jokers qui permettent de passer au niveau suivant. Solution Niveau 90 Titre Maman est de retour. Aidez-moi Ă  cacher la manette de jeu. Description Sur l’écran, il n’y a qu’une console de jeu portable. Indice Couvrez la manette de jeu avec votre doigt pendant un petit moment. Solution Mettez votre doigt sur la console et maintenez-le pendant quelques secondes. Il sera ainsi cachĂ© et le niveau sera validĂ© automatiquement. Nous avons enfin terminĂ© cette nouvelle sĂ©rie de niveaux. On espĂšre que nos explications Ă©taient claires et que vous avez rĂ©ussi Ă  valider chaque level. On continue notre progression, notre but Ă©tant de terminer le jeu. Passons donc aux niveaux 91 Ă  100 de Brain Out !
Ledoigt d'une personne presse tourne par intermittence sur un bouton en plastique noir. Vidéo à propos cyberespace, énergie, électricité, désactivé, down, créativité - 181939550 Vidéo à propos cyberespace, énergie, électricité, désactivé, down, créativité - 181939550
TĂ©lĂ©charger l'article TĂ©lĂ©charger l'article Le temps de trouver la bonne technique, allumer un briquet peut parfois se rĂ©vĂ©ler compliquĂ©. Ne vous en faites pas, car beaucoup se sont Ă©chinĂ©s comme vous et certains sont dĂ©sormais des experts en matiĂšre d'allumage de briquet. Soyez patient, prudent et rĂ©pĂ©tez ce geste autant que nĂ©cessaire ! Vous y arriverez en vous entrainant rĂ©guliĂšrement. 1 Tenez le briquet dans votre main dominante. RepĂ©rez la molette et le bouton d'allumage. La molette est une rondelle d'acier dentelĂ©e et dure. Lorsqu'on la fait rouler suffisamment vite et fort, elle se heurte Ă  une tige de pierre situĂ©e Ă  l'intĂ©rieur du briquet, ce qui crĂ©e une Ă©tincelle.[1] Lorsqu'on appuie sur le bouton d'allumage, cela libĂšre la valve de gaz dans le rĂ©servoir Ă  combustible. Pour allumer le briquet, vous devez faire rouler la molette tout en maintenant le bouton d'allumage enfoncĂ©. Ne vous en faites pas, cette opĂ©ration est bien plus simple qu'elle n'y parait. Sur un briquet Bic, le bouton d'allumage est en plastique rouge et se situe Ă  cĂŽtĂ© de la molette, sur la fourche du briquet. Sur un briquet de type Zippo, le bouton d'allumage, rond et mĂ©tallique, est intĂ©grĂ© au briquet, juste en dessous de la molette. 2 Posez votre pouce sur la molette. Que vous vous serviez de l'extrĂ©mitĂ© ou de l'un des cĂŽtĂ©s de votre pouce, assurez-vous d'appuyer assez fort sur la molette pour atteindre le bouton d'allumage. Votre pouce doit se tenir vers le sommet de la molette, mais lĂ©gĂšrement sous l'arc pour aller en direction du bouton d'allumage. Faites en sorte que la position que vous choisissez soit confortable. Si besoin, essayez diffĂ©rents angles avec votre pouce afin de trouver la position adĂ©quate. Appuyez lĂ©gĂšrement sur la molette, de maniĂšre Ă  la diriger vers le bouton d'allumage pour libĂ©rer la valve de gaz. À cette Ă©tape, vous n'avez plus qu'Ă  dĂ©clencher une Ă©tincelle. 3 D'un geste rapide et Ă©nergique du pouce, faites rouler la molette vers le bas jusqu'au bouton d'allumage. Ne bougez que le pouce et maintenez le bouton d'allumage enfoncĂ© pour que le gaz continue de s'Ă©chapper. Si aucune flamme n'apparait, recommencez. Si vous y arrivez, la molette va dĂ©clencher une Ă©tincelle qui enflammera le gaz libĂ©rĂ© par le bouton d'allumage. Vous saurez immĂ©diatement si vous y ĂȘtes parvenu soit une flamme stable sortira du briquet, soit vous ne verrez rien. S'il ne sort qu'une Ă©tincelle du briquet, alors que vous avez tournĂ© la molette assez vite et assez fort, recommencez. Si le briquet ne fait que des Ă©tincelles, il se peut que le rĂ©servoir de gaz soit presque Ă©puisĂ© ou vide. Prenez un autre briquet. 4 Continuez vos essais jusqu'Ă  obtenir une flamme. Si vous avez du mal, essayez d'appuyer plus fort sur la molette et de rapprocher lĂ©gĂšrement votre pouce du bouton d'allumage. Vous aurez ainsi plus de force, car vous aurez plus d'appui. Veillez Ă  faire tourner la molette assez vite. Pour ne bouger que le pouce, serrez le reste du briquet avec vos quatre autres doigts, comme si vous teniez une balle antistress dans votre poignet. Il faut que votre main soit ferme. Essayez d'appuyer sur le bouton d'allumage Ă  une ou deux reprises sans faire tourner la molette pour ĂȘtre sĂ»r que vous l'enfoncez complĂštement. Si vous n'appuyez pas assez fort, vous ne libĂšrerez pas assez de gaz. PublicitĂ© 1 Tenez le briquet en position verticale dans votre main. Placez-le en dessous de ce que vous voulez allumer. La flamme restera verticale, quel que soit l'angle du briquet et vous risquez de vous bruler si vous tenez le briquet en position horizontale. Tenez votre main Ă  distance de la flamme et de ce que vous allumez. Veillez Ă  ne pas vous bruler. 2 Soyez prudent en maniant la flamme. Tant il est puissant, le feu peut facilement tuer quelqu'un. N'allumez jamais un briquet si vous n'ĂȘtes pas en mesure de l'Ă©teindre. Évitez d'allumer un feu dans un endroit inflammable, du moins tant que vous n'ĂȘtes pas sĂ»r de vous. N'allumez votre briquet que dans des endroits bien ventilĂ©s. Si vous sentez une odeur de gaz lĂ  oĂč vous vous trouvez ou s'il y a dĂ©jĂ  eu une fuite de gaz, ne l'allumez pas. Évitez Ă©galement de l'allumer en remplissant le rĂ©servoir de gaz ou en manipulant des rĂ©cipients qui ont contenu du gaz inflammable. Faites particuliĂšrement attention dans des zones boisĂ©es ou des prairies sĂšches, surtout en Ă©tĂ©. Une simple Ă©tincelle peut dĂ©clencher un incendie qui brulerait des milliers d'hectares et s'il y a du vent, il peut devenir hors de contrĂŽle en seulement un instant. 3 Ne gardez pas la flamme de votre briquet allumĂ©e plus de deux minutes. Si le briquet reste allumĂ© trop longtemps, il sera en surchauffe et vous pourriez bruler votre main ou les Ă©lĂ©ments inflammables qui vous entourent. Les briquets sont en mĂ©tal et en plastique, deux matĂ©riaux qui chauffent assez facilement. Prenez garde de ne pas vous bruler. Si le briquet est trop chaud pour que vous vous en serviez, laissez-le refroidir quelques minutes. 4 Pensez Ă  rĂ©gler le flux de gaz. Sur certains briquets, vous trouverez une petite molette latĂ©rale il s'agit souvent d'une molette noire en plastique que l'on rĂšgle de gauche Ă  droite entre les signes + et –. Le signe + correspond Ă  la flamme la plus grande et le – Ă  la plus petite. Vous pouvez placer la molette n'importe oĂč entre ces deux extrĂ©mitĂ©s. Si vous voulez Ă©conomiser le gaz, placez la molette du cĂŽtĂ© du signe –. Ajustez si nĂ©cessaire. Si vous voulez que la flamme soit grande et impressionnante ou si vous prĂ©fĂ©rez maintenir votre main bien Ă  distance de ce que vous allumez, placez la molette vers le cĂŽtĂ© du +. Sachez que dans cette position, le rĂ©servoir de carburant se videra beaucoup plus vite, car il faut plus de gaz pour former une grande flamme. 5Pour votre information, les briquets Ă  gaz ne fonctionnent plus trĂšs bien Ă  partir de 3 000 mĂštres d'altitude.[2] Si vous vous aventurez en trĂšs haute montagne, pensez Ă  prendre des allumettes. 6 Pour faciliter l'allumage d'un briquet Bic, vous pouvez enlever la sĂ©curitĂ©. Il s'agit de la languette de mĂ©tal lisse qui entoure l'intĂ©rieur de la molette. Cette astuce vous permettra de moins forcer sur votre doigt et la molette tournera plus librement. Tournez la molette jusqu'Ă  repĂ©rer l'ouverture de la languette de sĂ©curitĂ© l'endroit oĂč elle n'est pas soudĂ©e. InsĂ©rez un objet fin, mais solide, tel qu'une clĂ© ou un tournevis, dans le trou d'oĂč sort la flamme du briquet et utilisez les bords du trou comme levier pour Ă©carter la languette de sĂ©curitĂ©.[3] Prenez votre temps et protĂ©gez vos yeux, car la languette de sĂ©curitĂ© peut soudain vous sauter au visage. Sachez que la languette de sĂ©curitĂ© permet d'Ă©viter que les enfants se servent d'un briquet.[4] Si vous l'enlevez, la molette sera plus facile Ă  tourner, mais veillez Ă  la garder en cas de besoin. PublicitĂ© Avertissements Afin d'Ă©viter que votre briquet ne surchauffe, ne le gardez pas allumĂ© en continu plus de deux minutes. Laissez-le ensuite refroidir avant de vous en resservir. Ne jouez pas avec le feu. Éloignez la flamme de tout objet inflammable. Ne l'approchez pas non plus de votre visage, de vos vĂȘtements ou de ceux de quelqu'un d'autre. PublicitĂ© À propos de ce wikiHow Cette page a Ă©tĂ© consultĂ©e 20 750 fois. Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ?
Aprésun scan avec Malwarebyte: celui ci tourne en rond sur : malwarebyte C:\programdata\\\\\ avec une multitude d'antislash. !l'analyse ne se termine donc jamais. Je souhaitais savoir si dans la communauté quelqun avait déja eu ce problÚme ? Merci par avance. Moi aussi Posez votre question Signaler; A voir également: Malwarebyte tourne en rond; Malwarebyte tourne en rond

Si vous avez une petite bosse rouge sur la main, il y a de fortes chances que ce soit un bouton. Bien que ce ne soit pas l’endroit le plus commun pour attraper un bouton, nos mains sont constamment exposĂ©es Ă  la saletĂ©, aux huiles et aux bactĂ©ries. Toutes ces choses peuvent causer des poussĂ©es d’acnĂ©. Nos mains, cependant, sont Ă©galement sujettes Ă  d’autres conditions qui peuvent parfois ĂȘtre confondues avec des boutons. Qu’est-ce qui cause un bouton sur votre main ? AcnĂ© Les boutons sont causĂ©s par un problĂšme de peau appelĂ© acnĂ©, auquel presque tout le monde doit faire face Ă  un moment ou Ă  un autre de sa vie. Contrairement Ă  la croyance populaire, les adolescents ne sont pas les seuls Ă  souffrir d’acnĂ© – les adultes aussi. Les principaux dĂ©clencheurs de l’acnĂ© sont une accumulation de saletĂ©, de sĂ©bum, de peau morte ou de bactĂ©ries dans les pores et les follicules pileux de notre peau. Ces irritants font gonfler cette zone de la peau et la remplissent parfois de petites quantitĂ©s de pus. Cela peut se produire presque n’importe oĂč sur votre corps, et les mains ne font pas exception. Une des meilleures dĂ©fenses contre l’acnĂ© sur vos mains ? Les garder propres en les lavant rĂ©guliĂšrement. Mais soyez conscient que l’acnĂ© peut aussi ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e par des lavages trop frĂ©quents avec des savons agressifs. Ces savons tuent les bonnes bactĂ©ries sur notre peau et peuvent perturber l’équilibre du pH de la rĂ©gion, causant une inflammation. Autres causes Pensez Ă  toutes les saletĂ©s, huiles, graisses et produits chimiques avec lesquels vos mains entrent en contact quotidiennement. Pensez maintenant Ă  tous les germes que vous touchez dans les salles de bains, les cuisines et les espaces publics tous les jours. MalgrĂ© tous nos efforts pour nous laver, nos mains sont sujettes Ă  de nombreuses affections cutanĂ©es diffĂ©rentes. La bosse sur votre main peut ĂȘtre un bouton, mais elle peut aussi ĂȘtre autre chose. Voici quelques signes que vous n’avez peut-ĂȘtre pas affaire Ă  un simple bouton Il est trĂšs douloureux ou extrĂȘmement enflĂ© et irritĂ©. Elle ne disparaĂźt pas d’elle-mĂȘme en une semaine environ. Il contient une grande quantitĂ© de pus ou mĂȘme suinte du liquide. Il continue de grandir au-delĂ  de la taille normale des boutons. La chose dĂ©licate est que de nombreuses affections cutanĂ©es courantes se ressemblent, ce qui signifie qu’elles commencent par de petites bosses rouges que l’on peut facilement confondre avec des boutons. Voici quelques-unes des affections cutanĂ©es courantes des mains que vous voudrez peut-ĂȘtre connaĂźtre Dermatite atopique. Le type d’eczĂ©ma le plus courant, cette affection provoque de petites bosses rouges, souvent sur les mains, qui peuvent ĂȘtre trĂšs irritantes. Si ce qui semble ĂȘtre des boutons sur votre main commencent Ă  se propager, des dĂ©mangeaisons et des Ă©cailles, vous pourriez avoir affaire Ă  une dermatite atopique. Kyste de ganglion. Ce kyste, ou petit sac de liquide, apparaĂźt gĂ©nĂ©ralement sur les mains et le poignet. Vous devriez soupçonner que votre bouton est en fait un kyste ganglionnaire s’il prend de l’ampleur et devient douloureux au toucher. AbcĂšs. Un abcĂšs est trĂšs semblable Ă  un kyste en ce sens qu’il s’agit d’une petite bosse rouge remplie de liquide. La principale diffĂ©rence est que les abcĂšs se forment habituellement en raison de l’infection et sont souvent beaucoup plus graves et douloureux. Calcinose. Cette condition provoque une accumulation de calcium dans ou sous la peau, formant parfois de petites ou grandes bosses blanches. Si la bosse sur votre main est blanche, grandit et commence Ă  fuir un liquide crayeux, cela pourrait ĂȘtre une calcinose. Des verrues. Si ce qui semble ĂȘtre un bouton sur votre main se propage dans une plaque de petites bosses qui sont squameuses ou granuleuses, vous pourriez avoir affaire Ă  des verrues communes. Ils sont habituellement inoffensifs, mais peuvent nĂ©cessiter l’attention d’un mĂ©decin s’ils deviennent douloureux ou s’étendent Ă  une zone sensible de votre corps. Comment traiter un bouton sur votre main Si vous ĂȘtes sĂ»r que la bosse sur votre main est un bouton commun, il est plus que probable qu’elle disparaĂźtra au cours de quelques jours ou semaines sans traitement. Si vous souhaitez accĂ©lĂ©rer le processus ou prĂ©venir d’autres boutons de la main, il y a quelques options. HygiĂšne Passez Ă  un savon doux et lavez-vous les mains quelques fois par jour, surtout aprĂšs ĂȘtre allĂ© aux toilettes et avoir manipulĂ© des articles sales ou huileux. MĂ©dicaments À moins d’avoir des Ă©ruptions d’acnĂ© rĂ©currentes importantes sur les mains, un petit traitement localisĂ© avec des mĂ©dicaments en vente libre – comme une crĂšme ou un gel contenant de l’acide salicylique ou du peroxyde de benzoyle – pour sĂ©cher la rĂ©gion, combattre les bactĂ©ries et favoriser la guĂ©rison. Soulagement de la douleur Si le bouton sur votre main vous cause d’énormes douleurs, cela pourrait ĂȘtre un kyste ou quelque chose de plus grave, et vous devriez consulter un dermatologue. Pour un inconfort mineur causĂ© par un bouton de la main, vous pouvez vous tourner vers un analgĂ©sique en vente libre comme l’ibuprofĂšne Advil ou l’acĂ©taminophĂšne Tylenol. Traiter naturellement un bouton sur la main Vous avez Ă©galement beaucoup d’options naturelles pour traiter vos boutons Ă  la maison, qu’ils soient sur votre main ou ailleurs. En prime, les remĂšdes naturels sentent habituellement bon et peuvent parfois avoir d’autres bienfaits pour votre peau en plus de combattre l’acnĂ© et l’inflammation, comme l’hydratation. Les praticiens de la guĂ©rison naturelle suggĂšrent l’application directe de substances telles que thĂ© vert aloe vera chĂ©ri Ă  la menthe Les huiles essentielles extraites d’élĂ©ments naturels et de plantes sont populaires, et pour cause. Certaines Ă©tudes ont montrĂ© que, parmi d’autres avantages, ils peuvent ĂȘtre utiles pour rĂ©duire l’inflammation et prĂ©venir les poussĂ©es d’acnĂ©. Les huiles essentielles concentrĂ©es peuvent ĂȘtre irritantes pour la peau, il peut donc ĂȘtre nĂ©cessaire de diluer certains types avant de les utiliser avec de l’eau ou une huile vĂ©gĂ©tale. Suivez les instructions du fabricant. Il est Ă©galement recommandĂ© de faire un patch test avant d’appliquer des huiles essentielles diluĂ©es sur les boutons Mettez une petite quantitĂ© sur votre avant-bras et attendez 24 heures. Si la peau est irritĂ©e dans cette zone, ne pas utiliser cette huile pour le traitement. Essayez ces huiles essentielles pour le traitement localisĂ© de votre bouton de la main arbre Ă  thĂ© Ă  la cannelle romarin lavande Devriez-vous mettre le bouton sur votre main ? Faire sauter un bouton accĂ©lĂšre la guĂ©rison » est un mythe courant. Votre meilleur choix est de laisser le bouton suivre son cours naturellement et s’estomper avec le temps. Faire sauter le bouton sur votre main pourrait enfoncer l’infection plus profondĂ©ment dans la peau, propager des bactĂ©ries, enflammer davantage votre peau, ou mĂȘme causer des cicatrices. Un bouton sur votre main, ou n’importe oĂč ailleurs sur votre corps, partira habituellement tout seul si vous le laissez seul et maintenez le secteur propre en utilisant un savon doux. Vous pouvez Ă©galement le traiter pour une cicatrisation plus rapide ou prĂ©venir de futures flambĂ©es d’acnĂ© en utilisant des crĂšmes OTC peu coĂ»teuses. Les boutons ne causent souvent pas beaucoup de douleur, n’exsudent pas beaucoup de pus ou de liquide, ou durent plus d’une semaine ou deux. Si la bosse sur votre main montre certains de ces signes, il est possible qu’il s’agisse d’un kyste ou d’un autre problĂšme de peau qui devrait ĂȘtre Ă©valuĂ© par votre mĂ©decin ou un dermatologue.

Voicitoutes les rĂ©ponses Bouton rond qu'on tourne du doigt. Cette question fait partie du jeu populaire CodyCross! Ce jeu a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, une sociĂ©tĂ© de jeux vidĂ©o trĂšs connue. Puisque vous ĂȘtes dĂ©jĂ  ici, il y a de fortes chances que vous soyez coincĂ© Ă  un niveau spĂ©cifique et que vous cherchiez notre aide. Ne
Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă  cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de CodyCross Bouton rond qu’on tourne du doigt. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Le jeu contient plusieurs niveaux difficiles qui nĂ©cessitent une bonne connaissance gĂ©nĂ©rale des thĂšmes politique, littĂ©rature, mathĂ©matiques, sciences, histoire et diverses autres catĂ©gories de culture gĂ©nĂ©rale. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Le jeu est divisĂ© en plusieurs mondes, groupes de puzzles et des grilles, la solution est proposĂ©e dans l’ordre d’apparition des puzzles. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Codycross MOLETTE Nous pouvons maintenant procĂ©der avec les solutions du sujet suivant Solution Codycross Cirque Groupe 85 Grille 1. Si vous avez une remarque alors n’hĂ©sitez pas Ă  laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous ĂȘtes entrain de rĂ©soudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionnĂ© plus haut pour retrouver la liste complĂšte des dĂ©finitions Ă  trouver. Merci Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar BoutonRond Qu'on Tourne Du Doigt Solution. RĂ©ponses mises Ă  jour et vĂ©rifiĂ©es pour le niveau CodyCross Cirque Groupe 85. Solution. Bouton rond qu'on tourne du doigt Solution . M O L E T
A MARIE-ANTOINE-JULES SENARD MEMBRE DU BARREAU DE PARIS EX-PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE NATIONALE ET ANCIEN MINISTRE DE L'INTERIEUR Cher et illustre ami, Permettez-moi d'inscrire votre nom en tÃÂȘte de ce livre et au-dessus mÃÂȘme de sa dédicace ; car c'est à vous, surtout, que j'en dois la publication. En passant par votre magnifique plaidoirie, mon oeuvre a acquis pour moi-mÃÂȘme comme une autorité imprévue. Acceptez donc ici l'hommage de ma gratitude, qui, si grande qu'elle puisse ÃÂȘtre, ne sera jamais à la hauteur de votre éloquence et de votre dévouement. GUSTAVE FLAUBERT Paris, le 12 avril 1857 A LOUIS BOUILHET PREMIERE PARTIE I. Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillÚrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail. Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir ; puis, se tournant vers le maÃtre d'études - Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élÚve que je vous recommande, il entre en cinquiÚme. Si son travail et sa conduite sont méritoires, il passera dans les grands, oÃÂč l'appelle son ùge. Resté dans l'angle, derriÚre la porte, si bien qu'on l'apercevait à peine, le nouveau était un gars de la campagne, d'une quinzaine d'années environ, et plus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait les cheveux coupés droit sur le front, comme un chantre de village, l'air raisonnable et fort embarrassé. Quoiqu'il ne fût pas large des épaules, son habit-veste de drap vert à boutons noirs devait le gÃÂȘner aux entournures et laissait voir, par la fente des parements, des poignets rouges habitués à ÃÂȘtre nus. Ses jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalon jaunùtre trÚs tiré par les bretelles. Il était chaussé de souliers forts, mal cirés, garnis de clous. On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles, attentif comme au sermon, n'osant mÃÂȘme croiser les cuisses, ni s'appuyer sur le coude, et, à deux heures, quand la cloche sonna, le maÃtre d'études fut obligé de l'avertir, pour qu'il se mÃt avec nous dans les rangs. Nous avions l'habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuite nos mains plus libres ; il fallait, dÚs le seuil de la porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille en faisant beaucoup de poussiÚre ; c'était là le genre. Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manoeuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la priÚre était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux. C'était une de ces coiffure d'ordre composite, oÃÂč l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins circulaires ; puis s'alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de velours et de poils de lapin ; venait ensuite une façon de sac qui se terminait par un polygone cartonné, couvert d'une broderie en soutache compliquée, et d'oÃÂč pendait, au bout d'un long cordon trop mince, un petit croisillon de fils d'or, en maniÚre de gland. Elle était neuve ; la visiÚre brillait. - Levez-vous, dit le professeur. Il se leva ; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire. Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d'un coup de coude, il la ramassa encore une fois. - Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un homme d'esprit. Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon, si bien qu'il ne savait s'il fallait garder sa casquette à la main, la laisser par terre ou la mettre sur sa tÃÂȘte. Il se rassit et la posa sur ses genoux. - Levez-vous, reprit le professeur, et dites-moi votre nom. Le nouveau articula, d'une voix bredouillante, un nom inintelligible. - Répétez ! Le mÃÂȘme bredouillement de syllabes se fit entendre, couvert par les huées de la classe. - Plus haut ! cria le maÃtre, plus haut ! Le nouveau , prenant alors une résolution extrÃÂȘme, ouvrit une bouche démesurée et lança à pleins poumons, comme pour appeler quelqu'un, ce mot Charbovari . Ce fut un vacarme qui s'élança d'un bond, monta en crescendo , avec des éclats de voix aigus on hurlait, on aboyait, on trépignait, on répétait Charbovari ! Charbovari ! , puis qui roula en notes isolées, se calmant à grand-peine, et parfois qui reprenait tout à coup sur la ligne d'un banc oÃÂč saillissait encore çà et là , comme un pétard mal éteint, quelque rire étouffé. Cependant, sous la pluie des pensums, l'ordre peu à peu se rétablit dans la classe, et le professeur, parvenu à saisir le nom de Charles Bovary, se l'étant fait dicter, épeler et relire, commanda tout de suite au pauvre diable d'aller s'asseoir sur le banc de paresse, au pied de la chaire. Il se mit en mouvement, mais, avant de partir, hésita. - Que cherchez-vous ? demanda le professeur. - Ma cas..., fit timidement le nouveau , promenant autour de lui des regards inquiets. - Cinq cents vers à toute la classe ! exclamé d'une voix furieuse, arrÃÂȘta, comme le Quos ego , une bourrasque nouvelle. - Restez donc tranquilles ! continuait le professeur indigné, et s'essuyant le front avec son mouchoir qu'il venait de prendre dans sa toque Quant à vous, le nouveau , vous me copierez vingt fois le verbe ridiculus sum . Puis, d'une voix plus douce - Eh ! vous la retrouverez, votre casquette ; on ne vous l'a pas volée ! Tout reprit son calme. Les tÃÂȘtes se courbÚrent sur les cartons, et le nouveau resta pendant deux heures dans une tenue exemplaire, quoiqu'il y eût bien, de temps à autre, quelque boulette de papier lancée d'un bec de plume qui vÃnt s'éclabousser sur sa figure. Mais il s'essuyait avec la main, et demeurait immobile, les yeux baissés. Le soir, à l'Etude, il tira ses bouts de manches de son pupitre, mit en ordre ses petites affaires, régla soigneusement son papier. Nous le vÃmes qui travaillait en conscience, cherchant tous les mots dans le dictionnaire et se donnant beaucoup de mal. Grùce, sans doute, à cette bonne volonté dont il fit preuve, il dut de ne pas descendre dans la classe inférieure ; car, s'il savait passablement ses rÚgles, il n'avait guÚre d'élégance dans les tournures. C'était le curé de son village qui lui avait commencé le latin, ses parents, par économie, ne l'ayant envoyé au collÚge que le plus tard possible. Son pÚre, M. Charles-Denis-Bartholomé Bovary, ancien aide-chirurgien-major, compromis, vers 1812, dans des affaires de conscription, et forcé, vers cette époque, de quitter le service, avait alors profité de ses avantages personnels pour saisir au passage une dot de soixante mille francs, qui s'offrait en la fille d'un marchand bonnetier, devenue amoureuse de sa tournure. Bel homme, hùbleur, faisant sonner haut ses éperons, portant des favoris rejoints aux moustaches, les doigts toujours garnis de bagues et habillé de couleurs voyantes, il avait l'aspect d'un brave, avec l'entrain facile d'un commis voyageur. Une fois marié, il vécut deux ou trois ans sur la fortune de sa femme, dÃnant bien, se levant tard, fumant dans de grandes pipes en porcelaine, ne rentrant le soir qu'aprÚs le spectacle et fréquentant les cafés. Le beau-pÚre mourut et laissa peu de chose ; il en fut indigné, se lança dans la fabrique , y perdit quelque argent, puis se retira dans la campagne, oÃÂč il voulut faire valoir . Mais, comme il ne s'entendait guÚre plus en culture qu'en indienne, qu'il montait ses chevaux au lieu de les envoyer au labour, buvait son cidre en bouteilles au lieu de le vendre en barriques, mangeait les plus belles volailles de sa cour et graissait ses souliers de chasse avec le lard de ses cochons, il ne tarda point à s'apercevoir qu'il valait mieux planter là toute spéculation. Moyennant deux cents francs par an, il trouva donc à louer dans un village, sur les confins du pays de Caux et de la Picardie, une sorte de logis moitié ferme, moitié maison de maÃtre ; et, chagrin, rongé de regrets, accusant le ciel, jaloux contre tout le monde, il s'enferma dÚs l'ùge de quarante-cinq ans, dégoûté des hommes, disait-il, et décidé à vivre en paix. Sa femme avait été folle de lui autrefois ; elle l'avait aimé avec mille servilités qui l'avaient détaché d'elle encore davantage. Enjouée jadis, expansive et toute aimante, elle était, en vieillissant, devenue à la façon du vin éventé qui se tourne en vinaigre d'humeur difficile, piaillarde, nerveuse. Elle avait tant souffert, sans se plaindre, d'abord, quand elle le voyait courir aprÚs toutes les gotons de village et que vingt mauvais lieux le lui renvoyaient le soir, blasé et puant l'ivresse ! Puis l'orgueil s'était révolté. Alors elle s'était tue, avalant sa rage dans un stoïcisme muet, qu'elle garda jusqu'à sa mort. Elle était sans cesse en courses, en affaires. Elle allait chez les avoués, chez le président, se rappelait l'échéance des billets, obtenait des retards ; et, à la maison, repassait, cousait, blanchissait, surveillait les ouvriers, soldait les mémoires, tandis que, sans s'inquiéter de rien, Monsieur, continuellement engourdi dans une somnolence boudeuse dont il ne se réveillait que pour lui dire des choses désobligeantes, restait à fumer au coin du feu, en crachant dans les cendres. Quand elle eut un enfant, il le fallut mettre en nourrice. Rentré chez eux, le marmot fut gùté comme un prince. Sa mÚre le nourrissait de confitures ; son pÚre le laissait courir sans souliers, et, pour faire le philosophe, disait mÃÂȘme qu'il pouvait bien aller tout nu, comme les enfants des bÃÂȘtes. A l'encontre des tendances maternelles, il avait en tÃÂȘte un certain idéal viril de l'enfance, d'aprÚs lequel il tùchait de former son fils, voulant qu'on l'élevùt durement, à la spartiate, pour lui faire une bonne constitution. Il l'envoyait se coucher sans feu, lui apprenait à boire de grands coups de rhum et à insulter les processions. Mais, naturellement paisible, le petit répondait mal à ses efforts. Sa mÚre le traÃnait toujours aprÚs elle ; elle lui découpait des cartons, lui racontait des histoires, s'entretenait avec lui dans des monologues sans fin, pleins de gaietés mélancoliques et de chatteries babillardes. Dans l'isolement de sa vie, elle reporta sur cette tÃÂȘte d'enfant toutes ses vanités éparses, brisées. Elle rÃÂȘvait de hautes positions, elle le voyait déjà grand, beau, spirituel, établi, dans les ponts et chaussées ou dans la magistrature. Elle lui apprit à lire, et mÃÂȘme lui enseigna, sur un vieux piano qu'elle avait, à chanter deux ou trois petites romances. Mais, à tout cela, M. Bovary, peu soucieux des lettres, disait que ce n'était pas la peine ! Auraient-ils jamais de quoi l'entretenir dans les écoles du gouvernement, lui acheter une charge ou un fonds de commerce ? D'ailleurs, avec du toupet, un homme réussit toujours dans le monde . Madame Bovary se mordait les lÚvres, et l'enfant vagabondait dans le village. Il suivait les laboureurs, et chassait, à coups de motte de terre, les corbeaux qui s'envolaient. Il mangeait des mûres le long des fossés, gardait les dindons avec une gaule, fanait à la moisson, courait dans le bois, jouait à la marelle sous le porche de l'église les jours de pluie, et, aux grandes fÃÂȘtes, suppliait le bedeau de lui laisser sonner les cloches, pour se pendre de tout son corps à la grande corde et se sentir emporter par elle dans sa volée. Aussi poussa-t-il comme un chÃÂȘne. Il acquit de fortes mains, de belles couleurs. A douze ans, sa mÚre obtint que l'on commençùt ses études. On en chargea le curé. Mais les leçons étaient si courtes et si mal suivies, qu'elles ne pouvaient servir à grand-chose. C'était aux moments perdus qu'elles se donnaient, dans la Sacristie, debout, à la hùte, entre un baptÃÂȘme et un enterrement ; ou bien le curé envoyait chercher son élÚve aprÚs l'Angelus , quand il n'avait pas à sortir. On montait dans sa chambre, on s'installait les moucherons et les papillons de nuit tournoyaient autour de la chandelle. Il faisait chaud, l'enfant s'endormait ; et le bonhomme, s'assoupissant les mains sur son ventre, ne tardait pas à ronfler, la bouche ouverte. D'autres fois, quand M. le curé, revenant de porter le viatique à quelque malade des environs, apercevait Charles qui polissonnait dans la campagne, il l'appelait, le sermonnait un quart d'heure et profitait de l'occasion pour lui faire conjuguer son verbe au pied d'un arbre. La pluie venait les interrompre, ou une connaissance qui passait. Du reste, il était toujours content de lui, disait mÃÂȘme que le jeune homme avait beaucoup de mémoire. Charles ne pouvait en rester là . Madame fut énergique. Honteux, ou fatigué plutÎt, Monsieur céda sans résistance, et l'on attendit encore un an que le gamin eût fait sa premiÚre communion. Six mois se passÚrent encore ; et, l'année d'aprÚs, Charles fut définitivement envoyé au collÚge de Rouen, oÃÂč son pÚre l'amena lui-mÃÂȘme, vers la fin d'octobre, à l'époque de la foire Saint-Romain. Il serait maintenant impossible à aucun de nous de se rien rappeler de lui. C'était un garçon de tempérament modéré, qui jouait aux récréations, travaillait à l'étude, écoutant en classe, dormant bien au dortoir, mangeant bien au réfectoire. Il avait pour correspondant un quincaillier en gros de la rue Ganterie, qui le faisait sortir une fois par mois, le dimanche, aprÚs que sa boutique était fermée, l'envoyait se promener sur le port à regarder les bateaux, puis le ramenait au collÚge dÚs sept heures, avant le souper. Le soir de chaque jeudi, il écrivait une longue lettre à sa mÚre, avec de l'encre rouge et trois pains à cacheter ; puis il repassait ses cahiers d'histoire, ou bien il lisait un vieux volume d' Anacharsis qui traÃnait dans l'étude. En promenade, il causait avec le domestique, qui était de la campagne comme lui. A force de s'appliquer, il se maintint toujours vers le milieu de la classe ; une fois mÃÂȘme, il gagna un premier accessit d'histoire naturelle. Mais à la fin de sa troisiÚme, ses parents le retirÚrent du collÚge pour lui faire étudier la médecine, persuadés qu'il pourrait se pousser seul jusqu'au baccalauréat. Sa mÚre lui choisit une chambre, au quatriÚme, sur l'Eau-de-Robec, chez un teinturier de sa connaissance. Elle conclut les arrangements pour sa pension, se procura des meubles, une table et deux chaises, fit venir de chez elle un vieux lit en merisier, et acheta de plus un petit poÃÂȘle en fonte, avec la provision de bois qui devait chauffer son pauvre enfant. Puis elle partit au bout de la semaine, aprÚs mille recommandations de se bien conduire, maintenant qu'il allait ÃÂȘtre abandonné à lui-mÃÂȘme. Le programme des cours, qu'il lut sur l'affiche, lui fit un effet d'étourdissement cours d'anatomie, cours de pathologie, cours de physiologie, cours de pharmacie, cours de chimie, et de botanique, et de clinique, et de thérapeutique, sans compter l'hygiÚne ni la matiÚre médicale, tous noms dont il ignorait les étymologies et qui étaient comme autant de portes de sanctuaires pleins d'augustes ténÚbres. Il n'y comprit rien ; il avait beau écouter, il ne saisissait pas. Il travaillait pourtant, il avait des cahiers reliés, il suivait tous les cours, il ne perdait pas une seule visite. Il accomplissait sa petite tùche quotidienne à la maniÚre du cheval de manÚge, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie. Pour lui épargner de la dépense, sa mÚre lui envoyait chaque semaine, par le messager, un morceau de veau cuit au four, avec quoi il déjeunait le matin, quand il était rentré de l'hÎpital, tout en battant la semelle contre le mur. Ensuite il fallait courir aux leçons, à l'amphithéùtre, à l'hospice, et revenir chez lui, à travers toutes les rues. Le soir, aprÚs le maigre dÃner de son propriétaire, il remontait à sa chambre et se remettait au travail, dans ses habits mouillés qui fumaient sur son corps, devant le poÃÂȘle rougi. Dans les beaux soirs d'été, à l'heure oÃÂč les rues tiÚdes sont vides, quand les servantes jouent au volant sur le seuil des portes, il ouvrait sa fenÃÂȘtre et s'accoudait. La riviÚre, qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leurs bras dans l'eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l'air. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s'étendait, avec le soleil rouge se couchant. Qu'il devait faire bon là -bas ! Quelle fraÃcheur sous la hÃÂȘtraie ! Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu'à lui. Il maigrit, sa taille s'allongea, et sa figure prit une sorte d'expression dolente qui la rendit presque intéressante. Naturellement, par nonchalance, il en vint à se délier de toutes les résolutions qu'il s'était faites. Une fois, il manqua la visite, le lendemain son cours, et, savourant la paresse, peu à peu, n'y retourna plus. Il prit l'habitude du cabaret, avec la passion des dominos. S'enfermer chaque soir dans un sale appartement public, pour y taper sur des tables de marbre de petits os de mouton marqués de points noirs, lui semblait un acte précieux de sa liberté, qui le rehaussait d'estime vis-à -vis de lui-mÃÂȘme. C'était comme l'initiation au monde, l'accÚs des plaisirs défendus ; et, en entrant, il posait la main sur le bouton de la porte avec une joie presque sensuelle. Alors, beaucoup de choses comprimées en lui, se dilatÚrent ; il apprit par coeur des couplets qu'il chantait aux bienvenues, s'enthousiasma pour Béranger, sut faire du punch et connut enfin l'amour. Grùce à ces travaux préparatoires, il échoua complÚtement à son examen d'officier de santé. On l'attendait le soir mÃÂȘme à la maison pour fÃÂȘter son succÚs ! Il partit à pied et s'arrÃÂȘta vers l'entrée du village, oÃÂč il fit demander sa mÚre, lui conta tout. Elle l'excusa, rejetant l'échec sur l'injustice des examinateurs, et le raffermit un peu, se chargeant d'arranger les choses. Cinq ans plus tard seulement, M. Bovary connut la vérité ; elle était vieille, il l'accepta, ne pouvant d'ailleurs supposer qu'un homme issu de lui fût un sot. Charles se remit donc au travail et prépara sans discontinuer les matiÚres de son examen, dont il apprit d'avance toutes les questions par coeur. Il fut reçu avec une assez bonne note. Quel beau jour pour sa mÚre ! On donna un grand dÃner. OÃÂč irait-il exercer son art ? A Tostes. Il n'y avait là qu'un vieux médecin. Depuis longtemps madame Bovary guettait sa mort, et le bonhomme n'avait point encore plié bagage, que Charles était installé en face, comme son successeur. Mais ce n'était pas tout que d'avoir élevé son fils, de lui avoir fait apprendre la médecine et découvert Tostes pour l'exercer il lui fallait une femme. Elle lui en trouva une la veuve d'un huissier de Dieppe, qui avait quarante-cinq ans et douze cents livres de rente. Quoiqu'elle fût laide, sÚche comme un cotret, et bourgeonnée comme un printemps, certes madame Dubuc ne manquait pas de partis à choisir. Pour arriver à ses fins, la mÚre Bovary fut obligée de les évincer tous, et elle déjoua mÃÂȘme fort habilement les intrigues d'un charcutier qui était soutenu par les prÃÂȘtres. Charles avait entrevu dans le mariage l'avÚnement d'une condition meilleure, imaginant qu'il serait plus libre et pourrait disposer de sa personne et de son argent. Mais sa femme fut le maÃtre ; il devait devant le monde dire ceci, ne pas dire cela, faire maigre tous les vendredis, s'habiller comme elle l'entendait, harceler par son ordre les clients qui ne payaient pas. Elle décachetait ses lettres, épiait ses démarches, et l'écoutait, à travers la cloison, donner ses consultations dans son cabinet, quand il y avait des femmes. Il lui fallait son chocolat tous les matins, des égards à n'en plus finir. Elle se plaignait sans cesse de ses nerfs, de sa poitrine, de ses humeurs. Le bruit des pas lui faisait mal ; on s'en allait, la solitude lui devenait odieuse ; revenait-on prÚs d'elle, c'était pour la voir mourir, sans doute. Le soir, quand Charles rentrait, elle sortait de dessous ses draps ses longs bras maigres, les lui passait autour du cou, et, l'ayant fait asseoir au bord du lit, se mettait à lui parler de ses chagrins il l'oubliait, il en aimait une autre ! On lui avait bien dit qu'elle serait malheureuse ; et elle finissait en lui demandant quelque sirop pour sa santé et un peu plus d'amour. II. Une nuit, vers onze heures, ils furent réveillés par le bruit d'un cheval qui s'arrÃÂȘta juste à la porte. La bonne ouvrit la lucarne du grenier et parlementa quelque temps avec un homme resté en bas, dans la rue. Il venait chercher le médecin ; il avait une lettre. Nastasie descendit les marches en grelottant, et alla ouvrir la serrure et les verrous, l'un aprÚs l'autre. L'homme laissa son cheval, et, suivant la bonne, entra tout à coup derriÚre elle. Il tira de dedans son bonnet de laine à houppes grises, une lettre enveloppée dans un chiffon, et la présenta délicatement à Charles, qui s'accouda sur l'oreiller pour la lire. Nastasie, prÚs du lit, tenait la lumiÚre. Madame, par pudeur, restait tournée vers la ruelle et montrait le dos. Cette lettre, cachetée d'un petit cachet de cire bleue, suppliait M. Bovary de se rendre immédiatement à la ferme des Bertaux, pour remettre une jambe cassée. Or il y a, de Tostes aux Bertaux, six bonnes lieues de traverse, en passant par Longueville et Saint-Victor. La nuit était noire. Madame Bovary jeune redoutait les accidents pour son mari. Donc il fut décidé que le valet d'écurie prendrait les devants. Charles partirait trois heures plus tard, au lever de la lune. On enverrait un gamin à sa rencontre, afin de lui montrer le chemin de la ferme et d'ouvrir les clÎtures devant lui. Vers quatre heures du matin, Charles, bien enveloppé dans son manteau, se mit en route pour les Bertaux. Encore endormi par la chaleur du sommeil, il se laissait bercer au trot pacifique de sa bÃÂȘte. Quand elle s'arrÃÂȘtait d'elle-mÃÂȘme devant ces trous entourés d'épines que l'on creuse au bord des sillons, Charles se réveillant en sursaut, se rappelait vite la jambe cassée, et il tùchait de se remettre en mémoire toutes les fractures qu'il savait. La pluie ne tombait plus ; le jour commençait à venir, et, sur les branches des pommiers sans feuilles, des oiseaux se tenaient immobiles, hérissant leurs petites plumes au vent froid du matin. La plate campagne s'étalait à perte de vue, et les bouquets d'arbres autour des fermes faisaient, à intervalles éloignés, des taches d'un violet noir sur cette grande surface grise, qui se perdait à l'horizon dans le ton morne du ciel. Charles, de temps à autre, ouvrait les yeux ; puis, son esprit se fatiguant et le sommeil revenant de soi-mÃÂȘme, bientÎt il entrait dans une sorte d'assoupissement oÃÂč, ses sensations récentes se confondant avec des souvenirs, lui-mÃÂȘme se percevait double, à la fois étudiant et marié, couché dans son lit comme tout à l'heure, traversant une salle d'opérés comme autrefois. L'odeur chaude des cataplasmes se mÃÂȘlait dans sa tÃÂȘte à la verte odeur de la rosée ; il entendait rouler sur leur tringle les anneaux de fer des lits et sa femme dormir... Comme il passait par Vassonville, il aperçut, au bord d'un fossé, un jeune garçon assis sur l'herbe. - Etes-vous le médecin ? demanda l'enfant. Et, sur la réponse de Charles, il prit ses sabots à ses mains et se mit à courir devant lui. L'officier de santé, chemin faisant, comprit aux discours de son guide que M. Rouault devait ÃÂȘtre un cultivateur des plus aisés. Il s'était cassé la jambe, la veille au soir, en revenant de faire les Rois , chez un voisin. Sa femme était morte depuis deux ans. Il n'avait avec lui que sa demoiselle , qui l'aidait à tenir la maison. Les orniÚres devinrent plus profondes. On approchait des Bertaux. Le petit gars, se coulant alors par un trou de haie, disparut, puis il revint au bout d'une cour en ouvrir la barriÚre. Le cheval glissait sur l'herbe mouillée ; Charles se baissait pour passer sous les branches. Les chiens de garde à la niche aboyaient en tirant sur leur chaÃne. Quand il entra dans les Bertaux, son cheval eut peur et fit un grand écart. C'était une ferme de bonne apparence. On voyait dans les écuries, par le dessus des portes ouvertes, de gros chevaux de labour qui mangeaient tranquillement dans des rùteliers neufs. Le long des bùtiments s'étendait un large fumier, de la buée s'en élevait, et, parmi les poules et les dindons, picoraient dessus cinq ou six paons, luxe des basses-cours cauchoises. La bergerie était longue, la grange était haute, à murs lisses comme la main. Il y avait sous le hangar deux grandes charrettes et quatre charrues, avec leurs fouets, leurs colliers, leurs équipages complets, dont les toisons de laine bleue se salissaient à la poussiÚre fine qui tombait des greniers. La cour allait en montant, plantée d'arbres symétriquement espacés, et le bruit gai d'un troupeau d'oies retentissait prÚs de la mare. Une jeune femme, en robe de mérinos bleu garnie de trois volants, vint sur le seuil de la maison pour recevoir M. Bovary, qu'elle fit entrer dans la cuisine, oÃÂč flambait un grand feu. Le déjeuner des gens bouillonnait alentour, dans des petits pots de taille inégale. Des vÃÂȘtements humides séchaient dans l'intérieur de la cheminée. La pelle, les pincettes et le bec du soufflet, tous de proportion colossale, brillaient comme de l'acier poli, tandis que le long des murs s'étendait une abondante batterie de cuisine, oÃÂč miroitait inégalement la flamme claire du foyer, jointe aux premiÚres lueurs du soleil arrivant par les carreaux. Charles monta, au premier, voir le malade. Il le trouva dans son lit, suant sous ses couvertures et ayant rejeté bien loin son bonnet de coton. C'était un gros petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à l'oeil bleu, chauve sur le devant de la tÃÂȘte, et qui portait des boucles d'oreilles. Il avait à ses cÎtés, sur une chaise, une grande carafe d'eau-de-vie, dont il se versait de temps à autre pour se donner du coeur au ventre ; mais, dÚs qu'il vit le médecin, son exaltation tomba, et, au lieu de sacrer comme il faisait depuis douze heures, il se prit à geindre faiblement. La fracture était simple, sans complication d'aucune espÚce. Charles n'eût osé en souhaiter de plus facile. Alors, se rappelant les allures de ses maÃtres auprÚs du lit des blessés, il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots, caresses chirurgicales qui sont comme l'huile dont on graisse les bistouris. Afin d'avoir des attelles, on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes. Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire des bandes, et que mademoiselle Emma tùchait de coudre des coussinets. Comme elle fut longtemps avant de trouver son étui, son pÚre s'impatienta ; elle ne répondit rien ; mais, tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu'elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer. Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant n'était pas belle, point assez pùle peut-ÃÂȘtre, et un peu sÚche aux phalanges ; elle était trop longue aussi, et sans molles inflexions de lignes sur les contours. Ce qu'elle avait de beau, c'étaient les yeux ; quoiqu'ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. Une fois le pansement fait, le médecin fut invité, par M. Rouault lui-mÃÂȘme, à prendre un morceau avant de partir. Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée. Deux couverts, avec des timbales d'argent, y étaient mis sur une petite table, au pied d'un grand lit à baldaquin revÃÂȘtu d'une indienne à personnages représentant des Turcs. On sentait une odeur d'iris et de draps humides, qui s'échappait de la haute armoire en bois de chÃÂȘne, faisant face à la fenÃÂȘtre. Par terre, dans les angles, étaient rangés, debout, des sacs de blé. C'était le trop-plein du grenier proche, oÃÂč l'on montait par trois marches de pierre. Il y avait, pour décorer l'appartement, accrochée à un clou, au milieu du mur dont la peinture verte s'écaillait sous le salpÃÂȘtre, une tÃÂȘte de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait au bas, écrit en lettres gothiques " A mon cher papa. " On parla d'abord du malade, puis du temps qu'il faisait, des grands froids, des loups qui couraient les champs, la nuit. Mademoiselle Rouault ne s'amusait guÚre à la campagne, maintenant surtout qu'elle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. Comme la salle était fraÃche, elle grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lÚvres charnues, qu'elle avait coutume de mordillonner à ses moments de silence. Son cou sortait d'un col blanc, rabattu. Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d'un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tÃÂȘte par une raie fine, qui s'enfonçait légÚrement selon la courbe du crùne ; et, laissant voir à peine le bout de l'oreille, ils allaient se confondre par derriÚre en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes, que le médecin de campagne remarqua là pour la premiÚre fois de sa vie. Ses pommettes étaient roses. Elle portait, comme un homme, passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon d'écaille. Quand Charles, aprÚs ÃÂȘtre monté dire adieu au pÚre Rouault, rentra dans la salle avant de partir, il la trouva debout, le front contre la fenÃÂȘtre, et qui regardait dans le jardin, oÃÂč les échalas des haricots avaient été renversés par le vent. Elle se retourna. - Cherchez-vous quelque chose ? demanda-t-elle. - Ma cravache, s'il vous plaÃt, répondit-il. Et il se mit à fureter sur le lit, derriÚre les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. Mademoiselle Emma l'aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le mÃÂȘme mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l'épaule, en lui tendant son nerf de boeuf. Au lieu de revenir aux Bertaux trois jours aprÚs, comme il l'avait promis, c'est le lendemain mÃÂȘme qu'il y retourna, puis deux fois la semaine réguliÚrement, sans compter les visites inattendues qu'il faisait de temps à autre, comme par mégarde. Tout, du reste, alla bien ; la guérison s'établit selon les rÚgles, et quand, au bout de quarante-six jours, on vit le pÚre Rouault qui s'essayait à marcher seul dans sa masure , on commença à considérer M. Bovary comme un homme de grande capacité. Le pÚre Rouault disait qu'il n'aurait pas été mieux guéri par les premiers médecins d'Yvetot ou mÃÂȘme de Rouen. Quant à Charles, il ne chercha point à se demander pourquoi il venait aux Bertaux avec plaisir. Y eût-il songé, qu'il aurait sans doute attribué son zÚle à la gravité du cas, ou peut-ÃÂȘtre au profit qu'il en espérait. Etait-ce pour cela, cependant, que ses visites à la ferme faisaient, parmi les pauvres occupations de sa vie, une exception charmante ? Ces jours-là il se levait de bonne heure, partait au galop, poussait sa bÃÂȘte, puis il descendait pour s'essuyer les pieds sur l'herbe, et passait ses gants noirs avant d'entrer. Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barriÚre qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le pÚre Rouault, qui lui tapait dans la main en l'appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de mademoiselle Emma sur les dalles lavées de la cuisine ; ses talons hauts la grandissaient un peu, et, quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. Elle le reconduisait toujours jusqu'à la premiÚre marche du perron. Lorsqu'on n'avait pas encore amené son cheval, elle restait là . On s'était dit adieu, on ne parlait plus ; le grand air l'entourait, levant pÃÂȘle-mÃÂȘle les petits cheveux follets de sa nuque, ou secouant sur sa hanche les cordons de son tablier, qui se tortillaient comme des banderoles. Une fois, par un temps de dégel, l'écorce des arbres suintait dans la cour, la neige sur les couvertures des bùtiments se fondait. Elle était sur le seuil ; elle alla chercher son ombrelle, elle l'ouvrit. L'ombrelle, de soie gorge de pigeon, que traversait le soleil, éclairait de reflets mobiles la peau blanche de sa figure. Elle souriait là -dessous à la chaleur tiÚde ; et on entendait les gouttes d'eau, une à une, tomber sur la moire tendue. Dans les premiers temps que Charles fréquentait les Bertaux, madame Bovary jeune ne manquait pas de s'informer du malade, et mÃÂȘme sur le livre qu'elle tenait en partie double, elle avait choisi pour M. Rouault une belle page blanche. Mais quand elle sut qu'il avait une fille, elle alla aux informations ; et elle apprit que mademoiselle Rouault, élevée au couvent, chez les Ursulines, avait reçu, comme on dit, une belle éducation , qu'elle savait, en conséquence, la danse, la géographie, le dessin, faire de la tapisserie et toucher du piano. Ce fut le comble ! - C'est donc pour cela, se disait-elle, qu'il a la figure si épanouie quand il va la voir, et qu'il met son gilet neuf, au risque de l'abÃmer à la pluie ? Ah ! cette femme ! cette femme !... Et elle la détesta, d'instinct. D'abord, elle se soulagea par des allusions, Charles ne les comprit pas ; ensuite, par des réflexions incidentes qu'il laissait passer de peur de l'orage ; enfin, par des apostrophes à brûle-pourpoint auxquelles il ne savait que répondre. - D'oÃÂč vient qu'il retournait aux Bertaux, puisque M. Rouault était guéri et que ces gens-là n'avaient pas encore payé ? Ah ! c'est qu'il y avait là -bas une personne , quelqu'un qui savait causer, une brodeuse, un bel esprit. C'était là ce qu'il aimait il lui fallait des demoiselles de ville ! - Et elle reprenait - La fille au pÚre Rouault, une demoiselle de ville ! Allons donc ! leur grand-pÚre était berger, et ils ont un cousin qui a failli passer par les assises pour un mauvais coup, dans une dispute. Ce n'est pas la peine de faire tant de fla-fla, ni de se montrer le dimanche à l'église avec une robe de soie, comme une comtesse. Pauvre bonhomme, d'ailleurs, qui sans les colzas de l'an passé eût été bien embarrassé de payer ses arrérages ! Par lassitude, Charles cessa de retourner aux Bertaux. Héloïse lui avait fait jurer qu'il n'irait plus, la main sur son livre de messe, aprÚs beaucoup de sanglots et de baisers, dans une grande explosion d'amour. Il obéit donc ; mais la hardiesse de son désir protesta contre la servilité de sa conduite, et, par une sorte d'hypocrisie naïve, il estima que cette défense de la voir était pour lui comme un droit de l'aimer. Et puis la veuve était maigre ; elle avait les dents longues ; elle portait en toute saison un petit chùle noir dont la pointe lui descendait entre les omoplates ; sa taille dure était engainée dans des robes en façon de fourreau, trop courtes, qui découvraient ses chevilles, avec les rubans de ses souliers larges s'entrecroisant sur des bas gris. La mÚre de Charles venait les voir de temps à autre ; mais, au bout de quelques jours, la bru semblait l'aiguiser à son fil ; et alors, comme deux couteaux, elles étaient à le scarifier par leurs réflexions et leurs observations. Il avait tort de tant manger ! Pourquoi toujours offrir la goutte au premier venu ? Quel entÃÂȘtement que de ne pas vouloir porter de flanelle ! Il arriva qu'au commencement du printemps, un notaire d'Ingouville, détenteur de fonds à la veuve Dubuc, s'embarqua, par une belle marée, emportant avec lui tout l'argent de son étude. Héloïse, il est vrai, possédait encore, outre une part de bateau évaluée six mille francs, sa maison de la rue Saint-François ; et cependant, de toute cette fortune que l'on avait fait sonner si haut, rien, si ce n'est un peu de mobilier et quelques nippes, n'avait paru dans le ménage. Il fallut tirer la chose au clair. La maison de Dieppe se trouva vermoulue d'hypothÚques jusque dans ses pilotis ; ce qu'elle avait mis chez le notaire, Dieu seul le savait, et la part de barque n'excéda point mille écus. Elle avait donc menti, la bonne dame ! Dans son exaspération, M. Bovary pÚre, brisant une chaise contre les pavés, accusa sa femme d'avoir fait le malheur de leur fils en l'attelant à une haridelle semblable, dont les harnais ne valaient pas la peau. Ils vinrent à Tostes. On s'expliqua. Il y eut des scÚnes. Héloïse, en pleurs, se jetant dans les bras de son mari, le conjura de la défendre de ses parents. Charles voulut parler pour elle. Ceux-ci se choquÚrent, et ils partirent. Mais le coup était porté . Huit jours aprÚs, comme elle étendait du linge dans sa cour, elle fut prise d'un crachement de sang, et le lendemain, tandis que Charles avait le dos tourné pour fermer le rideau de la fenÃÂȘtre, elle dit " Ah ! mon Dieu ! " poussa un soupir et s'évanouit. Elle était morte ! Quel étonnement ! Quand tout fut fini au cimetiÚre, Charles rentra chez lui. Il ne trouva personne en bas ; il monta au premier, dans la chambre, vit sa robe encore accrochée au pied de l'alcÎve ; alors, s'appuyant contre le secrétaire, il resta jusqu'au soir perdu dans une rÃÂȘverie douloureuse. Elle l'avait aimé, aprÚs tout. III. Un matin, le pÚre Rouault vint apporter à Charles le payement de sa jambe remise soixante et quinze francs en piÚces de quarante sous et une dinde. Il avait appris son malheur, et l'en consola tant qu'il put. - Je sais ce que c'est ! disait-il en lui frappant sur l'épaule ; j'ai été comme vous, moi aussi ! Quand j'ai eu perdu ma pauvre défunte, j'allais dans les champs pour ÃÂȘtre tout seul ; je tombais au pied d'un arbre, je pleurais, j'appelais le bon Dieu, je lui disais des sottises ; j'aurais voulu ÃÂȘtre comme les taupes, que je voyais aux branches, qui avaient des vers leur grouillant dans le ventre, crevé, enfin. Et quand je pensais que d'autres, à ce moment-là , étaient avec leurs bonnes petites femmes à les tenir embrassées contre eux, je tapais de grands coups par terre avec mon bùton ; j'étais quasiment fou, que je ne mangeais plus ; l'idée d'aller seulement au café me dégoûtait, vous ne croiriez pas. Eh bien, tout doucement, un jour chassant l'autre, un printemps sur un hiver et un automne par-dessus un été, ça a coulé brin à brin, miette à miette ; ça s'en est allé, c'est parti, c'est descendu, je veux dire, car il vous reste toujours quelque chose au fond, comme qui dirait... un poids, là , sur la poitrine ! Mais, puisque c'est notre sort à tous, on ne doit pas non plus se laisser dépérir, et, parce que d'autres sont morts, vouloir mourir... Il faut vous secouer, monsieur Bovary ; ça se passera ! Venez nous voir ; ma fille pense à vous de temps à autre, savez-vous bien, et elle dit comme ça que vous l'oubliez. Voilà le printemps bientÎt ; nous vous ferons tirer un lapin dans la garenne, pour vous dissiper un peu. Charles suivit son conseil. Il retourna aux Bertaux ; il retrouva tout comme la veille, comme il y avait cinq mois, c'est-à -dire. Les poiriers déjà étaient en fleur, et le bonhomme Rouault, debout maintenant, allait et venait, ce qui rendait la ferme plus animée. Croyant qu'il était de son devoir de prodiguer au médecin le plus de politesses possible, à cause de sa position douloureuse, il le pria de ne point se découvrir la tÃÂȘte, lui parla à voix basse, comme s'il eût été malade, et mÃÂȘme fit semblant de se mettre en colÚre de ce que l'on n'avait pas apprÃÂȘté à son intention quelque chose d'un peu plus léger que tout le reste, tels que des petits pots de crÚme ou des poires cuites. Il conta des histoires. Charles se surprit à rire ; mais le souvenir de sa femme, lui revenant tout à coup, l'assombrit. On apporta le café ; il n'y pensa plus. Il y pensa moins, à mesure qu'il s'habituait à vivre seul. L'agrément nouveau de l'indépendance lui rendit bientÎt la solitude plus supportable. Il pouvait changer maintenant les heures de ses repas, rentrer ou sortir sans donner de raisons, et, lorsqu'il était bien fatigué, s'étendre de ses quatre membres, tout en large, dans son lit. Donc, il se choya, se dorlota et accepta les consolations qu'on lui donnait. D'autre part, la mort de sa femme ne l'avait pas mal servi dans son métier, car on avait répété durant un mois " Ce pauvre jeune homme ! quel malheur ! " Son nom s'était répandu, sa clientÚle s'était accrue ; et puis il allait aux Bertaux tout à son aise. Il avait un espoir sans but, un bonheur vague ; il se trouvait la figure plus agréable en brossant ses favoris devant son miroir. Il arriva un jour vers trois heures ; tout le monde était aux champs ; il entra dans la cuisine, mais n'aperçut point d'abord Emma, les auvents étaient fermés. Par les fentes du bois, le soleil allongeait sur les pavés de grandes raies minces, qui se brisaient à l'angle des meubles et tremblaient au plafond. Des mouches, sur la table, montaient le long des verres qui avaient servi, et bourdonnaient en se noyant au fond, dans le cidre resté. Le jour qui descendait par la cheminée, veloutant la suie de la plaque, bleuissait un peu les cendres froides. Entre la fenÃÂȘtre et le foyer, Emma cousait ; elle n'avait point de fichu, on voyait sur ses épaules nues de petites gouttes de sueur. Selon la mode de la campagne, elle lui proposa de boire quelque chose. Il refusa, elle insista, et enfin lui offrit, en riant, de prendre un verre de liqueur avec elle. Elle alla donc chercher dans l'armoire une bouteille de curaçao, atteignit deux petits verres, emplit l'un jusqu'au bord, versa à peine dans l'autre, et, aprÚs avoir trinqué, le porta à sa bouche. Comme il était presque vide, elle se renversait pour boire ; et, la tÃÂȘte en arriÚre, les lÚvres avancées, le cou tendu, elle riait de ne rien sentir, tandis que le bout de sa langue, passant entre ses dents fines, léchait à petits coups le fond du verre. Elle se rassit et elle reprit son ouvrage, qui était un bas de coton blanc oÃÂč elle faisait des reprises ; elle travaillait le front baissé ; elle ne parlait pas, Charles non plus. L'air passant par le dessous de la porte, poussait un peu de poussiÚre sur les dalles ; il la regardait se traÃner, et il entendait seulement le battement intérieur de sa tÃÂȘte, avec le cri d'une poule, au loin, qui pondait dans les cours. Emma, de temps à autre, se rafraÃchissait les joues en y appliquant la paume de ses mains, qu'elle refroidissait aprÚs cela sur la pomme de fer des grands chenets. Elle se plaignit d'éprouver, depuis le commencement de la saison, des étourdissements ; elle demanda si les bains de mer lui seraient utiles ; elle se mit à causer du couvent, Charles de son collÚge, les phrases leur vinrent. Ils montÚrent dans sa chambre. Elle lui fit voir ses anciens cahiers de musique, les petits livres qu'on lui avait donnés en prix et les couronnes en feuilles de chÃÂȘne, abandonnées dans un bas d'armoire. Elle lui parla encore de sa mÚre, du cimetiÚre, et mÃÂȘme lui montra dans le jardin la plate-bande dont elle cueillait les fleurs, tous les premiers vendredis de chaque mois, pour les aller mettre sur sa tombe. Mais le jardinier qu'ils avaient n'y entendait rien ; on était si mal servi ! Elle eût bien voulu, ne fût-ce au moins que pendant l'hiver, habiter la ville, quoique la longueur des beaux jours rendÃt peut-ÃÂȘtre la campagne plus ennuyeuse encore durant l'été ; - et, selon ce qu'elle disait, sa voix était claire, aiguÃ, ou se couvrant de langueur tout à coup, traÃnait des modulations qui finissaient presque en murmures, quand elle se parlait à elle-mÃÂȘme, - tantÎt joyeuse, ouvrant des yeux naïfs, puis les paupiÚres à demi closes, le regard noyé d'ennui, la pensée vagabondant. Le soir, en s'en retournant, Charles reprit une à une les phrases qu'elle avait dites, tùchant de se les rappeler, d'en compléter le sens, afin de se faire la portion d'existence qu'elle avait vécue dans le temps qu'il ne la connaissait pas encore. Mais jamais il ne put la voir en sa pensée, différemment qu'il ne l'avait vue la premiÚre fois, ou telle qu'il venait de la quitter tout à l'heure. Puis il se demanda ce qu'elle deviendrait, si elle se marierait, et à qui ? hélas ! le pÚre Rouault était bien riche, et elle !... si belle ! Mais la figure d'Emma revenait toujours se placer devant ses yeux, et quelque chose de monotone comme le ronflement d'une toupie bourdonnait à ses oreilles " Si tu te mariais, pourtant ! Si tu te mariais ! " La nuit, il ne dormit pas, sa gorge était serrée, il avait soif ; il se leva pour aller boire à son pot à l'eau et il ouvrit la fenÃÂȘtre ; le ciel était couvert d'étoiles, un vent chaud passait, au loin des chiens aboyaient. Il tourna la tÃÂȘte du cÎté des Bertaux. Pensant qu'aprÚs tout l'on ne risquait rien, Charles se promit de faire la demande quand l'occasion s'en offrirait ; mais, chaque fois qu'elle s'offrit, la peur de ne point trouver les mots convenables lui collait les lÚvres. Le pÚre Rouault n'eût pas été fùché qu'on le débarrassùt de sa fille, qui ne lui servait guÚre dans sa maison. Il l'excusait intérieurement, trouvant qu'elle avait trop d'esprit pour la culture, métier maudit du ciel, puisqu'on n'y voyait jamais de millionnaire. Loin d'y avoir fait fortune, le bonhomme y perdait tous les ans ; car, s'il excellait dans les marchés, oÃÂč il se plaisait aux ruses du métier, en revanche la culture proprement dite, avec le gouvernement intérieur de la ferme, lui convenait moins qu'à personne. Il ne retirait pas volontiers ses mains de dedans ses poches, et n'épargnait point la dépense pour tout ce qui regardait sa vie, voulant ÃÂȘtre bien nourri, bien chauffé, bien couché. Il aimait le gros cidre, les gigots saignants, les glorias longuement battus. Il prenait ses repas dans la cuisine, seul, en face du feu, sur une petite table qu'on lui apportait toute service, comme au théùtre. Lorsqu'il s'aperçut donc que Charles avait les pommettes rouges prÚs de sa fille, ce qui signifiait qu'un de ces jours on la lui demanderait en mariage, il rumina d'avance toute l'affaire. Il le trouvait bien un peu gringalet, et ce n'était pas là un gendre comme il l'eût souhaité ; mais on le disait de bonne conduite, économe, fort instruit, et sans doute qu'il ne chicanerait pas trop sur la dot. Or, comme le pÚre Rouault allait ÃÂȘtre forcé de vendre vingt-deux ùcres de son bien , qu'il devait beaucoup au maçon, beaucoup au bourrelier, que l'arbre du pressoir était à remettre - S'il me la demande, se dit-il, je la lui donne. A l'époque de la Saint-Michel, Charles était venu passer trois jours aux Bertaux. La derniÚre journée s'était écoulée comme les précédentes, à reculer de quart d'heure en quart d'heure. Le pÚre Rouault lui fit la conduite ; ils marchaient dans un chemin creux, ils s'allaient quitter ; c'était le moment. Charles se donna jusqu'au coin de la haie, et enfin, quand on l'eut dépassée - MaÃtre Rouault, murmura-t-il, je voudrais bien vous dire quelque chose. Ils s'arrÃÂȘtÚrent. Charles se taisait. - Mais contez-moi votre histoire ! est-ce que je ne sais pas tout ? dit le pÚre Rouault, en riant doucement. - PÚre Rouault..., pÚre Rouault..., balbutia Charles. - Moi, je ne demande pas mieux, continua le fermier. Quoique sans doute la petite soit de mon idée, il faut pourtant lui demander son avis. Allez-vous-en donc ; je m'en vais retourner chez nous. Si c'est oui, entendez-moi bien, vous n'aurez pas besoin de revenir, à cause du monde, et, d'ailleurs, ça la saisirait trop. Mais pour que vous ne vous mangiez pas le sang, je pousserai tout grand l'auvent de la fenÃÂȘtre contre le mur vous pourrez le voir par derriÚre, en vous penchant sur la haie. Et il s'éloigna. Charles attacha son cheval à un arbre. Il courut se mettre dans le sentier ; il attendit. Une demi-heure se passa, puis il compta dix-neuf minutes à sa montre. Tout à coup un bruit se fit contre le mur ; l'auvent s'était rabattu, la cliquette tremblait encore. Le lendemain, dÚs neuf heures, il était à la ferme. Emma rougit quand il entra, tout en s'efforçant de rire un peu, par contenance. Le pÚre Rouault embrassa son futur gendre. On remit à causer des arrangements d'intérÃÂȘt ; on avait, d'ailleurs, du temps devant soi, puisque le mariage ne pouvait décemment avoir lieu avant la fin du deuil de Charles, c'est-à -dire vers le printemps de l'année prochaine. L'hiver se passa cette attente. Mademoiselle Rouault s'occupa de son trousseau. Une partie en fut commandée à Rouen, et elle se confectionna des chemises et des bonnets de nuit, d'aprÚs des dessins de modes qu'elle emprunta. Dans les visites que Charles faisait à la ferme, on causait des préparatifs de la noce ; on se demandait dans quel appartement se donnerait le dÃner ; on rÃÂȘvait à la quantité de plats qu'il faudrait et qu'elles seraient les entrées. Emma eût, au contraire, désiré se marier à minuit, aux flambeaux ; mais le pÚre Rouault ne comprit rien à cette idée. Il y eut donc une noce, oÃÂč vinrent quarante-trois personnes, oÃÂč l'on resta seize heures à table, qui recommença le lendemain et quelque peu les jours suivants. IV. Les conviés arrivÚrent de bonne heure dans des voitures, carrioles à un cheval, chars à bancs à deux roues, vieux cabriolets sans capote, tapissiÚres à rideaux de cuir, et les jeunes gens des villages les plus voisins dans des charrettes oÃÂč ils se tenaient debout, en rang, les mains appuyées sur les ridelles pour ne pas tomber, allant au trot et secoués dur. Il en vint de dix lieues loin, de Goderville, de Normanville et de Cany. On avait invité tous les parents des deux familles, on s'était raccommodé avec les amis brouillés, on avait écrit à des connaissances perdues de vue depuis longtemps. De temps à autre, on entendait des coups de fouet derriÚre la haie ; bientÎt la barriÚre s'ouvrait c'était une carriole qui entrait. Galopant jusqu'à la premiÚre marche du perron, elle s'y arrÃÂȘtait court, et vidait son monde, qui sortait par tous les cÎtés en se frottant les genoux et en s'étirant les bras. Les dames, en bonnet, avaient des robes à la façon de la ville, des chaÃnes de montre en or, des pÚlerines à bouts croisés dans la ceinture, ou de petits fichus de couleur attachés dans le dos avec une épingle, et qui leur découvraient le cou par derriÚre. Les gamins, vÃÂȘtus pareillement à leurs papas, semblaient incommodés par leurs habits neufs beaucoup mÃÂȘme étrennÚrent ce jour-là la premiÚre paire de bottes de leur existence , et l'on voyait à cÎté d'eux, ne soufflant mot dans la robe blanche de sa premiÚre communion rallongée pour la circonstance, quelque grande fillette de quatorze ou seize ans, leur cousine ou leur soeur aÃnée sans doute, rougeaude, ahurie, les cheveux gras de pommade à la rose, et ayant bien peur de salir ses gants. Comme il n'y avait point assez de valets d'écurie pour dételer toutes les voitures, les messieurs retroussaient leurs manches et s'y mettaient eux-mÃÂȘmes. Suivant leur position sociale différente, ils avaient des habits, des redingotes, des vestes, des habits-vestes - bons habits, entourés de toute la considération d'une famille, et qui ne sortaient de l'armoire que pour les solennités ; redingotes à grandes basques flottant au vent, à collet cylindrique, à poches larges comme des sacs ; vestes de gros drap, qui accompagnaient ordinairement quelque casquette cerclée de cuivre à sa visiÚre ; habits-vestes trÚs courts, ayant dans le dos deux boutons rapprochés comme une paire d'yeux, et dont les pans semblaient avoir été coupés à mÃÂȘme un seul bloc, par la hache du charpentier. Quelques-uns encore mais ceux-là , bien sûr, devaient dÃner au bas bout de la table portaient des blouses de cérémonie, c'est-à -dire dont le col était rabattu sur les épaules, le dos froncé à petits plis et la taille attachée trÚs bas par une ceinture cousue. Et les chemises sur les poitrines bombaient comme des cuirasses ! Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s'écartaient des tÃÂȘtes, on était rasé de prÚs ; quelques-uns mÃÂȘme qui s'étaient levés dÚs avant l'aube, n'ayant pas vu clair à se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, ou, le long des mùchoires, des pelures d'épiderme larges comme des écus de trois francs, et qu'avait enflammées le grand air pendant la route, ce qui marbrait un peu de plaques roses toutes ces grosses faces blanches épanouies. La mairie se trouvant à une demi-lieue de la ferme, on s'y rendit à pied, et l'on revint de mÃÂȘme, une fois la cérémonie faite à l'église. Le cortÚge, d'abord uni comme une seule écharpe de couleur, qui ondulait dans la campagne, le long de l'étroit sentier serpentant entre les blés verts, s'allongea bientÎt et se coupa en groupes différents, qui s'attardaient à causer. Le ménétrier allait en tÃÂȘte, avec son violon empanaché de rubans à la coquille ; les mariés venaient ensuite, les parents, les amis tout au hasard, et les enfants restaient derriÚre, s'amusant à arracher les clochettes des brins d'avoine, ou à se jouer entre eux, sans qu'on les vÃt. La robe d'Emma, trop longue, traÃnait un peu par le bas ; de temps à autre, elle s'arrÃÂȘtait pour la tirer, et alors délicatement, de ses doigts gantés, elle enlevait les herbes rudes avec les petits dards des chardons, pendant que Charles, les mains vides, attendait qu'elle eût fini. Le pÚre Rouault, un chapeau de soie neuf sur la tÃÂȘte et les parements de son habit noir lui couvrant les mains jusqu'aux ongles, donnait le bras à madame Bovary mÚre. Quant à M. Bovary pÚre, qui, méprisant au fond tout ce monde-là , était venu simplement avec une redingote à un rang de boutons d'une coupe militaire, il débitait des galanteries d'estaminet à une jeune paysanne blonde. Elle saluait, rougissait, ne savait que répondre. Les autres gens de la noce causaient de leurs affaires ou se faisaient des niches dans le dos, s'excitant d'avance à la gaieté ; et, en y prÃÂȘtant l'oreille, on entendait toujours le crin-crin du ménétrier qui continuait à jouer dans la campagne. Quand il s'apercevait qu'on était loin derriÚre lui, il s'arrÃÂȘtait à reprendre haleine, cirait longuement de colophane son archet, afin que les cordes grinçassent mieux, et puis il se remettait à marcher, abaissant et levant tour à tour le manche de son violon, pour se bien marquer la mesure à lui-mÃÂȘme. Le bruit de l'instrument faisait partir de loin les petits oiseaux. C'était sous le hangar de la charretterie que la table était dressée. Il y avait dessus quatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots, et, au milieu, un joli cochon de lait rÎti, flanqué de quatre endeuilles à l'oseille. Aux angles, se dressait l'eau-de-vie dans des carafes. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse autour des bouchons, et tous les verres, d'avance, avaient été remplis de vin jusqu'au bord. De grands plats de crÚme jaune, qui flottaient d'eux-mÃÂȘmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille. On avait été chercher un pùtissier à Yvetot, pour les tourtes et les nougats. Comme il débutait dans le pays, il avait soigné les choses ; et il apporta, lui-mÃÂȘme, au dessert, une piÚce montée qui fit pousser des cris. A la base, d'abord, c'était un carré de carton bleu figurant un temple avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d'étoiles en papier doré ; puis se tenait au second étage un donjon en gùteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d'oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte oÃÂč il y avait des rochers avec des lacs de confitures et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, en guise de boules, au sommet. Jusqu'au soir, on mangea. Quand on était trop fatigué d'ÃÂȘtre assis, on allait se promener dans les cours ou jouer une partie de bouchon dans la grange ; puis on revenait à table. Quelques-uns, vers la fin, s'y endormirent et ronflÚrent. Mais, au café, tout se ranima ; alors on entama des chansons, on fit des tours de force, on portait des poids, on passait sous son pouce, on essayait à soulever les charrettes sur ses épaules, on disait des gaudrioles, on embrassait les dames. Le soir, pour partir, les chevaux gorgés d'avoine jusqu'aux naseaux, eurent du mal à entrer dans les brancards ; ils ruaient, se cabraient, les harnais se cassaient, leurs maÃtres juraient ou riaient ; et toute la nuit, au clair de la lune, par les routes du pays, il y eut des carrioles emportées qui couraient au grand galop, bondissant dans les saignées, sautant par-dessus les mÚtres de cailloux, s'accrochant aux talus, avec des femmes qui se penchaient en dehors de la portiÚre pour saisir les guides. Ceux qui restÚrent aux Bertaux passÚrent la nuit à boire dans la cuisine. Les enfants s'étaient endormis sous les bancs. La mariée avait supplié son pÚre qu'on lui épargnùt les plaisanteries d'usage. Cependant, un mareyeur de leurs cousins qui mÃÂȘme avait apporté, comme présent de noces, une paire de soles commençait à souffler de l'eau avec sa bouche par le trou de la serrure, quand le pÚre Rouault arriva juste à temps pour l'en empÃÂȘcher, et lui expliqua que la position grave de son gendre ne permettait pas de telles inconvenances. Le cousin, toutefois, céda difficilement à ces raisons. En dedans de lui-mÃÂȘme, il accusa le pÚre Rouault d'ÃÂȘtre fier, et il alla se joindre dans un coin à quatre ou cinq autres des invités qui, ayant eu par hasard plusieurs fois de suite à table les bas morceaux des viandes, trouvaient aussi qu'on les avait mal reçus, chuchotaient sur le compte de leur hÎte et souhaitaient sa ruine à mots couverts. Madame Bovary mÚre n'avait pas desserré les dents de la journée. On ne l'avait consultée ni sur la toilette de la bru, ni sur l'ordonnance du festin ; elle se retira de bonne heure. Son époux, au lieu de la suivre, envoya chercher des cigares à Saint-Victor et fuma jusqu'au jour, tout en buvant des grogs au kirsch, mélange inconnu à la campagne, et qui fut pour lui comme la source d'une considération plus grande encore. Charles n'était point de complexion facétieuse, il n'avait pas brillé pendant la noce. Il répondit médiocrement aux pointes, calembours, mots à double entente, compliments et paillardises que l'on se fit un devoir de lui décocher dÚs le potage. Le lendemain, en revanche, il semblait un autre homme. C'est lui plutÎt que l'on eût pris pour la vierge de la veille, tandis que la mariée ne laissait rien découvrir oÃÂč l'on pût deviner quelque chose. Les plus malins ne savaient que répondre, et ils la considéraient, quand elle passait prÚs d'eux, avec des tensions d'esprit démesurées. Mais Charles ne dissimulait rien. Il l'appelait " ma femme " , la tutoyait, s'informait d'elle à chacun, la cherchait partout, et souvent il l'entraÃnait dans les cours, oÃÂč on l'apercevait de loin, entre les arbres, qui lui passait le bras sous la taille et continuait à marcher à demi penché sur elle, en lui chiffonnant avec sa tÃÂȘte la guimpe de son corsage. Deux jours aprÚs la noce, les époux s'en allÚrent Charles, à cause de ses malades, ne pouvait s'absenter plus longtemps. Le pÚre Rouault les fit reconduire dans sa carriole et les accompagna lui-mÃÂȘme jusqu'à Vassonville. Là , il embrassa sa fille une derniÚre fois, mit pied à terre et reprit sa route. Lorsqu'il eut fait cent pas environ, il s'arrÃÂȘta, et, comme il vit la carriole s'éloignant, dont les roues tournaient dans la poussiÚre, il poussa un gros soupir. Puis il se rappela ses noces, son temps d'autrefois, la premiÚre grossesse de sa femme ; il était bien joyeux, lui aussi, le jour qu'il l'avait emmenée de chez son pÚre dans sa maison, quand il la portait en croupe en trottant sur la neige ; car on était aux environs de NoÃl et la campagne était toute blanche ; elle le tenait par un bras, à l'autre était accroché son panier ; le vent agitait les longues dentelles de sa coiffure cauchoise, qui lui passaient quelquefois sur la bouche, et, lorsqu'il tournait la tÃÂȘte, il voyait prÚs de lui, sur son épaule, sa petite mine rosée qui souriait silencieusement, sous la plaque d'or de son bonnet. Pour se réchauffer les doigts, elle les lui mettait, de temps en temps, dans la poitrine. Comme c'était vieux tout cela ! Leur fils, à présent, aurait trente ans ! Alors il regarda derriÚre lui, il n'aperçut rien sur la route. Il se sentit triste comme une maison démeublée ; et, les souvenirs tendres se mÃÂȘlant aux pensées noires dans sa cervelle obscurcie par les vapeurs de la bombance, il eut bien envie un moment d'aller faire un tour du cÎté de l'église. Comme il eut peur, cependant, que cette vue ne le rendÃt plus triste encore, il s'en revint tout droit chez lui. M. et madame Charles arrivÚrent à Tostes, vers six heures. Les voisins se mirent aux fenÃÂȘtres pour voir la nouvelle femme de leur médecin. La vieille bonne se présenta, lui fit ses salutations, s'excusa de ce que le dÃner n'était pas prÃÂȘt, et engagea Madame, en attendant, à prendre connaissance de sa maison. V. La façade de briques était juste à l'alignement de la rue, ou de la route plutÎt. DerriÚre la porte se trouvaient accrochés un manteau à petit collet, une bride, une casquette de cuir noir, et, dans un coin, à terre, une paire de houseaux encore couverts de boue sÚche. A droite était la salle, c'est-à -dire l'appartement oÃÂč l'on mangeait et oÃÂč l'on se tenait. Un papier jaune-serin, relevé dans le haut par une guirlande de fleurs pùles, tremblait tout entier sur sa toile mal tendue ; et sur l'étroit chambranle de la cheminée resplendissait une pendule à tÃÂȘte d'Hippocrate, entre deux flambeaux d'argent plaqué, sous des globes de forme ovale. De l'autre cÎté du corridor était le cabinet de Charles, petite piÚce de six pas de large environ, avec une table, trois chaises et un fauteuil de bureau. Les tomes du Dictionnaire des sciences médicales , non coupés, mais dont la brochure avait souffert dans toutes les ventes successives par oÃÂč ils avaient passé, garnissaient presque à eux seuls, les six rayons d'une bibliothÚque en bois de sapin. L'odeur des roux pénétrait à travers la muraille, pendant les consultations, de mÃÂȘme que l'on entendait de la cuisine, les malades tousser dans le cabinet et débiter toute leur histoire. Venait ensuite, s'ouvrant immédiatement sur la cour, oÃÂč se trouvait l'écurie, une grande piÚce délabrée qui avait un four, et qui servait maintenant de bûcher, de cellier, de garde-magasin, pleine de vieilles ferrailles, de tonneaux vides, d'instruments de culture hors de service, avec quantité d'autres choses poussiéreuses dont il était impossible de deviner l'usage. Le jardin, plus long que large, allait, entre deux murs de bauge couverts d'abricots en espalier, jusqu'à une haie d'épines qui le séparait des champs. Il y avait au milieu un cadran solaire en ardoise, sur un piédestal de maçonnerie ; quatre plates-bandes garnies d'églantiers maigres entouraient symétriquement le carré plus utile des végétations sérieuses. Tout au fond, sous les sapinettes, un curé de plùtre lisait son bréviaire. Emma monta dans les chambres. La premiÚre n'était point meublée ; mais la seconde, qui était la chambre conjugale, avait un lit d'acajou dans une alcÎve à draperie rouge. Une boÃte en coquillages décorait la commode ; et, sur le secrétaire, prÚs de la fenÃÂȘtre, il y avait, dans une carafe, un bouquet de fleurs d'oranger, noué par des rubans de satin blanc. C'était un bouquet de mariée, le bouquet de l'autre ! Elle le regarda. Charles s'en aperçut, il le prit et l'alla porter au grenier, tandis qu'assise dans un fauteuil on disposait ses affaires autour d'elle , Emma songeait à son bouquet de mariage, qui était emballé dans un carton, et se demandait, en rÃÂȘvant, ce qu'on en ferait, si par hasard elle venait à mourir. Elle s'occupa, les premiers jours, à méditer des changements dans sa maison. Elle retira les globes des flambeaux, fit coller des papiers neufs, repeindre l'escalier et faire des bancs dans le jardin, tout autour du cadran solaire ; elle demanda mÃÂȘme comment s'y prendre pour avoir un bassin à jet d'eau avec des poissons. Enfin son mari, sachant qu'elle aimait à se promener en voiture, trouva un boc d'occasion, qui, ayant une fois des lanternes neuves et des garde-crotte en cuir piqué, ressembla presque à un tilbury. Il était donc heureux et sans souci de rien au monde. Un repas en tÃÂȘte-à -tÃÂȘte, une promenade le soir sur la grande route, un geste de sa main sur ses bandeaux, la vue de son chapeau de paille rond accroché à l'espagnolette d'une fenÃÂȘtre, et bien d'autres choses encore oÃÂč Charles n'avait jamais soupçonné de plaisir, composaient maintenant la continuité de son bonheur. Au lit, le matin, et cÎte à cÎte sur l'oreiller, il regardait la lumiÚre du soleil passer parmi le duvet de ses joues blondes, que couvraient à demi les pattes escalopées de son bonnet. Vus de si prÚs, ses yeux lui paraissaient agrandis, surtout quand elle ouvrait plusieurs fois de suite ses paupiÚres en s'éveillant ; noirs à l'ombre et bleu foncé au grand jour, ils avaient comme des couches de couleurs successives, et qui plus épaisses dans le fond, allaient en s'éclaircissant vers la surface de l'émail. Son oeil, à lui, se perdait dans ces profondeurs, et il s'y voyait en petit jusqu'aux épaules, avec le foulard qui le coiffait et le haut de sa chemise entrouvert. Il se levait. Elle se mettait à la fenÃÂȘtre pour le voir partir ; et elle restait accoudée sur le bord, entre deux pots de géraniums, vÃÂȘtue de son peignoir, qui était lùche autour d'elle. Charles, dans la rue, bouclait ses éperons sur la borne ; et elle continuait à lui parler d'en haut, tout en arrachant avec sa bouche quelque bribe de fleur ou de verdure qu'elle soufflait vers lui, et qui voltigeant, se soutenant, faisant dans l'air des demi-cercles comme un oiseau, allait, avant de tomber, s'accrocher aux crins mal peignés de la vieille jument blanche, immobile à la porte. Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenÃÂȘtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussiÚre, par les chemins creux oÃÂč les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le coeur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mùchent encore, aprÚs dÃner, le goût des truffes qu'ils digÚrent. Jusqu'à présent, qu'avait-il eu de bon dans l'existence ? Etait-ce son temps de collÚge, oÃÂč il restait enfermé entre ces hauts murs, seul au milieu de ses camarades plus riches ou plus forts que lui dans leurs classes, qu'il faisait rire par son accent, qui se moquaient de ses habits, et dont les mÚres venaient au parloir avec des pùtisseries dans leur manchon ? Etait-ce plus tard, lorsqu'il étudiait la médecine et n'avait jamais la bourse assez ronde pour payer la contredanse à quelque petite ouvriÚre qui fût devenue sa maÃtresse ? Ensuite il avait vécu pendant quatorze mois avec la veuve, dont les pieds, dans le lit, étaient froids comme des glaçons. Mais, à présent, il possédait pour la vie cette jolie femme qu'il adorait. L'univers, pour lui, n'excédait pas le tour soyeux de son jupon ; et il se reprochait de ne pas l'aimer, il avait envie de la revoir ; il s'en revenait vite, montait l'escalier, le coeur battant. Emma, dans sa chambre, était à faire sa toilette ; il arrivait à pas muets, il la baisait dans le dos, elle poussait un cri. Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c'étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend aprÚs vous. Avant qu'elle se mariùt, elle avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songea-t-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse , qui lui avaient paru si beaux dans les livres. VI. Elle avait lu Paul et Virginie et elle avait rÃÂȘvé la maisonnette de bambous, le nÚgre Domingo, le chien FidÚle, mais surtout l'amitié douce de quelque bon petit frÚre, qui va chercher pour vous des fruits rouges dans des grands arbres plus hauts que des clochers, ou qui court pieds nus sur le sable, vous apportant un nid d'oiseau. Lorsqu'elle eut treize ans, son pÚre l'amena lui-mÃÂȘme à la ville, pour la mettre au couvent. Ils descendirent dans une auberge du quartier Saint-Gervais oÃÂč ils eurent à leur souper des assiettes peintes qui représentaient l'histoire de mademoiselle de la ValliÚre. Les explications légendaires, coupées çà et là par l'égratignure des couteaux, glorifiaient toutes la religion, les délicatesses du coeur et les pompes de la Cour. Loin de s'ennuyer au couvent les premiers temps, elle se plut dans la société des bonnes soeurs, qui, pour l'amuser, la conduisaient dans la chapelle, oÃÂč l'on pénétrait du réfectoire par un long corridor. Elle jouait fort peu durant les récréations, comprenait bien le catéchisme, et c'est elle qui répondait toujours à M. le vicaire dans les questions difficiles. Vivant donc sans jamais sortir de la tiÚde atmosphÚre des classes et parmi ces femmes au teint blanc portant des chapelets à croix de cuivre, elle s'assoupit doucement à la langueur mystique qui s'exhale des parfums de l'autel, de la fraÃcheur des bénitiers et du rayonnement des cierges. Au lieu de suivre la messe, elle regardait dans son livre les vignettes pieuses bordées d'azur, et elle aimait la brebis malade, le Sacré-Coeur percé de flÚches aiguÃs, oÃÂč le pauvre Jésus, qui tombe en marchant sur sa croix. Elle essaya, par mortification, de rester tout un jour sans manger. Elle cherchait dans sa tÃÂȘte quelque voeu à accomplir. Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l'ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prÃÂȘtre. Les comparaisons de fiancé, d'époux, d'amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l'ùme des douceurs inattendues. Le soir, avant la priÚre, on faisait dans l'étude une lecture religieuse. C'était, pendant la semaine, quelque résumé d'Histoire Sainte ou les Conférences, de l'abbé Frayssinous, et, le dimanche, des passages du Génie du Christianisme par récréation. Comme elle écouta, les premiÚres fois, la lamentation sonore des mélancolies romantiques se répétant à tous les échos de la terre et de l'éternité ! Si son enfance se fût écoulée dans l'arriÚre-boutique d'un quartier marchand, elle se serait peut-ÃÂȘtre ouverte alors aux envahissements lyriques de la nature, qui, d'ordinaire, ne nous arrivent que par la traduction des écrivains. Mais elle connaissait trop la campagne ; elle savait le bÃÂȘlement des troupeaux, les laitages, les charrues. Habituée aux aspects calmes, elle se tournait, au contraire, vers les accidentés. Elle n'aimait la mer qu'à cause de ses tempÃÂȘtes, et la verdure seulement lorsqu'elle était clairsemée parmi les ruines. Il fallait qu'elle pût retirer des choses une sorte de profit personnel ; et elle rejetait comme inutile tout ce qui ne contribuait pas à la consommation immédiate de son coeur, - étant de tempérament plus sentimentale qu'artiste, cherchant des émotions et non des paysages. Il y avait au couvent une vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à la lingerie. Protégée par l'archevÃÂȘché comme appartenant à une ancienne famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au réfectoire à la table des bonnes soeurs, et faisait avec elles, aprÚs le repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage. Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir. Elle savait par coeur des chansons galantes du siÚcle passé, qu'elle chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos commissions, et prÃÂȘtait aux grandes, en cachette, quelque roman, qu'elle avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne demoiselle elle-mÃÂȘme avalait de longs chapitres, dans les intervalles de sa besogne. Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, dames persécutées s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue à tous les relais, chevaux qu'on crÚve à toutes les pages, forÃÂȘts sombres, troubles du coeur, serments, sanglots, larmes et baisers nacelles au clair de lune rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussiÚre des vieux cabinets de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s'éprit de choses historiques, rÃÂȘva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces chùtelaines au long corsage, qui, sous le trÚfle des ogives, passaient leurs jours, le coude sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir. Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations enthousiastes à l'endroit des femmes illustres ou infortunées. Jeanne d'Arc, Héloïse, AgnÚs Sorel, la belle FerronniÚre et Clémence Isaure, pour elle, se détachaient comme des comÚtes sur l'immensité ténébreuse de l'histoire, oÃÂč saillissaient encore çà et là , mais plus perdus dans l'ombre et sans aucun rapport entre eux, Saint Louis avec son chÃÂȘne, Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des assiettes peintes oÃÂč Louis XIV était vanté. A la classe de musique, dans les romances qu'elle chantait, il n'était question que de petits anges aux ailes d'or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l'attirante fantasmagorie des réalités sentimentales. Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu'elles avaient reçus en étrennes. Il les fallait cacher, c'était une affaire ; on les lisait au dortoir. Maniant délicatement leurs belles reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes, au bas de leurs piÚces. Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la page. C'était derriÚre la balustrade d'un balcon, un jeune homme en court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche, portant une aumÎniÚre à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes des ladies anglaises à boucles blondes, qui, sous leur chapeau de paille vous regardent avec leurs grands yeux clairs. On en voyait d'étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, oÃÂč un lévrier sautait devant l'attelage que conduisaient au trot deux petits postillons en culotte blanche. D'autres, rÃÂȘvant sur des sofas prÚs d'un billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenÃÂȘtre entrouverte, à demi drapée d'un rideau noir. Les naïves, une larme sur la joue, becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d'une cage gothique, ou, souriant la tÃÂȘte sur l'épaule, effeuillaient une marguerite de leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. Et vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pùmés sous des tonnelles, aux bras des bayadÚres, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un lion à gauche, des minarets tartares à l'horizon, au premier plan des ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; - le tout encadré d'une forÃÂȘt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil perpendiculaire tremblotant dans l'eau, oÃÂč se détachent en écorchures blanches, sur un fond d'acier gris, de loin en loin, des cygnes qui nagent. Et l'abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tÃÂȘte d'Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns aprÚs les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards. Quand sa mÚre mourut, elle pleura beaucoup les premiers jours. Elle se fit faire un tableau funÚbre avec les cheveux de la défunte, et, dans une lettre qu'elle envoyait aux Bertaux, toute pleine de réflexions tristes sur la vie, elle demandait qu'on l'ensevelÃt plus tard dans le mÃÂȘme tombeau. Le bonhomme la crut malade et vint la voir. Emma fut intérieurement satisfaite de se sentir arrivée du premier coup à ce rare idéal des existences pùles, oÃÂč ne parviennent jamais les coeurs médiocres. Elle se laissa donc glisser dans les méandres lamartiniens, écouta les harpes sur les lacs, tous les chants de cygnes mourants, toutes les chutes de feuilles, les vierges pures qui montent au ciel, et la voix de l'Eternel discourant dans les vallons. Elle s'en ennuya, n'en voulut point convenir, continua par habitude, ensuite par vanité, et fut enfin surprise de se sentir apaisée, et sans plus de tristesse au coeur que de rides sur son front. Les bonnes religieuses, qui avaient si bien présumé de sa vocation, s'aperçurent avec de grands étonnements que mademoiselle Rouault semblait échapper à leur soin. Elles lui avaient, en effet, tant prodigué les offices, les retraites, les neuvaines et les sermons, si bien prÃÂȘché le respect que l'on doit aux saints et aux martyrs, et donné tant de bons conseils pour la modestie du corps et le salut de son ùme, qu'elle fit comme les chevaux que l'on tire par la bride elle s'arrÃÂȘta court et le mors lui sortit des dents. Cet esprit, positif au milieu de ses enthousiasmes, qui avait aimé l'église pour ses fleurs, la musique pour les paroles des romances, et la littérature pour ses excitations passionnelles, s'insurgeait devant les mystÚres de la foi, de mÃÂȘme qu'elle s'irritait davantage contre la discipline, qui était quelque chose d'antipathique à sa constitution. Quand son pÚre la retira de pension, on ne fut point fùché de la voir partir. La supérieure trouvait mÃÂȘme qu'elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la communauté. Emma, rentrée chez elle, se plut d'abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la premiÚre fois, elle se considérait comme fort désillusionnée, n'ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir. Mais l'anxiété d'un état nouveau, ou peut-ÃÂȘtre l'irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu'elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu'alors s'était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques ; - et elle ne pouvait s'imaginer à présent que ce calme oÃÂč elle vivait fût le bonheur qu'elle avait rÃÂȘvé. VII. Elle songeait quelquefois que c'étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s'en aller vers ces pays à noms sonores oÃÂč les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répÚte dans la montagne avec les clochettes des chÚvres et le bruit sourd de la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particuliÚre au sol et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s'accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vÃÂȘtu d'un habit de velours noir à longues basques, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes ! Peut-ÃÂȘtre aurait-elle souhaité faire à quelqu'un la confidence de toutes ces choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d'aspect comme les nuées, qui tourbillonne comme le vent ? Les mots lui manquaient donc, l'occasion, la hardiesse. Si Charles l'avait voulu cependant, s'il s'en fût douté, si son regard, une seule fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu'une abondance subite se serait détachée de son coeur, comme tombe la récolte d'un espalier quand on y porte la main. Mais, à mesure que se serrait davantage l'intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui. La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rÃÂȘverie. Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théùtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman. Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaÃtre, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystÚres ? Mais il n'enseignait rien, celui-là , ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur mÃÂȘme qu'elle lui donnait. Elle dessinait quelquefois ; et c'était pour Charles un grand amusement que de rester là , tout debout, à la regarder penchée sur son carton, clignant des yeux afin de mieux voir son ouvrage, ou arrondissant, sur son pouce, des boulettes de mie de pain. Quant au piano, plus les doigts y couraient vite, plus il s'émerveillait. Elle frappait sur les touches avec aplomb, et parcourait du haut en bas tout le clavier sans s'interrompre. Ainsi secoué par elle, le vieil instrument, dont les cordes frisaient, s'entendait jusqu'au bout du village si la fenÃÂȘtre était ouverte, et souvent le clerc de l'huissier qui passait sur la grande route, nu-tÃÂȘte et en chaussons, s'arrÃÂȘtait à l'écouter, sa feuille de papier à la main. Emma, d'autre part, savait conduire sa maison. Elle envoyait aux malades le compte des visites dans des lettres bien tournées qui ne sentaient pas la facture. Quand ils avaient, le dimanche, quelque voisin à dÃner, elle trouvait moyen d'offrir un plat coquet, s'entendait à poser sur des feuilles de vigne les pyramides de reines-claudes, servait renversés les pots de confitures dans une assiette, et mÃÂȘme elle parlait d'acheter des rince-bouche pour le dessert. Il rejaillissait de tout cela beaucoup de considération sur Bovary. Charles finissait par s'estimer davantage de ce qu'il possédait une pareille femme. Il montrait avec orgueil, dans la salle, deux petits croquis d'elle, à la mine de plomb, qu'il avait fait encadrer de cadres trÚs larges et suspendus contre le papier de la muraille à de longs cordons verts. Au sortir de la messe, on le voyait sur sa porte avec de belles pantoufles en tapisserie. Il rentrait tard, à dix heures, minuit quelquefois. Alors il demandait à manger, et, comme la bonne était couchée, c'était Emma qui le servait. Il retirait sa redingote pour dÃner plus à son aise. Il disait les uns aprÚs les autres tous les gens qu'il avait rencontrés, les villages oÃÂč il avait été, les ordonnances qu'il avait écrites, et satisfait de lui-mÃÂȘme, il mangeait le reste du miroton, épluchait son fromage, croquait une pomme, vidait sa carafe, puis s'allait mettre au lit, se couchait sur le dos et ronflait. Comme il avait eu longtemps l'habitude du bonnet de coton, son foulard ne lui tenait pas aux oreilles ; aussi ses cheveux, le matin, étaient rabattus pÃÂȘle-mÃÂȘle sur sa figure et blanchis par le duvet de son oreiller, dont les cordons se dénouaient pendant la nuit. Il portait toujours de fortes bottes, qui avaient au cou-de-pied deux plis épais obliquant vers les chevilles, tandis que le reste de l'empeigne se continuait en ligne droite, tendu comme par un pied de bois. Il disait que c'était bien assez bon pour la campagne . Sa mÚre l'approuvait en cette économie ; car elle le venait voir comme autrefois, lorsqu'il y avait eu chez elle quelque bourrasque un peu violente ; et cependant madame Bovary mÚre semblait prévenue contre sa bru. Elle lui trouvait un genre trop relevé pour leur position de fortune ; le bois, le sucre et la chandelle filaient comme dans une grande maison , et la quantité de braise qui se brûlait à la cuisine aurait suffi pour vingt-cinq plats ! Elle rangeait son linge dans les armoires et lui apprenait à surveiller le boucher quand il apportait la viande. Emma recevait ces leçons ; madame Bovary les prodiguait ; et les mots de ma fille et de ma mÚre s'échangeaient tout le long du jour, accompagnés d'un petit frémissement des lÚvres, chacune lançant des paroles douces d'une voix tremblante de colÚre. Du temps de madame Dubuc, la vieille femme se sentait encore la préférée ; mais, à présent, l'amour de Charles pour Emma lui semblait une désertion de sa tendresse, un envahissement sur ce qui lui appartenait ; et elle observait le bonheur de son fils avec un silence triste, comme quelqu'un de ruiné qui regarde, à travers les carreaux, des gens attablés dans son ancienne maison. Elle lui rappelait, en maniÚre de souvenirs, ses peines et ses sacrifices, et, les comparant aux négligences d'Emma, concluait qu'il n'était point raisonnable de l'adorer d'une façon si exclusive. Charles ne savait que répondre ; il respectait sa mÚre, et il aimait infiniment sa femme ; il considérait le jugement de l'une comme infaillible, et cependant il trouvait l'autre irréprochable. Quand madame Bovary était partie, il essayait de hasarder timidement, et dans les mÃÂȘmes termes, une ou deux des plus anodines observations qu'il avait entendu faire à sa maman ; Emma, lui prouvant d'un mot qu'il se trompait, le renvoyait à ses malades. Cependant, d'aprÚs des théories qu'elle croyait bonnes, elle voulut se donner de l'amour. Au clair de lune, dans le jardin, elle récitait tout ce qu'elle savait par coeur de rimes passionnées et lui chantait en soupirant des adagios mélancoliques ; mais elle se trouvait ensuite aussi calme qu'auparavant, et Charles n'en paraissait ni plus amoureux ni plus remué. Quand elle eut ainsi un peu battu le briquet sur son coeur sans en faire jaillir une étincelle, incapable, du reste, de comprendre ce qu'elle n'éprouvait pas, comme de croire à tout ce qui ne se manifestait point par des formes convenues, elle se persuada sans peine que la passion de Charles n'avait plus rien d'exorbitant. Ses expansions étaient devenues réguliÚres ; il l'embrassait à de certaines heures. C'était une habitude parmi les autres, et comme un dessert prévu d'avance, aprÚs la monotonie du dÃner. Un garde-chasse, guéri par Monsieur, d'une fluxion de poitrine, avait donné à Madame une petite levrette d'Italie ; elle la prenait pour se promener, car elle sortait quelquefois, afin d'ÃÂȘtre seule un instant et de n'avoir plus sous les yeux l'éternel jardin avec la route poudreuse. Elle allait jusqu'à la hÃÂȘtraie de Banneville, prés du pavillon abandonné qui fait l'angle du mur, du cÎté des champs. Il y a dans le saut-de-loup, parmi les herbes, de longs roseaux à feuilles coupantes. Elle commençait par regarder tout alentour, pour voir si rien n'avait changé depuis la derniÚre fois qu'elle était venue. Elle retrouvait aux mÃÂȘmes places les digitales et les ravenelles, les bouquets d'orties entourant les gros cailloux, et les plaques de lichen le long des trois fenÃÂȘtres, dont les volets toujours clos s'égrenaient de pourriture, sur leurs barres de fer rouillées. Sa pensée, sans but d'abord, vagabondait au hasard, comme sa levrette, qui faisait des cercles dans la campagne, jappait aprÚs les papillons jaunes, donnait la chasse aux musaraignes, ou mordillait les coquelicots sur le bord d'une piÚce de blé. Puis ses idées peu à peu se fixaient, et, assise sur le gazon, qu'elle fouillait à petits coups avec le bout de son ombrelle, Emma se répétait - Pourquoi, mon Dieu ! me suis-je mariée ? Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen, par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme ; et elle cherchait à imaginer quels eussent été ces événements non survenus, cette vie différente, ce mari qu'elle ne connaissait pas. Tous, en effet, ne ressemblaient pas à celui-là . Il aurait pu ÃÂȘtre beau, spirituel, distingué, attirant, tels qu'ils étaient sans doute, ceux qu'avaient épousés ses anciennes camarades du couvent. Que faisaient-elles maintenant ? A la ville, avec le bruit des rues, le bourdonnement des théùtres et les clartés du bal, elles avaient des existences oÃÂč le coeur se dilate, oÃÂč les sens s'épanouissent. Mais elle, sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l'ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l'ombre à tous les coins de son coeur. Elle se rappelait les jours de distribution de prix, oÃÂč elle montait sur l'estrade pour aller chercher ses petites couronnes. Avec ses cheveux en tresse, sa robe blanche et ses souliers de prunelles découverts, elle avait une façon gentille, et les messieurs, quand elle regagnait sa place, se penchaient pour lui faire des compliments ; la cour était pleine de calÚches, on lui disait adieu par les portiÚres, le maÃtre de musique passait en saluant, avec sa boÃte à violon. Comme c'était loin, tout cela ! comme c'était loin ! Elle appelait Djali, la prenait entre ses genoux, passait ses doigts sur sa longue tÃÂȘte fine et lui disait - Allons, baisez maÃtresse, vous qui n'avez pas de chagrins. Puis, considérant la mine mélancolique du svelte animal qui bùillait avec lenteur, elle s'attendrissait, et, le comparant à elle-mÃÂȘme, lui parlait tout haut, comme à quelqu'un d'affligé que l'on console. Il arrivait parfois des rafales de vent, brises de la mer qui, roulant d'un bond sur tout le plateau du pays de Caux, apportaient, jusqu'au loin dans les champs, une fraÃcheur salée. Les joncs sifflaient à ras de terre, et les feuilles des hÃÂȘtres bruissaient en un frisson rapide, tandis que les cimes, se balançant toujours, continuaient leur grand murmure. Emma serrait son chùle contre ses épaules et se levait. Dans l'avenue, un jour vert rabattu par le feuillage éclairait la mousse rase qui craquait doucement sous ses pieds. Le soleil se couchait ; le ciel était rouge entre les branches, et les troncs pareils des arbres plantés en ligne droite semblaient une colonnade brune se détachant sur un fond d'or ; une peur la prenait, elle appelait Djali, s'en retournait vite à Tostes par la grande route, s'affaissait dans un fauteuil, et de toute la soirée ne parlait pas. Mais, vers la fin de septembre, quelque chose d'extraordinaire tomba dans sa vie elle fut invitée à la Vaubyessard, chez le marquis d'Andervilliers. Secrétaire d'Etat sous la Restauration, le Marquis, cherchant à rentrer dans la vie politique, préparait de longue main sa candidature à la Chambre des députés. Il faisait, l'hiver, de nombreuses distributions de fagots, et, au Conseil général, réclamait avec exaltation toujours des routes pour son arrondissement. Il avait eu, lors des grandes chaleurs, un abcÚs dans la bouche, dont Charles l'avait soulagé comme par miracle, en y donnant à point un coup de lancette. L'homme d'affaires, envoyé à Tostes pour payer l'opération, conta, le soir, qu'il avait vu dans le jardinet du médecin des cerises superbes. Or, les cerisiers poussaient mal à la Vaubyessard, M. le Marquis demanda quelques boutures à Bovary, se fit un devoir de l'en remercier lui-mÃÂȘme, aperçut Emma, trouva qu'elle avait une jolie taille et qu'elle ne saluait point en paysanne ; si bien qu'on ne crut pas au chùteau outrepasser les bornes de la condescendance, ni d'autre part commettre une maladresse, en invitant le jeune ménage. Un mercredi, à trois heures, M. et madame Bovary, montés dans leur boc , partirent pour la Vaubyessard, avec une grande malle attachée par-derriÚre et une boÃte à chapeau qui était posée devant le tablier. Charles avait, de plus, un carton entre les jambes. Ils arrivÚrent à la nuit tombante, comme on commençait à allumer des lampions dans le parc, afin d'éclairer les voitures. VIII. Le chùteau, de construction moderne, à l'italienne avec deux ailes avançant et trois perrons, se déployait au bas d'une immense pelouse oÃÂč paissaient quelques vaches, entre des bouquets de grands arbres espacés, tandis que des bannettes d'arbustes, rhododendrons, seringas et boules-de-neige bombaient leurs touffes de verdure inégales sur la ligne courbe du chemin sablé. Une riviÚre passait sous un pont ; à travers la brume, on distinguait des bùtiments à toit de chaume, éparpillés dans la prairie, que bordaient en pente douce deux coteaux couverts de bois, et par-derriÚre, dans les massifs, se tenaient, sur deux lignes parallÚles, les remises et les écuries, restes conservés de l'ancien chùteau démoli. Le boc de Charles s'arrÃÂȘta devant le perron du milieu ; des domestiques parurent ; le Marquis s'avança, et, offrant son bras à la femme du médecin, l'introduisit dans le vestibule. Il était pavé de dalles en marbre, trÚs haut, et le bruit des pas, avec celui des voix, y retentissait comme dans une église. En face montait un escalier droit, et à gauche une galerie donnant sur le jardin conduisait à la salle de billard dont on entendait, dÚs la porte, caramboler les boules d'ivoire. Comme elle la traversait pour aller au salon, Emma vit autour du jeu des hommes à figure grave, le menton posé sur de hautes cravates, décorés tous, et qui souriaient silencieusement, en poussant leur queue. Sur la boiserie sombre du lambris, de grands cadres dorés portaient, au bas de leur bordure, des noms écrits en lettres noires. Elle lut " Jean-Antoine d'Andervilliers d'Yverbonville, comte de la Vaubyessard et baron de la Fresnaye, tué à la bataille de Coutras, le 20 octobre 1587. " Et sur un autre " Jean-Antoine-Henry-Guy d'Andervilliers de la Vaubyessard, amiral de France et chevalier de l'ordre de Saint-Michel, blessé au combat de la Hougue-Saint-Vaast, le 29 mai 1692, mort à la Vaubyessard le 23 janvier 1693. " Puis on distinguait à peine ceux qui suivaient, car la lumiÚre des lampes, rabattue sur le tapis vert du billard, laissait flotter une ombre dans l'appartement. Brunissant les toiles horizontales, elle se brisait contre elles en arÃÂȘtes fines, selon les craquelures du vernis ; et de tous ces grands carrés noirs brodés d'or sortaient, çà et là , quelque portion plus claire de la peinture, un front pùle, deux yeux qui vous regardaient, des perruques se déroulant sur l'épaule poudrée des habits rouges, ou bien la boucle d'une jarretiÚre au haut d'un mollet rebondi. Le Marquis ouvrit la porte du salon ; une des dames se leva la Marquise elle-mÃÂȘme , vint à la rencontre d'Emma et la fit asseoir prÚs d'elle, sur une causeuse, oÃÂč elle se mit à lui parler amicalement, comme si elle la connaissait depuis longtemps. C'était une femme de la quarantaine environ, à belles épaules, à nez busqué, à la voix traÃnante, et portant, ce soir-là , sur ses cheveux chùtains, un simple fichu de guipure qui retombait par-derriÚre, en triangle. Une jeune personne blonde se tenait à cÎté, dans une chaise à dossier long ; et des messieurs, qui avaient une petite fleur à la boutonniÚre de leur habit, causaient avec les dames, tout autour de la cheminée. A sept heures, on servit le dÃner. Les hommes, plus nombreux, s'assirent à la premiÚre table, dans le vestibule, et les dames à la seconde, dans la salle à manger, avec le Marquis et la Marquise. Emma se sentit, en entrant, enveloppée par un air chaud, mélange du parfum des fleurs et du beau linge, du fumet des viandes et de l'odeur des truffes. Les bougies des candélabres allongeaient des flammes sur les cloches d'argent ; les cristaux à facettes, couverts d'une buée mate, se renvoyaient des rayons pùles ; des bouquets étaient en ligne sur toute la longueur de la table, et, dans les assiettes à large bordure, les serviettes, arrangées en maniÚre de bonnet d'évÃÂȘque, tenaient entre le bùillement de leurs deux plis chacune un petit pain de forme ovale. Les pattes rouges des homards dépassaient les plats ; de gros fruits dans des corbeilles à jour s'étageaient sur la mousse ; les cailles avaient leurs plumes, des fumées montaient ; et, en bas de soie, en culotte courte, en cravate blanche, en jabot, grave comme un juge, le maÃtre d'hÎtel, passant entre les épaules des convives les plats tout découpés, faisait d'un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu'on choisissait. Sur le grand poÃÂȘle de porcelaine à baguette de cuivre, une statue de femme drapée jusqu'au menton regardait immobile la salle pleine de monde. Madame Bovary remarqua que plusieurs dames n'avaient pas mis leurs gants dans leur verre. Cependant, au haut bout de la table, seul parmi toutes ces femmes, courbé sur son assiette remplie, et la serviette nouée dans le dos comme un enfant, un vieillard mangeait, laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce. Il avait les yeux éraillés et portait une petite queue enroulée d'un ruban noir. C'était le beau-pÚre du marquis, le vieux duc de LaverdiÚre, l'ancien favori du comte d'Artois, dans le temps des parties de chasse au Vaudreuil, chez le marquis de Conflans, et qui avait été, disait-on, l'amant de la reine Marie-Antoinette entre MM. de Coigny et de Lauzun. Il avait mené une vie bruyante de débauches, pleine de duels, de paris, de femmes enlevées, avait dévoré sa fortune et effrayé toute sa famille. Un domestique, derriÚre sa chaise, lui nommait tout haut, dans l'oreille, les plats qu'il désignait du doigt en bégayant ; et sans cesse les yeux d'Emma revenaient d'eux-mÃÂȘmes sur ce vieil homme à lÚvres pendantes, comme sur quelque chose d'extraordinaire et d'auguste. Il avait vécu à la Cour et couché dans le lit des reines ! On versa du vin de Champagne à la glace. Emma frissonna de toute sa peau en sentant ce froid dans sa bouche. Elle n'avait jamais vu de grenades ni mangé d'ananas. Le sucre en poudre mÃÂȘme lui parut plus blanc et plus fin qu'ailleurs. Les dames, ensuite, montÚrent dans leurs chambres s'apprÃÂȘter pour le bal. Emma fit sa toilette avec la conscience méticuleuse d'une actrice à son début. Elle disposa ses cheveux d'aprÚs les recommandations du coiffeur, et elle entra dans sa robe de barÚge, étalée sur le lit. Le pantalon de Charles le serrait au ventre. - Les sous-pieds vont me gÃÂȘner pour danser, dit-il. - Danser ? reprit Emma. - Oui ! - Mais tu as perdu la tÃÂȘte ! On se moquerait de toi, reste à ta place. D'ailleurs, c'est plus convenable pour un médecin, ajouta-t-elle. Charles se tut. Il marchait de long en large, attendant qu'Emma fût habillée. Il la voyait par-derriÚre, dans la glace, entre deux flambeaux. Ses yeux noirs semblaient plus noirs. Ses bandeaux, doucement bombés vers les oreilles, luisaient d'un éclat bleu ; une rose à son chignon tremblait sur une tige mobile, avec des gouttes d'eau factices au bout de ses feuilles. Elle avait une robe de safran pùle, relevée par trois bouquets de roses pompon mÃÂȘlées de verdure. Charles vint l'embrasser sur l'épaule. - Laisse-moi ! dit-elle, tu me chiffonnes. On entendit une ritournelle de violon et les sons d'un cor. Elle descendit l'escalier, se retenant de courir. Les quadrilles étaient commencés. Il arrivait du monde. On se poussait. Elle se plaça prÚs de la porte, sur une banquette. Quand la contredanse fut finie, le parquet resta libre pour les groupes d'hommes causant debout et les domestiques en livrée qui apportaient de grands plateaux. Sur la ligne des femmes assises, les éventails peints s'agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire des visages, et les flacons à bouchons d'or tournaient dans des mains entrouvertes dont les gants blancs marquaient la forme des ongles et serraient la chair au poignet. Les garnitures de dentelles, les broches de diamants, les bracelets à médaillon frissonnaient aux corsages, scintillaient aux poitrines, bruissaient sur les bras nus. Les chevelures, bien collées sur les fronts et tordues à la nuque, avaient, en couronnes, en grappes ou en rameaux, des myosotis, du jasmin, des fleurs de grenadier, des épis ou des bleuets. Pacifiques à leurs places, des mÚres à figure renfrognée portaient des turbans rouges. Le coeur d'Emma lui battit un peu lorsque, son cavalier la tenant par le bout des doigts, elle vint se mettre en ligne et attendit le coup d'archet pour partir. Mais bientÎt l'émotion disparut ; et, se balançant au rythme de l'orchestre, elle glissait en avant, avec des mouvements légers du cou. Un sourire lui montait aux lÚvres à certaines délicatesses du violon, qui jouait seul, quelquefois, quand les autres instruments se taisaient ; on entendait le bruit clair des louis d'or qui se versaient à cÎté, sur le tapis des tables ; puis tout reprenait à la fois, le cornet à pistons lançait un éclat sonore, les pieds retombaient en mesure, les jupes se bouffaient et frÎlaient, les mains se donnaient, se quittaient ; les mÃÂȘmes yeux, s'abaissant devant vous, revenaient se fixer sur les vÎtres. Quelques hommes une quinzaine de vingt-cinq à quarante ans, disséminés parmi les danseurs ou causant à l'entrée des portes, se distinguaient de la foule par un air de famille, quelles que fussent leurs différences d'ùge, de toilette ou de figure. Leurs habits, mieux faits, semblaient d'un drap plus souple, et leurs cheveux, ramenés en boucles vers les tempes, lustrés par des pommades plus fines. Ils avaient le teint de la richesse, ce teint blanc que rehaussent la pùleur des porcelaines, les moires du satin, le vernis des beaux meubles, et qu'entretient dans sa santé un régime discret de nourritures exquises. Leur cou tournait à l'aise sur des cravates basses ; leurs favoris longs tombaient sur des cols rabattus ; ils s'essuyaient les lÚvres à des mouchoirs brodés d'un large chiffre, d'oÃÂč sortait une odeur suave. Ceux qui commençaient à vieillir avaient l'air jeune, tandis que quelque chose de mûr s'étendait sur le visage des jeunes. Dans leurs regards indifférents flottait la quiétude de passions journellement assouvies ; et, à travers leurs maniÚres douces, perçait cette brutalité particuliÚre que communique la domination de choses à demi faciles, dans lesquelles la force s'exerce et oÃÂč la vanité s'amuse, le maniement des chevaux de race et la société des femmes perdues. A trois pas d'Emma, un cavalier en habit bleu causait Italie avec une jeune femme pùle, portant une parure de perles. Ils vantaient la grosseur des piliers de Saint-Pierre, Tivoli, le Vésuve, Castellamare et les Cassines, les roses de GÃÂȘnes, le Colisée au clair de lune. Emma écoutait de son autre oreille une conversation pleine de mots qu'elle ne comprenait pas. On entourait un tout jeune homme qui avait battu, la semaine d'avant, Miss-Arabelle et Romulus , et gagné deux mille louis à sauter un fossé, en Angleterre. L'un se plaignait de ses coureurs qui engraissaient ; un autre, des fautes d'impression qui avaient dénaturé le nom de son cheval. L'air du bal était lourd ; les lampes pùlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruit des éclats de verre, madame Bovary tourna la tÃÂȘte et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son pÚre en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-mÃÂȘme, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l'heure présente, sa vie passée, si nette jusqu'alors, s'évanouissait tout entiÚre, et elle doutait presque de l'avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n'y avait plus que de l'ombre, étalée sur tout le reste. Elle mangeait alors une glace au marasquin, qu'elle tenait de la main gauche dans une coquille de vermeil, et fermait à demi les yeux, la cuiller entre les dents. Une dame, prÚs d'elle, laissa tomber son éventail. Un danseur passait. - Que vous seriez bon, monsieur, dit la dame, de vouloir bien ramasser mon éventail, qui est derriÚre ce canapé ! Le monsieur s'inclina, et, pendant qu'il faisait le mouvement d'étendre son bras, Emma vit la main de la jeune dame qui jetait dans son chapeau quelque chose de blanc, plié en triangle. Le monsieur, ramenant l'éventail, l'offrit à la dame, respectueusement ; elle le remercia d'un signe de tÃÂȘte et se mit à respirer son bouquet. AprÚs le souper, oÃÂč il y eut beaucoup de vins d'Espagne et de vins du Rhin, des potages à la bisque et au lait d'amandes, des puddings à la Trafalgar et toutes sortes de viandes froides avec des gelées alentour qui tremblaient dans les plats, les voitures, les unes aprÚs les autres, commencÚrent à s'en aller. En écartant du coin le rideau de mousseline, on voyait glisser dans l'ombre la lumiÚre de leurs lanternes. Les banquettes s'éclaircirent ; quelques joueurs restaient encore ; les musiciens rafraÃchissaient, sur leur langue, le bout de leurs doigts ; Charles dormait à demi, le dos appuyé contre une porte. A trois heures du matin, le cotillon commença. Emma ne savait pas valser. Tout le monde valsait, mademoiselle d'Andervilliers elle-mÃÂȘme et la marquise ; il n'y avait plus que les hÎtes du chùteau, une douzaine de personnes à peu prÚs. Cependant, un des valseurs, qu'on appelait familiÚrement vicomte , et dont le gilet trÚs ouvert semblait moulé sur sa poitrine, vint une seconde fois encore inviter madame Bovary, l'assurant qu'il la guiderait et qu'elle s'en tirerait bien. Ils commencÚrent lentement, puis allÚrent plus vite. Ils tournaient tout tournait autour d'eux, les lampes, les meubles, les lambris, et le parquet, comme un disque sur un pivot. En passant auprÚs des portes, la robe d'Emma, par le bas, s'éraflait au pantalon ; leurs jambes entraient l'une dans l'autre ; il baissait ses regards vers elle, elle levait les siens vers lui ; une torpeur la prenait, elle s'arrÃÂȘta. Ils repartirent ; et, d'un mouvement plus rapide, le vicomte, l'entraÃnant, disparut avec elle jusqu'au bout de la galerie, oÃÂč, haletante, elle faillit tomber, et, un instant, s'appuya la tÃÂȘte sur sa poitrine. Et puis, tournant toujours, mais plus doucement, il la reconduisit à sa place ; elle se renversa contre la muraille et mit la main devant ses yeux. Quand elle les rouvrit, au milieu du salon, une dame assise sur un tabouret avait devant elle trois valseurs agenouillés. Elle choisit le Vicomte, et le violon recommença. On les regardait. Ils passaient et revenaient, elle immobile du corps et le menton baissé, et lui toujours dans sa mÃÂȘme pose, la taille cambrée, le coude arrondi, la bouche en avant. Elle savait valser, celle-là ! Ils continuÚrent longtemps et fatiguÚrent tous les autres. On causa quelques minutes encore, et, aprÚs les adieux ou plutÎt le bonjour, les hÎtes du chùteau s'allÚrent coucher. Charles se traÃnait à la rampe, les genoux lui rentraient dans le corps . Il avait passé cinq heures de suite, tout debout devant les tables, à regarder jouer au whist sans y rien comprendre. Aussi poussa-t-il un grand soupir de satisfaction lorsqu'il eut retiré ses bottes. Emma mit un chùle sur ses épaules, ouvrit la fenÃÂȘtre et s'accouda. La nuit était noire. Quelques gouttes de pluie tombaient. Elle aspira le vent humide qui lui rafraÃchissait les paupiÚres. La musique du bal bourdonnait encore à ses oreilles, et elle faisait des efforts pour se tenir éveillée, afin de prolonger l'illusion de cette vie luxueuse qu'il lui faudrait tout à l'heure abandonner. Le petit jour parut. Elle regarda les fenÃÂȘtres du chùteau, longuement, tùchant de deviner quelles étaient les chambres de tous ceux qu'elle avait remarqués la veille. Elle aurait voulu savoir leurs existences, y pénétrer, s'y confondre. Mais elle grelottait de froid. Elle se déshabilla et se blottit entre les draps, contre Charles qui dormait. Il y eut beaucoup de monde au déjeuner. Le repas dura dix minutes ; on ne servit aucune liqueur, ce qui étonna le médecin. Ensuite mademoiselle d'Andervilliers ramassa des morceaux de brioche dans une bannette, pour les porter aux cygnes sur la piÚce d'eau, et on s'alla promener dans la serre chaude, oÃÂč des plantes bizarres, hérissées de poils, s'étageaient en pyramides sous des vases suspendus, qui, pareils à des nids de serpents trop pleins, laissaient retomber, de leurs bords, de longs cordons verts entrelacés. L'orangerie, que l'on trouvait au bout, menait à couvert jusqu'aux communs du chùteau. Le Marquis, pour amuser la jeune femme, la mena voir les écuries. Au-dessus des rùteliers en forme de corbeille, des plaques de porcelaine portaient en noir le nom des chevaux. Chaque bÃÂȘte s'agitait dans sa stalle, quand on passait prÚs d'elle, en claquant de la langue. Le plancher de la sellerie luisait à l'oeil comme le parquet d'un salon. Les harnais de voiture étaient dressés dans le milieu sur deux colonnes tournantes, et les mors, les fouets, les étriers, les gourmettes rangés en ligne tout le long de la muraille. Charles, cependant, alla prier un domestique d'atteler son boc . On l'amena devant le perron, et, tous les paquets y étant fourrés, les époux Bovary firent leurs politesses au Marquis et à la Marquise, et repartirent pour Tostes. Emma, silencieuse, regardait tourner les roues. Charles, posé sur le bord extrÃÂȘme de la banquette, conduisait les deux bras écartés, et le petit cheval trottait l'amble dans les brancards, qui étaient trop larges pour lui. Les guides molles battaient sur sa croupe en s'y trempant d'écume, et la boÃte ficelée derriÚre le boc donnait contre la caisse de grands coups réguliers. Ils étaient sur les hauteurs de Thibourville, lorsque devant eux, tout à coup, des cavaliers passÚrent en riant, avec des cigares à la bouche. Emma crut reconnaÃtre le Vicomte ; elle se détourna, et n'aperçut à l'horizon que le mouvement des tÃÂȘtes s'abaissant et montant, selon la cadence inégale du trot ou du galop. Un quart de lieue plus loin, il fallut s'arrÃÂȘter pour raccommoder, avec de la corde, le reculement qui était rompu. Mais Charles, donnant au harnais un dernier coup d'oeil, vit quelque chose par terre, entre les jambes de son cheval ; et il ramassa un porte-cigares tout bordé de soie verte et blasonné à son milieu comme la portiÚre d'un carrosse. - Il y a mÃÂȘme deux cigares dedans, dit-il ; ce sera pour ce soir, aprÚs dÃner. - Tu fumes donc ? demanda-t-elle. - Quelquefois, quand l'occasion se présente. Il mit sa trouvaille dans sa poche et fouetta le bidet. Quand ils arrivÚrent chez eux, le dÃner n'était point prÃÂȘt. Madame s'emporta. Nastasie répondit insolemment. - Partez ! dit Emma. - C'est se moquer, je vous chasse. Il y avait pour dÃner de la soupe à l'oignon, avec un morceau de veau à l'oseille. Charles, assis devant Emma, dit en se frottant les mains d'un air heureux - Cela fait plaisir de se retrouver chez soi ! On entendait Nastasie qui pleurait. Il aimait un peu cette pauvre fille. Elle lui avait, autrefois, tenu société pendant bien des soirs, dans les désoeuvrements de son veuvage. C'était sa premiÚre pratique, sa plus ancienne connaissance du pays. - Est-ce que tu l'as renvoyée pour tout de bon ? dit-il enfin. - Oui. Qui m'en empÃÂȘche ? répondit-elle. Puis ils se chauffÚrent dans la cuisine, pendant qu'on apprÃÂȘtait leur chambre. Charles se mit à fumer. Il fumait en avançant les lÚvres, crachant à toute minute, se reculant à chaque bouffée. - Tu vas te faire mal, dit-elle dédaigneusement. Il déposa son cigare, et courut avaler, à la pompe, un verre d'eau froide. Emma, saisissant le porte-cigares, le jeta vivement au fond de l'armoire. La journée fut longue, le lendemain ! Elle se promena dans son jardinet, passant et revenant par les mÃÂȘmes allées, s'arrÃÂȘtant devant les plates-bandes, devant l'espalier, devant le curé de plùtre, considérant avec ébahissement toutes ces choses d'autrefois qu'elle connaissait si bien. Comme le bal déjà lui semblait loin ! Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d'avant-hier et le soir d'aujourd'hui ? Son voyage à la Vaubyessard avait fait un trou dans sa vie, à la maniÚre de ces grandes crevasses qu'un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois dans les montagnes. Elle se résigna pourtant ; elle serra pieusement dans la commode sa belle toilette et jusqu'à ses souliers de satin, dont la semelle s'était jaunie à la cire glissante du parquet. Son coeur était comme eux au frottement de la richesse, il s'était placé dessus quelque chose qui ne s'effacerait pas. Ce fut donc une occupation pour Emma que le souvenir de ce bal. Toutes les fois que revenait le mercredi, elle se disait en s'éveillant Ah ! il y a huit jours... il y a quinze jours..., il y a trois semaines, j'y étais ! Et peu à peu, les physionomies se confondirent dans sa mémoire, elle oublia l'air des contredanses, elle ne vit plus si nettement les livrées et les appartements ; quelques détails s'en allÚrent, mais le regret lui resta. IX. Souvent, lorsque Charles était sorti, elle allait prendre dans l'armoire, entre les plis du linge oÃÂč elle l'avait laissé, le porte-cigares en soie verte. Elle le regardait, l'ouvrait, et mÃÂȘme elle flairait l'odeur de sa doublure, mÃÂȘlée de verveine et de tabac. A qui appartenait-il ?... Au Vicomte. C'était peut-ÃÂȘtre un cadeau de sa maÃtresse. On avait brodé cela sur quelque métier de palissandre, meuble mignon que l'on cachait à tous les yeux, qui avait occupé bien des heures et oÃÂč s'étaient penchées les boucles molles de la travailleuse pensive. Un souffle d'amour avait passé parmi les mailles du canevas ; chaque coup d'aiguille avait fixé là une espérance ou un souvenir, et tous ces fils de soie entrelacés n'étaient que la continuité de la mÃÂȘme passion silencieuse. Et puis le Vicomte, un matin, l'avait emporté avec lui. De quoi avait-on parlé, lorsqu'il restait sur les cheminées à large chambranle, entre les vases de fleurs et les pendules Pompadour ? Elle était à Tostes. Lui, il était à Paris, maintenant ; là -bas ! Comment était ce Paris ? Quel nom démesuré ! Elle se le répétait à demi-voix, pour se faire plaisir ; il sonnait à ses oreilles comme un bourdon de cathédrale, il flamboyait à ses yeux jusque sur l'étiquette de ses pots de pommade. La nuit, quand les mareyeurs, dans leurs charrettes, passaient sous ses fenÃÂȘtres en chantant La Marjolaine , elle s'éveillait ; et écoutant le bruit des roues ferrées, qui, à la sortie du pays, s'amortissait vite sur la terre - Ils y seront demain ! se disait-elle. Et elle les suivait dans sa pensée, montant et descendant les cÎtes, traversant les villages, filant sur la grande route à la clarté des étoiles. Au bout d'une distance indéterminée, il se trouvait toujours une place confuse oÃÂč expirait son rÃÂȘve. Elle s'acheta un plan de Paris, et, du bout de son doigt, sur la carte, elle faisait des courses dans la capitale. Elle remontait les boulevards, s'arrÃÂȘtant à chaque angle, entre les lignes des rues, devant les carrés blancs qui figurent les maisons. Les yeux fatigués à la fin, elle fermait ses paupiÚres, et elle voyait dans les ténÚbres se tordre au vent des becs de gaz, avec des marche-pieds de calÚches, qui se déployaient à grand fracas devant le péristyle des théùtres. Elle s'abonna à la Corbeille , journal des femmes, et au Sylphe des salons . Elle dévorait, sans en rien passer, tous les comptes rendus de premiÚres représentations, de courses et de soirées, s'intéressait au début d'une chanteuse, à l'ouverture d'un magasin. Elle savait les modes nouvelles, l'adresse des bons tailleurs, les jours de Bois ou d'Opéra. Elle étudia, dans EugÚne Sue, des descriptions d'ameublements ; elle lut Balzac et George Sand, y cherchant des assouvissements imaginaires pour ses convoitises personnelles. A table mÃÂȘme, elle apportait son livre, et elle tournait les feuillets, pendant que Charles mangeait en lui parlant. Le souvenir du Vicomte revenait toujours dans ses lectures. Entre lui et les personnages inventés, elle établissait des rapprochements. Mais le cercle dont il était le centre peu à peu s'élargit autour de lui, et cette auréole qu'il avait, s'écartant de sa figure, s'étala plus au loin, pour illuminer d'autres rÃÂȘves. Paris, plus vague que l'Océan, miroitait donc aux yeux d'Emma dans une atmosphÚre vermeille. La vie nombreuse qui s'agitait en ce tumulte y était cependant divisée par parties, classée en tableaux distincts. Emma n'en apercevait que deux ou trois qui lui cachaient tous les autres, et représentaient à eux seuls l'humanité complÚte. Le monde des ambassadeurs marchait sur des parquets luisants, dans des salons lambrissés de miroirs, autour de tables ovales couvertes d'un tapis de velours à crépines d'or. Il y avait là des robes à queue, de grands mystÚres, des angoisses dissimulées sous des sourires. Venait ensuite la société des duchesses ; on y était pùle ; on se levait à quatre heures ; les femmes, pauvres anges ! portaient du point d'Angleterre au bas de leur jupon, et les hommes, capacités méconnues sous des dehors futiles, crevaient leurs chevaux par partie de plaisir, allaient passer à Bade la saison d'été, et, vers la quarantaine enfin, épousaient des héritiÚres. Dans les cabinets de restaurants oÃÂč l'on soupe aprÚs minuit riait, à la clarté des bougies, la foule bigarrée des gens de lettres et des actrices. Ils étaient, ceux-là , prodigues comme des rois, pleins d'ambitions idéales et de délires fantastiques. C'était une existence au-dessus des autres, entre ciel et terre, dans les orages, quelque chose de sublime. Quant au reste du monde, il était perdu, sans place précise, et comme n'existant pas. Plus les choses, d'ailleurs, étaient voisines, plus sa pensée s'en détournait. Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l'existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier oÃÂč elle se trouvait prise, tandis qu'au-delà s'étendait à perte de vue l'immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du coeur, l'élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particuliÚre ? Les soupirs au clair de lune, les longues étreintes, les larmes qui coulent sur les mains qu'on abandonne, toutes les fiÚvres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se séparaient donc pas du balcon des grands chùteaux qui sont pleins de loisirs, d'un boudoir à stores de soie avec un tapis bien épais, des jardiniÚres remplies, un lit monté sur une estrade, ni du scintillement des pierres précieuses et des aiguillettes de la livrée. Le garçon de la poste, qui, chaque matin, venait panser la jument, traversait le corridor avec ses gros sabots ; sa blouse avait des trous, ses pieds étaient nus dans des chaussons. C'était là le groom en culotte courte dont il fallait se contenter ! Quand son ouvrage était fini, il ne revenait plus de la journée ; car Charles, en rentrant, mettait lui-mÃÂȘme son cheval à l'écurie, retirait la selle et passait le licou, pendant que la bonne apportait une botte de paille et la jetait, comme elle le pouvait, dans la mangeoire. Pour remplacer Nastasie qui enfin partit de Tostes, en versant des ruisseaux de larmes , Emma prit à son service une jeune fille de quatorze ans, orpheline et de physionomie douce. Elle lui interdit les bonnets de coton, lui apprit qu'il fallait vous parler à la troisiÚme personne, apporter un verre d'eau dans une assiette, frapper aux portes avant d'entrer, et à repasser, à empeser, à l'habiller, voulut en faire sa femme de chambre. La nouvelle bonne obéissait sans murmure pour n'ÃÂȘtre point renvoyée ; et, comme Madame, d'habitude, laissait la clef au buffet, Félicité, chaque soir prenait une petite provision de sucre qu'elle mangeait toute seule, dans son lit, aprÚs avoir fait sa priÚre. L'aprÚs-midi, quelquefois, elle allait causer en face avec les postillons. Madame se tenait en haut, dans son appartement. Elle portait une robe de chambre tout ouverte, qui laissait voir, entre les revers à chùle du corsage, une chemisette plissée avec trois boutons d'or. Sa ceinture était une cordeliÚre à gros glands, et ses petites pantoufles de couleur grenat avaient une touffe de rubans larges, qui s'étalait sur le couvre-pied. Elle s'était acheté un buvard, une papeterie, un porte-plume et des enveloppes, quoiqu'elle n'eût personne à qui écrire ; elle époussetait son étagÚre, se regardait dans la glace, prenait un livre, puis, rÃÂȘvant entre les lignes, le laissait tomber sur ses genoux. Elle avait envie de faire des voyages ou de retourner vivre à son couvent. Elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris. Charles, à la neige à la pluie, chevauchait par les chemins de traverse. Il mangeait des omelettes sur la table des fermes, entrait son bras dans des lits humides, recevait au visage le jet tiÚde des saignées, écoutait des rùles, examinait des cuvettes, retroussait bien du linge sale ; mais il trouvait, tous les soirs, un feu flambant, la table servie, des meubles souples, et une femme en toilette fine, charmante et sentant frais, à ne savoir mÃÂȘme d'oÃÂč venait cette odeur, ou si ce n'était pas sa peau qui parfumait sa chemise. Elle le charmait par quantité de délicatesses c'était tantÎt une maniÚre nouvelle de façonner pour les bougies des bobÚches de papier, un volant qu'elle changeait à sa robe, ou le nom extraordinaire d'un mets bien simple, et que la bonne avait manqué, mais que Charles, jusqu'au bout, avalait avec plaisir. Elle vit à Rouen des dames qui portaient à leur montre un paquet de breloques ; elle acheta des breloques. Elle voulut sur sa cheminée deux grands vases de verre bleu, et, quelque temps aprÚs, un nécessaire d'ivoire, avec un dé de vermeil. Moins Charles comprenait ces élégances, plus il en subissait la séduction. Elles ajoutaient quelque chose au plaisir de ses sens et à la douceur de son foyer. C'était comme une poussiÚre d'or qui sablait tout du long le petit sentier de sa vie. Il se portait bien, il avait bonne mine ; sa réputation était établie tout à fait. Les campagnards le chérissaient parce qu'il n'était pas fier. Il caressait les enfants, n'entrait jamais au cabaret, et, d'ailleurs, inspirait de la confiance par sa moralité. Il réussissait particuliÚrement dans les catarrhes et maladies de poitrine. Craignant beaucoup de tuer son monde, Charles, en effet, n'ordonnait guÚre que des potions calmantes, de temps à autre de l'émétique, un bain de pieds ou des sangsues. Ce n'est pas que la chirurgie lui fit peur ; il vous saignait les gens largement, comme des chevaux, et il avait pour l'extraction des dents une poigne d'enfer . Enfin, pour se tenir au courant , il prit un abonnement à la Ruche médicale , journal nouveau dont il avait reçu le prospectus. Il en lisait un peu aprÚs son dÃner ; mais la chaleur de l'appartement, jointe à la digestion, faisait qu'au bout de cinq minutes il s'endormait ; et il restait là , le menton sur ses deux mains, et les cheveux étalés comme une criniÚre jusqu'au pied de la lampe. Emma le regardait en haussant les épaules. Que n'avait-elle, au moins, pour mari un de ces hommes d'ardeurs taciturnes qui travaillent la nuit dans les livres, et portent enfin, à soixante ans, quand vient l'ùge des rhumatismes, une brochette de croix, sur leur habit noir, mal fait. Elle aurait voulu que ce nom de Bovary, qui était le sien, fût illustre, le voir étalé chez les libraires, répété dans les journaux, connu par toute la France. Mais Charles n'avait point d'ambition Un médecin d'Yvetot, avec qui derniÚrement il s'était trouvé en consultation, l'avait humilié quelque peu, au lit mÃÂȘme du malade, devant les parents assemblés. Quand Charles lui raconta, le soir, cette anecdote, Emma s'emporta bien haut contre le confrÚre. Charles en fut attendri. Il la baisa au front avec une larme. Mais elle était exaspérée de honte, elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor ouvrir la fenÃÂȘtre et huma l'air frais pour se calmer. - Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! disait-elle tout bas, en se mordant les lÚvres. Elle se sentait, d'ailleurs, plus irritée de lui. Il prenait, avec l'ùge, des allures épaisses ; il coupait, au dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, aprÚs manger, la langue sur les dents ; il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux, déjà petits, semblaient remontés vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes. Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait à l'écart les gants déteints qu'il se disposait à passer ; et ce n'était pas, comme il croyait, pour lui ; c'était pour elle-mÃÂȘme, par expansion d'égoïsme, agacement nerveux. Quelquefois aussi, elle lui parlait des choses qu'elle avait lues, comme d'un passage de roman, d'une piÚce nouvelle, ou de l'anecdote du grand monde que l'on racontait dans le feuilleton ; car, enfin, Charles était quelqu'un, une oreille toujours ouverte, une approbation toujours prÃÂȘte. Elle faisait bien des confidences à sa levrette ! Elle en eût fait aux bûches de la cheminée et au balancier de la pendule. Au fond de son ùme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon. Elle ne savait pas quel serait ce hasard, le vent qui le pousserait jusqu'à elle, vers quel rivage il la mÚnerait, s'il était chaloupe ou vaisseau à trois ponts, chargé d'angoisses ou plein de félicités jusqu'aux sabords. Mais, chaque matin, à son réveil, elle l'espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, se levait en sursaut, s'étonnait qu'il ne vÃnt pas ; puis, au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait ÃÂȘtre au lendemain. Le printemps reparut. Elle eut des étouffements aux premiÚres chaleurs, quand les poiriers fleurirent. DÚs le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d'octobre, pensant que le marquis d'Andervilliers, peut-ÃÂȘtre, donnerait encore un bal à la Vaubyessard. Mais tout septembre s'écoula sans lettres ni visites. AprÚs l'ennui de cette déception, son coeur de nouveau resta vide, et alors la série des mÃÂȘmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file, toujours pareilles, innombrables, et n'apportant rien ! Les autres existences, si plates qu'elles fussent, avaient du moins la chance d'un événement. Une aventure amenait parfois des péripéties à l'infini, et le décor changeait. Mais, pour elle, rien n'arrivait, Dieu l'avait voulu ! L'avenir était un corridor tout noir, et qui avait au fond sa porte bien fermée. Elle abandonna la musique. Pourquoi jouer ? qui l'entendrait ? Puisqu'elle ne pourrait jamais, en robe de velours à manches courtes, sur un piano d'Erard, dans un concert, battant de ses doigts légers les touches d'ivoire, sentir, comme une brise, circuler autour d'elle un murmure d'extase, ce n'était pas la peine de s'ennuyer à étudier. Elle laissa dans l'armoire ses cartons à dessin et la tapisserie. A quoi bon ? à quoi bon ? La couture l'irritait. - J'ai tout lu, se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regardant la pluie tomber. Comme elle était triste le dimanche, quand on sonnait les vÃÂȘpres ! Elle écoutait, dans un hébétement attentif, tinter un à un les coups fÃÂȘlés de la cloche. Quelque chat sur les toits, marchant lentement, bombait son dos aux rayons pùles du soleil. Le vent, sur la grande route, soufflait des traÃnées de poussiÚres. Au loin, parfois, un chien hurlait et la cloche, à temps égaux, continuait sa sonnerie monotone qui se perdait dans la campagne. Cependant on sortait de l'église. Les femmes en sabots cirés, les paysans en blouse neuve, les petits enfants qui sautillaient nu-tÃÂȘte devant eux, tout rentrait chez soi. Et, jusqu'à la nuit, cinq ou six hommes, toujours les mÃÂȘmes, restaient à jouer au bouchon, devant la grande porte de l'auberge. L'hiver fut froid. Les carreaux, chaque matin, étaient chargés de givre, et la lumiÚre, blanchùtre à travers eux, comme par des verres dépolis, quelquefois ne variait pas de la journée. DÚs quatre heures du soir, il fallait allumer la lampe. Les jours qu'il faisait beau, elle descendait dans le jardin. La rosée avait laissé sur les choux des guipures d'argent avec de longs fils clairs qui s'étendaient de l'un à l'autre. On n'entendait pas d'oiseaux, tout semblait dormir, l'espalier couvert de paille et la vigne comme un grand serpent malade sous le chaperon du mur, oÃÂč l'on voyait, en s'approchant, se traÃner des cloportes à pattes nombreuses. Dans les sapinettes, prÚs de la haie, le curé en tricorne qui lisait son bréviaire avait perdu le pied droit et mÃÂȘme le plùtre, s'écaillant à la gelée, avait fait des gales blanches sur sa figure. Puis elle remontait, fermait la porte, étalait les charbons, et, défaillant à la chaleur du foyer, sentait l'ennui plus lourd qui retombait sur elle. Elle serait bien descendue causer avec la bonne, mais une pudeur la retenait. Tous les jours, à la mÃÂȘme heure, le maÃtre d'école, en bonnet de soie noire, ouvrait les auvents de sa maison, et le garde-champÃÂȘtre passait, portant son sabre sur sa blouse. Soir et matin, les chevaux de la poste, trois par trois, traversaient la rue pour aller boire à la mare. De temps à autre, la porte d'un cabaret faisait tinter sa sonnette, et, quand il y avait du vent, l'on entendait grincer sur leurs deux tringles les petites cuvettes en cuivre du perruquier, qui servaient d'enseigne à sa boutique. Elle avait pour décoration une vieille gravure de modes collée contre un carreau et un buste de femme en cire, dont les cheveux étaient jaunes. Lui aussi, le perruquier, il se lamentait de sa vocation arrÃÂȘtée, de son avenir perdu, et, rÃÂȘvant quelque boutique dans une grande ville, comme à Rouen, par exemple, sur le port, prÚs du théùtre, il restait toute la journée à se promener en long, depuis la mairie jusqu'à l'église, sombre, et attendant la clientÚle. Lorsque madame Bovary levait les yeux, elle le voyait toujours là , comme une sentinelle en faction, avec son bonnet grec sur l'oreille et sa veste de lasting. Dans l'aprÚs-midi, quelquefois, une tÃÂȘte d'homme apparaissait derriÚre les vitres de la salle, tÃÂȘte hùlée, à favoris noirs, et qui souriait lentement d'un large sourire doux à dents blanches. Une valse aussitÎt commençait, et, sur l'orgue, dans un petit salon, des danseurs hauts comme le doigt, femmes en turban rose, Tyroliens en jaquette, singes en habit noir, messieurs en culotte courte, tournaient, tournaient entre les fauteuils, les canapés, les consoles, se répétant dans les morceaux de miroir que raccordait à leurs angles un filet de papier doré. L'homme faisait aller sa manivelle, regardant à droite, à gauche et vers les fenÃÂȘtres. De temps à autre, tout en lançant contre la borne un long jet de salive brune, il soulevait du genou son instrument, dont la bretelle dure lui fatiguait l'épaule ; et, tantÎt dolente et traÃnarde, ou joyeuse et précipitée, la musique de la boÃte s'échappait en bourdonnant à travers un rideau de taffetas rose, sous une grille de cuivre en arabesque. C'étaient des airs que l'on jouait ailleurs sur les théùtres, que l'on chantait dans les salons, que l'on dansait le soir sous des lustres éclairés, échos du monde qui arrivaient jusqu'à Emma. Des sarabandes à n'en plus finir se déroulaient dans sa tÃÂȘte, et, comme une bayadÚre sur les fleurs d'un tapis, sa pensée bondissait avec les notes, se balançait de rÃÂȘve en rÃÂȘve, de tristesse en tristesse. Quand l'homme avait reçu l'aumÎne dans sa casquette, il rabattait une vieille couverture de laine bleue, passait son orgue sur son dos et s'éloignait d'un pas lourd. Elle le regardait partir. Mais c'était surtout aux heures des repas qu'elle n'en pouvait plus, dans cette petite salle au rez-de-chaussée, avec le poÃÂȘle qui fumait, la porte qui criait, les murs qui suintaient, les pavés humides ; toute l'amertume de l'existence lui semblait servie sur son assiette, et, à la fumée du bouilli, il montait du fond de son ùme comme d'autres bouffées d'affadissement. Charles était long à manger ; elle grignotait quelques noisettes, ou bien, appuyée du coude, s'amusait, avec la pointe de son couteau, à faire des raies sur la toile cirée. Elle laissait maintenant tout aller dans son ménage, et madame Bovary mÚre, lorsqu'elle vint passer à Tostes une partie du carÃÂȘme, s'étonna fort de ce changement. Elle, en effet, si soigneuse autrefois et délicate, elle restait à présent des journées entiÚres sans s'habiller, portait des bas de coton gris, s'éclairait à la chandelle. Elle répétait qu'il fallait économiser, puisqu'ils n'étaient pas riches, ajoutant qu'elle était trÚs contente, trÚs heureuse, que Tostes lui plaisait beaucoup, et autres discours nouveaux qui fermaient la bouche à la belle-mÚre. Du reste, Emma ne semblait plus disposée à suivre ses conseils ; une fois mÃÂȘme, madame Bovary s'étant avisée de prétendre que les maÃtres devaient surveiller la religion de leurs domestiques, elle lui avait répondu d'un oeil si colÚre et avec un sourire tellement froid, que la bonne femme ne s'y frotta plus. Emma devenait difficile, capricieuse. Elle se commandait des plats pour elle, n'y touchait point, un jour ne buvait que du lait pur, et, le lendemain, des tasses de thé à la douzaine. Souvent elle s'obstinait à ne pas sortir, puis elle suffoquait, ouvrait les fenÃÂȘtres, s'habillait en robe légÚre. Lorsqu'elle avait bien rudoyé sa servante, elle lui faisait des cadeaux ou l'envoyait se promener chez les voisines, de mÃÂȘme qu'elle jetait parfois aux pauvres toutes les piÚces blanches de sa bourse, quoiqu'elle ne fût guÚre tendre cependant, ni facilement accessible à l'émotion d'autrui, comme la plupart des gens issus de campagnards, qui gardent toujours à l'ùme quelque chose de la callosité des mains paternelles. Vers la fin de février, le pÚre Rouault, en souvenir de sa guérison, apporta lui-mÃÂȘme à son gendre une dinde superbe, et il resta trois jours à Tostes. Charles étant à ses malades, Emma lui tint compagnie. Il fuma dans la chambre, cracha sur les chenets, causa culture, veaux, vaches, volailles et conseil municipal ; si bien qu'elle referma la porte, quand il fut parti, avec un sentiment de satisfaction qui la surprit elle-mÃÂȘme. D'ailleurs, elle ne cachait plus son mépris pour rien, ni pour personne ; et elle se mettait quelque fois à exprimer des opinions singuliÚres, blùmant ce que l'on approuvait, et approuvant des choses perverses ou immorales ce qui faisait ouvrir de grands yeux à son mari. Est-ce que cette misÚre durerait toujours ? est-ce qu'elle n'en sortirait pas ? Elle valait bien cependant toutes celles qui vivaient heureuses ! Elle avait vu des duchesses à la Vaubyessard qui avaient la taille plus lourde et les façons plus communes, et elle exécrait l'injustice de Dieu ; elle s'appuyait la tÃÂȘte aux murs pour pleurer ; elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquées, les insolents plaisirs avec tous les éperduments qu'elle ne connaissait pas et qu'ils devaient donner. Elle pùlissait et avait des battements de coeur. Charles lui administra de la valériane et des bains de camphre. Tout ce que l'on essayait semblait l'irriter davantage. En de certains jours, elle bavardait avec une abondance fébrile ; à ces exaltations succédaient tout à coup des torpeurs oÃÂč elle restait sans parler, sans bouger. Ce qui la ranimait alors, c'était de se répandre sur les bras un flacon d'eau de Cologne. Comme elle se plaignait de Tostes continuellement, Charles imagina que la cause de sa maladie était sans doute dans quelque influence locale, et, s'arrÃÂȘtant à cette idée, il songea sérieusement à aller s'établir ailleurs. DÚs lors, elle but du vinaigre pour se faire maigrir, contracta une petite toux sÚche et perdit complÚtement l'appétit. Il en coûtait à Charles d'abandonner Tostes aprÚs quatre ans de séjour et au moment oÃÂč il commençait à s'y poser . S'il le fallait, cependant ! Il la conduisit à Rouen voir son ancien maÃtre. C'était une maladie nerveuse on devait la changer d'air. AprÚs s'ÃÂȘtre tourné de cÎté et d'autre, Charles apprit qu'il y avait dans l'arrondissement de Neufchùtel, un fort bourg nommé Yonville-l'Abbaye, dont le médecin, qui était un réfugié polonais, venait de décamper la semaine précédente. Alors il écrivit au pharmacien de l'endroit pour savoir quel était le chiffre de la population, la distance oÃÂč se trouvait le confrÚre le plus voisin, combien par année gagnait son prédécesseur, etc. ; et, les réponses ayant été satisfaisantes, il se résolut à déménager vers le printemps, si la santé d'Emma ne s'améliorait pas. Un jour qu'en prévision de son départ elle faisait des rangements dans un tiroir, elle se piqua les doigts à quelque chose. C'était un fil de fer de son bouquet de mariage. Les boutons d'oranger étaient jaunes de poussiÚre, et les rubans de satin, à liséré d'argent, s'effiloquaient par le bord. Elle le jeta dans le feu. Il s'enflamma plus vite qu'une paille sÚche. Puis ce fut comme un buisson rouge sur les cendres, et qui se rongeait lentement. Elle le regarda brûler. Les petites baies de carton éclataient, les fils d'archal se tordaient, le galon se fondait ; et les corolles de papier, racornies, se balançant le long de la plaque comme des papillons noirs, enfin s'envolÚrent par la cheminée. Quand on partit de Tostes, au mois de mars, madame Bovary était enceinte. DEUXIEME PARTIE I. Yonville-l'Abbaye ainsi nommé à cause d'une ancienne abbaye de Capucins dont les ruines n'existent mÃÂȘme plus est un bourg à huit lieues de Rouen, entre la route d'Abbeville et celle de Beauvais, au fond d'une vallée qu'arrose la Rieule, petite riviÚre qui se jette dans l'Andelle, aprÚs avoir fait tourner trois moulins vers son embouchure, et oÃÂč il y a quelques truites, que les garçons, le dimanche, s'amusent à pécher à la ligne. On quitte la grande route à la BoissiÚre et l'on continue à plat jusqu'au haut de la cÎte des Leux, d'oÃÂč l'on découvre la vallée. La riviÚre qui la traverse en fait comme deux régions de physionomie distincte tout ce qui est à gauche est en herbage, tout ce qui est à droite est en labour. La prairie s'allonge sous un bourrelet de collines basses pour se rattacher par-derriÚre aux pùturages du pays de Bray, tandis que, du cÎté de l'est, la plaine, montant doucement, va s'élargissant et étale à perte de vue ses blondes piÚces de blé. L'eau qui court au bord de l'herbe sépare d'une raie blanche la couleur des prés et celle des sillons, et la campagne ainsi ressemble à un grand manteau déplié qui a un collet de velours vert bordé d'un galon d'argent. Au bout de l'horizon, lorsqu'on arrive, on a devant soi les chÃÂȘnes de la forÃÂȘt d'Argueil, avec les escarpements de la cÎte Saint-Jean, rayés du haut en bas par de longues traÃnées rouges, inégales ; ce sont les traces de pluies, et ces tons de brique, tranchant en filets minces sur la couleur grise de la montagne, viennent de la quantité de sources ferrugineuses qui coulent au-delà dans le pays d'alentour. On est ici sur les confins de la Normandie, de la Picardie et de l'Ile-de-France, contrée bùtarde oÃÂč le langage est sans accentuation, comme le paysage sans caractÚre. C'est là que l'on fait les pires fromages de Neufchùtel de tout l'arrondissement, et, d'autre part, la culture y est coûteuse, parce qu'il faut beaucoup de fumier pour engraisser ces terres friables pleines de sable et de cailloux. Jusqu'en 1835, il n'y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d'Abbeville à celle d'Amiens, et sert quelquefois aux rouliers allant de Rouen dans les Flandres. Cependant, Yonville-l'Abbaye est demeurée stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux . Au lieu d'améliorer les cultures, on s'y obstine encore aux herbages, quelques dépréciés qu'ils soient, et le bourg paresseux, s'écartant de la plaine, a continué naturellement à s'agrandir vers la riviÚre. On l'aperçoit de loin, tout couché en long sur la rive, comme un gardeur de vaches qui fait la sieste au bord de l'eau. Au bas de la cÎte, aprÚs le pont, commence une chaussée plantée de jeunes trembles, qui vous mÚne en droite ligne jusqu'aux premiÚres maisons du pays. Elles sont encloses de haies, au milieu de cours pleines de bùtiments épars, pressoirs, charretteries et bouilleries disséminées sous les arbres touffus portant des échelles, des gaules ou des faux accrochées dans leur branchage. Les toits de chaume, comme des bonnets de fourrure rabattus sur des yeux, descendent jusqu'au tiers à peu prÚs des fenÃÂȘtres basses, dont les gros verres bombés sont garnis d'un noeud dans le milieu, à la façon des culs de bouteilles. Sur le mur de plùtre que traversent en diagonale des lambourdes noires s'accroche parfois quelque maigre poirier, et les rez-de-chaussée ont à leur porte une petite barriÚre tournante pour les défendre des poussins, qui viennent picorer, sur le seuil, des miettes de pain bis trempé de cidre. Cependant les cours se font plus étroites, les habitations se rapprochent, les haies disparaissent ; un fagot de fougÚres se balance sous une fenÃÂȘtre au bout d'un manche à balai ; il y a la forge d'un maréchal et ensuite un charron avec deux ou trois charrettes neuves, en dehors, qui empiÚtent sur la route. Puis, à travers une claire-voie, apparaÃt une maison blanche au-delà d'un rond de gazon que décore un Amour, le doigt posé sur la bouche ; deux vases en fonte sont à chaque bout du perron ; des panonceaux brillent à la porte ; c'est la maison du notaire, et la plus belle du pays. L'église est de l'autre cÎté de la rue, vingt pas plus loin, à l'entrée de la place. Le petit cimetiÚre qui l'entoure, clos d'un mur à hauteur d'appui, est si bien rempli de tombeaux, que les vieilles pierres à ras du sol font un dallage continu, oÃÂč l'herbe a dessiné de soi-mÃÂȘme des carrés verts réguliers. L'église a été rebùtie à neuf dans les derniÚres années du rÚgne de Charles X. La voûte en bois commence à se pourrir par le haut et, de place en place, a des enfonçures noires dans sa couleur bleue. Au dessus de la porte, oÃÂč seraient les orgues, se tient un jubé pour les hommes, avec un escalier tournant qui retentit sous les sabots. Le grand jour, arrivant par les vitraux tout unis, éclaire obliquement les bancs rangés en travers de la muraille, que tapisse çà et là quelque paillasson cloué, ayant au dessous de lui ces mots en grosses lettres " Banc de M. un tel " . Plus loin, à l'endroit oÃÂč le vaisseau se rétrécit, le confessionnal fait pendant à une statuette de la Vierge, vÃÂȘtue d'une robe de satin, coiffée d'un voile de tulle semé d'étoiles d'argent, et tout empourprée aux pommettes comme une idole des Ãles Sandwich ; enfin une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l'Intérieur , dominant le maÃtre-autel entre quatre chandeliers, termine au fond la perspective. Les stalles du choeur, en bois de sapin, sont restées sans ÃÂȘtre peintes. Les halles, c'est-à -dire un toit de tuiles supporté par une vingtaine de poteaux, occupent à elles seules la moitié environ de la grande place d'Yonville. La mairie, construite sur les dessins d'un architecte de Paris , est une maniÚre de temple grec qui fait l'angle, à cÎté de la maison du pharmacien. Elle a, au rez-de-chaussée, trois colonnes ioniques et, au premier étage, une galerie à plein cintre, tandis que le tympan qui la termine est rempli par un coq gaulois, appuyé d'une patte sur la Charte et tenant de l'autre les balances de la justice. Mais ce qui attire le plus les yeux, c'est, en face de l'auberge du Lion d'or , la pharmacie de M. Homais ! Le soir, principalement, quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin, sur le sol, leurs deux clartés de couleur, alors, à travers elles, comme dans des feux de Bengale, s'entrevoit l'ombre du pharmacien accoudé sur son pupitre. Sa maison, du haut en bas, est placardée d'inscriptions écrites en anglaise, en ronde, en moulée " Eaux de Vichy, de Seltz et de BarÚges, robs dépuratifs, médecine Raspail, racabout des Arabes, pastilles Darcet, pùte Regnault, bandages, bains, chocolats de santé, etc " . Et l'enseigne, qui tient toute la largeur de la boutique, porte en lettres d'or Homais, pharmacien . Puis, au fond de la boutique, derriÚre les grandes balances scellées sur le comptoir, le mot laboratoire se déroule au-dessus d'une porte vitrée qui, à moitié de sa hauteur, répÚte encore une fois Homais , en lettres d'or, sur un fond noir. Il n'y a plus ensuite rien à voir dans Yonville. La rue la seule , longue d'une portée de fusil et bordée de quelques boutiques, s'arrÃÂȘte court au tournant de la route. Si on la laisse sur la droite et que l'on suive le bas de la cÎte Saint-Jean, bientÎt on arrive au cimetiÚre. Lors du choléra, pour l'agrandir, on a abattu un pan de mur et acheté trois ùcres de terre à cÎté ; mais toute cette portion nouvelle est presque inhabitée, les tombes, comme autrefois, continuant à s'entasser vers la porte. Le gardien, qui est en mÃÂȘme temps fossoyeur et bedeau à l'église tirant ainsi des cadavres de la paroisse un double bénéfice , a profité du terrain vide pour y semer des pommes de terre. D'année en année, cependant, son petit champ se rétrécit, et, lorsqu'il survient une épidémie, il ne sait pas s'il doit se réjouir des décÚs ou s'affliger des sépultures. - Vous vous nourrissez des morts, Lestiboudois ! lui dit enfin, un jour, M. le curé. Cette parole sombre le fit réfléchir ; elle l'arrÃÂȘta pour quelque temps ; mais, aujourd'hui encore, il continue la culture de ses tubercules, et mÃÂȘme soutient avec aplomb qu'ils poussent naturellement. Depuis les événements que l'on va raconter, rien, en effet, n'a changé à Yonville. Le drapeau tricolore de fer-blanc tourne toujours au haut du clocher de l'église ; la boutique du marchand de nouveautés agite encore au vent ses deux banderoles d'indienne ; les foetus du pharmacien, comme des paquets d'amadou blanc, se pourrissent de plus en plus dans leur alcool bourbeux, et, au-dessus de la grande porte de l'auberge, le vieux lion d'or, déteint par les pluies, montre toujours aux passants sa frisure de caniche. Le soir que les époux Bovary devaient arriver à Yonville, madame veuve Lefrançois, la maÃtresse de cette auberge, était si fort affairée, qu'elle suait à grosses gouttes en remuant ses casseroles. C'était, le lendemain, jour de marché dans le bourg. Il fallait d'avance tailler les viandes, vider les poulets, faire de la soupe et du café. Elle avait, de plus, le repas de ses pensionnaires, celui du médecin, de sa femme et de leur bonne ; le billard retentissait d'éclats de rire ; trois meuniers, dans la petite salle, appelaient pour qu'on leur apportùt de l'eau-de-vie ; le bois flambait, la braise craquait, et, sur la longue table de la cuisine, parmi les quartiers de mouton cru, s'élevaient des piles d'assiettes qui tremblaient aux secousses du billot oÃÂč l'on hachait des épinards. On entendait, dans la basse-cour, crier les volailles que la servante poursuivait pour leur couper le cou. Un homme en pantoufles de peau verte, quelque peu marqué de petite vérole et coiffé d'un bonnet de velours à gland d'or, se chauffait le dos contre la cheminée. Sa figure n'exprimait rien que la satisfaction de soi-mÃÂȘme, et il avait l'air aussi calme dans la vie que le chardonneret suspendu au-dessus de sa tÃÂȘte, dans une cage d'osier c'était le pharmacien. - Artémise ! criait la maÃtresse d'auberge, casse de la bourrée, emplis les carafes, apporte de l'eau-de-vie, dépÃÂȘche-toi ! Au moins, si je savais quel dessert offrir à la société que vous attendez ! Bonté divine ! les commis du déménagement recommencent leur tintamarre dans le billard ! Et leur charrette qui est restée sous la grande porte ? L'hirondelle est capable de la défoncer en arrivant ! Appelle Polyte pour qu'il la remise !... Dire que, depuis le matin, monsieur Homais, ils ont peut-ÃÂȘtre fait quinze parties et bu huit pots de cidre !... Mais ils vont me déchirer le tapis, continuait-elle en les regardant de loin, son écumoire à la main. - Le mal ne serait pas grand, répondit M. Homais, vous en achÚteriez un autre. - Un autre billard ! s'exclama la veuve. - Puisque celui-là ne tient plus, madame Lefrançois, je vous le répÚte, vous vous faites tort ! Vous vous faites grand tort ! Et puis les amateurs, à présent, veulent des blouses étroites et des queues lourdes. On ne joue plus la bille ; tout est changé ! Il faut marcher avec son siÚcle ! Regardez Tellier, plutÎt... L'hÎtesse devint rouge de dépit. Le pharmacien ajouta - Son billard, vous avez beau dire, est plus mignon que le vÎtre ; et qu'on ait l'idée, par exemple, de monter une poule patriotique pour la Pologne ou les inondés de Lyon... - Ce ne sont pas des gueux comme lui qui nous font peur ! interrompit l'hÎtesse, en haussant ses grosses épaules. Allez ! allez ! monsieur Homais, tant que le Lion d'Or vivra, on y viendra. Nous avons du foin dans nos bottes, nous autres ! Au lieu qu'un de ces matins vous verrez le Café Français fermé, et avec une belle affiche sur les auvents !... Changer mon billard, continuait-elle en se parlant à elle-mÃÂȘme, lui qui m'est si commode pour ranger ma lessive, et sur lequel, dans le temps de la chasse, j'ai mis coucher jusqu'à six voyageurs !... Mais ce lambin d'Hivert qui n'arrive pas ! - L'attendez-vous pour le dÃner de vos messieurs ? demanda le pharmacien. - L'attendre ? Et M. Binet donc ! A six heures battant vous allez le voir entrer, car son pareil n'existe pas sur la terre pour l'exactitude. Il lui faut toujours sa place dans la petite salle ! On le tuerait plutÎt que de le faire dÃner ailleurs ! et dégoûté qu'il est ! et si difficile pour le cidre ! Ce n'est pas comme M. Léon ; lui, il arrive quelquefois à sept heures, sept heures et demie mÃÂȘme ; il ne regarde seulement pas à ce qu'il mange. Quel bon jeune homme ! Jamais un mot plus haut que l'autre. - C'est qu'il y a bien de la différence, voyez-vous, entre quelqu'un qui a reçu de l'éducation et un ancien carabinier qui est percepteur. Six heures sonnÚrent. Binet entra. Il était vÃÂȘtu d'une redingote bleue, tombant droit d'elle-mÃÂȘme tout autour de son corps maigre, et sa casquette de cuir, à pattes nouées par des cordons sur le sommet de sa tÃÂȘte, laissait voir, sous la visiÚre relevée, un front chauve, qu'avait déprimé l'habitude du casque. Il portait un gilet de drap noir, un col de crin, un pantalon gris, et, en toute saison, des bottes bien cirées qui avaient deux renflements parallÚles, à cause de la saillie de ses orteils. Pas un poil ne dépassait la ligne de son collier blond, qui, contournant la mùchoire, encadrait comme la bordure d'une plate-bande sa longue figure terne, dont les yeux étaient petits et le nez busqué. Fort à tous les jeux de cartes, bon chasseur et possédant une belle écriture, il avait chez lui un tour, oÃÂč il s'amusait à tourner des ronds de serviette dont il encombrait sa maison, avec la jalousie d'un artiste et l'égoïsme d'un bourgeois. Il se dirigea vers la petite salle mais il fallut d'abord en faire sortir les trois meuniers ; et, pendant tout le temps que l'on fut à mettre son couvert, Binet resta silencieux à sa place, auprÚs du poÃÂȘle ; puis il ferma la porte et retira sa casquette, comme d'usage. - Ce ne sont pas les civilités qui lui useront la langue ! dit le pharmacien, dÚs qu'il fut seul avec l'hÎtesse. - Jamais il ne cause davantage, répondit-elle ; il est venu ici, la semaine derniÚre, deux voyageurs en draps, des garçons pleins d'esprit qui contaient, le soir, un tas de farces que j'en pleurais de rire eh bien ! il restait là , comme une alose, sans dire un mot. - Oui, fit le pharmacien, pas d'imagination, pas de saillies, rien de ce qui constitue l'homme de société ! - On dit pourtant qu'il a des moyens, objecta l'hÎtesse. - Des moyens ! répliqua M. Homais ; lui ! des moyens ? Dans sa partie, c'est possible, ajouta-t-il d'un ton plus calme. Et il reprit - Ah ! qu'un négociant qui a des relations considérables, qu'un jurisconsulte, un médecin, un pharmacien soient tellement absorbés qu'ils en deviennent fantasques et bourrus mÃÂȘme, je le comprends ; on en cite des traits dans l'histoire ! Mais, au moins, c'est qu'ils pensent à quelque chose. Moi, par exemple, combien de fois m'est-il arrivé de chercher ma plume sur mon bureau pour écrire une étiquette, et de trouver, en définitive, que je l'avais placée à mon oreille ! Cependant, madame Lefrançois alla sur le seuil regarder si l'Hirondelle n'arrivait pas. Elle tressaillit. Un homme vÃÂȘtu de noir entra tout à coup dans la cuisine. On distinguait, aux derniÚres lueurs du crépuscule, qu'il avait une figure rubiconde et le corps athlétique. - Qu'y a-t-il pour votre service, monsieur le curé ? demanda la maÃtresse d'auberge, tout en atteignant sur la cheminée un des flambeaux de cuivre qui s'y trouvaient rangés en colonnade avec leurs chandelles ; voulez-vous prendre quelque chose ? un doigt de cassis, un verre de vin ? L'ecclésiastique refusa fort civilement. Il venait chercher son parapluie, qu'il avait oublié l'autre jour au couvent d'Ernemont, et, aprÚs avoir prié madame Lefrançois de le lui faire remettre au presbytÚre dans la soirée, il sortit pour se rendre à l'église, oÃÂč l'on sonnait l'Angélus . Quand le pharmacien n'entendit plus sur la place le bruit de ses souliers, il trouva fort inconvenante sa conduite de tout à l'heure. Ce refus d'accepter un rafraÃchissement lui semblait une hypocrisie des plus odieuses ; les prÃÂȘtres gouaillaient tous sans qu'on les vÃt, et cherchaient à ramener le temps de la dÃme. L'hÎtesse prit la défense de son curé - D'ailleurs, il en plierait quatre comme vous sur son genou. Il a, l'année derniÚre, aidé nos gens à rentrer la paille ; il en portait jusqu'à six bottes à la fois, tant il est fort ! - Bravo ! dit le pharmacien. Envoyez donc vos filles à confesse à des gaillards d'un tempérament pareil ! Moi, si j'étais le gouvernement, je voudrais qu'on saignùt les prÃÂȘtres une fois par mois. Oui, madame Lefrançois, tous les mois, une large phlébotomie, dans l'intérÃÂȘt de la police et des moeurs ! - Taisez-vous donc, monsieur Homais ! vous ÃÂȘtes un impie ! vous n'avez pas de religion ! Le pharmacien répondit - J'ai une religion, ma religion, et mÃÂȘme j'en ai plus qu'eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries ! J'adore Dieu, au contraire ! Je crois en l'Etre suprÃÂȘme, à un Créateur, quel qu'il soit, peu m'importe, qui nous a placés ici-bas pour y remplir nos devoirs de citoyen et de pÚre de famille ; mais je n'ai pas besoin d'aller, dans une église, baiser des plats d'argent et engraisser de ma poche un tas de farceurs qui se nourrissent mieux que nous ! Car on peut l'honorer aussi bien dans un bois, dans un champ, oÃÂč mÃÂȘme en contemplant la voûte éthérée, comme les anciens. Mon Dieu, à moi, c'est le Dieu de Socrate, de Franklin, de Voltaire et de Béranger ! Je suis pour la Profession de foi du vicaire savoyard et les immortels principes de 89 ! Aussi je n'admets pas un bonhomme du bon Dieu qui se promÚne dans son parterre la canne à la main, loge ses amis dans le ventre des baleines, meurt en poussant un cri et ressuscite au bout de trois jours choses absurdes en elles-mÃÂȘmes et complÚtement opposées, d'ailleurs, à toutes les lois de la physique ; ce qui nous démontre, en passant, que les prÃÂȘtres ont toujours croupi dans une ignorance turpide, oÃÂč ils s'efforcent d'engloutir avec eux les populations. Il se tut, cherchant des yeux un public autour de lui, car, dans son effervescence, le pharmacien, un moment, s'était cru en plein conseil municipal. Mais la maÃtresse d'auberge ne l'écoutait plus elle tendait son oreille à un roulement éloigné. On distingua le bruit d'une voiture mÃÂȘlé à un claquement de fers lùches qui battaient la terre, et l'Hirondelle , enfin, s'arrÃÂȘta devant la porte. C'était un coffre jaune porté par deux grandes roues qui, montant jusqu'à la hauteur de la bùche, empÃÂȘchaient les voyageurs de voir la route et leur salissaient les épaules. Les petits carreaux de ses vasistas étroits tremblaient dans leurs chùssis quand la voiture était fermée, et gardaient des taches de boue, çà et là , parmi leur vieille couche de poussiÚre, que les pluies d'orage mÃÂȘme ne lavaient pas tout à fait. Elle était attelée de trois chevaux, dont le premier en arbalÚte, et, lorsqu'on descendait les cÎtes, elle touchait du fond en cahotant. Quelques bourgeois d'Yonville arrivÚrent sur la place ; ils parlaient tous à la fois, demandant des nouvelles, des explications et des bourriches Hivert ne savait auquel répondre. C'était lui qui faisait à la ville les commissions du pays. Il allait dans les boutiques, rapportait des rouleaux de cuir au cordonnier, de la ferraille au maréchal, un baril de harengs pour sa maÃtresse, des bonnets de chez la modiste, des toupets de chez le coiffeur ; et, le long de la route, en s'en revenant, il distribuait ses paquets, qu'il jetait par-dessus les clÎtures des cours, debout sur son siÚge, et criant à pleine poitrine, pendant que ses chevaux allaient tout seuls. Un accident l'avait retardé ; la levrette de madame Bovary s'était enfuie à travers champs. On l'avait sifflée un grand quart d'heure. Hivert mÃÂȘme était retourné d'une demi-lieue en arriÚre, croyant l'apercevoir à chaque minute ; mais il avait fallu continuer la route. Emma avait pleuré, s'était emportée ; elle avait accusé Charles de ce malheur. M. Lheureux, marchand d'étoffes, qui se trouvait avec elle dans la voiture, avait essayé de la consoler par quantité d'exemples de chiens perdus, reconnaissant leur maÃtre au bout de longues années. On en citait un, disait-il, qui était revenu de Constantinople à Paris. Un autre avait fait cinquante lieues en ligne droite et passé quatre riviÚres à la nage ; et son pÚre à lui-mÃÂȘme avait possédé un caniche qui, aprÚs douze ans d'absence, lui avait tout à coup sauté sur le dos, un soir, dans la rue comme il allait dÃner en ville. II. Emma descendit la premiÚre, puis Félicité, M. Lheureux, une nourrice, et l'on fut obligé de réveiller Charles dans son coin, oÃÂč il s'était endormi complÚtement, dÚs que la nuit était venue. Homais se présenta ; il offrit ses hommages à Madame, ses civilités à Monsieur, dit qu'il était charmé d'avoir pu leur rendre quelque service, et ajouta d'un air cordial qu'il avait osé s'inviter lui-mÃÂȘme, sa femme, d'ailleurs, était absente. Madame Bovary, quand elle fut dans la cuisine, s'approcha de la cheminée. Du bout de ses deux doigts elle prit sa robe à la hauteur du genou, et, l'ayant ainsi remontée jusqu'aux chevilles, elle tendit à la flamme, par-dessus le gigot qui tournait, son pied chaussé d'une bottine noire. Le feu l'éclairait en entier, pénétrant d'une lumiÚre crue la trame de sa robe, les pores égaux de sa peau blanche et mÃÂȘme les paupiÚres de ses yeux qu'elle clignait de temps à autre. Une grande couleur rouge passait sur elle selon le souffle du vent qui venait par la porte entrouverte. De l'autre cÎté de la cheminée, un jeune homme à chevelure blonde la regardait silencieusement. Comme il s'ennuyait beaucoup à Yonville, oÃÂč il était clerc chez maÃtre Guillaumin, souvent M. Léon Dupuis c'était lui, le second habitué du Lion d'Or reculait l'instant de son repas, espérant qu'il viendrait quelque voyageur à l'auberge avec qui causer dans la soirée. Les jours que sa besogne était finie, il lui fallait bien, faute de savoir que faire, arriver à l'heure exacte, et subir depuis la soupe jusqu'au fromage le tÃÂȘte-à -tÃÂȘte de Binet. Ce fut donc avec joie qu'il accepta la proposition de l'hÎtesse de dÃner en la compagnie des nouveaux venus, et l'on passa dans la grande salle, oÃÂč madame Lefrançois, par pompe, avait fait dresser les quatre couverts. Homais demanda la permission de garder son bonnet grec, de peur des coryzas. Puis, se tournant vers sa voisine - Madame, sans doute, est un peu lasse ? on est si épouvantablement cahoté dans notre Hirondelle ! - Il est vrai, répondit Emma ; mais le dérangement m'amuse toujours ; j'aime à changer de place. - C'est une chose si maussade, soupira le clerc, que de vivre cloué aux mÃÂȘmes endroits ! - Si vous étiez comme moi, dit Charles, sans cesse obligé d'ÃÂȘtre à cheval... - Mais, reprit Léon s'adressant à madame Bovary, rien n'est plus agréable, il me semble ; quand on le peut, ajouta-t-il. - Du reste, disait l'apothicaire, l'exercice de la médecine n'est pas fort pénible en nos contrées ; car l'état de nos routes permet l'usage du cabriolet, et, généralement, l'on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d'entérite, bronchite, affections bilieuses, etc., de temps à autre quelques fiÚvres intermittentes à la moisson, mais, en somme, peu de choses graves, rien de spécial à noter, si ce n'est beaucoup d'humeurs froides, et qui tiennent sans doute aux déplorables conditions hygiéniques de nos logements de paysans. Ah ! vous trouverez bien des préjugés à combattre, monsieur Bovary ; bien des entÃÂȘtements de la routine, oÃÂč se heurteront quotidiennement tous les efforts de votre science ; car on a recours encore aux neuvaines, aux reliques, au curé, plutÎt que de venir naturellement chez le médecin ou chez le pharmacien. Le climat, pourtant, n'est point, à vrai dire, mauvais, et mÃÂȘme nous comptons dans la commune quelques nonagénaires. Le thermomÚtre j'en ai fait les observations descend en hiver jusqu'à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-quatre Fahrenheit mesure anglaise , pas davantage ! - et, en effet, nous sommes abrités des vents du nord par la forÃÂȘt d'Argueil d'une part, des vents d'ouest par la cÎte Saint-Jean de l'autre ; et cette chaleur, cependant, qui à cause de la vapeur d'eau dégagée par la riviÚre et la présence considérable de bestiaux dans les prairies, lesquels exhalent, comme vous savez, beaucoup d'ammoniaque, c'est-à -dire azote, hydrogÚne et oxygÚne non, azote et hydrogÚne seulement , et qui, pompant à elle l'humus de la terre, confondant toutes ces émanations différentes, les réunissant en un faisceau, pour ainsi dire, et se combinant de soi-mÃÂȘme avec l'électricité répandue dans l'atmosphÚre, lorsqu'il y en a, pourrait à la longue, comme dans les pays tropicaux, engendrer des miasmes insalubres ; - cette chaleur, dis-je, se trouve justement tempérée du cÎté oÃÂč elle vient, ou plutÎt d'oÃÂč elle viendrait, c'est-à -dire du cÎté sud, par les vents de sud-est, lesquels, s'étant rafraÃchis d'eux-mÃÂȘmes en passant sur la Seine, nous amÚnent quelquefois tout d'un coup, comme des brises de Russie ! - Avez-vous du moins quelques promenades dans les environs ? continuait madame Bovary parlant au jeune homme. - Oh ! fort peu, répondit-il. Il y a un endroit que l'on nomme la Pùture, sur le haut de la cÎte, à la lisiÚre de la forÃÂȘt. Quelquefois, le dimanche, je vais là , et j'y reste avec un livre, à regarder le soleil couchant. - Je ne trouve rien d'admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer, surtout. - Oh ! j'adore la mer, dit M. Léon. - Et puis ne vous semble-t-il pas, répliqua madame Bovary, que l'esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites, dont la contemplation vous élÚve l'ùme et donne des idées d'infini, d'idéal ? - Il en est de mÃÂȘme des paysages de montagnes, reprit Léon. J'ai un cousin qui a voyagé en Suisse l'année derniÚre, et qui me disait qu'on ne peut se figurer la poésie des lacs, le charme des cascades, l'effet gigantesque des glaciers. On voit des pins d'une grandeur incroyable, en travers des torrents, des cabanes suspendues sur des précipices, et, à mille pieds sous vous, des vallées entiÚres, quand les nuages s'entrouvrent. Ces spectacles doivent enthousiasmer, disposer à la priÚre, à l'extase ! Aussi je ne m'étonne plus de ce musicien célÚbre qui, pour exciter mieux son imagination, avait coutume d'aller jouer du piano devant quelque site imposant. - Vous faites de la musique ? demanda-t-elle. - Non, mais je l'aime beaucoup, répondit-il. - Ah ! ne l'écoutez pas, madame Bovary, interrompit Homais en se penchant sur son assiette, c'est modestie pure. - Comment, mon cher ! Eh ! l'autre jour, dans votre chambre, vous chantiez l'Ange gardien à ravir. Je vous entendais du laboratoire ; vous détachiez cela comme un acteur. Léon, en effet, logeait chez le pharmacien, oÃÂč il avait une petite piÚce au second étage, sur la place. Il rougit à ce compliment de son propriétaire, qui déjà s'était tourné vers le médecin et lui énumérait les uns aprÚs les autres les principaux habitants d'Yonville. Il racontait des anecdotes, donnait des renseignements ; on ne savait pas au juste la fortune du notaire, et il y avait la maison Tuvache qui faisait beaucoup d'embarras. Emma reprit - Et quelle musique préférez-vous ? - Oh ! la musique allemande, celle qui porte à rÃÂȘver. - Connaissez-vous les Italiens ? - Pas encore ; mais je les verrai l'année prochaine, quand j'irai habiter Paris, pour finir mon droit. - C'est comme j'avais l'honneur, dit le pharmacien, de l'exprimer à M. votre époux, à ce propos de ce pauvre Yanoda qui s'est enfui ; vous vous trouverez, grùce aux folies qu'il a faites, jouir d'une des maisons les plus confortables d'Yonville. Ce qu'elle a principalement de commode pour un médecin, c'est une porte sur l'Allée , qui permet d'entrer et de sortir sans ÃÂȘtre vu. D'ailleurs, elle est fournie de tout ce qui est agréable à un ménage buanderie, cuisine avec office, salon de famille, fruitier, etc. C'était un gaillard qui n'y regardait pas ! Il s'était fait construire, au bout du jardin, à cÎté de l'eau, une tonnelle tout exprÚs pour boire de la biÚre en été, et si Madame aime le jardinage, elle pourra... - Ma femme ne s'en occupe guÚre, dit Charles ; elle aime mieux, quoiqu'on lui recommande l'exercice, toujours rester dans sa chambre, à lire. - C'est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet, que d'ÃÂȘtre le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ?... - N'est-ce pas ? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts. - On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promÚne immobile dans des pays que l'on croit voir, et votre pensée, s'enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mÃÂȘle aux personnages ; il semble que c'est vous qui palpitez sous leurs costumes. - C'est vrai ! c'est vrai ! disait-elle. - Vous est-il arrivé parfois, reprit Léon, de rencontrer dans un livre une idée vague que l'on a eue, quelque image obscurcie qui revient de loin, et comme l'exposition entiÚre de votre sentiment le plus délié ? - J'ai éprouvé cela, répondit-elle. - C'est pourquoi, dit-il, j'aime surtout les poÚtes. Je trouve les vers plus tendres que la prose, et qu'ils font bien mieux pleurer. - Cependant ils fatiguent à la longue, reprit Emma ; et maintenant, au contraire, j'adore les histoires qui se suivent toutes d'une haleine, oÃÂč l'on a peur. Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la nature. - En effet, observa le clerc, ces ouvrages ne touchant pas le coeur, s'écartent, il me semble, du vrai but de l'Art. Il est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractÚres, des affections pures et des tableaux de bonheur. Quant à moi, vivant ici, loin du monde, c'est ma seule distraction ; mais Yonville offre si peu de ressources ! - Comme Tostes, sans doute, reprit Emma ; aussi j'étais toujours abonnée à un cabinet de lecture. - Si Madame veut me faire l'honneur d'en user, dit le pharmacien, qui venait d'entendre ces derniers mots, j'ai moi-mÃÂȘme à sa disposition une bibliothÚque composée des meilleurs auteurs Voltaire, Rousseau, Delille, Walter Scott, l'Echo des Feuilletons , etc., et je reçois, de plus, différentes feuilles périodiques, parmi lesquelles le Fanal de Rouen , quotidiennement, ayant l'avantage d'en ÃÂȘtre le correspondant pour les circonscriptions de Buchy, Forges, Neufchùtel, Yonville et les alentours. Depuis deux heures et demie, on était à table ; car la servante Artémise, traÃnant nonchalamment sur les carreaux ses savates de lisiÚre, apportait les assiettes les unes aprÚs les autres, oubliait tout, n'entendait à rien et sans cesse laissait entrebùillée la porte du billard, qui battait contre le mur du bout de sa clenche. Sans qu'il s'en aperçût, tout en causant, Léon avait posé son pied sur un des barreaux de la chaise oÃÂč madame Bovary était assise. Elle portait une petite cravate de soie bleue, qui tenait droit comme une fraise un col de batiste tuyauté ; et, selon les mouvements de tÃÂȘte qu'elle faisait, le bas de son visage s'enfonçait dans le linge ou en sortait avec douceur. C'est ainsi, l'un prÚs de l'autre, pendant que Charles et le pharmacien devisaient, qu'ils entrÚrent dans une de ces vagues conversations oÃÂč le hasard des phrases vous ramÚne toujours au centre fixe d'une sympathie commune. Spectacles de Paris, titres de romans, quadrilles nouveaux, et le monde qu'ils ne connaissaient pas, Tostes oÃÂč elle avait vécu, Yonville oÃÂč ils étaient, ils examinÚrent tout, parlÚrent de tout jusqu'à la fin du dÃner. Quand le café fut servi, Félicité s'en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientÎt levÚrent le siÚge. Madame Lefrançois dormait auprÚs des cendres, tandis que le garçon d'écurie, une lanterne à la main, attendait M. et madame Bovary pour les conduire chez eux. Sa chevelure rouge était entremÃÂȘlée de brins de paille, et il boitait de la jambe gauche. Lorsqu'il eut pris de son autre main le parapluie de M. le curé, l'on se mit en marche. Le bourg était endormi. Les piliers des halles allongeaient de grandes ombres. La terre était toute grise, comme par une nuit d'été. Mais, la maison du médecin se trouvant à cinquante pas de l'auberge, il fallut presque aussitÎt se souhaiter le bonsoir, et la compagnie se dispersa. Emma, dÚs le vestibule, sentit tomber sur ses épaules, comme un linge humide, le froid du plùtre. Les murs étaient neufs, et les marches de bois craquÚrent. Dans la chambre, au premier, un jour blanchùtre passait par les fenÃÂȘtres sans rideaux. On entrevoyait des cimes d'arbres, et plus loin la prairie, à demi noyée dans le brouillard, qui fumait au clair de la lune, selon le cours de la riviÚre. Au milieu de l'appartement, pÃÂȘle-mÃÂȘle, il y avait des tiroirs de commode, des bouteilles, des tringles, des bùtons dorés avec des matelas sur des chaises et des cuvettes sur le parquet, - les deux hommes qui avaient apporté les meubles ayant tout laissé là , négligemment. C'était la quatriÚme fois qu'elle couchait dans un endroit inconnu. La premiÚre avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisiÚme à la Vaubyessard, la quatriÚme était celle-ci ; et chacune s'était trouvée faire dans sa vie comme l'inauguration d'une phase nouvelle. Elle ne croyait pas que les choses pussent se représenter les mÃÂȘmes à des places différentes, et, puisque la portion vécue avait été mauvaise, sans doute ce qui restait à consommer serait meilleur. III. Le lendemain, à son réveil, elle aperçut le clerc sur la place. Elle était en peignoir. Il leva la tÃÂȘte et la salua. Elle fit une inclination rapide et referma la fenÃÂȘtre. Léon attendit pendant tout le jour que six heures du soir fussent arrivées ; mais, en entrant à l'auberge, il ne trouva personne que M. Binet, attablé. Ce dÃner de la veille était pour lui un événement considérable ; jamais, jusqu'alors, il n'avait causé pendant deux heures de suite avec une dame . Comment donc avoir pu lui exposer, et en un tel langage, quantité de choses qu'il n'aurait pas si bien dites auparavant ? il était timide d'habitude et gardait cette réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la dissimulation. On trouvait à Yonville qu'il avait des maniÚres comme il faut . Il écoutait raisonner les gens mûrs, et ne paraissait point exalté en politique, chose remarquable pour un jeune homme. Puis il possédait des talents, il peignait à l'aquarelle, savait lire la clef de sol, et s'occupait volontiers de littérature aprÚs son dÃner, quand il ne jouait pas aux cartes. M. Homais le considérait pour son instruction ; madame Homais l'affectionnait pour sa complaisance, car souvent il accompagnait au jardin les petits Homais, marmots toujours barbouillés, fort mal élevés et quelque peu lymphatiques, comme leur mÚre. Ils avaient pour les soigner, outre la bonne, Justin, l'élÚve en pharmacie, un arriÚre-cousin de M. Homais que l'on avait pris dans la maison par charité, et qui servait en mÃÂȘme temps de domestique. L'apothicaire se montra le meilleur des voisins. Il renseigna madame Bovary sur les fournisseurs, fit venir son marchand de cidre tout exprÚs, goûta la boisson lui-mÃÂȘme, et veilla dans la cave à ce que la futaille fût bien placée ; il indiqua encore la façon de s'y prendre pour avoir une provision de beurre à bon marché, et conclut un arrangement avec Lestiboudois, le sacristain, qui, outre ses fonctions sacerdotales et mortuaires, soignait les principaux jardins d'Yonville à l'heure ou à l'année, selon le goût des personnes. Le besoin de s'occuper d'autrui ne poussait pas seul le pharmacien à tant de cordialité obséquieuse, et il y avait là -dessous un plan. Il avait enfreint la loi du 19 ventÎse an XI, article 1er, qui défend à tout individu non porteur de diplÎme l'exercice de la médecine ; si bien que, sur des dénonciations ténébreuses, Homais avait été mandé à Rouen, prés M. le procureur du roi, en son cabinet particulier. Le magistrat l'avait reçu debout, dans sa robe, hermine à l'épaule et toque en tÃÂȘte. C'était le matin, avant l'audience. On entendait dans le corridor passer les fortes bottes des gendarmes, et comme un bruit lointain de grosses serrures qui se fermaient. Les oreilles du pharmacien lui tintÚrent à croire qu'il allait tomber d'un coup de sang ; il entrevit des culs de basse-fosse, sa famille en pleurs, la pharmacie vendue, tous les bocaux disséminés ; et il fut obligé d'entrer dans un café prendre un verre de rhum avec de l'eau de Seltz, pour se remettre les esprits. Peu à peu, le souvenir de cette admonition s'affaiblit, et il continuait, comme autrefois, à donner des consultations anodines dans son arriÚre-boutique. Mais le maire lui en voulait, des confrÚres étaient jaloux, il fallait tout craindre ; en s'attachant M. Bovary par des politesses, c'était gagner sa gratitude, et empÃÂȘcher qu'il ne parlùt plus tard, s'il s'apercevait de quelque chose. Aussi tous les matins, Homais lui apportait le journal , et souvent, dans l'aprÚs-midi, quittait un instant la pharmacie pour aller chez l'officier de santé faire la conversation. Charles était triste la clientÚle n'arrivait pas. Il demeurait assis pendant de longues heures, sans parler, allait dormir dans son cabinet ou regardait coudre sa femme. Pour se distraire, il s'employa chez lui comme homme de peine, et mÃÂȘme il essaya de peindre le grenier avec un reste de couleur que les peintres avaient laissé. Mais les affaires d'argent le préoccupaient. Il en avait tant dépensé pour les réparations de Tostes, pour les toilettes de Madame et pour le déménagement, que toute la dot, plus de trois mille écus, s'était écoulée en deux ans. Puis, que de choses endommagées ou perdues dans le transport de Tostes à Yonville, sans compter le curé de plùtre, qui, tombant de la charrette à un cahot trop fort, s'était écrasé en mille morceaux sur le pavé de Quincampoix ! Un souci meilleur vint le distraire, à savoir la grossesse de sa femme. A mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. C'était un autre lien de la chair s'établissant et comme le sentiment continu d'une union plus complexe. Quand il voyait de loin sa démarche paresseuse et sa taille tourner mollement sur ses hanches sans corset, quand vis-à -vis l'un de l'autre il la contemplait tout à l'aise et qu'elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus il se levait, il l'embrassait, passait ses mains sur sa figure, l'appelait petite maman, voulait la faire danser, et débitait, moitié riant, moitié pleurant, toutes sortes de plaisanteries caressantes qui lui venaient à l'esprit. L'idée d'avoir engendré le délectait. Rien ne lui manquait à présent. Il connaissait l'existence humaine tout du long, et il s'y attablait sur les deux coudes avec sérénité. Emma d'abord sentit un grand étonnement, puis eut envie d'ÃÂȘtre délivrée, pour savoir quelle chose c'était que d'ÃÂȘtre mÚre. Mais, ne pouvant faire les dépenses qu'elle voulait, avoir un berceau en nacelle avec des rideaux de soie rose et des béguins brodés, elle renonça au trousseau dans un accÚs d'amertume, et le commanda d'un seul coup à une ouvriÚre du village, sans rien choisir ni discuter. Elle ne s'amusa donc pas à ces préparatifs oÃÂč la tendresse des mÚres se met en appétit, et son affection, dÚs l'origine, en fut peut-ÃÂȘtre atténuée de quelque chose. Cependant, comme Charles, à tous les repas, parlait du marmot, bientÎt elle y songea d'une façon plus continue. Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun, elle l'appellerait Georges ; et cette idée d'avoir pour enfant un mùle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empÃÂȘchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon, palpite à tous les vents ; il y a toujours quelque désir qui entraÃne, quelque convenance qui retient. Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant. - C'est une fille ! dit Charles. Elle tourna la tÃÂȘte et s'évanouit. Presque aussitÎt, madame Homais accourut et l'embrassa, ainsi que la mÚre Lefrançois, du Lion d'Or . Le pharmacien, en homme discret, lui adressa seulement quelques félicitations provisoires, par la porte entrebùillée. Il voulut voir l'enfant, et le trouva bien conformé. Pendant sa convalescence, elle s'occupa beaucoup à chercher un nom pour sa fille. D'abord, elle passa en revue tous ceux qui avaient des terminaisons italiennes, tels que Clara, Louisa, Amanda, Atala ; elle aimait assez Galsuinde, plus encore Yseult ou Léocadie. Charles désirait qu'on appelùt l'enfant comme sa mÚre ; Emma s'y opposait. On parcourut le calendrier d'un bout à l'autre, et l'on consulta les étrangers. - M. Léon, disait le pharmacien, avec qui j'en causais l'autre jour, s'étonne que vous ne choisissiez point Madeleine, qui est excessivement à la mode maintenant. Mais la mÚre Bovary se récria bien fort sur ce nom de pécheresse. M. Homais, quant à lui, avait en prédilection tous ceux qui rappelaient un grand homme, un fait illustre ou une conception généreuse, et c'est dans ce systÚme-là qu'il avait baptisé ses quatre enfants. Ainsi, Napoléon représentait la gloire et Franklin la liberté ; Irma, peut-ÃÂȘtre, était une concession au romantisme ; mais Athalie, un hommage au plus immortel chef-d'oeuvre de la scÚne française. Car ses convictions philosophiques n'empÃÂȘchaient pas ses admirations artistiques, le penseur chez lui n'étouffait point l'homme sensible ; il savait établir des différences, faire la part de l'imagination et celle du fanatisme. De cette tragédie, par exemple, il blùmait les idées, mais il admirait le style ; il maudissait la conception, mais il applaudissait à tous les détails, et s'exaspérait contre les personnages, en s'enthousiasmant de leurs discours. Lorsqu'il lisait les grands morceaux, il était transporté ; mais, quand il songeait que les calotins en tiraient avantage pour leur boutique, il était désolé, et dans cette confusion de sentiments oÃÂč il s'embarrassait, il aurait voulu tout à la fois pouvoir couronner Racine de ses deux mains et discuter avec lui pendant un bon quart d'heure. Enfin, Emma se souvint qu'au chùteau de la Vaubyessard elle avait entendu la marquise appeler Berthe une jeune femme ; dÚs lors ce nom-là fut choisi, et, comme le pÚre Rouault ne pouvait venir, on pria M. Homais d'ÃÂȘtre parrain. Il donna pour cadeaux tous produits de son établissement, à savoir six boÃtes de jujubes, un bocal entier de racabout, trois coffins de pùte à la guimauve, et, de plus, six bùtons de sucre candi qu'il avait retrouvés dans un placard. Le soir de la cérémonie, il y eut un grand dÃner ; le curé s'y trouvait ; on s'échauffa. M. Homais, vers les liqueurs, entonna le Dieu des bonnes gens . M. Léon chanta une barcarolle, et madame Bovary mÚre, qui était la marraine, une romance du temps de l'Empire ; enfin M. Bovary pÚre exigea que l'on descendÃt l'enfant, et se mit à le baptiser avec un verre de champagne qu'il lui versait de haut sur la tÃÂȘte. Cette dérision du premier des sacrements indigna l'abbé Bournisien ; le pÚre Bovary répondit par une citation de La Guerre des dieux , le curé voulut partir ; les dames suppliaient ; Homais s'interposa ; et l'on parvint à faire rasseoir l'ecclésiastique, qui reprit tranquillement, dans sa soucoupe, sa demi-tasse de café à moitié bue. M. Bovary pÚre resta encore un mois à Yonville, dont il éblouit les habitants par un superbe bonnet de police à galons d'argent, qu'il portait le matin, pour fumer sa pipe sur la place. Ayant aussi l'habitude de boire beaucoup d'eau-de-vie, souvent il envoyait la servante au Lion d'Or lui en acheter une bouteille, que l'on inscrivait au compte de son fils ; et il usa, pour parfumer ses foulards, toute la provision d'eau de Cologne qu'avait sa bru. Celle-ci ne se déplaisait point dans sa compagnie. Il avait couru le monde il parlait de Berlin, de Vienne, de Strasbourg, de son temps d'officier, des maÃtresses qu'il avait eues, des grands déjeuners qu'il avait faits ; puis il se montrait aimable, et parfois mÃÂȘme, soit dans l'escalier ou au jardin, il lui saisissait la taille en s'écriant - Charles, prends garde à toi ! Alors la mÚre Bovary s'effraya pour le bonheur de son fils, et, craignant que son époux, à la longue, n'eût une influence immorale sur les idées de la jeune femme, elle se hùta de presser le départ. Peut-ÃÂȘtre avait-elle des inquiétudes plus sérieuses. M. Bovary était homme à ne rien respecter. Un jour, Emma fut prise tout à coup du besoin de voir sa petite fille, qui avait été mise en nourrice chez la femme du menuisier ; et, sans regarder à l'almanach si les six semaines de la Vierge duraient encore, elle s'achemina vers la demeure de Rolet, qui se trouvait à l'extrémité du village, au bas de la cÎte, entre la grande route et les prairies. Il était midi ; les maisons avaient leurs volets fermés, et les toits d'ardoises, qui reluisaient sous la lumiÚre ùpre du ciel bleu, semblaient à la crÃÂȘte de leurs pignons faire pétiller des étincelles. Un vent lourd soufflait. Emma se sentait faible en marchant ; les cailloux du trottoir la blessaient ; elle hésita si elle ne s'en retournerait pas chez elle, ou entrerait quelque part pour s'asseoir. A ce moment, M. Léon sortit d'une porte voisine avec une liasse de papiers sous son bras. Il vint la saluer et se mit à l'ombre devant la boutique de Lheureux, sous la tente grise qui avançait. Madame Bovary dit qu'elle allait voir son enfant, mais qu'elle commençait à ÃÂȘtre lasse. - Si..., reprit Léon, n'osant poursuivre. - Avez-vous affaire quelque part ? demanda-t-elle. Et, sur la réponse du clerc, elle le pria de l'accompagner. DÚs le soir, cela fut connu dans Yonville, et madame Tuvache, la femme du maire, déclara devant sa servante que madame Bovary se compromettait . Pour arriver chez la nourrice il fallait, aprÚs la rue, tourner à gauche, comme pour gagner le cimetiÚre, et suivre, entre des maisonnettes et des cours, un petit sentier que bordaient des troÚnes. Ils étaient en fleur et les véroniques aussi, les églantiers, les orties, et les ronces légÚres qui s'élançaient des buissons. Par le trou des haies, on apercevait, dans les masures , quelque pourceau sur un fumier, ou des vaches embricolées, frottant leurs cornes contre le tronc des arbres. Tous les deux, cÎte à cÎte, ils marchaient doucement, elle s'appuyant sur lui et lui retenant son pas qu'il mesurait sur les siens ; devant eux, un essaim de mouches voltigeait, en bourdonnant dans l'air chaud. Ils reconnurent la maison à un vieux noyer qui l'ombrageait. Basse et couverte de tuiles brunes, elle avait en dehors, sous la lucarne de son grenier, un chapelet d'oignons suspendu. Des bourrées, debout contre la clÎture d'épines, entouraient un carré de laitues, quelques pieds de lavande et des pois à fleurs montés sur des rames. De l'eau sale coulait en s'éparpillant sur l'herbe, et il y avait tout autour plusieurs guenilles indistinctes, des bas de tricot, une camisole d'indienne rouge, et un grand drap de toile épaisse étalé en long sur la haie. Au bruit de la barriÚre, la nourrice parut, tenant sur son bras un enfant qui tétait. Elle tirait de l'autre main un pauvre marmot chétif, couvert de scrofules au visage, le fils d'un bonnetier de Rouen, que ses parents trop occupés de leur négoce laissaient à la campagne. - Entrez, dit-elle ; votre petite est là qui dort. La chambre, au rez-de-chaussée, la seule du logis, avait au fond contre la muraille un large lit sans rideaux, tandis que le pétrin occupait le cÎté de la fenÃÂȘtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu. Dans l'angle, derriÚre la porte, des brodequins à clous luisants étaient rangés sous la dalle du lavoir, prÚs d'une bouteille pleine d'huile qui portait une plume à son goulot ; un Mathieu Laensberg traÃnait sur la cheminée poudreuse, parmi des pierres à fusil, des bouts de chandelle et des morceaux d'amadou. Enfin la derniÚre superfluité de cet appartement était une Renommée soufflant dans des trompettes, image découpée sans doute à mÃÂȘme quelque prospectus de parfumerie, et que six pointes à sabot clouaient au mur. L'enfant d'Emma dormait à terre, dans un berceau d'osier. Elle la prit avec la couverture qui l'enveloppait, et se mit à chanter doucement en se dandinant. Léon se promenait dans la chambre ; il lui semblait étrange de voir cette belle dame en robe de nankin, tout au milieu de cette misÚre. Madame Bovary devint rouge ; il se détourna, croyant que ses yeux peut-ÃÂȘtre avaient eu quelque impertinence. Puis elle recoucha la petite, qui venait de vomir sur sa collerette. La nourrice aussitÎt vint l'essuyer, protestant qu'il n'y paraÃtrait pas. - Elle m'en fait bien d'autres, disait-elle, et je ne suis occupée qu'à la rincer continuellement ! Si vous aviez donc la complaisance de commander à Camus l'épicier, qu'il me laisse prendre un peu de savon lorsqu'il m'en faut ? Ce serait mÃÂȘme plus commode pour vous, que je ne dérangerais pas. - C'est bien, c'est bien ! dit Emma. Au revoir, mÚre Rolet ! Et elle sortit, en essuyant ses pieds sur le seuil. La bonne femme l'accompagna jusqu'au bout de la cour, tout en parlant du mal qu'elle avait à se relever la nuit. - J'en suis si rompue quelquefois, que je m'endors sur ma chaise ; aussi, vous devriez pour le moins me donner une petite livre de café moulu qui me ferait un mois et que je prendrai le matin avec du lait. AprÚs avoir subi ses remerciements, madame Bovary s'en alla ; et elle était quelque peu avancée dans le sentier, lorsqu'à un bruit de sabots elle tourna la tÃÂȘte c'était la nourrice ! - Qu'y a-t-il ? Alors la paysanne, la tirant à l'écart, derriÚre un orme, se mit à lui parler de son mari, qui, avec son métier et six francs par an que le capitaine... - Achevez plus vite, dit Emma. - Eh bien, reprit la nourrice poussant des soupirs entre chaque mot, j'ai peur qu'il ne se fasse une tristesse de me voir prendre du café toute seule ; vous savez, les hommes. - Puisque vous en aurez, répétait Emma, je vous en donnerai !... Vous m'ennuyez ! - Hélas ! ma pauvre chÚre dame, c'est qu'il a, par suite de ses blessures, des crampes terribles à la poitrine. Il dit mÃÂȘme que le cidre l'affaiblit. - Mais dépÃÂȘchez-vous, mÚre Rolet ! - Donc, reprit celle-ci faisant une révérence, si ce était pas trop vous demander..., - elle salua encore une fois, - quand vous voudrez, - et son regard suppliait, - un cruchon d'eau-de-vie, dit-elle enfin, et j'en frotterai les pieds de votre petite, qui les a tendres comme la langue. Débarrassée de la nourrice, Emma reprit le bras de M. Léon. Elle marcha rapidement pendant quelque temps ; puis elle se ralentit, et son regard qu'elle promenait devant elle rencontra l'épaule du jeune homme, dont la redingote avait un collet de velours noir. Ses cheveux chùtains tombaient dessus, plats et bien peignés. Elle remarqua ses ongles, qui étaient plus longs qu'on ne les portait à Yonville. C'était une des grandes occupations du clerc que de les entretenir ; et il gardait, à cet usage, un canif tout particulier dans son écritoire. Ils s'en revinrent à Yonville en suivant le bord de l'eau. Dans la saison chaude, la berge plus élargie découvrait jusqu'à leur base les murs des jardins, qui avaient un escalier de quelques marches descendant à la riviÚre. Elle coulait sans bruit, rapide et froide à l'oeil ; de grandes herbes minces s'y courbaient ensemble, selon le courant qui les poussait, et comme des chevelures vertes abandonnées, s'étalaient dans sa limpidité. Quelquefois, à la pointe des joncs ou sur la feuille des nénuphars, un insecte à pattes fines marchait ou se posait. Le soleil traversait d'un rayon les petits globules bleus des ondes qui se succédaient en se crevant ; les vieux saules ébranchés miraient dans l'eau leur écorce grise ; au-delà , tout alentour, la prairie semblait vide. C'était l'heure du dÃner dans les fermes, et la jeune femme et son compagnon n'entendaient en marchant que la cadence de leurs pas sur la terre du sentier, les paroles qu'ils se disaient, et le frÎlement de la robe d'Emma qui bruissait tout autour d'elle. Les murs des jardins, garnis à leur chaperon de morceaux de bouteilles, étaient chauds comme le vitrage d'une serre. Dans les briques, des ravenelles avaient poussé ; et, du bord de son ombrelle déployée, madame Bovary, tout en passant, faisait s'égrener en poussiÚre jaune un peu de leurs fleurs flétries, ou bien quelque branche des chÚvrefeuilles et des clématites qui pendaient au dehors traÃnait un moment sur la soie, en s'accrochant aux effilés. Ils causaient d'une troupe de danseurs espagnols, que l'on attendait bientÎt sur le théùtre de Rouen. - Vous irez ? demanda-t-elle. - Si je le peux, répondit-il. N'avaient-ils rien autre chose à se dire ? Leurs yeux pourtant étaient pleins d'une causerie plus sérieuse ; et, tandis qu'ils s'efforçaient à trouver des phrases banales, ils sentaient une mÃÂȘme langueur les envahir tous les deux ; c'était comme un murmure de l'ùme, profond, continu, qui dominait celui des voix. Surpris d'étonnement à cette suavité nouvelle, ils ne songeaient pas à s'en raconter la sensation ou à en découvrir la cause. Les bonheurs futurs, comme les rivages des tropiques, projettent sur l'immensité qui les précÚde leurs mollesses natales, une brise parfumée, et l'on s'assoupit dans cet enivrement sans mÃÂȘme s'inquiéter de l'horizon que l'on n'aperçoit pas. La terre, à un endroit, se trouvait effondrée par le pas des bestiaux ; il fallut marcher sur de grosses pierres vertes, espacées dans la boue. Souvent elle s'arrÃÂȘtait une minute à regarder oÃÂč poser sa bottine, - et, chancelant sur le caillou qui tremblait, les coudes en l'air, la taille penchée, l'oeil indécis, elle riait alors, de peur de tomber dans les flaques d'eau. Quand ils furent arrivés devant son jardin, madame Bovary poussa la petite barriÚre, monta les marches en courant et disparut. Léon rentra à son étude. Le patron était absent ; il jeta un coup d'oeil sur les dossiers, puis se tailla une plume, prit enfin son chapeau et s'en alla. Il alla sur la Pùture, au haut de la cÎte d'Argueil, à l'entrée de la forÃÂȘt ; il se coucha par terre sous les sapins, et regarda le ciel à travers ses doigts. - Comme je m'ennuie ! se disait-il, comme je m'ennuie ! Il se trouvait à plaindre de vivre dans ce village, avec Homais pour ami et M. Guillaumin pour maÃtre. Ce dernier, tout occupé d'affaires, portant des lunettes à branches d'or et favoris rouges sur cravate blanche, n'entendait rien aux délicatesses de l'esprit, quoiqu'il affectùt un genre raide et anglais qui avait ébloui le clerc dans les premiers temps. Quant à la femme du pharmacien, c'était la meilleure épouse de Normandie, douce comme un mouton, chérissant ses enfants, son pÚre, sa mÚre, ses cousins, pleurant aux maux d'autrui, laissant tout aller dans son ménage, et détestant les corsets ; - mais si lente à se mouvoir, si ennuyeuse à écouter, d'un aspect si commun et d'une conversation si restreinte, qu'il n'avait jamais songé, quoiqu'elle eût trente ans, qu'il en eût vingt, qu'ils couchassent porte à porte, et qu'il lui parlùt chaque jour, qu'elle pût ÃÂȘtre une femme pour quelqu'un, ni qu'elle possédùt de son sexe autre chose que la robe. Et ensuite, qu'y avait-il ? Binet, quelques marchands, deux ou trois cabaretiers, le curé, et enfin M. Tuvache, le maire, avec ses deux fils, gens cossus, bourrus, obtus, cultivant leurs terres eux-mÃÂȘmes, faisant des ripailles en famille, dévots d'ailleurs, et d'une société tout à fait insupportable. Mais, sur le fond commun de tous ces visages humains, la figure d'Emma se détachait isolée et plus lointaine cependant ; car il sentait entre elle et lui comme de vagues abÃmes. Au commencement, il était venu chez elle plusieurs fois dans la compagnie du pharmacien. Charles n'avait point paru extrÃÂȘmement curieux de le recevoir ; et Léon ne savait comment s'y prendre entre la peur d'ÃÂȘtre indiscret et le désir d'une intimité qu'il estimait presque impossible. IV. DÚs les premiers froids, Emma quitta sa chambre pour habiter la salle, longue piÚce à plafond bas oÃÂč il y avait, sur la cheminée, un polypier touffu s'étalant contre la glace. Assise dans son fauteuil, prÚs de la fenÃÂȘtre, elle voyait passer les gens du village sur le trottoir. Léon, deux fois par jour, allait de son étude au Lion d'Or . Emma, de loin, l'entendait venir ; elle se penchait en écoutant ; et le jeune homme glissait derriÚre le rideau, toujours vÃÂȘtu de mÃÂȘme façon et sans détourner la tÃÂȘte. Mais au crépuscule, lorsque, le menton dans sa main gauche, elle avait abandonné sur ses genoux sa tapisserie commencée, souvent elle tressaillait à l'apparition de cette ombre glissant tout à coup. Elle se levait et commandait qu'on mÃt le couvert. M. Homais arrivait pendant le dÃner. Bonnet grec à la main, il entrait à pas muets pour ne déranger personne et toujours en répétant la mÃÂȘme phrase " Bonsoir la compagnie ! " Puis, quand il s'était posé à sa place, contre la table, entre les deux époux, il demandait au médecin des nouvelles de ses malades, et celui-ci le consultait sur la probabilité des honoraires. Ensuite, on causait de ce qu'il y avait dans le journal . Homais, à cette heure-là , le savait presque par coeur ; et il le rapportait intégralement, avec les réflexions du journaliste et toutes les histoires des catastrophes individuelles arrivées en France ou à l'étranger. Mais, le sujet se tarissant, il ne tardait pas à lancer quelques observations sur les mets qu'il voyait. Parfois mÃÂȘme, se levant à demi, il indiquait délicatement à Madame le morceau le plus tendre, ou, se tournant vers la bonne, lui adressait des conseils pour la manipulation des ragoûts et l'hygiÚne des assaisonnements ; il parlait arÎme, osmazÎme, sucs et gélatine d'une façon à éblouir. La tÃÂȘte d'ailleurs plus remplie de recettes que sa pharmacie ne l'était de bocaux, Homais excellait à faire quantité de confitures, vinaigres et liqueurs douces, et il connaissait aussi toutes les inventions nouvelles de caléfacteurs économiques, avec l'art de conserver les fromages et de soigner les vins malades. A huit heures, Justin venait le chercher pour fermer la pharmacie. Alors M. Homais le regardait d'un oeil narquois, surtout si Félicité se trouvait là , s'étant aperçu que son élÚve affectionnait la maison du médecin. - Mon gaillard, disait-il, commence à avoir des idées, et je crois, diable m'emporte, qu'il est amoureux de votre bonne ! Mais un défaut plus grave, et qu'il lui reprochait, c'était d'écouter continuellement les conversations. Le dimanche, par exemple, on ne pouvait le faire sortir du salon, oÃÂč madame Homais l'avait appelé pour prendre les enfants, qui s'endormaient dans les fauteuils, en tirant avec leurs dos les housses de calicot, trop larges. Il ne venait pas grand monde à ces soirées du pharmacien, sa médisance et ses opinions politiques ayant écarté de lui successivement différentes personnes respectables. Le clerc ne manquait pas de s'y trouver. DÚs qu'il entendait la sonnette, il courait au-devant de madame Bovary, prenait son chùle, et posait à l'écart, sous le bureau de la pharmacie, les grosses pantoufles de lisiÚre qu'elle portait sur sa chaussure, quand il y avait de la neige. On faisait d'abord quelques parties de trente-et-un ; ensuite M. Homais jouait à l'écarté avec Emma ; Léon, derriÚre elle, lui donnait des avis. Debout et les mains sur le dossier de sa chaise, il regardait les dents de son peigne qui mordaient son chignon. A chaque mouvement qu'elle faisait pour jeter les cartes, sa robe du cÎté droit remontait. De ses cheveux retroussés, il descendait une couleur brune sur son dos, et qui, s'apùlissant graduellement, peu à peu se perdait dans l'ombre. Son vÃÂȘtement, ensuite, retombait des deux cÎtés sur le siÚge, en bouffant, plein de plis, et s'étalait jusqu'à terre. Quand Léon parfois sentait la semelle de sa botte poser dessus, il s'écartait, comme s'il eût marché sur quelqu'un. Lorsque la partie de cartes était finie, l'apothicaire et le médecin jouaient aux dominos, et Emma changeant de place, s'accoudait sur la table, à feuilleter l'Illustration . Elle avait apporté son journal de modes. Léon se mettait prÚs d'elle ; ils regardaient ensemble les gravures et s'attardaient au bas des pages. Souvent elle le priait de lui dire des vers ; Léon les déclamait d'une voix traÃnante et qu'il faisait expirer soigneusement aux passages d'amour. Mais le bruit des dominos le contrariait ; M. Homais y était fort, il battait Charles à plein double-six. Puis, les trois centaines terminées, ils s'allongeaient tous deux devant le foyer et ne tardaient pas à s'endormir. Le feu se mourait dans les cendres ; la théiÚre était vide ; Léon lisait encore. Emma l'écoutait, en faisant tourner machinalement l'abat-jour de la lampe, oÃÂč étaient peints sur la gaze des pierrots dans des voitures et des danseuses de corde, avec leurs balanciers. Léon s'arrÃÂȘtait, désignant d'un geste son auditoire endormi ; alors ils se parlaient à voix basse, et la conversation qu'ils avaient leur semblait plus douce, parce qu'elle n'était pas entendue. Ainsi s'établit entre eux une sorte d'association, un commerce continuel de livres et de romances ; M. Bovary, peu jaloux, ne s'en étonnait pas. Il reçut pour sa fÃÂȘte une belle tÃÂȘte phrénologique, toute marquetée de chiffres jusqu'au thorax et peinte en bleu. C'était une attention du clerc. Il en avait bien d'autres, jusqu'à lui faire, à Rouen, ses commissions ; et le livre d'un romancier ayant mis à la mode la manie des plantes grasses, Léon en achetait pour Madame, qu'il rapportait sur ses genoux, dans l'Hirondelle , tout en se piquant les doigts à leurs poils durs. Elle fit ajuster, contre sa croisée, une planchette à balustrade pour tenir ses potiches. Le clerc eut aussi son jardinet suspendu ; ils s'apercevaient soignant leurs fleurs à leur fenÃÂȘtre. Parmi les fenÃÂȘtres du village, il y en avait une encore plus souvent occupée ; car, le dimanche, depuis le matin jusqu'à la nuit, et chaque aprÚs-midi, si le temps était clair, on voyait à la lucarne d'un grenier le profil maigre de M. Binet penché sur son tour, dont le ronflement monotone s'entendait jusqu'au Lion d'Or . Un soir, en rentrant, Léon trouva dans sa chambre un tapis de velours et de laine avec des feuillages sur fond pùle, il appela madame Homais, M. Homais, Justin, les enfants, la cuisiniÚre, il en parla à son patron ; tout le monde désira connaÃtre ce tapis ; pourquoi la femme du médecin faisait-elle au clerc des générosités ? Cela parut drÎle, et l'on pensa définitivement qu'elle devait ÃÂȘtre sa bonne amie . Il le donnait à croire, tant il vous entretenait sans cesse de ses charmes et de son esprit, si bien que Binet lui répondit une fois fort brutalement - Que m'importe, à moi, puisque je ne suis pas de sa société ! Il se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration ; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d'ÃÂȘtre si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désirs. Puis il prenait des décisions énergiques ; il écrivait des lettres qu'il déchirait, s'ajournait à des époques qu'il reculait. Souvent il se mettait en marche, dans le projet de tout oser ; mais cette résolution l'abandonnait bien vite en la présence d'Emma, et, quand Charles, survenant, l'invitait à monter dans son boc pour aller voir ensemble quelque malade aux environs, il acceptait aussitÎt, saluait Madame et s'en allait. Son mari, n'était-ce pas quelque chose d'elle ? Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, - ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abÃme le coeur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttiÚres sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu'elle découvrit subitement une lézarde dans le mur. V. Ce fut un dimanche de février, une aprÚs-midi qu'il neigeait. Ils étaient tous, M. et madame Bovary, Homais et M. Léon, partis voir, à une demi-lieue d'Yonville, dans la vallée, une filature de lin que l'on établissait. L'apothicaire avait amené avec lui Napoléon et Athalie, pour leur faire faire de l'exercice, et Justin les accompagnait, portant des parapluies sur son épaule. Rien pourtant n'était moins curieux que cette curiosité. Un grand espace de terrain vide, oÃÂč se trouvaient pÃÂȘle-mÃÂȘle, entre des tas de sable et de cailloux, quelques roues d'engrenage déjà rouillées, entourait un long bùtiment quadrangulaire que perçaient quantité de petites fenÃÂȘtres. Il n'était pas achevé d'ÃÂȘtre bùti, et l'on voyait le ciel à travers les lambourdes de la toiture. Attaché à la poutrelle du pignon, un bouquet de paille entremÃÂȘlé d'épis faisait claquer au vent ses rubans tricolores. Homais parlait. Il expliquait à la compagnie l'importance future de cet établissement, supputait la force des planchers, l'épaisseur des murailles, et regrettait beaucoup de n'avoir pas de canne métrique, comme M. Binet en possédait une pour son usage particulier. Emma, qui lui donnait le bras, s'appuyait un peu sur son épaule, et elle regardait le disque du soleil irradiant au loin, dans la brume, sa pùleur éblouissante ; mais elle tourna la tÃÂȘte Charles était là . Il avait sa casquette enfoncée sur ses sourcils, et ses deux grosses lÚvres tremblotaient, ce qui ajoutait à son visage quelque chose de stupide ; son dos mÃÂȘme, son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait étalée sur la redingote toute la platitude du personnage. Pendant qu'elle le considérait, goûtant ainsi dans son irritation une sorte de volupté dépravée, Léon s'avança d'un pas. Le froid qui le pùlissait semblait déposer sur sa figure une langueur plus douce ; entre sa cravate et son cou, le col de la chemise, un peu lùche, laissait voir la peau ; un bout d'oreille dépassait sous une mÚche de cheveux, et son grand oeil bleu, levé vers les nuages, parut à Emma plus limpide et plus beau que ces lacs des montagnes oÃÂč le ciel se mire. - Malheureux ! s'écria tout à coup l'apothicaire. Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l'accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Mais il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien. - Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan ! Le givre tombait, et l'on s'en retourna vers Yonville. Madame Bovary, le soir, n'alla pas chez ses voisins, et, quand Charles fut parti, lorsqu'elle se sentit seule, le parallÚle recommença dans la netteté d'une sensation presque immédiate et avec cet allongement de perspective que le souvenir donne aux objets. Regardant de son lit le feu clair qui brûlait, elle voyait encore, comme là -bas, Léon debout, faisant plier d'une main sa badine et tenant de l'autre Athalie, qui suçait tranquillement un morceau de glace. Elle le trouvait charmant ; elle ne pouvait s'en détacher ; elle se rappela ses autres attitudes en d'autres jours, des phrases qu'il avait dites, le son de sa voix, toute sa personne ; et elle répétait, en avançant ses lÚvres comme pour un baiser - Oui, charmant ! charmant !... N'aime-t-il pas ? se demanda-t-elle. Qui donc ?... mais c'est moi ! Toutes les preuves à la fois s'en étalÚrent, son coeur bondit. La flamme de la cheminée faisait trembler au plafond une clarté joyeuse ; elle se tourna sur le dos en s'étirant les bras. Alors commença l'éternelle lamentation " Oh ! Si le ciel l'avait voulu ! Pourquoi n'est-ce pas ? Qui empÃÂȘchait donc ?... " Quand Charles, à minuit, rentra, elle eut l'air de s'éveiller, et, comme il fit du bruit en se déshabillant, elle se plaignit de la migraine ; puis demanda nonchalamment ce qui s'était passé dans la soirée. - M. Léon, dit-il, est remonté de bonne heure. Elle ne put s'empÃÂȘcher de sourire, et elle s'endormit l'ùme remplie d'un enchantement nouveau. Le lendemain, à la nuit tombante, elle reçut la visite du sieur Lheureux, marchand de nouveautés. C'était un homme habile que ce boutiquier. Né Gascon, mais devenu Normand, il doublait sa faconde méridionale de cautÚle cauchoise. Sa figure grasse, molle et sans barbe, semblait teinte par une décoction de réglisse claire, et sa chevelure blanche rendait plus vif encore l'éclat rude de ses petits yeux noirs. On ignorait ce qu'il avait été jadis porteballe, disaient les uns, banquier à Routot, selon les autres. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il faisait, de tÃÂȘte, des calculs compliqués, à effrayer Binet lui-mÃÂȘme. Poli jusqu'à l'obséquiosité, il se tenait toujours les reins à demi courbés, dans la position de quelqu'un qui salue ou qui invite. AprÚs avoir laissé à la porte son chapeau garni d'un crÃÂȘpe, il posa sur la table un carton vert, et commença par se plaindre à Madame, avec force civilités, d'ÃÂȘtre resté jusqu'à ce jour sans obtenir sa confiance. Une pauvre boutique comme la sienne n'était pas faite pour attirer une élégante ; il appuya sur le mot. Elle n'avait pourtant qu'à commander, et il se chargerait de lui fournir ce qu'elle voudrait, tant en mercerie que lingerie, bonneterie ou nouveautés ; car il allait à la ville quatre fois par mois, réguliÚrement. Il était en relation avec les plus fortes maisons. On pouvait parler de lui aux Trois FrÚres , à la Barbe d'or ou au Grand Sauvage ; tous ces messieurs le connaissaient comme leur poche ! Aujourd'hui donc, il venait montrer à Madame, en passant, différents articles qu'il se trouvait avoir, grùce à une occasion des plus rares. Et il retira de la boÃte une demi-douzaine de cols brodés. Madame Bovary les examina. - Je n'ai besoin de rien, dit-elle. Alors M. Lheureux exhiba délicatement trois écharpes algériennes, plusieurs paquets d'aiguilles anglaises, une paire de pantoufles en paille, et, enfin, quatre coquetiers en coco, ciselés à jour par des forçats. Puis, les deux mains sur la table, le cou tendu, la taille penchée, il suivait, bouche béante, le regard d'Emma, qui se promenait indécis parmi ces marchandises. De temps à autre, comme pour en chasser la poussiÚre, il donnait un coup d'ongle sur la soie des écharpes dépliées dans toute leur longueur ; et elles frémissaient avec un bruit léger, en faisant, à la lumiÚre verdùtre du crépuscule, scintiller, comme de petites étoiles, les paillettes d'or de leur tissu. - Combien coûtent-elles ? - Une misÚre, répondit-il, une misÚre ; mais rien ne presse ; quand vous voudrez ; nous ne sommes pas des Juifs ! Elle réfléchit quelques instants, et finit encore par remercier M. Lheureux, qui répliqua sans s'émouvoir - Eh bien, nous nous entendrons plus tard ; avec les dames je me suis toujours arrangé, si ce n'est avec la mienne, cependant ! Emma sourit. - C'était pour vous dire, reprit-il d'un air bonhomme aprÚs sa plaisanterie, que ce n'est pas l'argent qui m'inquiÚte... Je vous en donnerais, s'il le fallait. Elle eut un geste de surprise. - Ah ! fit-il vivement et à voix basse, je n'aurais pas besoin d'aller loin pour vous en trouver ; comptez-y ! Et il se mit à demander des nouvelles du pÚre Tellier, le maÃtre du Café Français , que M. Bovary soignait alors. - Qu'est-ce qu'il a donc, le pÚre Tellier ?... Il tousse qu'il en secoue toute sa maison, et j'ai bien peur que prochainement il ne lui faille plutÎt un paletot de sapin qu'une camisole de flanelle ! Il a fait tant de bamboches quand il était jeune ! Ces gens-là , madame, n'avaient pas le moindre ordre ! Il s'est calciné avec l'eau-de-vie ! Mais c'est fùcheux tout de mÃÂȘme de voir une connaissance s'en aller. Et, tandis qu'il rebouclait son carton, il discourait ainsi sur la clientÚle du médecin. - C'est le temps, sans doute, dit-il en regardant les carreaux avec une figure rechignée, qui est la cause de ces maladies-là ! Moi aussi, je ne me sens pas en mon assiette ; il faudra mÃÂȘme un de ces jours que je vienne consulter Monsieur, pour une douleur que j'ai dans le dos. Enfin, au revoir, madame Bovary ; à votre disposition ; serviteur trÚs humble ! Et il referma la porte doucement. Emma se fit servir à dÃner dans sa chambre, au coin du feu, sur un plateau ; elle fut longue à manger ; tout lui sembla bon. - Comme j'ai été sage ! se disait-elle en songeant aux écharpes. Elle entendit des pas dans l'escalier c'était Léon. Elle se leva, et prit sur la commode, parmi des torchons à ourler, le premier de la pile. Elle semblait fort occupée quand il parut. La conversation fut languissante, madame Bovary l'abandonnant à chaque minute, tandis qu'il demeurait lui-mÃÂȘme comme tout embarrassé. Assis sur une chaise basse, prÚs de la cheminée, il faisait tourner dans ses doigts l'étui d'ivoire ; elle poussait son aiguille, ou, de temps à autre, avec son ongle, fronçait les plis de la toile. Elle ne parlait pas ; il se taisait, captivé par son silence, comme il l'eût été par ses paroles. - Pauvre garçon pensait-elle - En quoi lui déplais-je ? se demandait-il. Léon, cependant, finit par dire qu'il devait, un de ces jours, aller à Rouen, pour une affaire de son étude. - Votre abonnement de musique est terminé, dois-je le reprendre ? - Non, répondit-elle. - Pourquoi ? - Parce que... Et, pinçant ses lÚvres, elle tira lentement une longue aiguillée de fil gris. Cet ouvrage irritait Léon. Les doigts d'Emma semblaient s'y écorcher par le bout ; il lui vint en tÃÂȘte une phrase galante, mais qu'il ne risqua pas. - Vous l'abandonnez donc ? reprit-il. - Quoi ? dit-elle vivement ; la musique ? Ah ! Mon Dieu, oui ! n'ai-je pas ma maison à tenir, mon mari à soigner, mille choses enfin, bien des devoirs qui passent auparavant ! Elle regarda la pendule. Charles était en retard. Alors elle fit la soucieuse. Deux ou trois fois mÃÂȘme elle répéta - Il est si bon ! Le clerc affectionnait M. Bovary. Mais cette tendresse à son endroit l'étonna d'une façon désagréable ; néanmoins il continua son éloge, qu'il entendait faire à chacun, disait-il, et surtout au pharmacien. - Ah ! c'est un brave homme, reprit Emma. - Certes, reprit le clerc. Et il se mit à parler de madame Homais, dont la tenue fort négligée leur prÃÂȘtait à rire ordinairement. - Qu'est-ce que cela fait ? interrompit Emma. Une bonne mÚre de famille ne s'inquiÚte pas de sa toilette. Puis elle retomba dans son silence. Il en fut de mÃÂȘme les jours suivants ; ses discours, ses maniÚres, tout changea. On la vit prendre à coeur son ménage, retourner à l'église réguliÚrement et tenir sa servante avec plus de sévérité. Elle retira Berthe de nourrice. Félicité l'amenait quand il venait des visites, et madame Bovary la déshabillait afin de faire voir ses membres. Elle déclarait adorer les enfants ; c'était sa consolation, sa joie, sa folie, et elle accompagnait ses caresses d'expansions lyriques, qui, à d'autres qu'à des Yonvillais, eussent rappelé la Sachette de Notre-Dame de Paris . Quand Charles rentrait, il trouvait auprÚs des cendres ses pantoufles à chauffer. Ses gilets maintenant ne manquaient plus de doublure, ni ses chemises de boutons, et mÃÂȘme il y avait plaisir à considérer dans l'armoire tous les bonnets de coton rangés par piles égales. Elle ne rechignait plus, comme autrefois, à faire des tours dans le jardin ; ce qu'il proposait était toujours consenti, bien qu'elle ne devinùt pas les volontés auxquelles elle se soumettait sans un murmure ; - et lorsque Léon le voyait au coin du feu, aprÚs le dÃner, les deux mains sur son ventre, les deux pieds sur les chenets, la joue rougie par la digestion, les yeux humides de bonheur, avec l'enfant qui se traÃnait sur le tapis, et cette femme à taille mince qui par-dessus le dossier du fauteuil venait le baiser au front - Quelle folie se disait-il, et comment arriver jusqu'à elle ? Elle lui parut donc si vertueuse et inaccessible, que toute espérance, mÃÂȘme la plus vague, l'abandonna. Mais, par ce renoncement, il la plaçait en des conditions extraordinaires. Elle se dégagea, pour lui, des qualités charnelles dont il n'avait rien à obtenir ; et elle alla, dans son coeur, montant toujours et s'en détachant, à la maniÚre magnifique d'une apothéose qui s'envole. C'était un de ces sentiments purs qui n'embarrassent pas l'exercice de la vie, que l'on cultive parce qu'ils sont rares, et dont la perte affligerait plus que la possession n'est réjouissante. Emma maigrit, ses joues pùlirent, sa figure s'allongea. Avec ses bandeaux noirs, ses grands yeux, son nez droit, sa démarche d'oiseau, et toujours silencieuse, maintenant, ne semblait-elle pas traverser l'existence en y touchant à peine, et porter au front la vague empreinte de quelque prédestination sublime ? Elle était si triste et si calme, si douce à la fois et si réservée, que l'on se sentait prÚs d'elle pris par un charme glacial, comme l'on frissonne dans les églises sous le parfum des fleurs mÃÂȘlé au froid des marbres. Les autres mÃÂȘme n'échappaient point à cette séduction. Le pharmacien disait - C'est une femme de grands moyens et qui ne serait pas déplacée dans une sous-préfecture. Les bourgeoises admiraient son économie, les clients sa politesse, les pauvres sa charité. Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de haine. Cette robe aux plis droits cachait un coeur bouleversé, et ces lÚvres si pudiques n'en racontaient pas la tourmente. Elle était amoureuse de Léon, et elle recherchait la solitude, afin de pouvoir plus à l'aise se délecter en son image. La vue de sa personne troublait la volupté de cette méditation. Emma palpitait au bruit de ses pas ; puis, en sa présence, l'émotion tombait, et il ne lui restait ensuite qu'un immense étonnement qui se finissait en tristesse. Léon ne savait pas, lorsqu'il sortait de chez elle désespéré, qu'elle se levait derriÚre lui afin de le voir dans la rue. Elle s'inquiétait de ses démarches ; elle épiait son visage ; elle inventa toute une histoire pour trouver prétexte à visiter sa chambre. La femme du pharmacien lui semblait bien heureuse de dormir sous le mÃÂȘme toit ; et ses pensées continuellement s'abattaient sur cette maison, comme les pigeons du Lion d'Or qui venaient tremper là , dans les gouttiÚres, leurs pattes roses et leurs ailes blanches. Mais plus Emma s'apercevait de son amour, plus elle le refoulait, afin qu'il ne parût pas, et pour le diminuer. Elle aurait voulu que Léon s'en doutùt ; et elle imaginait des hasards, des catastrophes qui l'eussent facilité. Ce qui la retenait, sans doute, c'était la paresse ou l'épouvante, et la pudeur aussi. Elle songeait qu'elle l'avait repoussé trop loin, qu'il n'était plus temps, que tout était perdu. Puis l'orgueil, la joie de se dire " Je suis vertueuse ", et de se regarder dans la glace en prenant des poses résignées, la consolait un peu du sacrifice qu'elle croyait faire. Alors, les appétits de la chair, les convoitises d'argent et les mélancolies de la passion, tout se confondit dans une mÃÂȘme souffrance ; - et, au lieu d'en détourner sa pensée, elle l'y attachait davantage, s'excitant à la douleur et en cherchant partout les occasions. Elle s'irritait d'un plat mal servi ou d'une porte entrebùillée, gémissait du velours qu'elle n'avait pas, du bonheur qui lui manquait, de ses rÃÂȘves trop hauts, de sa maison trop étroite. Ce qui l'exaspérait, c'est que Charles n'avait pas l'air de se douter de son supplice. La conviction oÃÂč il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbécile, et sa sécurité là -dessus de l'ingratitude. Pour qui donc était-elle sage ? N'était-il pas, lui, l'obstacle à toute félicité, la cause de toute misÚre, et comme l'ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bouclait de tous cÎtés ? Donc, elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l'amoindrir ne servait qu'à l'augmenter ; car cette peine inutile s'ajoutait aux autres motifs de désespoir et contribuait encore plus à l'écartement. Sa propre douceur à elle-mÃÂȘme lui donnait des rébellions. La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des désirs adultÚres. Elle aurait voulu que Charles la battÃt, pour pouvoir plus justement le détester, s'en venger. Elle s'étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient à la pensée ; et il fallait continuer à sourire, s'entendre répéter qu'elle était heureuse, faire semblant de l'ÃÂȘtre, le laisser croire ! Elle avait des dégoûts, cependant, de cette hypocrisie. Des tentations la prenaient de s'enfuir avec Léon, quelque part, bien loin, pour essayer une destinée nouvelle ; mais aussitÎt il s'ouvrait dans son ùme un gouffre vague, plein d'obscurité. - D'ailleurs, il ne m'aime plus, pensait-elle ; que devenir ? quel secours attendre, quelle consolation, quel allégement ? Elle restait brisée, haletante, inerte, sanglotant à voix basse et avec des larmes qui coulaient. - Pourquoi ne point le dire à Monsieur ? lui demandait la domestique, lorsqu'elle entrait pendant ces crises. - Ce sont les nerfs, répondait Emma ; ne lui en parle pas, tu l'affligerais. - Ah ! oui, reprenait Félicité, vous ÃÂȘtes justement comme la Guérine, la fille au pÚre Guérin, le pÃÂȘcheur du Pollet, que j'ai connue à Dieppe, avant de venir chez vous. Elle était si triste, si triste, qu'à la voir debout sur le seuil de sa maison, elle vous faisait l'effet d'un drap d'enterrement tendu devant la porte. Son mal, à ce qu'il paraÃt, était une maniÚre de brouillard qu'elle avait dans la tÃÂȘte, et les médecins n'y pouvaient rien, ni le curé non plus. Quand ça la prenait trop fort, elle s'en allait toute seule sur le bord de la mer, si bien que le lieutenant de la douane, en faisant sa tournée, souvent la trouvait étendue à plat ventre et pleurant sur les galets. Puis, aprÚs son mariage, ça lui a passé, dit-on. - Mais, moi, reprenait Emma, c'est aprÚs le mariage que ça m'est venu. VI. Un soir que la fenÃÂȘtre était ouverte, et que, assise au bord, elle venait de regarder Lestiboudois, le bedeau, qui taillait le buis, elle entendit tout à coup sonner l'Angelus . On était au commencement d'avril, quand les primevÚres sont écloses ; un vent tiÚde se roule sur les plates-bandes labourées, et les jardins, comme des femmes, semblent faire leur toilette pour les fÃÂȘtes de l'été. Par les barreaux de la tonnelle et au-delà tout alentour, on voyait la riviÚre dans la prairie, oÃÂč elle dessinait sur l'herbe des sinuosités vagabondes. La vapeur du soir passait entre les peupliers sans feuilles, estompant leurs contours d'une teinte violette, plus pùle et plus transparente qu'une gaze subtile arrÃÂȘtée sur leurs branchages. Au loin, des bestiaux marchaient ; on n'entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements ; et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique. A ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s'égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. Elle se rappela les grands chandeliers, qui dépassaient sur l'autel les vases pleins de fleurs et le tabernacle à colonnettes. Elle aurait voulu comme autrefois, ÃÂȘtre encore confondue dans la longue ligne des voiles blancs, que marquaient de noir çà et là les capuchons raides des bonnes soeurs inclinées sur leur prie-Dieu ; le dimanche, à la messe, quand elle relevait sa tÃÂȘte, elle apercevait le doux visage de la Vierge parmi les tourbillons bleuùtres de l'encens qui montait. Alors un attendrissement la saisit ; elle se sentit molle et tout abandonnée, comme un duvet d'oiseau qui tournoie dans la tempÃÂȘte ; et ce fut sans en avoir conscience qu'elle s'achemina vers l'église, disposée à n'importe qu'elle dévotion, pourvu qu'elle y absorbùt son ùme et que l'existence entiÚre y disparût. Elle rencontra, sur la place, Lestiboudois, qui s'en revenait ; car, pour ne pas rogner la journée, il préférait interrompre sa besogne puis la reprendre, si bien qu'il tintait l'Angelus selon sa commodité. D'ailleurs, la sonnerie, faite plus tÎt, avertissait les gamins de l'heure du catéchisme. Déjà quelques-uns, qui se trouvaient arrivés, jouaient aux billes sur les dalles du cimetiÚre. D'autres, à califourchon sur le mur, agitaient leurs jambes, en fauchant avec leurs sabots les grandes orties poussées entre la petite enceinte et les derniÚres tombes. C'était la seule place qui fût verte ; tout le reste n'était que pierres, et couvert continuellement d'une poudre fine, malgré le balai de la sacristie. Les enfants en chaussons couraient là comme sur un parquet fait pour eux, et on entendait les éclats de leurs voix à travers le bourdonnement de la cloche. Il diminuait avec les oscillations de la grosse corde qui, tombant des hauteurs du clocher, traÃnait à terre par le bout. Des hirondelles passaient en poussant de petits cris, coupaient l'air au tranchant de leur vol, et rentraient vite dans leurs nids jaunes, sous les tuiles du larmier. Au fond de l'église, une lampe brûlait, c'est-à -dire une mÚche de veilleuse dans un verre suspendu. Sa lumiÚre, de loin, semblait une tache blanchùtre qui tremblait sur l'huile. Un long rayon de soleil traversait toute la nef et rendait plus sombres encore les bas-cÎtés et les angles. - OÃÂč est le curé ? demanda madame Bovary à un jeune garçon qui s'amusait à secouer le tourniquet dans son trou trop lùche. - Il va venir, répondit-il. En effet, la porte du presbytÚre grinça, l'abbé Bournisien parut ; les enfants, pÃÂȘle-mÃÂȘle, s'enfuirent dans l'église. - Ces polissons-là ! murmura l'ecclésiastique, toujours les mÃÂȘmes ! Et, ramassant un catéchisme en lambeaux qu'il venait de heurter avec son pied ! - Ça ne respecte rien ! Mais, dÚs qu'il aperçut madame Bovary - Excusez-moi, dit-il, je ne vous remettais pas. Il fourra le catéchisme dans sa poche et s'arrÃÂȘta, continuant à balancer entre deux doigts la lourde clef de la sacristie. La lueur du soleil couchant qui frappait en plein son visage pùlissait le lasting de sa soutane, luisante sous les coudes, effiloquée par le bas. Des taches de graisse et de tabac suivaient sur sa poitrine large la ligne des petits boutons, et elles devenaient plus nombreuses en s'écartant de son rabat, oÃÂč reposaient les plis abondants de sa peau rouge ; elle était semée de macules jaunes qui disparaissaient dans les poils rudes de sa barbe grisonnante. Il venait de dÃner et respirait bruyamment. - Comment vous portez-vous ? ajouta-t-il. - Mal, répondit Emma ; je souffre. - Eh bien, moi aussi, reprit l'ecclésiastique. Ces premiÚres chaleurs, n'est-ce pas, vous amollissent étonnamment ? Enfin, que voulez-vous ! nous sommes nés pour souffrir, comme dit saint Paul. Mais, M. Bovary, qu'est-ce qu'il en pense ? - Lui ! fit-elle avec un geste de dédain. - Quoi ! répliqua le bonhomme tout étonné, il ne vous ordonne pas quelque chose ? - Ah ! dit Emma, ce ne sont pas les remÚdes de la terre qu'il me faudrait. Mais le curé, de temps à autre, regardait dans l'église, oÃÂč tous les gamins agenouillés se poussaient de l'épaule, et tombaient comme des capucins de cartes. - Je voudrais savoir..., reprit-elle. - Attends, attends, Riboudet, cria l'ecclésiastique d'une voix colÚre, je m'en vas aller te chauffer les oreilles, mauvais galopin ! Puis, se tournant vers Emma - C'est le fils de Boudet le charpentier ; ses parents sont à leur aise et lui laissent faire ses fantaisies. Pourtant il apprendrait vite, s'il le voulait, car il est plein d'esprit. Et moi quelquefois, par plaisanterie, je l'appelle donc Riboudet comme la cÎte que l'on prend pour aller à Maromme , et je dis mÃÂȘme mon Riboudet. Ah ! ah ! Mont-Riboudet ! L'autre jour, j'ai rapporté ce mot-là à Monseigneur, qui en a ri... il a daigné en rire. - Et M. Bovary, comment va-t-il ? Elle semblait ne pas entendre. Il continua - Toujours fort occupé, sans doute ? car nous sommes certainement, lui et moi, les deux personnes de la paroisse qui avons le plus à faire. Mais lui, il est le médecin des corps, ajouta-t-il avec un rire épais, et moi, je le suis des ùmes ! Elle fixa sur le prÃÂȘtre des yeux suppliants. - Oui..., dit-elle, vous soulagez toutes les misÚres. - Ah ! ne m'en parlez pas, madame Bovary ! Ce matin mÃÂȘme, il a fallu que j'aille dans le Bas-Diauville pour une vache qui avait l'enfle ; ils croyaient que c'était un sort. Toutes leurs vaches, je ne sais comment... Mais, pardon ! Longuemarre et Boudet ! Sac à papier ! voulez-vous bien finir ! Et, d'un bond, il s'élança dans l'église. Les gamins, alors, se pressaient autour du grand pupitre, grimpaient sur le tabouret du chantre, ouvraient le missel ; et d'autres, à pas de loup, allaient se hasarder bientÎt jusque dans le confessionnal. Mais le curé, soudain, distribua sur tous une grÃÂȘle de soufflets. Les prenant par le collet de la veste, il les enlevait de terre et les reposait à deux genoux sur les pavés du choeur, fortement, comme s'il eût voulu les y planter. - Allez, dit-il quand il fut revenu prÚs d'Emma, et en déployant son large mouchoir d'indienne, dont il mit un angle entre ses dents, les cultivateurs sont bien à plaindre ! - Il y en a d'autres, répondit-elle. - Assurément ! les ouvriers des villes, par exemple. - Ce ne sont pas eux... - Pardonnez-moi ! j'ai connu là de pauvres mÚres de famille, des femmes vertueuses, je vous assure, de véritables saintes, qui manquaient mÃÂȘme de pain. - Mais celles, reprit Emma et les coins de sa bouche se tordaient en parlant , celles, monsieur le curé, qui ont du pain, et qui n'ont pas... - De feu l'hiver, dit le prÃÂȘtre. - Eh ! qu'importe ? - Comment ! qu'importe ? Il me semble, à moi, que lorsqu'on est bien chauffé, bien nourri..., car enfin... - Mon Dieu ! mon Dieu ! soupirait-elle. - Vous vous trouvez gÃÂȘnée ? fit-il, en s'avançant d'un air inquiet ; c'est la digestion, sans doute ? Il faut rentrer chez vous, madame Bovary, boire un peu de thé ; ça vous fortifiera, ou bien un verre d'eau fraÃche avec de la cassonade. - Pourquoi ? Et elle avait l'air de quelqu'un qui se réveille d'un songe. - C'est que vous passiez la main sur votre front. J'ai cru qu'un étourdissement vous prenait. Puis, se ravisant - Mais vous me demandiez quelque chose ? Qu'est-ce donc ? Je ne sais plus. - Moi ? Rien..., rien,. ., répétait Emma. Et son regard, qu'elle promenait autour d'elle, s'abaissa lentement sur le vieillard à soutane. Ils se considéraient tous les deux, face à face, sans parler. - Alors, madame Bovary, dit-il enfin, faites excuse, mais le devoir avant tout, vous savez ; il faut que j'expédie mes garnements. Voilà les premiÚres communions qui vont venir. Nous serons encore surpris, j'en ai peur ! Aussi, à partir de l'Ascension, je les tiens recta tous les mercredis une heure de plus. Ces pauvres enfants ! on ne saurait les diriger trop tÎt dans la voie du Seigneur, comme, du reste, il nous l'a recommandé lui-mÃÂȘme par la bouche de son divin Fils... Bonne santé, madame ; mes respects à monsieur votre mari ! Et il entra dans l'église, en faisant dÚs la porte une génuflexion. Emma le vit qui disparaissait entre la double ligne des bancs, marchant à pas lourds, la tÃÂȘte un peu penchée sur l'épaule, et avec ses deux mains entrouvertes, qu'il portait en dehors. Puis elle tourna sur ses talons, tout d'un bloc comme une statue sur un pivot, et prit le chemin de sa maison. Mais la grosse voix du curé, la voix claire des gamins arrivaient encore à son oreille et continuaient derriÚre elle - Etes-vous chrétien ? - Oui, je suis chrétien. - Qu'est-ce qu'un chrétien ? - C'est celui qui, étant baptisé..., baptisé..., baptisé. Elle monta les marches de son escalier en se tenant à la rampe, et, quand elle fut dans sa chambre, se laissa tomber dans un fauteuil. Le jour blanchùtre des carreaux s'abaissait doucement avec des ondulations. Les meubles à leur place semblaient devenus plus immobiles et se perdre dans l'ombre comme dans un océan ténébreux. La cheminée était éteinte, la pendule battait toujours, et Emma vaguement s'ébahissait à ce calme des choses, tandis qu'il y avait en elle-mÃÂȘme tant de bouleversements. Mais, entre la fenÃÂȘtre et la table à ouvrage, la petite Berthe était là , qui chancelait sur ses bottines de tricot, et essayait de se rapprocher de sa mÚre, pour lui saisir, par le bout, les rubans de son tablier. - Laisse-moi ! dit celle-ci en l'écartant avec la main. La petite fille bientÎt revint plus prÚs encore contre ses genoux ; et, s'y appuyant des bras, elle levait vers elle son gros oeil bleu, pendant qu'un filet de salive pure découlait de sa lÚvre sur la soie du tablier. - Laisse-moi ! répéta la jeune femme tout irritée. Sa figure épouvanta l'enfant, qui se mit à crier. - Eh ! laisse-moi donc ! fit-elle en la repoussant du coude. Berthe alla tomber au pied de la commode, contre la patÚre de cuivre ; elle s'y coupa la joue, le sang sortit. Madame Bovary se précipita pour la relever, cassa le cordon de la sonnette, appela la servante de toutes ses forces, et elle allait commencer à se maudire, lorsque Charles parut. C'était l'heure du dÃner, il rentrait. - Regarde donc, cher ami, lui dit Emma d'une voix tranquille voilà la petite qui, en jouant, vient de se blesser par terre. Charles la rassura, le cas n'était point grave, et il alla chercher du diachylum. Madame Bovary ne descendit pas dans la salle ; elle voulut demeurer seule à garder son enfant. Alors, en la contemplant dormir, ce qu'elle conservait d'inquiétude se dissipa par degrés, et elle se parut à elle-mÃÂȘme bien sotte et bien bonne de s'ÃÂȘtre troublée tout à l'heure pour si peu de chose. Berthe, en effet, ne sanglotait plus. Sa respiration, maintenant, soulevait insensiblement la couverture de coton. De grosses larmes s'arrÃÂȘtaient au coin de ses paupiÚres à demi closes, qui laissaient voir entre les cils deux prunelles pùles, enfoncées ; le sparadrap, collé sur sa joue, en tirait obliquement la peau tendue. - C'est une chose étrange, pensait Emma, comme cette enfant est laide ! Quand Charles, à onze heures du soir, revint de la pharmacie oÃÂč il avait été remettre, aprÚs le dÃner, ce qui lui restait du diachylum , il trouva sa femme debout auprÚs du berceau. - Puisque je t'assure que ce ne sera rien, dit-il en la baisant au front ; ne te tourmente pas, pauvre chérie, tu te rendras malade ! Il était resté longtemps chez l'apothicaire. Bien qu'il ne s'y fût pas montré fort ému, M. Homais, néanmoins, s'était efforcé de le raffermir, de lui remonter le moral . Alors on avait causé des dangers divers qui menaçaient l'enfance et de l'étourderie des domestiques. Madame Homais en savait quelque chose, ayant encore sur la poitrine les marques d'une écuellée de braise qu'une cuisiniÚre, autrefois, avait laissé tomber dans son sarrau. Aussi ces bons parents prenaient-ils quantité de précautions. Les couteaux jamais n'étaient affilés, ni les appartements cirés. Il y avait aux fenÃÂȘtres des grilles en fer et aux chambranles de fortes barres. Les petits Homais, malgré leur indépendance, ne pouvaient remuer sans un surveillant derriÚre eux ; au moindre rhume, leur pÚre les bourrait de pectoraux, et jusqu'à plus de quatre ans ils portaient tous, impitoyablement, des bourrelets matelassés. C'était, il est vrai, une manie de madame Homais ; son époux en était intérieurement affligé, redoutant pour les organes de l'intellect les résultats possibles d'une pareille compression, et il s'échappait jusqu'à lui dire - Tu prétends donc en faire des Caraïbes ou des Botocudos ? Charles, cependant, avait essayé plusieurs fois d'interrompre la conversation. - J'aurais à vous entretenir, avait-il soufflé bas à l'oreille du clerc, qui se mit à marcher devant lui dans l'escalier. - Se douterait-il de quelque chose ? se demandait Léon. Il avait des battements de coeur et se perdait en conjectures. Enfin Charles, ayant fermé la porte, le pria de voir lui-mÃÂȘme à Rouen quels pouvaient ÃÂȘtre les prix d'un beau daguerréotype ; c'était une surprise sentimentale qu'il réservait à sa femme, une attention fine, son portrait en habit noir. Mais il voulait auparavant savoir à quoi s'en tenir ; ces démarches ne devaient pas embarrasser M. Léon, puisqu'il allait à la ville toutes les semaines, à peu prés. Dans quel but ? Homais soupçonnait là -dessous quelque histoire de jeune homme , une intrigue. Mais il se trompait ; Léon ne poursuivait aucune amourette. Plus que jamais il était triste, et madame Lefrançois s'en apercevait bien à la quantité de nourriture qu'il laissait maintenant sur son assiette. Pour en savoir plus long, elle interrogea le percepteur ; Binet répliqua, d'un ton rogue, qu'il n'était point payé par la police . Son camarade, toutefois, lui paraissait fort singulier ; car souvent Léon se renversait sur sa chaise en écartant les bras, et se plaignait vaguement de l'existence. - C'est que vous ne prenez point assez de distraction, disait le percepteur. - Lesquelles ? - Moi, à votre place, j'aurais un tour ! - Mais je ne sais pas tourner, répondait le clerc. - Oh ! c'est vrai ! faisait l'autre en caressant sa mùchoire, avec un air de dédain mÃÂȘlé de satisfaction. Léon était las d'aimer sans résultat ; puis il commençait à sentir cet accablement que vous cause la répétition de la mÃÂȘme vie, lorsque aucun intérÃÂȘt ne la dirige et qu'aucune espérance ne la soutient. Il était si ennuyé d'Yonville et des Yonvillais, que la vue de certaines gens, de certaines maisons l'irritait à n'y pouvoir tenir ; et le pharmacien, tout bonhomme qu'il était, lui devenait complÚtement insupportable. Cependant, la perspective d'une situation nouvelle l'effrayait autant qu'elle le séduisait. Cette appréhension se tourna vite en impatience, et Paris alors agita pour lui, dans le lointain, la fanfare de ses bals masqués avec le rire de ses grisettes. Puisqu'il devait y terminer son droit, pourquoi ne partait-il pas ? qui l'empÃÂȘchait ? Et il se mit à faire des préparatifs intérieurs il arrangea d'avance ses occupations. Il se meubla, dans sa tÃÂȘte, un appartement. Il y mÚnerait une vie d'artiste ! Il y prendrait des leçons de guitare ! Il aurait une robe de chambre, un béret basque, des pantoufles de velours bleu ! Et mÃÂȘme il admirait déjà sur sa cheminée deux fleurets en sautoir, avec une tÃÂȘte de mort et la guitare au-dessus. La chose difficile était le consentement de sa mÚre ; rien pourtant ne paraissait plus raisonnable. Son patron mÃÂȘme l'engageait à visiter une autre étude, oÃÂč il pût se développer davantage. Prenant donc un parti moyen, Léon chercha quelque place de second clerc à Rouen, n'en trouva pas, et écrivit enfin à sa mÚre une longue lettre détaillée, oÃÂč il exposait les raisons d'aller habiter Paris immédiatement. Elle y consentit. Il ne se hùta point. Chaque jour, durant tout un mois Hivert transporta pour lui d'Yonville à Rouen, de Rouen à Yonville, des coffres, des valises, des paquets ; et, quand Léon eut remonté sa garde-robe, fait rembourrer ses trois fauteuils, acheté une provision de foulards, pris en un mot plus de dispositions que pour un voyage autour du monde, il s'ajourna de semaine en semaine, jusqu'à ce qu'il reçût une seconde lettre maternelle oÃÂč on le pressait de partir, puisqu'il désirait, avant les vacances passer son examen. Lorsque le moment fut venu des embrassades, madame Homais pleura ; Justin sanglotait ; Homais, en homme fort, dissimula son émotion ; il voulut lui-mÃÂȘme porter le paletot de son ami jusqu'à la grille du notaire, qui emmenait Léon à Rouen dans sa voiture. Ce dernier avait juste le temps de faire ses adieux à M. Bovary. Quand il fut au haut de l'escalier, il s'arrÃÂȘta, tant il se sentait hors d'haleine. A son entrée, madame Bovary se leva vivement. - C'est encore moi ! dit Léon. - J'en étais sûre ! Elle se mordit les lÚvres, et un flot de sang lui courut sous la peau, qui se colora tout en rose, depuis la racine des cheveux jusqu'au bord de sa collerette. Elle restait debout, s'appuyant de l'épaule contre la boiserie. - Monsieur n'est donc pas là ? reprit-il. - Il est absent. Elle répéta - Il est absent. Alors il y eut un silence. Ils se regardÚrent ; et leurs pensées, confondues dans la mÃÂȘme angoisse, s'étreignaient étroitement, comme deux poitrines palpitantes. - Je voudrais bien embrasser Berthe, dit Léon. Emma descendit quelques marches, et elle appela Félicité. Il jeta vite autour de lui un large coup d'oeil qui s'étala sur les murs, les étagÚres, la cheminée, comme pour pénétrer tout, emporter tout. Mais elle rentra, et la servante amena Berthe, qui secouait au bout d'une ficelle un moulin à vent la tÃÂȘte en bas. Léon la baisa sur le cou à plusieurs reprises. - Adieu, pauvre enfant ! adieu, chÚre petite, adieu ! Et il la remit à sa mÚre. - Emmenez-la, dit celle-ci. Ils restÚrent seuls. Madame Bovary, le dos tourné, avait la figure posée contre un carreau ; Léon tenait sa casquette à la main et la battait doucement le long de sa cuisse. - Il va pleuvoir, dit Emma. - J'ai un manteau, répondit-il. - Ah ! Elle se détourna, le menton baissé et le front en avant. La lumiÚre y glissait comme sur un marbre, jusqu'à la courbe des sourcils, sans que l'on pût savoir ce qu'Emma regardait à l'horizon ni ce qu'elle pensait au fond d'elle-mÃÂȘme. - Allons, adieu ! soupira-t-il. Elle releva sa tÃÂȘte d'un mouvement brusque - Oui, adieu..., partez ! Ils s'avancÚrent l'un vers l'autre ; il tendit la main, elle hésita. - A l'anglaise donc, fit-elle abandonnant la sienne tout en s'efforçant de rire. Léon la sentit entre ses doigts, et la substance mÃÂȘme de tout son ÃÂȘtre lui semblait descendre dans cette paume humide. Puis il ouvrit la main ; leurs yeux se rencontrÚrent encore, et il disparut. Quand il fut sous les halles, il s'arrÃÂȘta, et il se cacha derriÚre un pilier, afin de contempler une derniÚre fois cette maison blanche avec ses quatre jalousies vertes. Il crut voir une ombre derriÚre la fenÃÂȘtre, dans la chambre ; mais le rideau, se décrochant de la patÚre comme si personne n'y touchait, remua lentement ses longs plis obliques, qui d'un seul bond s'étalÚrent tous, et il resta droit, plus immobile qu'un mur de plùtre. Léon se mit à courir. Il aperçut de loin, sur la route, le cabriolet de son patron, et à cÎté un homme en serpilliÚre qui tenait le cheval. Homais et M. Guillaumin causaient ensemble. On l'attendait. - Embrassez-moi, dit l'apothicaire les larmes aux yeux. Voilà votre paletot, mon bon ami ; prenez garde au froid ! Soignez-vous ! ménagez-vous ! - Allons, Léon, en voiture ! dit le notaire. Homais se pencha sur le garde-crotte, et d'une voix entrecoupée par les sanglots, laissa tomber ces deux mots tristes - Bon voyage ! - Bonsoir, répondit M. Guillaumin. Lùchez tout ! Ils partirent, et Homais s'en retourna. Madame Bovary avait ouvert sa fenÃÂȘtre sur le jardin, et elle regardait les nuages. Ils s'amoncelaient au couchant du cÎté de Rouen, et roulaient vite leurs volutes noires, d'oÃÂč dépassaient par derriÚre les grandes lignes du soleil, comme les flÚches d'or d'un trophée suspendu, tandis que le reste du ciel vide avait la blancheur d'une porcelaine. Mais une rafale de vent fit se courber les peupliers, et tout à coup la pluie tomba ; elle crépitait sur les feuilles vertes. Puis le soleil reparut, les poules chantÚrent, des moineaux battaient des ailes dans les buissons humides, et les flaques d'eau sur le sable emportaient en s'écoulant les fleurs roses d'un acacia. - Ah ! qu'il doit ÃÂȘtre loin déjà ! pensa-t-elle. M. Homais, comme de coutume, vint à six heures et demie, pendant le dÃner. - Eh bien, dit-il en s'asseyant, nous avons donc tantÎt embarqué notre jeune homme ? Il paraÃt ! répondit le médecin. Puis, se tournant sur sa chaise - Et quoi de neuf chez vous ? Pas grand-chose. Ma femme, seulement, a été, cette aprÚs-midi, un peu émue. Vous savez, les femmes, un rien les trouble ! la mienne surtout ! Et l'on aurait tort de se révolter là contre, puisque leur organisation nerveuse est beaucoup plus malléable que la nÎtre. - Ce pauvre Léon ! disait Charles, comment va-t-il vivre à Paris ?... S'y accoutumera-t-il ? Madame Bovary soupira. - Allons donc ! dit le pharmacien en claquant de la langue, les parties fines chez le traiteur ! les bals masqués ! le champagne ! tout cela va rouler, je vous assure. - Je ne crois pas qu'il se dérange, objecta Bovary. - Ni moi ! reprit vivement M. Homais, quoiqu'il lui faudra pourtant suivre les autres, au risque de passer pour un jésuite. Eh, vous ne savez pas la vie que mÚnent ces farceurs-là , dans le quartier Latin, avec les actrices ! Du reste, les étudiants sont fort bien vus à Paris. Pour peu qu'ils aient quelque talent d'agrément, on les reçoit dans les meilleures sociétés, et il y a mÃÂȘme des dames du faubourg Saint-Germain qui en deviennent amoureuses, ce qui leur fournit, par la suite, les occasions de faire de trÚs beaux mariages. - Mais, dit le médecin, j'ai peur pour lui que... là -bas... - Vous avez raison, interrompit l'apothicaire, c'est le revers de la médaille ! et l'on y est obligé continuellement d'avoir la main posée sur son gousset. Ainsi, vous ÃÂȘtes dans un jardin public, je suppose ; un quidam se présente, bien mis, décoré mÃÂȘme, et qu'on prendrait pour un diplomate ; il vous aborde ; vous causez ; il s'insinue, vous offre une prise ou vous ramasse votre chapeau. Puis on se lie davantage ; il vous mÚne au café, vous invite à venir dans sa maison de campagne, vous fait faire, entre deux vins, toutes sortes de connaissances, et, les trois quarts du temps ce n'est que pour flibuster votre bourse ou vous entraÃner en des démarches pernicieuses. - C'est vrai, répondit Charles ; mais je pensais surtout aux maladies, à la fiÚvre typhoïde, par exemple, qui attaque les étudiants de la province. Emma tressaillit. - A cause du changement de régime, continua le pharmacien, et de la perturbation qui en résulte dans l'économie générale. Et puis, l'eau de Paris, voyez-vous ! les mets des restaurateurs, toutes ces nourritures épicées finissent par vous échauffer le sang et ne valent pas, quoi qu'on en dise, un bon pot-au-feu. J'ai toujours, quant à moi, préféré la cuisine bourgeoise c'est plus sain ! Aussi, lorsque j'étudiais à Rouen la pharmacie, je m'étais mis en pension dans une pension ; je mangeais avec les professeurs. Et il continua donc à exposer ses opinions générales et ses sympathies personnelles, jusqu'au moment oÃÂč Justin vint le chercher pour un lait de poule qu'il fallait faire. - Pas un instant de répit ! s'écria-t-il, toujours à la chaÃne ! Je ne peux sortir une minute ! Il faut, comme un cheval de labour, ÃÂȘtre à suer sang et eau ! Quel collier de misÚre ! Puis, quand il fut sur la porte - A propos, dit-il, savez-vous la nouvelle ? - Quoi donc ? - C'est qu'il est fort probable, reprit Homais en dressant ses sourcils et en prenant une figure des plus sérieuses, que les Comices agricoles de la Seine-Inférieure se tiendront cette année à Yonville-l'Abbaye. Le bruit, du moins, en circule. Ce matin, le journal en touchait quelque chose. Ce serait pour notre arrondissement de la derniÚre importance ! Mais nous en causerons plus tard. J'y vois, je vous remercie ; Justin a la lanterne. VII. Le lendemain fut, pour Emma, une journée funÚbre. Tout lui parut enveloppé par une atmosphÚre noire qui flottait confusément sur l'extérieur des choses, et le chagrin s'engouffrait dans son ùme avec des hurlements doux, comme fait le vent d'hiver dans les chùteaux abandonnés. C'était cette rÃÂȘverie que l'on a sur ce qui ne reviendra plus, la lassitude qui vous prend aprÚs chaque fait accompli, cette douleur enfin que vous apportent l'interruption de tout mouvement accoutumé, la cessation brusque d'une vibration prolongée. Comme au retour de la Vaubyessard, quand les quadrilles tourbillonnaient dans sa tÃÂȘte, elle avait une mélancolie morne, un désespoir engourdi. Léon réapparaissait plus grand, plus beau, plus suave, plus vague ; quoiqu'il fût séparé d'elle, il ne l'avait pas quittée, il était là , et les murailles de la maison semblaient garder son ombre. Elle ne pouvait détacher sa vue de ce tapis oÃÂč il avait marché, de ces meubles vides oÃÂč il s'était assis. La riviÚre coulait toujours, et poussait lentement ses petits flots le long de la berge glissante. Ils s'y étaient promenés bien des fois, à ce mÃÂȘme murmure des ondes, sur les cailloux couverts de mousse. Quels bons soleils ils avaient eus ! quelles bonnes aprÚs-midi, seuls, à l'ombre, dans le fond du jardin ! Il lisait tout haut, tÃÂȘte nue, posé sur un tabouret de bùtons secs ; le vent frais de la prairie faisait trembler les pages du livre et les capucines de la tonnelle... Ah ! il était parti, le seul charme de sa vie, le seul espoir possible d'une félicité ! Comment n'avait-elle pas saisi ce bonheur-là , quand il se présentait ! Pourquoi ne l'avoir pas retenu à deux mains, à deux genoux, quand il voulait s'enfuir ? Et elle se maudit de n'avoir pas aimé Léon ; elle eut soif de ses lÚvres. L'envie la prit de courir le rejoindre, de se jeter dans ses bras, de lui dire " C'est moi, je suis à toi ! " Mais Emma s'embarrassait d'avance aux difficultés de l'entreprise, et ses désirs, s'augmentant d'un regret, n'en devenaient que plus actifs. DÚs lors, ce souvenir de Léon fut comme le centre de son ennui ; il y pétillait plus fort que, dans un steppe de Russie, un feu de voyageurs abandonné sur la neige. Elle se précipitait vers lui, elle se blottissait contre, elle remuait délicatement ce foyer prÚs de s'éteindre, elle allait cherchant tout autour d'elle ce qui pouvait l'aviver davantage ; et les réminiscences les plus lointaines comme les plus immédiates occasions, ce qu'elle éprouvait avec ce qu'elle imaginait, ses envies de volupté qui se dispersaient, ses projets de bonheur qui craquaient au vent comme des branchages morts, sa vertu stérile, ses espérances tombées, la litiÚre domestique, elle ramassait tout, prenait tout, et faisait servir tout à réchauffer sa tristesse. Cependant les flammes s'apaisÚrent, soit que la provision d'elle-mÃÂȘme s'épuisùt, ou que l'entassement fût trop considérable. L'amour, peu à peu, s'éteignit par l'absence, le regret s'étouffa sous l'habitude ; et cette lueur d'incendie qui empourprait son ciel pùle se couvrit de plus d'ombre et s'effaça par degrés. Dans l'assoupissement de sa conscience, elle prit mÃÂȘme les répugnances du mari pour des aspirations vers l'amant, les brûlures de la haine pour des réchauffements de la tendresse ; mais, comme l'ouragan soufflait toujours, et que la passion se consuma jusqu'aux cendres, et qu'aucun secours ne vint, qu'aucun soleil ne parut, il fut de tous cÎtés nuit complÚte, et elle demeura perdue dans un froid horrible qui la traversait. Alors les mauvais jours de Tostes recommencÚrent. Elle s'estimait à présent beaucoup plus malheureuse car elle avait l'expérience du chagrin, avec la certitude qu'il ne finirait pas. Une femme qui s'était imposé de si grands sacrifices pouvait bien se passer des fantaisies. Elle s'acheta un prie-Dieu gothique, et elle dépensa en un mois pour quatorze francs de citrons à se nettoyer les ongles ; elle écrivit à Rouen, afin d'avoir une robe en cachemire bleu ; elle choisit chez Lheureux la plus belle de ses écharpes ; elle se la nouait à la taille par-dessus sa robe de chambre ; et, les volets fermés, avec un livre à la main, elle restait étendue sur un canapé dans cet accoutrement. Souvent, elle variait sa coiffure elle se mettait à la chinoise, en boucles molles, en nattes tressées ; elle se fit une raie sur le cÎté de la tÃÂȘte et roula ses cheveux en dessous, comme un homme. Elle voulut apprendre l'italien elle acheta des dictionnaires, une grammaire, une provision de papier blanc. Elle essaya des lectures sérieuses, de l'histoire et de la philosophie. La nuit, quelquefois, Charles se réveillait en sursaut, croyant qu'on venait le chercher pour un malade - J'y vais, balbutiait-il. Et c'était le bruit d'une allumette qu'Emma frottait afin de rallumer sa lampe. Mais il en était de ses lectures comme de ses tapisseries, qui, toutes commencées encombraient son armoire ; elle les prenait, les quittait, passait à d'autres. Elle avait des accÚs, oÃÂč on l'eût poussée facilement à des extravagances. Elle soutint un jour, contre son mari, qu'elle boirait bien un grand demi-verre d'eau-de-vie, et, comme Charles eut la bÃÂȘtise de l'en défier, elle avala l'eau-de-vie jusqu'au bout. Malgré ses airs évaporés c'était le mot des bourgeoises d'Yonville , Emma pourtant ne paraissait pas joyeuse, et, d'habitude, elle gardait aux coins de la bouche cette immobile contraction qui plisse la figure des vieilles filles et celle des ambitieux déchus. Elle était pùle partout, blanche comme du linge ; la peau du nez se tirait vers les narines, ses yeux vous regardaient d'une maniÚre vague Pour s'ÃÂȘtre découvert trois cheveux gris sur les tempes, elle parla beaucoup de sa vieillesse. Souvent des défaillances la prenaient. Un jour mÃÂȘme, elle eut un crachement de sang, et, comme Charles s'empressait, laissant apercevoir son inquiétude - Ah bah ! répondit-elle, qu'est-ce que cela fait ? Charles s'alla réfugier dans son cabinet ; et il pleura, les deux coudes sur la table, assis dans son fauteuil de bureau, sous la tÃÂȘte phrénologique. Alors il écrivit à sa mÚre pour la prier de venir, et ils eurent ensemble de longues conférences au sujet d'Emma. A quoi se résoudre ? que faire, puisqu'elle se refusait à tout traitement ? - Sais-tu ce qu'il faudrait à ta femme ? reprenait la mÚre Bovary. Ce seraient des occupations forcées, des ouvrages manuels ! Si elle était comme tant d'autres, contrainte à gagner son pain, elle n'aurait pas ces vapeurs-là , qui lui viennent d'un tas d'idées qu'elle se fourre dans la tÃÂȘte, et du désoeuvrement oÃÂč elle vit. - Pourtant elle s'occupe, disait Charles. - Ah ! elle s'occupe ! A quoi donc ? A lire des romans, de mauvais livres, des ouvrages qui sont contre la religion et dans lesquels on se moque des prÃÂȘtres par des discours tirés de Voltaire. Mais tout cela va loin, mon pauvre enfant, et quelqu'un qui n'a pas de religion finit toujours par tourner mal. Donc, il fut résolu que l'on empÃÂȘcherait Emma de lire des romans. L'entreprise ne semblait point facile. La bonne dame s'en chargea elle devait quand elle passerait par Rouen, aller en personne chez le loueur de livres et lui représenter qu'Emma cessait ses abonnements. N'aurait-on pas le droit d'avertir la police, si le libraire persistait quand mÃÂȘme dans son métier d'empoisonneur ? Les adieux de la belle-mÚre et de la bru furent secs. Pendant les trois semaines qu'elles étaient restées ensemble, elles n'avaient pas échangé quatre paroles, à part les informations et compliments quand elles se rencontraient à table, et le soir avant de se mettre au lit. Madame Bovary mÚre partit un mercredi, qui était jour de marché à Yonville. La place, dÚs le matin, était encombrée par une file de charrettes qui, toutes à cul et les brancards en l'air, s'étendaient le long des maisons depuis l'église jusqu'à l'auberge. De l'autre cÎté, il y avait des baraques de toile oÃÂč l'on vendait des cotonnades, des couvertures et des bas de laine, avec des licous pour les chevaux et des paquets de rubans bleus, qui par le bout s'envolaient au vent. De la grosse quincaillerie s'étalait par terre, entre les pyramides d'oeufs et les bannettes de fromages, d'oÃÂč sortaient des pailles gluantes ; prÚs des machines à blé, des poules qui gloussaient dans des cages plates passaient leurs cous par les barreaux. La foule, s'encombrant au mÃÂȘme endroit sans en vouloir bouger, menaçait quelquefois de rompre la devanture de la pharmacie. Les mercredis, elle ne désemplissait pas et l'on s'y poussait, moins pour acheter des médicaments que pour prendre des consultations, tant était fameuse la réputation du sieur Homais dans les villages circonvoisins. Son robuste aplomb avait fasciné les campagnards. Ils le regardaient comme un plus grand médecin que tous les médecins. Emma était accoudée à sa fenÃÂȘtre elle s'y mettait souvent la fenÃÂȘtre, en province, remplace les théùtres et la promenade , et elle s'amusait à considérer la cohue des rustres, lorsqu'elle aperçut un monsieur vÃÂȘtu d'une redingote de velours vert. Il était ganté de gants jaunes, quoiqu'il fût chaussé de fortes guÃÂȘtres ; et il se dirigeait vers la maison du médecin, suivi d'un paysan marchant la tÃÂȘte basse d'un air tout réfléchi. - Puis-je voir Monsieur ? demanda-t-il à Justin, qui causait sur le seuil avec Félicité. Et, le prenant pour le domestique de la maison - Dites-lui que M. Rodolphe Boulanger de la Huchette est là . Ce n'était point par vanité territoriale que le nouvel arrivant avait ajouté à son nom la particule, mais afin de se faire mieux connaÃtre. La Huchette, en effet, était un domaine prÚs d'Yonville, dont il venait d'acquérir le chùteau, avec deux fermes qu'il cultivait lui-mÃÂȘme, sans trop se gÃÂȘner cependant. Il vivait en garçon, et passait pour avoir au moins quinze mille livres de rentes ! Charles entra dans la salle. M. Boulanger lui présenta son homme, qui voulait ÃÂȘtre saigné parce qu'il éprouvait des fourmis le long du corps . - Ça me purgera, objectait-il à tous les raisonnements. Bovary commanda donc d'apporter une bande et une cuvette, et pria Justin de la soutenir. Puis, s'adressant au villageois déjà blÃÂȘme - N'ayez point peur, mon brave. - Non, non, répondit l'autre, marchez toujours ! Et, d'un air fanfaron, il tendit son gros bras. Sous la piqûre de la lancette, le sang jaillit et alla s'éclabousser contre la glace. - Approche le vase ! exclama Charles. - GuÃÂȘte ! disait le paysan, on jurerait une petite fontaine qui coule ! Comme j'ai le sang rouge ! ce doit ÃÂȘtre bon signe, n'est-ce pas ? - Quelquefois, reprit l'officier de santé, l'on n'éprouve rien au commencement, puis la syncope se déclare, et plus particuliÚrement chez les gens bien constitués, comme celui-ci. Le campagnard, à ces mots, lùcha l'étui qu'il tournait entre ses doigts. Une saccade de ses épaules fit craquer le dossier de la chaise. Son chapeau tomba. - Je m'en doutais, dit Bovary en appliquant son doigt sur la veine. La cuvette commençait à trembler aux mains de Justin ; ses genoux chancelÚrent, il devint pùle. - Ma femme ! ma femme ! appela Charles. D'un bond, elle descendit l'escalier. - Du vinaigre ! cria-t-il. Ah ! mon Dieu, deux à la fois ! Et, dans son émotion, il avait peine à poser la compresse. - Ce n'est rien, disait tout tranquillement M. Boulanger, tandis qu'il prenait Justin entre ses bras. Et il l'assit sur la table, lui appuyant le dos contre la muraille. Madame Bovary se mit à lui retirer sa cravate. Il y avait un noeud aux cordons de la chemise ; elle resta quelques minutes à remuer ses doigts légers dans le cou du jeune garçon ; ensuite elle versa du vinaigre sur son mouchoir de batiste ; elle lui en mouillait les tempes à petits coups et elle soufflait dessus, délicatement. Le charretier se réveilla ; mais la syncope de Justin durait encore, et ses prunelles disparaissaient dans leur sclérotique pùle, comme des fleurs bleues dans du lait. - Il faudrait, dit Charles, lui cacher cela. Madame Bovary prit la cuvette. Pour la mettre sous la table, dans le mouvement qu'elle fit en s'inclinant, sa robe c'était une robe d'été à quatre volants, de couleur jaune, longue de taille, large de jupe , sa robe s'évasa autour d'elle sur les carreaux de la salle ; - et, comme Emma, baissée, chancelait un peu en écartant les bras, le gonflement de l'étoffe se crevait de place en place, selon les inflexions de son corsage. Ensuite elle alla prendre une carafe d'eau, et elle faisait fondre des morceaux de sucre lorsque le pharmacien arriva. La servante l'avait été chercher dans l'algarade ; en apercevant son élÚve les yeux ouverts, il reprit haleine. Puis, tournant autour de lui, il le regardait de haut en bas. - Sot ! disait-il ; petit sot, vraiment ! sot en trois lettres ! Grand-chose, aprÚs tout, qu'une phlébotomie ! et un gaillard qui n'a peur de rien ! une espÚce d'écureuil, tel que vous le voyez, qui monte locher des noix à des hauteurs vertigineuses. Ah ! oui, parle, vante-toi ! voilà de belles dispositions à exercer plus tard la pharmacie ; car tu peux te trouver appelé en des circonstances graves, par-devant les tribunaux, afin d'y éclairer la conscience des magistrats ; et il faudra pourtant garder son sang-froid, raisonner, se montrer homme, ou bien passer pour un imbécile ! Justin ne répondait pas. L'apothicaire continuait - Qui t'a prié de venir ? Tu importunes toujours monsieur et madame ! Les mercredis, d'ailleurs, ta présence m'est plus indispensable. Il y a maintenant vingt personnes à la maison. J'ai tout quitté à cause de l'intérÃÂȘt que je te porte. Allons, va-t'en ! cours ! attends-moi, et surveille les bocaux ! Quand Justin, qui se rhabillait, fut parti, l'on causa quelque peu des évanouissements. Madame Bovary n'en avait jamais eu. - C'est extraordinaire pour une dame ! dit M. Boulanger. Du reste, il y a des gens bien délicats. Ainsi j'ai vu, dans une rencontre, un témoin perdre connaissance rien qu'au bruit des pistolets que l'on chargeait. - Moi, dit l'apothicaire, la vue du sang des autres ne me fait rien du tout ; mais l'idée seulement du mien qui coule suffirait à me causer des défaillances, si j'y réfléchissais trop. Cependant M. Boulanger congédia son domestique, en l'engageant à se tranquilliser l'esprit, puisque sa fantaisie était passée. - Elle m'a procuré l'avantage de votre connaissance, ajouta-t-il. Et il regardait Emma durant cette phrase. Puis il déposa trois francs sur le coin de la table, salua négligemment et s'en alla. Il fut bientÎt de l'autre cÎté de la riviÚre c'était son chemin pour s'en retourner à la Huchette ; et Emma l'aperçut dans la prairie, qui marchait sous les peupliers, se ralentissant de temps à autre, comme quelqu'un qui réfléchit. - Elle est fort gentille ! se disait-il ; elle est fort gentille, cette femme du médecin ! De belles dents, les yeux noirs, le pied coquet, et de la tournure comme une Parisienne. D'oÃÂč diable sort-elle ? OÃÂč donc l'a-t-il trouvée, ce gros garçon-là ? M. Rodolphe Boulanger avait trente-quatre ans ; il était de tempérament brutal et d'intelligence perspicace, ayant d'ailleurs beaucoup fréquenté les femmes, et s'y connaissant bien. Celle-là lui avait paru jolie ; il y rÃÂȘvait donc, et à son mari. - Je le crois trÚs bÃÂȘte. Elle en est fatiguée sans doute. Il porte des ongles sales et une barbe de trois jours. Tandis qu'il trottine à ses malades, elle reste à ravauder des chaussettes. Et on s'ennuie ! on voudrait habiter la ville, danser la polka tous les soirs ! Pauvre petite femme ! Ça bùille aprÚs l'amour, comme une carpe aprÚs l'eau sur une table de cuisine. Avec trois mots de galanterie, cela vous adorerait, j'en suis sûr ! ce serait tendre ! charmant !... Oui, mais comment s'en débarrasser ensuite ? Alors les encombrements du plaisir, entrevus en perspective, le firent, par contraste, songer à sa maÃtresse. C'était une comédienne de Rouen, qu'il entretenait ; et, quand il se fut arrÃÂȘté sur cette image, dont il avait, en souvenir mÃÂȘme, des rassasiements - Ah ! madame Bovary, pensa-t-il, est bien plus jolie qu'elle, plus fraÃche surtout. Virginie, décidément, commence à devenir trop grosse. Elle est si fastidieuse avec ses joies. Et, d'ailleurs, quelle manie de salicoques ! La campagne était déserte, et Rodolphe n'entendait autour de lui que le battement régulier des herbes qui fouettaient sa chaussure, avec le cri des grillons tapis au loin sous les avoines ; il revoyait Emma dans la salle, habillée comme il l'avait vue, et il la déshabillait. - Oh ! je l'aurai ! s'écria-t-il en écrasant, d'un coup de bùton, une motte de terre devant lui. Et aussitÎt il examina la partie politique de l'entreprise. Il se demandait - OÃÂč se rencontrer ? par quel moyen ? On aura continuellement le marmot sur les épaules, et la bonne, les voisins, le mari, toute sorte de tracasseries considérables. Ah bah ! dit-il, on y perd trop de temps ! Puis il recommença - C'est qu'elle a des yeux qui vous entrent au coeur comme des vrilles. Et ce teint pùle !... Moi, qui adore les femmes pùles ! Au haut de la cÎte d'Argueil, sa résolution était prise. - Il n'y a plus qu'à chercher les occasions. Eh bien, j'y passerai quelquefois, je leur enverrai du gibier, de la volaille ; je me ferai saigner, s'il le faut ; nous deviendrons amis, je les inviterai chez moi... Ah ! parbleu ! ajouta-t-il, voilà les Comices bientÎt ; elle y sera, je la verrai. Nous commencerons, et hardiment, car c'est le plus sûr. VIII. Ils arrivÚrent, en effet, ces fameux Comices ! DÚs le matin de la solennité, tous les habitants, sur leurs portes, s'entretenaient des préparatifs ; on avait enguirlandé de lierres le fronton de la mairie ; une tente dans un pré était dressée pour le festin, et, au milieu de la place, devant l'église, une espÚce de bombarde devait signaler l'arrivée de M. le préfet et le nom des cultivateurs lauréats. La garde nationale de Buchy il n'y en avait point à Yonville était venue s'adjoindre au corps des pompiers, dont Binet était le capitaine. Il portait ce jour-là un col encore plus haut que de coutume ; et, sanglé dans sa tunique, il avait le buste si roide et immobile, que toute la partie vitale de sa personne semblait ÃÂȘtre descendue dans ses deux jambes, qui se levaient en cadence, à pas marqués, d'un seul mouvement. Comme une rivalité subsistait entre le percepteur et le colonel, l'un et l'autre, pour montrer leurs talents, faisaient à part manoeuvrer leurs hommes. On voyait alternativement passer et repasser les épaulettes rouges et les plastrons noirs. Cela ne finissait pas et toujours recommençait ! Jamais il n'y avait eu pareil déploiement de pompe ! Plusieurs bourgeois, dÚs la veille, avaient lavé leurs maisons ; des drapeaux tricolores pendaient aux fenÃÂȘtres entrouvertes ; tous les cabarets étaient pleins ; et, par le beau temps qu'il faisait, les bonnets empesés, les croix d'or et les fichus de couleur paraissaient plus blancs que neige, miroitaient au soleil clair et relevaient de leur bigarrure éparpillée la sombre monotonie des redingotes et des bourgerons bleus. Les fermiÚres des environs retiraient, en descendant de cheval, la grosse épingle qui leur serrait autour du corps leur robe retroussée de peur des taches ; et les maris, au contraire, afin de ménager leurs chapeaux, gardaient par-dessus des mouchoirs de poche, dont ils tenaient un angle entre les dents. La foule arrivait dans la grande rue par les deux bouts du village. Il s'en dégorgeait des ruelles, des allées, des maisons, et l'on entendait de temps à autre retomber le marteau des portes, derriÚre les bourgeoises en gants de fil, qui sortaient pour aller voir la fÃÂȘte. Ce que l'on admirait surtout, c'étaient deux longs ifs couverts de lampions qui flanquaient une estrade oÃÂč s'allaient tenir les autorités ; et il y avait de plus, contre les quatre colonnes de la mairie, quatre maniÚres de gaules, portant chacune un petit étendard de toile verdùtre, enrichi d'inscriptions en lettres d'or. On lisait sur l'un " Au Commerce " ; sur l'autre " A l'Agriculture " ; sur le troisiÚme " A l'industrie " ; et sur le quatriÚme " Aux Beaux-Arts " . Mais la jubilation qui épanouissait tous les visages paraissait assombrir madame Lefrançois, l'aubergiste. Debout sur les marches de sa cuisine, elle murmurait dans son menton - Quelle bÃÂȘtise ! quelle bÃÂȘtise avec leur baraque de toile ! Croient-ils que le préfet sera bien aise de dÃner là -bas, sous une tente, comme un saltimbanque ? Ils appellent ces embarras-là , faire le bien du pays ! Ce n'était pas la peine, alors, d'aller chercher un gargotier à Neufchùtel ! Et pour qui ? pour des vachers ! des va-nu-pieds !... L'apothicaire passa. Il portait un habit noir, un pantalon de nankin, des souliers de castor, et par extraordinaire un chapeau, - un chapeau bas de forme. - Serviteur ! dit-il ; excusez-moi, je suis pressé. Et comme la grosse veuve lui demanda oÃÂč il allait - Cela vous semble drÎle, n'est-ce pas ? moi qui reste toujours plus confiné dans mon laboratoire que le rat du bonhomme dans son fromage. - Quel fromage ? fit l'aubergiste. - Non, rien ! ce n'est rien ! reprit Homais. Je voulais vous exprimer seulement, madame Lefrançois, que je demeure d'habitude tout reclus chez moi. Aujourd'hui cependant, vu la circonstance, il faut bien que... - Ah ! vous allez là -bas ? dit-elle avec un air de dédain. - Oui, j'y vais, répliqua l'apothicaire étonné ; ne fais-je point partie de la commission consultative ? La mÚre Lefrançois le considéra quelques minutes, et finit par répondre en souriant - C'est autre chose ! Mais qu'est-ce que la culture vous regarde ? vous vous y entendez donc ? - Certainement, je m'y entends, puisque je suis pharmacien, c'est-à -dire chimiste ! et la chimie, madame Lefrançois, ayant pour objet la connaissance de l'action réciproque et moléculaire de tous les corps de la nature, il s'ensuit que l'agriculture se trouve comprise dans son domaine ! Et, en effet, composition des engrais, fermentation des liquides, analyse des gaz et influence des miasmes, qu'est-ce que tout cela, je vous le demande, si ce n'est de la chimie pure et simple ? L'aubergiste ne répondit rien. Homais continua - Croyez-vous qu'il faille, pour ÃÂȘtre agronome, avoir soi-mÃÂȘme labouré la terre ou engraissé des volailles ? Mais il faut connaÃtre plutÎt la constitution des substances dont il s'agit, les gisements géologiques, les actions atmosphériques, la qualité des terrains, des minéraux, des eaux, la densité des différents corps et leur capillarité ! que sais-je ? Et il faut posséder à fond tous ses principes d'hygiÚne, pour diriger, critiquer la construction des bùtiments, le régime des animaux, l'alimentation des domestiques ! Il faut encore, madame Lefrançois, posséder la botanique ; pouvoir discerner les plantes, entendez-vous, quelles sont les salutaires d'avec les délétÚres, quelles les improductives et quelles les nutritives, s'il est bon de les arracher par-ci et de les ressemer par-là , de propager les unes, de détruire les autres ; bref, il faut se tenir au courant de la science par les brochures et papiers publics, ÃÂȘtre toujours en haleine, afin d'indiquer les améliorations... L'aubergiste ne quittait point des yeux la porte du Café Français , et le pharmacien poursuivit - Plût à Dieu que nos agriculteurs fussent des chimistes, ou que du moins ils écoutassent davantage les conseils de la science ! Ainsi, moi, j'ai derniÚrement écrit un fort opuscule, un mémoire de plus de soixante et douze pages, intitulé Du cidre, de sa fabrication et de ses effets ; suivi de quelques réflexions nouvelles à ce sujet , que j'ai envoyé à la Société agronomique de Rouen ; ce qui m'a mÃÂȘme valu l'honneur d'ÃÂȘtre reçu parmi ses membres, section d'agriculture, classe de pomologie, eh bien, si mon ouvrage avait été livré à la publicité... Mais l'apothicaire s'arrÃÂȘta, tant madame Lefrançois paraissait préoccupée. - Voyez-les donc ! disait-elle, on n'y comprend rien ! une gargote semblable ! Et, avec des haussements d'épaules qui tiraient sur sa poitrine les mailles de son tricot, elle montrait des deux mains le cabaret de son rival, d'oÃÂč sortaient alors des chansons. - Du reste, il n'en a pas pour longtemps, ajouta-t-elle ; avant huit jours, tout est fini. Homais se recula de stupéfaction. Elle descendit ses trois marches, et, lui parlant à l'oreille - Comment ! vous ne savez pas cela ? On va le saisir cette semaine. C'est Lheureux qui le fait vendre. Il l'a assassiné de billets. - Quelle épouvantable catastrophe ! s'écria l'apothicaire, qui avait toujours des expressions congruantes à toutes les circonstances imaginables. L'hÎtesse donc se mit à lui raconter cette histoire, qu'elle savait par Théodore, le domestique de M. Guillaumin, et, bien qu'elle exécrùt Tellier, elle blùmait Lheureux. C'était un enjÎleur, un rampant. - Ah ! tenez, dit-elle, le voilà sous les halles ; il salue madame Bovary, qui a un chapeau vert. Elle est mÃÂȘme au bras de M. Boulanger. - Madame Bovary fit Homais. Je m'empresse d'aller lui offrir mes hommages. Peut-ÃÂȘtre qu'elle sera bien aise d'avoir une place dans l'enceinte, sous le péristyle. Et, sans écouter la mÚre Lefrançois, qui le rappelait pour lui en conter plus long, le pharmacien s'éloigna d'un pas rapide, sourire aux lÚvres et jarret tendu, distribuant de droite et de gauche quantité de salutations et emplissant beaucoup d'espace avec les grandes basques de son habit noir, qui flottaient au vent derriÚre lui. Rodolphe, l'ayant aperçu de loin, avait pris un train rapide ; mais madame Bovary s'essouffla ; il se ralentit donc et lui dit en souriant, d'un ton brutal - C'est pour éviter ce gros bonhomme vous savez, l'apothicaire. Elle lui donna un coup de coude. - Qu'est-ce que cela signifie ? se demanda-t-il. Et il la considéra du coin de l'oeil, tout en continuant à marcher. Son profil était si calme, que l'on n'y devinait rien. Il se détachait en pleine lumiÚre, dans l'ovale de sa capote qui avait des rubans pùles ressemblant à des feuilles de roseau. Ses yeux aux longs cils courbes regardaient devant elle, et, quoique bien ouverts, ils semblaient un peu bridés par les pommettes, à cause du sang, qui battait doucement sous sa peau fine. Une couleur rose traversait la cloison de son nez. Elle inclinait la tÃÂȘte sur l'épaule, et l'on voyait entre ses lÚvres le bout nacré de ses dents blanches. - Se moque-t-elle de moi ? songeait Rodolphe. Ce geste d'Emma pourtant n'avait été qu'un avertissement ; car M. Lheureux les accompagnait, et il leur parlait de temps à autre, comme pour entrer en conversation. - Voici une journée superbe ! tout le monde est dehors ! les vents sont à l'est. Et madame Bovary, non plus que Rodolphe, ne lui répondait guÚre, tandis qu'au moindre mouvement qu'ils faisaient, il se rapprochait en disant " PlaÃt-il ? " et portait la main à son chapeau. Quand ils furent devant la maison du maréchal, au lieu de suivre la route jusqu'à la barriÚre, Rodolphe, brusquement, prit un sentier, entraÃnant madame Bovary ; il cria - Bonsoir, M. Lheureux ! au plaisir ! - Comme vous l'avez congédié ! dit-elle en riant. - Pourquoi, reprit-il, se laisser envahir par les autres ? et, puisque, aujourd'hui, j'ai le bonheur d'ÃÂȘtre avec vous... Emma rougit. Il n'acheva point sa phrase. Alors il parla du beau temps et du plaisir de marcher sur l'herbe. Quelques marguerites étaient repoussées. - Voici de gentilles pùquerettes, dit-il, et de quoi fournir bien des oracles à toutes les amoureuses du pays. Il ajouta - Si j'en cueillais. Qu'en pensez-vous ? - Est-ce que vous ÃÂȘtes amoureux ? fit-elle en toussant un peu. - Eh ! eh ! qui sait ? répondit Rodolphe. Le pré commençait à se remplir, et les ménagÚres vous heurtaient avec leurs grands parapluies, leurs paniers et leurs bambins. Souvent il fallait se déranger devant une longue file de campagnardes, servantes en bas bleus, à souliers plats, à bagues d'argent, et qui sentaient le lait, quand on passait prÚs d'elles. Elles marchaient en se tenant pars la main, et se répandaient ainsi sur toute la longueur de la prairie, depuis la ligne des trembles jusqu'à la tente du banquet. Mais c'était le moment de l'examen, et les cultivateurs, les uns aprÚs les autres, entraient dans une maniÚre d'hippodrome que formait une longue corde portée sur des bùtons. Les bÃÂȘtes étaient là , le nez tourné vers la ficelle, et alignant confusément leurs croupes inégales. Des porcs assoupis enfonçaient en terre leur groin ; des veaux beuglaient ; des brebis bÃÂȘlaient ; les vaches, un jarret replié, étalaient leur ventre sur le gazon, et, ruminant lentement, clignaient leurs paupiÚres lourdes, sous les moucherons qui bourdonnaient autour d'elles. Des charretiers, les bras nus, retenaient par le licou des étalons cabrés, qui hennissaient à pleins naseaux du cÎté des juments. Elles restaient paisibles, allongeant la tÃÂȘte et la criniÚre pendante, tandis que leurs poulains se reposaient à leur ombre, ou venaient les téter quelquefois ; et, sur la longue ondulation de tous ces corps tassés, on voyait se lever au vent, comme un flot, quelque criniÚre blanche, ou bien saillir des cornes aiguÃs, et des tÃÂȘtes d'hommes qui couraient. A l'écart, en dehors des lices, cent pas plus loin, il y avait un grand taureau noir muselé, portant un cercle de fer à la narine, et qui ne bougeait pas plus qu'une bÃÂȘte de bronze. Un enfant en haillons le tenait par une corde. Cependant, entre les deux rangées, des messieurs s'avançaient d'un pas lourd, examinant chaque animal, puis se consultaient à voix basse. L'un d'eux, qui semblait plus considérable, prenait, tout en marchant, quelques notes sur un album. C'était le président du jury M. Derozerays de la Panville. SitÎt qu'il reconnut Rodolphe, il s'avança vivement, et lui dit en souriant d'un air aimable - Comment, monsieur Boulanger, vous nous abandonnez ? Rodolphe protesta qu'il allait venir. Mais quand le président eut disparu - Ma foi, non, reprit-il, je n'irai pas ; votre compagnie vaut bien la sienne. Et, tout en se moquant des comices, Rodolphe, pour circuler plus à l'aise, montrait au gendarme sa pancarte bleue, et mÃÂȘme il s'arrÃÂȘtait parfois devant quelque beau sujet , que madame Bovary n'admirait guÚre. Il s'en aperçut, et alors se mit à faire des plaisanteries sur les dames d'Yonville, à propos de leur toilette ; puis il s'excusa lui-mÃÂȘme du négligé de la sienne. Elle avait cette incohérence de choses communes et recherchées, oÃÂč le vulgaire, d'habitude, croit entrevoir la révélation d'une existence excentrique, les désordres du sentiment, les tyrannies de l'art, et toujours un certain mépris des conventions sociales, ce qui le séduit ou l'exaspÚre. Ainsi sa chemise de batiste à manchettes plissées bouffait au hasard du vent, dans l'ouverture de son gilet, qui était de coutil gris, et son pantalon à larges raies découvrait aux chevilles ses bottines de nankin, claquées de cuir verni. Elles étaient si vernies, que l'herbe s'y reflétait. Il foulait avec elles les crottins de cheval, une main dans la poche de sa veste et son chapeau de paille mis de cÎté. - D'ailleurs, ajouta-t-il, quand on habite la campagne... - Tout est peine perdue, dit Emma. - C'est vrai ! répliqua Rodolphe. Songer que pas un seul de ces braves gens n'est capable de comprendre mÃÂȘme la tournure d'un habit ! Alors ils parlÚrent de la médiocrité provinciale, des existences qu'elle étouffait, des illusions qui s'y perdaient. - Aussi, disait Rodolphe, je m'enfonce dans une tristesse... - Vous ! fit-elle avec étonnement. Mais je vous croyais trÚs gai ? - Ah ! oui d'apparence, parce qu'au milieu du monde je sais mettre sur mon visage un masque railleur ; et cependant que de fois, à la vue d'un cimetiÚre, au clair de lune je me suis demandé si je ne ferais pas mieux d'aller rejoindre ceux qui sont à dormir... - Oh ! Et vos amis ? dit-elle. Vous n'y pensez pas. - Mes amis ? lesquels donc ? en ai-je ? Qui s'inquiÚte de moi ? Et il accompagna ces derniers mots d'une sorte de sifflement entre ses lÚvres. Mais ils furent obligés de s'écarter l'un de l'autre, à cause d'un grand échafaudage de chaises qu'un homme portait derriÚre eux. Il en était si surchargé, que l'on apercevait seulement la pointe de ses sabots, avec le bout de ses deux bras, écartés droit. C'était Lestiboudois, le fossoyeur, qui charriait dans la multitude les chaises de l'église. Plein d'imagination pour tout ce qui concernait ses intérÃÂȘts, il avait découvert ce moyen de tirer parti des comices ; et son idée lui réussissait, car il ne savait plus auquel entendre. En effet, les villageois, qui avaient chaud, se disputaient ces siÚges dont la paille sentait l'encens, et s'appuyaient contre leurs gros dossiers salis par la cire des cierges, avec une certaine vénération. Madame Bovary reprit le bras de Rodolphe ; il continua comme se parlant à lui-mÃÂȘme - Oui ! tant de choses m'ont manqué ! toujours seul ! Ah ! Si j'avais eu un but dans la vie, si j'eusse rencontré une affection, si j'avais trouvé quelqu'un... Oh ! comme j'aurais dépensé toute l'énergie dont je suis capable, j'aurais surmonté tout, brisé tout ! - Il me semble pourtant, dit Emma, que vous n'ÃÂȘtes guÚre à plaindre. - Ah ! vous trouvez ? fit Rodolphe. - Car enfin..., reprit-elle, vous ÃÂȘtes libre. Elle hésita - Riche. - Ne vous moquez pas de moi, répondit-il. Et elle jurait qu'elle ne se moquait pas, quand un coup de canon retentit ; aussitÎt, on se poussa, pÃÂȘle-mÃÂȘle, vers le village. C'était une fausse alerte. M. le préfet n'arrivait pas ; et les membres du jury se trouvaient fort embarrassés, ne sachant s'il fallait commencer la séance ou bien attendre encore. Enfin, au fond de la Place, parut un grand landau de louage, traÃné par deux chevaux maigres, que fouettait à tour de bras un cocher en chapeau blanc. Binet n'eut que le temps de crier " Aux armes ! " et le colonel de l'imiter. On courut vers les faisceaux. On se précipita. Quelques-uns mÃÂȘme oubliÚrent leur col. Mais l'équipage préfectoral sembla deviner cet embarras, et les deux rosses accouplées, se dandinant sur leur chaÃnette, arrivÚrent au petit trot devant le péristyle de la mairie, juste au moment oÃÂč la garde nationale et les pompiers s'y déployaient, tambour battant, et marquant le pas. - Balancez ! cria Binet. - Halte ! cria le colonel. Par file à gauche ! Et, aprÚs un port d'armes oÃÂč le cliquetis des capucines, se déroulant, sonna comme un chaudron de cuivre qui dégringole les escaliers, tous les fusils retombÚrent. Alors on vit descendre du carrosse un monsieur vÃÂȘtu d'un habit court à broderie d'argent, chauve sur le front, portant toupet à l'occiput, ayant le teint blafard et l'apparence des plus bénignes. Ses deux yeux, fort gros et couverts de paupiÚres épaisses, se fermaient à demi pour considérer la multitude, en mÃÂȘme temps qu'il levait son nez pointu et faisait sourire sa bouche rentrée. Il reconnut le maire à son écharpe, et lui exposa que M. le préfet n'avait pu venir. Il était, lui, un conseiller de préfecture ; puis il ajouta quelques excuses. Tuvache y répondit par des civilités, l'autre s'avoua confus ; et ils restaient ainsi, face à face, et leurs fronts se touchant presque, avec les membres du jury tout alentour, le conseil municipal, les notables, la garde nationale et la foule. M. le conseiller, appuyant contre sa poitrine son petit tricorne noir, réitérait ses salutations, tandis que Tuvache, courbé comme un arc, souriait aussi, bégayait, cherchait ses phrases, protestait de son dévouement à la monarchie, et de l'honneur que l'on faisait à Yonville. Hippolyte, le garçon de l'auberge, vint prendre par la bride les chevaux du cocher, et tout en boitant de son pied bot, il les conduisit sous le porche du Lion d'Or , oÃÂč beaucoup de paysans s'amassÚrent à regarder la voiture. Le tambour battit, l'obusier tonna, et les messieurs à la file montÚrent s'asseoir sur l'estrade, dans les fauteuils en utrecht rouge qu'avait prÃÂȘtés madame Tuvache. Tous ces gens-là se ressemblaient. Leurs molles figures blondes, un peu hùlées par le soleil, avaient la couleur du cidre doux, et leurs favoris bouffants s'échappaient de grands cols roides, que maintenaient des cravates blanches à rosette bien étalée. Tous les gilets étaient de velours, à chùle ; toutes les montres portaient au bout d'un long ruban quelque cachet ovale en cornaline ; et l'on appuyait ses deux mains sur ses deux cuisses, en écartant avec soin la fourche du pantalon, dont le drap non décati reluisait plus brillamment que le cuir des fortes bottes. Les dames de la société se tenaient derriÚre, sous le vestibule, entre les colonnes, tandis que le commun de la foule était en face, debout, ou bien assis sur des chaises. En effet, Lestiboudois avait apporté là toutes celles qu'il avait déménagées de la prairie, et mÃÂȘme il courait à chaque minute en chercher d'autres dans l'église, et causait un tel encombrement par son commerce, que l'on avait grand-peine à parvenir jusqu'au petit escalier de l'estrade. - Moi, je trouve, dit M. Lheureux s'adressant au pharmacien, qui passait pour gagner sa place , que l'on aurait dû planter là deux mùts vénitiens avec quelque chose d'un peu sévÚre et de riche comme nouveautés, c'eût été d'un fort joli coup d'oeil. - Certes, répondit Homais. Mais, que voulez-vous ! c'est le maire qui a tout pris sous son bonnet. Il n'a pas grand goût, ce pauvre Tuvache, et il est mÃÂȘme complÚtement dénué de ce qui s'appelle le génie des arts. Cependant Rodolphe, avec madame Bovary, était monté au premier étage de la mairie, dans la salle des délibérations , et, comme elle était vide, il avait déclaré que l'on y serait bien pour jouir du spectacle plus à son aise. Il prit trois tabourets autour de la table ovale, sous le buste du monarque, et, les ayant approchés de l'une des fenÃÂȘtres, ils s'assirent l'un prÚs de l'autre. Il y eut une agitation sur l'estrade, de longs chuchotements, des pourparlers. Enfin, M. le Conseiller se leva. On savait maintenant qu'il s'appelait Lieuvain, et l'on se répétait son nom de l'un à l'autre, dans la foule. Quand il eut donc collationné quelques feuilles et appliqué dessus son oeil pour y mieux voir, il commença " Messieurs, " Qu'il me soit permis d'abord avant de vous entretenir de l'objet de cette réunion d'aujourd'hui, et ce sentiment, j'en suis sûr, sera partagé par vous tous , qu'il me soit permis, dis-je, de rendre justice à l'administration supérieure, au gouvernement, au monarque, messieurs, à notre souverain, à ce roi bien-aimé à qui aucune branche de la prospérité publique ou particuliÚre n'est indifférente, et qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'Etat parmi les périls incessants d'une mer orageuse, sachant d'ailleurs faire respecter la paix comme la guerre, l'industrie, le commerce, l'agriculture et les beaux-arts. " - Je devrais, dit Rodolphe ; me reculer un peu. - Pourquoi ? dit Emma. Mais, à ce moment, la voix du Conseiller s'éleva d'un ton extraordinaire. Il déclamait " Le temps n'est plus, messieurs, oÃÂč la discorde civile ensanglantait nos places publiques, oÃÂč le propriétaire, le négociant, l'ouvrier lui-mÃÂȘme, en s'endormant le soir d'un sommeil paisible, tremblaient de se voir réveillés tout à coup au bruit des tocsins incendiaires, oÃÂč les maximes les plus subversives sapaient audacieusement les bases. " - C'est qu'on pourrait, reprit Rodolphe, m'apercevoir d'en bas ; puis j'en aurais pour quinze jours à donner des excuses, et, avec ma mauvaise réputation... - Oh ! vous vous calomniez, dit Emma. - Non, non, elle est exécrable, je vous jure. " Mais, messieurs, poursuivait le Conseiller, que si, écartant de mon souvenir ces sombres tableaux, je reporte mes yeux sur la situation actuelle de notre belle patrie qu'y vois-je ? Partout fleurissent le commerce et les arts ; partout des voies nouvelles de communication, comme autant d'artÚres nouvelles dans le corps de l'Etat, y établissent des rapports nouveaux ; nos grands centres manufacturiers ont repris leur activité ; la religion, plus affermie, sourit à tous les coeurs ; nos ports sont pleins, la confiance renaÃt, et enfin la France respire !... " - Du reste, ajouta Rodolphe, peut-ÃÂȘtre, au point de vue du monde, a-t-on raison ? - Comment cela ? fit-elle. - Eh quoi ! dit-il, ne savez-vous pas qu'il y a des ùmes sans cesse tourmentées ? Il leur faut tour à tour le rÃÂȘve et l'action, les passions les plus pures, les jouissances les plus furieuses, et l'on se jette ainsi dans toutes sortes de fantaisies, de folies. Alors elle le regarda comme on contemple un voyageur qui a passé par des pays extraordinaires, et elle reprit - Nous n'avons pas mÃÂȘme cette distraction, nous autres pauvres femmes ! - Triste distraction, car on n'y trouve pas le bonheur. - Mais le trouve-t-on jamais ? demanda-t-elle. - Oui, il se rencontre un jour, répondit-il. " Et c'est là ce que vous avez compris, disait le Conseiller. Vous, agriculteurs et ouvriers des campagnes ; vous, pionniers pacifiques d'une oeuvre toute de civilisation ! vous, hommes de progrÚs et de moralité ! vous avez compris, dis-je, que les orages politiques sont encore plus redoutables vraiment que les désordres de l'atmosphÚre... " - Il se rencontre un jour, répéta Rodolphe, un jour, tout à coup, et quand on en désespérait. Alors des horizons s'entrouvrent, c'est comme une voix qui crie " Le voilà ! " Vous sentez le besoin de faire à cette personne la confidence de votre vie, de lui donner tout, de lui sacrifier tout ! On ne s'explique pas, on se devine. On s'est entrevu dans ses rÃÂȘves. Et il la regardait. Enfin, il est là , ce trésor que l'on a tant cherché, là , devant vous ; il brille, il étincelle. Cependant on en doute encore, on n'ose y croire ; on en reste ébloui ; comme si l'on sortait des ténÚbres à la lumiÚre. Et, en achevant ces mots, Rodolphe ajouta la pantomime à sa phrase. Il se passa la main sur le visage, tel qu'un homme pris d'étourdissement ; puis il la laissa retomber sur celle d'Emma. Elle retira la sienne. Mais le Conseiller lisait toujours " Et qui s'en étonnerait, messieurs ? Celui-là seul qui serait assez aveugle, assez plongé Je ne crains pas de le dire , assez plongé dans les préjugés d'un autre ùge pour méconnaÃtre encore l'esprit des populations agricoles. OÃÂč trouver, en effet, plus de patriotisme que dans les campagnes, plus de dévouement à la cause publique, plus d'intelligence en un mot ? Et je n'entends pas, messieurs, cette intelligence superficielle, vain ornement des esprits oisifs, mais plus de cette intelligence profonde et modérée, qui s'applique par-dessus toute chose à poursuivre des buts utiles, contribuant ainsi au bien de chacun, à l'amélioration commune et au soutien des Etats, fruit du respect des lois et de la pratique des devoirs... " - Ah ! encore, dit Rodolphe. Toujours les devoirs, je suis assommé de ces mots-là . Ils sont un tas de vieilles gan
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Que crier ne sert jamais Ă  rien ? On parle tout autour de moi, je ne comprends rien. Bien des gens me font la cible de leur regard noir. Ah non cette fois je n’y suis pour rien ! HĂ© ! HĂ© Logan qu’est ce qu’il se passe ! »Le prof ne s’arrĂȘte pas mais continue son chemin en sens inverse de la foule. Je t’ai dĂ©jĂ  dis de ne pas m’appeler par mon prĂ©nom devant tout le monde, chui ton prof merde ! » Scuse ! Bon qu’est ce qu’il y a ? Pourquoi ça cri comme ça ? » Une fille vient de se faire agresser, un type avec un couteau, enfin Ă  ce qu’elle dit c’était plein de fumĂ©e... et le pire dans tout ça je n’arrive pas Ă  le localiser ! »Comment pourrait-il localiser de la fumĂ©e !___________________________________________________________________________ * Ne fait pas de bruit ! ** C’est toi qu’en fais espĂšce de cachalot ! ** Toi-mĂȘme phacochĂšre ! ** Commence pas Ă  m’insulter ! ** C’est toi qu’à commencĂ© ! *Bon c’est vrai il a raison mais c’est lui qui a fait du bruit en premier ! Ce n’est pas la premiĂšre fois qu’on sort en pleine nuit alors merde il pourrait faire attention depuis le temps !* Mais putain jte dis que ce n’est pas moi ! donc c’est toi !* Je suis certaine que je n’ai rien touchĂ©. Je descendais tranquillement l’escalier du dortoir au moment ou j’ai entendu comme le raclement d’une arme blanche... soit les griffes d’Ashkane ! Ça ne pouvait ĂȘtre que ça merde !* HĂ© lara croft Ă©coute bien CE N’EST PAS MOI ! *Alors... si ce n’est ni lui ni moi. C’était quoi ce putain de bruit ?* J’n’aime pas cette nuit ! ** T’es pas le seul, ça me donne la chair de poule ** Poule mouillĂ©e ! ** Aha morte de rire ** HĂ© tu m’as tendu la perche ! ** Oh ça va tais-toi ! *Minuit ? Non l’heure du crime Ă©tait passĂ©e depuis une heure dĂ©jĂ . Mais cette nuit serait diffĂ©rente, peut-ĂȘtre, surement. C’était le genre de nuit oĂč les pressentiments font genre de nuit oĂč j’entends le vent souffler dans les feuilles des arbres alors qu’elles restent parfaitement immobiles... ce genre de nuit oĂč on sait qu’il va se passer quelque chose. Cette nuit lĂ . * Je crois que ce soir on va sle faire ! ** Wesh man ! *Depuis qu’une jeune fille avait Ă©tĂ© agressĂ©e dans la nuit, on avait passĂ© quelques temps nos nuits entiĂšres dans l’infirmerie. J’avais fait assez de connerie dans cette Ă©cole. Pour une fois dans ma vie je n’allais RIEN faire. Je n’étais pas superwoman ou je ne sais qu’elle hĂ©roĂŻne. J’étais mortelle comme tout le monde mĂȘme si j’avais deux atouts. Le premier Ă©tait mon pouvoir, trĂšs utile et efficace et le second le simple » entrainement que j’avais reçu. Ne plus ressentir ni de peur ni de douleur... c’était bien. Peut-ĂȘtre, surement. Mais ça revenait Ă  ne plus ĂȘtre humaine. Non impossible. Je n’avais pus l’accepter. Je n’avais pu fuir et grĂące Ă  cette Ă©cole, Ă  ses habitants, je devenais peu Ă  peu celle que j’aurais du ĂȘtre. MĂȘme si bien des choses resteraient, bien des choses Ă©taient encore prĂ©sentes. Si je pouvais maintenant ressentir une foule de sentiments, deux m’échappaient encore la peur et la douleur. Les deux Ă©taient-elles liĂ©es ? Ne plus avoir peur... C’était derriĂšre cette minable excuse, l’excuse de mon passĂ©e, que je me retranchait pour expliquer ma prĂ©sence en pleine nuit dans les couloirs de l’école alors qu’un tueur enragĂ© courait librement dehors. Mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais plus le laisser faire. Pas aprĂšs ce qu’il avait fait, depuis des jours et des jours Ă  ces Ă©lĂšves, Ă  Calypso. J’allais bien sur, tout droit dans la gueule du loup. Qui sait peut-ĂȘtre que ça se terminerait ce soir. Mais le pressentiment que j’avais Ă©tait tout autre. Quelque chose allait se passer et ce ne serait pas forcement en ma faveur. * Tu as entendu ? ** Oui, encore un bruit mais bon on sait pas qui traine dans les couloirs en plus de nous *Oui. VoilĂ  pourquoi nous passĂąmes par les cuisines histoire de choper un ou deux couteaux. C’est toujours utiles ces trucs lĂ  ^^ mĂȘme si je n’en avais pas besoin. MĂȘme si mon pouvoir pouvait les remplacer. On ne sait jamais sur quoi -ou qui- on peut tomber. La vie Ă  l’universitĂ© m’avait prouvĂ© qu’on pouvait rencontrer bien des gens avec des pouvoirs diffĂ©rents et d’autres semblables. Je ne tenais pas Ă  tomber face Ă  face avec quelqu’un capable de neutraliser les pouvoirs des autres... Comme mon maitre. * Putain t’as entendu lĂ  ? ** Ici ! *Par bonheur la porte de la bibliothĂšque s’ouvrit sans grincer. Quelque part dans l’obscuritĂ© des rayonnages une fenĂȘtre mal refermĂ©e claquait. Putain faut ĂȘtre vraiment dĂ©bile pour laisser une fenĂȘtre ouverte alors qu’un tueur rode et pourrait s’en servir pour rentrer !* Bon viens on va fermer ça !*Le problĂšme c’est que les fenĂȘtres de la bibliothĂšque Ă©taient toutes fermĂ©es. Toutes, mĂȘme celles du fond, lĂ  oĂč il faisait toujours noir mĂȘme en plein jours.* J’n’aime pas ça * grognais-je en serrant les dents. DerniĂšre Ă©dition par Kalhan XĂ©nia le Jeu 17 Juin - 1241, Ă©ditĂ© 3 fois Aaron Dwayne ...ou comment ĂȘtre un Feu Follet sur pattes \o/ » Messages 4008Date d'inscription 07/08/2009Age 29Localisation Entre les lignes de son Histoire Feuille de personnageAge de l'humain 28 ans =PPouvoir DĂ©clenche des Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Mer 16 Juin - 2141 Une silhouette sombre passa sur la pelouse. Si silencieuse et si discrĂšte qu'Aaron cru qu'il avait rĂȘvĂ©. Ne rĂ©agit pas. MĂȘme si son instinct lui criait d'aller voir. Il avait autre chose Ă  faire. Penser, par exemple. Penser Ă  ce qui s'Ă©tait passĂ© cette soirĂ©e lĂ , en ville, cette aprĂšs midi lĂ , dans le parc, ce matin lĂ , Ă  la plage. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Le cri retentit dans la nuit, et tout s'enchaina Ă  une vitesse surhumaine. Kalhan ! KALHAN ! Putain passe moi devant, j'te dirais rien... »Elle ne l'avait pas entendu, trop occupĂ©e Ă  se diriger vers les dortoirs, comme la plupart des gens Ă©veillĂ©s dans LindwuĂ«n cette nuit lĂ . Tout le monde Ă©tait rĂ©veillĂ©. Assit sur cette fenĂȘtre d'oĂč il avait dĂ©jĂ  vu Kalhan chercher Ă  entrer chez Wolf avant la guerre, Aaron avait rĂ©agit Ă  une vitesse incroyable. Le temps de voir la jeune fille passer au loin et il s'Ă©tait dĂ©cidĂ©. Merde ! C'Ă©tait quoi ce cri ? Il s'Ă©tait accroupit, avait sautĂ© les trois quatre mĂštres qui le sĂ©paraient du sol sans problĂšmes et avait couru jusqu'Ă  la chambre. Il avait jouĂ© des coudes pour se frayer un chemin, avait fini par se retrouver face Ă  une gamine en sang et pourtant entiĂšre qui Ă©tait dans les bras de Logan. Et merde. Tu l'as... » Non. Je n'ai rien vu. »Aaron avait serrĂ© les dents, grimacĂ© et Ă©tait ressortit de la piĂšce en repoussant des Ă©lĂšves trop curieux. Il s'Ă©tait retrouvĂ© seul dehors, avait sondĂ© la nuit de ses yeux gris. N'avait pas captĂ© le pan de cape sombre qui flottait entre les branches d'un grand arbre. Ni le sourire carnassier qui s'Ă©tait affichĂ© sur les lĂšvres de l'Ombre. Il Ă©tait furieux, furieux de ne pas avoir Ă©tĂ© lĂ . Et dire qu'elle aurait pu mourir ! En tant que pion il aurait du surveiller LindwuĂ«n. Il aurait du... GaĂŻa referma ses petites serres sur son Ă©paule et regarda la nuit d'un Ɠil sombre. Dark and difficult times lie ahead. ______________________________________________Une silhouette sombre passa sur la pelouse. Si silencieuse et si discrĂšte qu'Aaron cru qu'il avait rĂȘvĂ©. Pas cette fois... ImmĂ©diatement il s'accroupit et se prĂ©para Ă  sauter. Si la lune n'avait pas accrochĂ© un Ă©clair brun et l'ombre immense d'une crĂ©ature dĂ©mesurĂ©ment...poilue. Ashkane. Aaron jura et sauta tout de mĂȘme. Sa cheville craqua et il retint un cri, roulĂ© en boule sur son pied, espĂ©rant qu'elle n'Ă©tait pas cassĂ©e. Merde ! Les dents serrĂ©es, il se releva et se rendit compte qu'il n'avait heureusement rien. C'Ă©tait juste un peu douloureux. Kalhan s'Ă©tait Ă©vanouie dans la nuit et seule la vigilance constante de GaĂŻa permit Ă  Aaron de la retrouver. La jeune fille et son daĂ«mon passĂšrent dans la bibliothĂšque silencieusement et le pion se sentit de plus en plus en colĂšre. Il referma la porte sans bruits derriĂšre lui, les entendit chuchoter plus loin. Serrant les poings, il se dirigea d'un pas ferme vers la jeune fille qu'il considĂ©rait comme sa meilleure amie, voire sa petite sƓur. Kalhan ! » gronda-t-il en chuchotant. Putain qu'est ce que vous foutez ici tous les deux ? Vous savez pas que c'est pas le moment de se balader seuls la nuit ? Merde! Mais vous avez quoi dans le crĂąne ?? »Il Ă©tait en colĂšre. Et si jamais elle s'Ă©tait fait attaquĂ©e par l'autre fou ?! Si jamais ils l'avaient trouvĂ©e le lendemain, baignant seule dans son sang, sans son daĂ«mon Ă  ses cĂŽtĂ©s ? Putain ! Le chuchotement d'un voile sur le bois l'arrĂȘta alors qu'il allait encore leur gueuler dessus sans Ă©lever la voix. Aaron se redressa et regarda partout autour de lui en fronçant les sourcils, tous ses sens aux aguets. Il serra la mĂąchoire Ă  s'en faire pĂ©ter les dents et foudroya Kalhan du regard. Sortez d'ici, maintenant ! » continua-t-il sur le mĂȘme ton bruit d'une serrure qui se ferme retentit, suivit d'un frisson accompagnĂ© d'un souffle froid dans toute la piĂšce. Aaron serra les poings, sentant son coeur se mettre Ă  battre plus fort dans sa poitrine, l'adrĂ©naline lui montant Ă  la tĂȘte. Pas ce soir, pas ce soir... Si jamais..Et pourtant. L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Mer 16 Juin - 2229 L'Ombre hĂ©sitait entre fulminer et jubiler. Ce qu'il avait devant lui Ă©tait d'une telle incongruitĂ© dans cette universitĂ© ! Il n'avait jamais vu ça. Au milieu de ces gamins et de ces professeurs trouillards, une Ă©tincelle. Il ne savait pas trĂšs bien si il avait envie de l'Ă©craser ou de la cultiver au contraire. Une chose Ă©tait sure il voulait comprendre. Comprendre. Pourquoi. Pourquoi cette fille n'avait elle pas peur ? Le Suiveur siffla rageusement et se faufila Ă  l'arriĂšre de la nuque de son maitre, dans la pĂ©nombre de sa capuche. A l'abri. Pour ne pas ressentir ce qu'elle ne supportait pas ressentir. De l'incomprĂ©hension... accompagnĂ©e d'une pointe d'apprĂ©hension. Le Suiveur se ramassa en une boule de rage et elle se mit Ă  persifler des horreurs. Tuer. DĂ©pecer. Faire peur. Faire mal. TrĂšs mal ! Encore et encore. Jusqu'Ă  ce qu'elle crie ! AprĂšs fini ! Plus d'erreur. L'Ombre passa sa main dans sa capuche et caressa les contours de son daĂ«mon en la calmant. Chut, nous verrons ma belle, nous verrons. Le Suiveur siffla et se mit Ă  trembler de rage. Elle n'aimait vraiment pas cette gamine. Pourquoi ? Lui ça l'excitait de dĂ©couvrir de nouvelles choses ! Et de toute Ă©vidence il en avait trouvĂ© une belle cette Kalhan n'avait pas peur. Et ça l'intriguait. Alors il l'avait suivit, jubilĂ© lorsqu'elle Ă©tait sortie, apparemment Ă  sa recherche. Ainsi tu cherche le loup ma belle ? Ne te pleins pas de sentir la morsure de ses crocs lorsqu'il t'attrapera... Oh que oui il l'attraperait ! Et qui sait ce qu'il lui ferait ensuite...Autre. Homme. Presque silencieux . Il Ă©tait entrĂ© dans la bibliothĂšque par une fenĂȘtre mal fermĂ©e sous sa forme d'ombre, l'avait refermĂ©e ce qui avait semblĂ© perturber la fille. Et l'autre Ă©tait arrivĂ©. CachĂ© derriĂšre une pile de livres, l'Ombre l'avait regardĂ© s'approcher en se disant que si Le Suiveur ne l'avait pas avertit.. Non. Il Ă©tait bruyant lui aussi. Personne n'Ă©tait aussi silencieux que lui. Le Suiveur ronronna amoureusement et posa une tĂȘte de fumĂ©e sur son Ă©paule. Tuer ? Dommage. Gris. Et silencieux. L'Ombre la foudroya du regard et pour une fois elle soutint ses yeux d'acier avec une pointe d'ironie. Il la trompait en aimant bien le mystĂšre de cette fille, elle le trompait en disant que cet homme Ă©tait silencieux. L'Ombre la dĂ©visagea d'un Ɠil nouveau et finit par sourire. D'un sourire froid. Qu'elle aima immĂ©diatement. Tuer ? Tuer. Il le confirma et se redressa en silence. Le Suiveur eut un petit ricanement Ă©touffĂ© et s'envola vers le plafond pour se couler jusqu'Ă  la porte. Se glissant dans la serrure, elle ferma la porte Ă  clĂ©. Attendit que son humain fasse le travail. Un rire narquois s'Ă©chappa des lĂšvres de l'Ombre et il sortit Ă  dĂ©couvert. Pour une fois. Le visage Ă  demi cachĂ© par sa capuche c'Ă©tait la premiĂšre fois qu'il le faisait vraiment. Il sentait qu'il allait se battre. Adorait ça . Bonsoir, bonsoir... » lĂącha-t-il d'une voix grave et rocailleuse. DĂ©licieusement ironique. Que font deux agneaux hors de la bergerie Ă  cette heure ci ? C'est une imprudence Ă  appĂąter le loup.. AllĂ©chant. TrĂšs allĂ©chant.. »Ses yeux glissĂšrent sur le corps de la fille qui Ă©tait magnifiquement bien taillĂ©e pour le combat. Le Suiveur eut un rire mauvais dans sa serrure. L'Ombre pencha la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, un sourire amusĂ© se dessinant sur ses lĂšvres lorsqu'il repĂ©ra les couteaux. Tututu... Il claqua de la langue et siffla comme un serpent. Mauvais ! Pas rĂ©sister ! Sinon tuer » Exactement, alors tes couteaux, ma jolie, c'est une mauvaise idĂ©e. »Il regarda ensuite l'homme d'un air moqueur et se coula au centre de la piĂšce, entre la porte et le couple de jeunes gens. Il recula lĂ©gĂšrement son pied droit, s'appuyant sur son gauche, son pied d'appui. Tendant lentement la main droite Ă  la l'horizontale de son corps il fit jaillir doucement le poignard qui Ă©tait attachĂ© Ă  son poignet. La lame siffla doucement et une lueur folle brilla dans ses yeux. Il avait tellement envie de voir si elle Ă©tait capable d'autant de chose que son corps promettait !! C'en Ă©tait fou. L'autre n'avait pas le moindre intĂ©rĂȘt, il n'avait pas l'air armĂ©. Seul son silence lorsqu'il se dĂ©plaçait Ă©tait inquiĂ©tant. Mais Le Suiveur Ă©tait lĂ  pour l'aider. Toujours lĂ  Tout dans son corps rayonnait d'une puissance sans nom, d'une Ă©nergie sauvage qui ne demandait qu'Ă  se libĂ©rer et qu'il contenait prĂ©cieusement pour s'en servir plus tard. Quand il en aurait rĂ©ellement us fight... † Kalhan XĂ©nia Grande gueule traumatiseuse de nouveaux en chef » Messages 4011Date d'inscription 13/08/2009Age 30Feuille de personnageAge de l'humain 19 ansPouvoir PsychokinĂ©sie Peut tout faire par l'espritRelations Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Jeu 17 Juin - 012 Et l’heure du crime Ă©tait passĂ©e depuis longtemps Si c’était le tueur en question il ne faisait aucun effort pour se dissimuler. Le bruit de ses pas bien que beaucoup plus silencieux que le commun des mortels raisonnait dans les allĂ©es de livres. * C’est bon je reconnais Aaron *Quoi ? Mais qu’est ce qu’il fou ici lui ? Il ne sait pas qu’il y a un tueur qui ... et si jamais il se faisait attaquĂ© et si... et merde. Il pensait surement la mĂȘme Ă  mon sujet, la preuve le voilĂ  qui dĂ©barque comme un taureau furieux. Oui il le pensait exactement. Croit-il seulement que je vais renoncer ? Pion ou non , ça suffit ! Il ne suffit pas d'ĂȘtre en colĂšre. MĂȘme si voir Aaron dans un tel Ă©tat d'Ă©nervement aurait pu me faire rougir de honte. Fou nous ? Non au contraire. Surement la mĂȘme chose que toi mais... » Ce qu’on a dans le crane ? Et toi alors ? ZĂȘtes pas fichu de l’arrĂȘter ce type ! Nous on va en faire de la fricassĂ© de meurtrier ! Tu veux quoi l’aile ou la cuisse ? »Oh ! PAF, il l’avait mĂ©ritĂ© cette baffe. Le ligre me regarda avec des yeux ronds plus Ă©tonnĂ© que jamais. Quand comprendrait-il ? Quand apprendrait-il Ă  ce tenir ? Putain ce n’est pas le moment Ash ! Ce n’est pas le moment !!! Je sentis au fond qu’il Ă©tait vexĂ©. Il avait cru, il avait vraiment cru que je l’appuierais sur ce coup. Mais comment aurais-je pu dire Ă  quelqu’un qu’il n’était pas fichu d’attraper un meurtrier ? A Aaron ! Oui on Ă©tait sorti pour ça ce soir, oui on allait essayer de l’avoir mais ce n’est pas le moment de faire chier son monde ! Merde Ă  la fin ! Que l’on soit jeune ou vieux, adulte ou mineur ça revenait au mĂȘme, oui on pouvait l’arrĂȘter mais s’il ne l’avait pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© il y avait surement une raison ! On est pas des hĂ©ros, on est pas invincibles. Quand comprendras-tu Ash... Quand cesseras-tu de jouer avec nos vies ?Oui c’était vraiment le moment de s’engueuler ! Il m’en voulait, il ne comprenait pas... et je m’en voulais aussi tiens comme ça on fait la paire ! C’était vraiment le meilleur moment pour perdre notre unitĂ© et nous remettre en question ! C’est trop tard, nous avons de la visite... » Grogna Ashkane Ă  l’attention d’ ne s’excuserait pas, oh que non ! Mais le bruit de la serrure avait tout fait retomber. Le danger Ă©tĂ© Ash... Aaron ! J’aurais du m’excuser pour Ashkane, pour ses paroles blessantes qu’il ne manquait jamais de lancer Ă  tord et Ă  travers. Mais il y avait urgence. Quelque chose se rĂ©veillait en moi, quelque chose de nouveau. Oh ce n’était pas le frĂ©missement comme pour un coup de foudre non non c’était diffĂ©rent ! DiffĂ©rent mais pas moins intense. L’impression que si... que si Aaron Ă©tait touchĂ©... non ! Aaron, je suppose que si je te dis de t’enfuir tu ne le feras pas ? »Je pouvais toujours essayer non ? Bonsoir, bonsoir... » C'Ă©tait lui. J’aurais crus que mon ligre ferait un bond de surprise, trouille, trouille... mais non. Instinctivement, Ashkane montra ses crocs dĂ©mesurĂ©s. Pourquoi ? Pourquoi ce type n’avait-il pas peur devant lui ? Devant un tel monstre ? C’était une premiĂšre ça aussi. Le ligre se tourna vers l’endroit d’oĂč Ă©tait venue la voix. Un instant j’eus l’impression de revenir deux ans en arriĂšre, dans les rues de Naples. Ça ne faisait que deux ans ??? Deux ans... c’était si peu. Je n’avais pas pu changer. Je devais surement pouvoir le faire encore... mais tuer Ă©tĂ© si horrible. Que font deux agneaux hors de la bergerie Ă  cette heure ci ? C'est une imprudence Ă  appĂąter le loup... AllĂ©chant. TrĂšs allĂ©chant... »Un agneau ? Mon pauvre si tu savais comme cette comparaison Ă©tait mal choisie pour nous qualifier ^^ Tous. On avait peut-ĂȘtre quelques annĂ©es de diffĂ©rences. Huit prĂ©cisĂ©ment. Mais Aaron en avait vu de belle aussi, j’espĂšrais juste qu’il n’allait pas faire de crise cardiaque. Je ne pense pas mais comment savoir tant qu’on n’a pas la mort sous les yeux ? Comment ĂȘtre sure tant qu’on n’affronte pas les choses ensemble ?* Ash...** Toi la ferme et fais ton boulot ! *Il m’en veut, il n’a rien dit en se faisant traiter d’agneau. Et pour une fois c’est lui qui me dit de me taire ^^ Tes couteaux, ma jolie, c'est une mauvaise idĂ©e. »Tout ça me semble Ă©trange. Il est un peu trop sur de lui. Lui la chose lĂ , l’homme. Et pourtant je ne vois pas ses yeux. Il faut dire qu’on n’a pas de lumiĂšre ici, mais j’ai l’impression que mĂȘme s’il y en avait je ne les verrais pas. Quelque chose de mauvais Ă©mane de lui. L’horreur. C’était la premiĂšre fois, je m’en rends compte maintenant, la premiĂšre fois que j’allais affronter quelqu’un... qui n’avait pas peur. Quelqu’un qui voulait tuer. Un meurtrier, un vrai. Alors en fait pendant toutes ses annĂ©es... c’était moi qui m’étais trouvĂ©e Ă  sa place, Ă  regarder mes proies en sachant combien il leur serrait futile de rĂ©sister, qu’il Ă©tait impossible de s’échapper... Quelle horreur. C’était moi que je regardais avec ces yeux vides. Quelle horreur. Ashkane ce dĂ©plaça sur le cotĂ© histoire de me cogner l’épaule. Avec lui il ne fallait pas grand-chose.* Si tu permets je prĂ©fĂ©rerais me morfondre plus tard ! *Il a raison. C’est un crĂ©tin mais parfois il a raison. Naples. Ces ruelles sombres et Ă©troites, ces dalles tachĂ©es de sang et son meurtrier, sa tueuse prĂ©cisĂ©ment plantĂ©e au milieu des cadavres. Le calme. C’était ça. C’était juste lĂ . Je devais redevenir, calme. Sereine. DĂ©cidĂ©e. PrĂȘte. couteaux l’aurait presque fait rire, trĂšs bien pas de couteaux. Ohoooo il veut jouer Ă  mains nues ? Excitant... RatĂ©. Ce putain de ... il a une... Quoi ? Comment ça ? Je devrais ne pas utiliser mes petits bijoux lĂ  mais toi t’as le droit ? Je ne suis pas d'accords avec tes rĂšgles, tu triches »C’était con... complĂštement dĂ©bile, de dire ça mais c’était la premiĂšre chose qui m’était venue Ă  l’esprit. DĂ©stabiliser. Qu’aurais-je fais moi si j’étais Ă  sa place ? Il ne voulait pas que je me dĂ©fende ? Pourquoi ? L’impression d’ĂȘtre plus fort que moi ? J’aurais du dire non, il se surestime. Mais ... c’est Ă©trange. Quelque chose me dit qu’il a raison de le penser. Merde. Ce n’est pas la meilleure chose Ă  penser lĂ  ! Je n'avais pas besoin de me forcer pour parler d'une voix calme et dĂ©cidĂ©e. Cette voix sans vie que j'avais eu pendant si longtemps. Cette voix incapable de rire. Allons, allons ! Faisons les choses dans l’ordre tu veux ? Soyons Ă©quitable c’est plus drĂŽle. »Et je lui tournais le dos. Incroyable ? Oui, j’ose. Parce que mon ange gardien et lĂ , un certain Ashkane et qu’un coup de patte de lui m’enverrais Ă  l’autre bout de la salle avant que l’autre ait plantĂ© sa lame. VoilĂ  pourquoi j’ose lui tourner le dos et faire face Ă  Aaron. Putain mais qu’est ce que tu fou lĂ  ! Manquerait plus qu’il se croit un devoir de me protĂ©ger, tente de le faire... Je lui tends l’un des deux couteaux que j’avais pu subtiliser. Ni trop grand ni trop petit ; bref un couteau affutĂ©. Qui sait ce qu’il peut se passer... On peut toujours avoir besoin d’aide mĂȘme si j’aime Ă  penser qu’il ne l’utilisera que pour se dĂ©fendre lui et pas moi. Si jamais il Ă©tait touchĂ©... Mes yeux quittent ses mains, ses mains que je sers avec le manche du couteau entre elles. Mon regard vide remonte vers son visage. Je ne pourrais supporter de le voir souillĂ© de sang. Ses yeux gris, brillants, rieur. S’éteindre ? Jamais. De toutes mes forces j’essaie de lui faire comprendre, s’il te plait ne me retiens pas, ne pense pas Ă  moi. Mais quoi qu’on fasse, on ne peut mentir Aaron Dwayne ...ou comment ĂȘtre un Feu Follet sur pattes \o/ » Messages 4008Date d'inscription 07/08/2009Age 29Localisation Entre les lignes de son Histoire Feuille de personnageAge de l'humain 28 ans =PPouvoir DĂ©clenche des Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Sam 19 Juin - 2129 Ce qu’on a dans le crane ? Et toi alors ? ZĂȘtes pas fichu de l’arrĂȘter ce type ! Nous on va en faire de la fricassĂ© de meurtrier ! Tu veux quoi l’aile ou la cuisse ? »Aaron serra les poings et se dit que, putain, il avait vraiment envie d'en coller une Ă  ce Ligre de malheur. Et qu'il finirait probablement par oublier qu'il Ă©tait un daĂ«mon et qu'il n'avait le droit. Il Ă©tait tellement insupportable quand il s'y mettait ! Va te faire mettre, Ashkane ! » cracha-t-il, furieux. Si on pouvait mettre de la rage dans un nom, c'Ă©tait celui du Ligre en ce moment Kalhan rĂ©agit avant lui et lui colla une baffe qui le fit taire. De toute Ă©vidence le daĂ«mon n'avait pas apprĂ©ciĂ©, mais Aaron si. S'il ne le montra pas il se dit qu'il ne l'avait franchement pas volĂ©e ! Si il s'entendait merveilleusement bien avec Ashkane de temps Ă  autre, il arrivait aussi souvent que les paroles en l'air du daĂ«mon l'Ă©nervent prodigieusement. Il n'Ă©tait pas rare que ça arrive. Vraiment pas rare. Aussi bien dans un cas que dans l'autre. Il fusilla du regard le Ligre lorsqu'il indiqua qu'ils n'Ă©taient pas seuls, prenant d'abord en compte le fait qu'il lui parle plus que l'information en elle mĂȘme. Puis, il prit en compte ce qu'il lui avait dit. Et son sang se glaça. Aaron, je suppose que si je te dis de t’enfuir tu ne le feras pas ? » Kalhan... » commença l'homme, mais il fut coupĂ© par une voix bien qu'il en veuille au Ligre, Aaron sentit une pointe de fiertĂ© pour lui lorsqu'il montra ses crocs dĂ©mesurĂ©s au nouvel arrivant. L'Ombre. Ainsi donc il Ă©tait comme le pion l'avait imaginĂ©. Pour ce qui Ă©tait de l'aura de puissance il n'Ă©tait pas déçu, ce mec... Il dĂ©bordait de vitalitĂ© et d'un calme froid et manipulateur. Chacun de ses gestes Ă©taient comptĂ©s, parfaitement maitrisĂ©s tout en restant d'une souplesse incroyable. Une seconde, Aaron l'envia, se mit une claque mentale magistrale. Ce fou avait tentĂ© de tuer des Ă©lĂšves et il avait surement dĂ©jĂ  tuĂ© avant. En aucun cas il ne pouvait l'envier, comment envier sa folie Ă  quelqu'un ? Surtout quand elle Ă©tait si il s'y attendait vu son caractĂšre, Kalhan lança une pique Ă  l'homme. Restant de marbre, Aaron eut envie de sourire narquoisement. Ce mec avait peut ĂȘtre une aura de prĂ©dateur dĂ©mesurĂ©e, il ne l'impressionnait pas. Le pion dĂ©cida de chasser toute peur, apprĂ©hension et tout ce qui pouvait s'y apparenter, compartimentant son esprit avec facilitĂ©. Y laissant seulement une froide dĂ©termination. PosĂ©e sur une Ă©tagĂšre, GaĂŻa regardait d'un Ɠil suspicieux la serrure. Elle Ă©tait sure que le daĂ«mon de l'Ombre s'y cachait, et pour y entrer il ne devait pas ĂȘtre grand ! Personne ne l'avait encore vu, allez savoir si ça n'Ă©tait pas une souris ! Dans ce cas lĂ  elle lui aurait tordu le cou sans hĂ©siter. Kalhan se tourna vers Aaron qui sentit une boule de tristesse monter dans sa poitrine alors qu'il retrouvait le regard vide qu'elle lui avait donnĂ© lors de leur rencontre dans le parc. C'Ă©tait il y a tellement longtemps... Doucement, elle lui tendit l'un des deux couteaux qu'elle portait sur elle. Aaron tendit la main sans rien dire, attrapa la lame et laissa retomber son bras en inspirant profondĂ©ment. Il avait presque oubliĂ© la prĂ©sence de l'Ombre, se contenta de plonger ses yeux gris sans Ă©motions dans ceux de Kalhan. Un lĂ©ger soupir s'Ă©chappa de ses lĂšvres et il leva la main, chassa une mĂšche de devant les yeux de la jeune fille. Ne retombe pas dans cet Ă©tat lĂ  Kalhan, n'oublie pas ce que c'est que la vie. Il laissa doucement glisser sa main sur sa joue, et un petit sourire Ă©tira lĂ©gĂšrement le coin de ses lĂšvres. Plein d'une rĂ©solution sombre. Il allait peut ĂȘtre mourir dans cette piĂšce. Il avait confiance en Kalhan, et si il ne voulait pas la perdre il savait qu'il ne fallait pas se mettre dans son chemin. Mais marcher sur la voie d'Ă  cĂŽtĂ©. Elle ne serait pas seule. Il fit un pas en avant, colla ses lĂšvres Ă  son oreille. Je serais Ă  cĂŽtĂ© de toi Kalhan, tu n'es pas seule. Ne me sous-estime pas Ă  ce point.. » murmura-t-il d'une voix recula, sourit d'un air vague et effaça ses Ă©paules pour passer devant. Il s'Ă©carta et se mit Ă  s'Ă©loigner d'elle sans se rapprocher de l'Ombre, comme s'il comptait l'encercler. Comme s'il pouvait l'encercler... Il sentait son couteau au bout de sa main, il prolongeait simplement son corps, naturellement. Sans un bruit, il s'arrĂȘta en continuant de fixer l'homme au milieu de la piĂšce. Chuintement d'une L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Jeu 24 Juin - 1947 Haha Cette immense masse de chair Ă  poulet et de graisse Ă©tait hilarante. Vraiment hilarante. Sans savoir vraiment pourquoi, l'Ombre sentit sa mĂąchoire se contracter de rage. S'en rendant compte, il oublia ses deux interlocuteurs en arqua un sourcil, ravi d'apprendre quelque chose d'autre. Cet animal l'agaçait, la question Ă©tait pourquoi ? SĂ»rement Ă  cause de sa taille et de l'impression de puissance totale qu'il dĂ©gageait. BĂȘte. Gros. Et puant. Toi beau et silencieux La tirade amoureuse du Suiveur lui redonna le sourire et il s'autorisa un bref Ă©clat de rire lĂ©ger Ă  la pique de la jeune femme. Elle Ă©tait vraiment fascinante. Mais qu'attendre d'autre de la part d'une Ă©lĂšve italienne ? Oh que oui il avait entendu des rumeurs Ă  son sujet. L'apprentie de Naples. Maintenant il s'en rappelait, voilĂ  pourquoi elle le fascinait en tout point. Son maĂźtre avait bien fait son travail Ă  l'Ă©poque et il avait eu le loisir de l'apercevoir une fois. L'absence de tout sentiment chez cette fille Ă©tait incroyable. Pourtant elle Ă©tait lĂ , faisant semblant de s'inquiĂ©ter pour l'humain qui l'avait suivit dans la bibliothĂšque. C'est entre toi et moi Kalhan Si elle voulait jouer Ă  ça. Elle avait raison aprĂšs tout, pourquoi avait-il sortit sa lame ? S'apprĂȘtant Ă  lui rĂ©pondre, il vit avec amusement qu'elle se retournait, lui tendait le dos comme dans une invitation tentante Ă  l'attaquer de dos. Beaucoup trop tentante. Un piĂšge, un simple piĂšge. Si jamais il s'Ă©lançait le balourd tenterait de l'arrĂȘter. Il ne douta pas un seul instant qu'il puisse l'esquiver sans peine, mais il voulait se battre uniquement avec Kalhan. Un combat loyal, l'entendre crier et peut ĂȘtre la faire ressentir quelque chose... le pied. Mais si elle s'Ă©tait retournĂ©e ce n'Ă©tait pas seulement pour le provoquer. De son pas aussi fĂ©lin qu'une reine, Kalhan s'arrĂȘta devant l'autre. Partagea sa lame avec lui. L'Ombre grimaça vertement et retint un grondement sourd qui lui venait du fond de la gorge. Quelle Ă©tait cette comĂ©die ? Elle ne ressentait rien, cet humain ne pouvait avoir sur elle quelque emprise. Un ricanement mauvais s'Ă©chappa de ses lĂšvres lorsque l'homme rĂ©pondit une phrase des plus idiotes. Si il y avait quelqu'un qu'il sous-estimait c'Ă©tait lui ! L'Ombre vibra rien que de penser Ă  lui planter la lame dans le dans sa serrure, Le Suiveur se rappela en mĂȘme temps ce qu'elle savait sur cette Kalhan. Pourquoi ne l'avait-elle pas reconnue directement ? Sifflant d'une rage contenue, elle regarda la scĂšne se passer sans faire de commentaires. Elle capta un Ă©clat dorĂ© parsemĂ© de rouge, leva sĂšchement ses yeux vides. Qui se posĂšrent sur un petit oiseau qui regardait d'un air butĂ© l'humain qui avait prit la lame. DaĂ«mon. Un sourire machiavĂ©lique au cƓur, Le Suiveur sortit en suintant de la serrure, prenant bien soin de se dissimuler dans l'ombre des moulures de la porte. Sinuant entre les rangĂ©es de livres, elle se rapprocha tel un serpent du petit animal chĂ©tif. Ramper. Se fondre. Prendre par surprise. Étrangler Prenant instinctivement la forme d'un serpent de fumĂ©e, elle continua son ascension, aussi indĂ©celable qu'une ombre parmi les ombres. Retrouvant son sĂ©rieux, l'Ombre regarda d'un Ɠil la progression de l'homme. Si il comptait l'encercler il Ă©tait mal barrĂ©. L'autre s'immobilisa et il se dĂ©sintĂ©ressa immĂ©diatement de lui. Dans son esprit malsain, une idĂ©e germait et prenait de l'ampleur. Il tourna ses yeux gris clairs vers la jeune femme, un sourire carnassier perçant ses lĂšvres. Naples est il si loin que tes sentiments te seraient revenus ? Est-il seulement au courant que tu ne ressens absolument rien pour personne ? J'en doute vu la flamme dans ses yeux... Soyons Ă©quitable Kalhan, tu as raison. Toi aussi bien que moi savons que nous n'avons pas besoin d'armes aussi futiles que ces lames. Alors.. autant s'en dĂ©barrasser. »D'un geste sec, il dĂ©tendit son bras et la lame parcouru la moitiĂ© de la piĂšce en sifflant. Droit sur l'homme qui n'avait pas encore rĂ©agit. Il serait bien trop tard pour cela. Tuer Et espĂ©rer que sa rĂ©action soit Ă  l'ampleur de la rĂ©vĂ©lation. Il connaissait son passĂ©. Kalhan XĂ©nia Grande gueule traumatiseuse de nouveaux en chef » Messages 4011Date d'inscription 13/08/2009Age 30Feuille de personnageAge de l'humain 19 ansPouvoir PsychokinĂ©sie Peut tout faire par l'espritRelations Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Mar 29 Juin - 1949 Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prĂȘt Ă  accepter la mort ! » J’hĂ©sitais, devant le silence d’Aaron. Était-il muet de peur ?Son regard me dĂ©mentis et je compris. Ses yeux sans Ă©motions. Il Ă©tait rĂ©signĂ©. Il Ă©tait prĂȘt lui aussi. J’aurais tant voulu qu’il ne soit pas lĂ . J’aurais voulu ne jamais voir ses yeux habituellement si brillant devenir si 
 froid. Je me rendis soudain compte qu’il y avait bien des choses que j’ignorais sur lui. J’aurais voulu mieux le connaitre. Le temps me manquait alors que j’avais l’impression de lui faire des adieux. Le sentiment d’urgence liĂ© Ă  la prĂ©sence du tueur s’accentua. Aaron
De sa main, il chasse une mĂšche de mes cheveux, tenta mĂȘme de sourire. Ce que j’étais devenue incapable de faire Ă  cet instant. Aaron
 Ne meurt pas. Promet le moi
 Je serais Ă  cĂŽtĂ© de toi Kalhan, tu n'es pas seule. Ne me sous-estime pas Ă  ce point.. » murmura-t-il d'une voix je n’eus pas le cran de le lui demander. Comment pouvait-on demander Ă  quelqu’un de ne pas mourir ? Ça ne dĂ©pendait pas de lui. C’était une promesse impossible Ă  tenir. Impossible Ă  demander. Ne meurt pas Aaron. J’aimerais ne pas te sous-estimer mais mon cƓur se serre en pensant Ă  ce qu’il pourrait t’arriver. Je ne veux pas que tu souffre. Je ne veux pas que tu meurs. Je ne veux pas que tu sois là
 mais tu l’es. Et tu reste Ă  mes cotĂ©s. MalgrĂ© tout ce que tu sais. Et tu t’éloigne de moi, non pas assurĂ© mais avec l’aisance de quelqu’un qui sait. Qui sait qu’il est prĂȘt. Qui sait ce qu’il peut se passer. Qui l’a acceptĂ©. Ne meurt pas
 Aaron
Qu’allions nous faire maintenant. Je ne cessais de penser Ă  lui. Si jamais il lui arrivait quelque chose
* Tu sais ce que tu dois faire pour le protĂ©ger *Je le sais. Je le sais et dĂ©teste cette idĂ©e. Je voulais continuer de penser. De penser Ă  lui, Aaron. Comme si penser Ă©tait rĂ©confortant. Comme si ça pouvait m’aider
.Mais c’était tout le contraire. Je ne devais plus rien penser. Ne plus rĂ©flĂ©chir. Agir. Calme. PrĂȘte. Atteindre ce niveau de conscience ou rien ne m’échappe. Rien ne peut briser mes rĂ©flexes. Cet Ă©tat oĂč je ne suis qu’une machine. Une machine au service d’un ordre. Un seul ordre. chacun des pas d’Aaron que je suivais du coin de l’Ɠil, je m’efforcer de l’oublier. A chaque instant de ma vie, je sentais le pouvoir rugir sous ma peau. PrĂȘt Ă  se dĂ©chainer. Il suffisait de le libĂ©rer. Non, doucement. Comme je l’ai appris. A Naples. Comme on me l’a enseignĂ©, Ă  coup de fouet. Laisse s’écouler le pouvoir, atteindre cette conscience
 conscience de toute chose. Comme si une main invisible se rependait dans la piĂšce, effleurant chaque Ă©tagĂšre, chaque livre, l’englobant, l’enserrant avec douceur. Ashkane plus brillant que tout dans cette noirceur Ă©tait le seul que je m’efforçais de ne pas toucher. C’est quelque chose de trĂšs Ă©trange que de toucher son Ăąme avec son pouvoir. Ashkane, Ă  mes cotĂ©s, ne quittais pas un instant le tueur des yeux. Il Ă©tait trĂšs Ă©trange de voir Ă  quel point il pouvait ĂȘtre trouillard pour de petite chose
 et comment il Ă©tait prĂȘt Ă  tout quand s’en valait la peine. Il Ă©tait prĂȘt lui aussi, surement plus que moi. Il avait la Haine.* GaĂŻa chĂ©rie, tu peux surveiller son daemon ? Si c’est quelque chose de trop gros je me ferrais un plaisir de te le tenir pendant que tu en fais ce que tu veux *Lentement, lentement, les sentiments me quittent. Plus rien ne compte. Juste lui. Lui, l’autre, les daemons. Des pions sur mon Ă©chiquier. Un jeu, rien qu’un jeu. Rien ne compte je ne suis plus s’immobilisa. Je ne le vis pas de mes yeux. Ce fut plutĂŽt comme une impression. Comme lorsque l’on a un pressentiment. Le fait s’installa dans mon esprit grĂące Ă  mon pouvoir et non grĂące Ă  mes yeux. En revanche, se fut mes yeux qui virent l’Homme se tourner vers moi. Son sourire. Sadique. Était-il fou ? Était-ce un psychopathe ? Quelque chose ne tournais pas rond chez lui, mais ce n’était pas de la folie. C’était un professionnel et cette simple idĂ©e mĂȘme le rendait monstrueusement plus dangereux. Il avait des yeux gris lui aussi
 Aaron
 Naples est il si loin que tes sentiments te seraient revenus ? Est-il seulement au courant que tu ne ressens absolument rien pour personne ? J'en doute vu la flamme dans ses yeux... Soyons Ă©quitable Kalhan, tu as raison. Toi aussi bien que moi savons que nous n'avons pas besoin d'armes aussi futiles que ces lames. Alors.. autant s'en dĂ©barrasser. »Le choc. Simple. Terrible. Comment ? Pourquoi ? OĂč ? Qui ? Tant de questions explosĂšrent dans mon esprit. J’étais plus que dĂ©concentrĂ©e j’étais
 Ă  sa vis son bras se dĂ©tendre Ă  une vitesse folle et sa lame voler comme une flĂšche. Un jet de mort si bien lancĂ©, si bien dirigĂ©. Tout droit sur 
 NON .La lame tranchante s’arrĂȘta net Ă  quelques centimĂštres d’Aaron. In extremis. Oh mon dieu
Le choc, la surprise, l’horreur... la lame vibra prĂȘte Ă  reprendre sa course
 avant de tomber sur le sol avec un bruit Ă  glacer le sang. C’avait Ă©tait si juste. Il aurait suffit de si peu. Si peu Aaron
 pardonne moi, je ne mĂ©rite pas ta confiance. Je ne mĂ©rite pas de te paroles du tueur m’avaient sonnĂ©e. Je n’avais pu m’empĂȘcher de croiser le regard d’Aaron. Il savait bien des choses. Il savait ce que j’avais subit, que par cela je ne sentais ni douleur ni peur
 mais pas tout les crimes que j’avais commis, il ne savait pas de quoi j’étais responsable. Qu’avait-il pu lire Ă  cet instant dans mes yeux ? Je l’ignorais moi-mĂȘme. Aaron s’il te plait, crois moi. Ne l’écoute pas. Ne l’écoute pas Aaron
Dans un second temps, le geste de cet assassin. Cet homme qui avait voulu tuer Aaron. Mon ami
 Ce geste avait ravivĂ© ma colĂšre, in extremis, et cela avait suffit. Comme un Ă©lectrochoc j’avais pu me ressaisir et arrĂȘter la lame avant qu’il ne soit trop tard. Mais il s’en Ă©tait fallu de si peu. Il recommencerait. Tout ceci m’avait figĂ©. J’étais tendue Ă  craquer. Ses paroles avaient faillit me faire reculer sous le choc mais la colĂšre m’avait maintenue sur place. A prĂ©sent qu’Aaron est sauf, toutes les questions, les interrogations, les incomprĂ©hensions me revirent. La colĂšre s’empara de moi. Ne jamais attaquer dans la colĂšre. Ne jamais ce prĂ©cipiter
 mais c’était si tentant. J’aurais voulu lui faire payer ce qu’il venait de faire ! Mais je ne devais pas oublier ce qu’il venait de dire. La rage gonflait ma gorge alors que je serrais les dents pour ne pas crier. Je m’entendis demander de ma voix vide et qui pourtant semblait appeler le sang Qui es-tu ? Comment connais-tu mon nom ? Comment sais-tu pour Naples ? »A chacune des questions, ma voix avait augmentĂ©e de volume. Je due me taire pour ne pas crier. Je mourrais d’envie de savoir qui il Ă©tait. Comment ? Pourquoi ? Qui ? Ou ? Quand ? Il n’était plus question de me calmer. Je devais savoir. Je dois savoir !!! COMMENT SAIS-TU POUR MOI !!! »La question eut des airs d’accusation. JE TE HAIS ! SIMPLEMENT PARCE QUE TU SAIS !DerniĂšre Ă©dition par Kalhan XĂ©nia le Mar 10 AoĂ» - 1835, Ă©ditĂ© 1 fois Aaron Dwayne ...ou comment ĂȘtre un Feu Follet sur pattes \o/ » Messages 4008Date d'inscription 07/08/2009Age 29Localisation Entre les lignes de son Histoire Feuille de personnageAge de l'humain 28 ans =PPouvoir DĂ©clenche des Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Lun 5 Juil - 122 Une prĂ©sence. Froide et brĂ»lante Ă  la fois. CentrĂ©e et partout Ă  la fois. Aaron sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque et un frisson lui parcouru la colonne vertĂ©brale. Instinctivement, il se ferma, sentant que quelque chose, ou quelqu'un, caressait du bout des doigts ses pensĂ©es, ou quelque chose approchant. Si jamais l'Ombre... GaĂŻa le contredit, ses yeux noirs braquĂ©s sur Kalhan. Elle n'Ă©tait pas touchĂ©e et le changement d'attitude de la jeune fille lui disait qu'elle Ă©tait la cause de cette impression. Aaron se dĂ©tendit immĂ©diatement et se reconcentra sur l'homme en face. L'assassin le suivait des yeux sans bouger le reste de son corps. Ces yeux gris.. il avait l'impression de voir les siens dans une glace. Mais il n'Ă©tait pas l'Ombre. GaĂŻa lui interdit fermement de le penser. Il acquiesça mentalement et se contenta de lui rendre son regard. Narquoisement, il sentit un sourire cachĂ© rendre leur brillant naturel Ă  ses yeux. Si ses lĂšvres ne bougĂšrent pas, l'autre le capta tout de mĂȘme. Il dĂ©tourna alors les yeux, un sourire Ă©nigmatique aux lĂšvres.* GaĂŻa chĂ©rie, tu peux surveiller son daemon ? Si c’est quelque chose de trop gros je me ferais un plaisir de te le tenir pendant que tu en fais ce que tu veux * * Compte sur moi Ash.. J'attend que c'te saloperie sorte de sa serrure et ce crĂ©tin arrogant va ravaler sa superbe, crois moi. * rĂ©pondit GaĂŻa avec une rage de vaincre intense. Aaron sentit sa fiertĂ© pour elle remonter d'un cran, si c'Ă©tait encore mots, des paroles, autant de lames tranchantes lancĂ©es dans les airs, fendant l'espace et le temps sans mal. Chacune visant Ă  toucher Kalhan. A la toucher. Au cƓur. Ressens absolument rien. De quoi parlait-il ? De toute Ă©vidence il ne connaissait pas Kalhan, Aaron en Ă©tait persuadĂ©. Elle Ă©tait si souriante, si vive, si chiante parfois mĂȘme ! Comment pouvait-elle ne rien ressentir et jouer si bien la comĂ©die ? Il y avait dans les mots de l'Ombre une calme certitude et ses mots planaient avec la simplicitĂ© de la vĂ©ritĂ©. Mais il mentait. Aaron en Ă©tait persuadĂ©. Ses yeux. VoilĂ  qu'il parlait de lui. Ce simple ses» dans sa bouche glaça l'Ăąme du pion. Il parle de moi. Ce barge parlait de lui. Ça faisait froid dans le dos. Il serra plus la garde de son couteau et ses yeux dĂ©rivĂšrent vers Kalhan, histoire de voir quand elle Ă©claterait de rire pour dĂ©nier ce prĂ©tentieux. Il lui tardait de voir l'Ombre devenir blĂȘme, de voir ses poings se serrer de rage et sa mĂąchoire se contracter pour qu'il n'explose pas directement. Il tourna la tĂȘte. Trouva une Kalhan blĂȘme. TouchĂ©e. Ses Ă©paules descendirent alors qu'il sentait son incomprĂ©hension monter. Quoi ? Qu'est ce qui se passe Kalhan ? C'est pas vrai ? Hein que c'est pas vrai ? Ne l'Ă©coute pas, il ne raconte que des conneries. Je sais comment tu es, tu n'es pas ce qu'il raconte. C'est qu'un fou, un connard de timbrĂ© qu'il faut simplement interner. Ou Ă©radiquer. Un sifflement lui fit tourner les yeux. L'acier rencontra l'acier. Le temps d'ouvrir grand les siens de surprise, la lame filait toujours vers sa gorge. On raconte que dans ces moments lĂ , sa vie passe devant ses yeux. Mais tout ce qu'il Ă©tait capable de voir c'Ă©tait cette putain de lame qui viendrait se planter dans sa pomme d'Adam, le clouerait comme un insecte sur le bois de la bibliothĂšque. Pas le temps d'esquiver, pas le temps de tendre la main pour qu'elle vienne s'empaler dans sa paume. Il allait mourir. C'Ă©tait aussi con que ça. Dans le milliĂšme de seconde qui le sĂ©parait de l'impact, il se dit que c'Ă©tait impossible. Qu'il ne pouvait pas mourir aussi bĂȘtement. Il ne pouvait pas laisser Kalhan comme ça, seule face Ă  cette abomination de la nature. Un battement cil, un battement de cƓur, un souffle qui s'Ă©chappe de ses lĂšvres, le cri de GaĂŻa. Et la yeux fermĂ©s et la main serrant aussi fort qu'il le pouvait sa lame, Aaron attendit l'impact qui ne vint jamais. Ses iris se posĂšrent sur la lame qui s'Ă©tait arrĂȘtĂ©e Ă  quelques centimĂštres de sa gorge et qui volait paisiblement dans les airs. Il eu l'impression qu'on avait appuyĂ© sur un bouton pause, jeta un Ɠil Ă  Kalhan qui avait l'air terrifiĂ©e. Aaron souffla aussi doucement qu'il le put, dĂ©glutit difficilement. La vache, c'est pas passĂ© loin. La jeune fille, elle, avait l'air prĂȘte Ă  exploser de rage. LittĂ©ralement. Elle venait de lui sauver la vie et, le choc passĂ©, s'emplissait d'une colĂšre sans fin envers l'Ombre qui avait l'air de s'amuser. Dans un bruit mĂ©tallique, la lame retomba Ă  terre. Qui es-tu ? Comment connais-tu mon nom ? Comment sais-tu pour Naples ? »Sa voix Ă©tait terrifiante de vide. Si elle criait, ayant du mal Ă  contrĂŽler sa rage, Aaron sentait bien Ă  quel point une noirceur s'emparait d'elle. Il ne l'avait jamais vu comme ça. BĂȘtement, il se demanda si il connaissait rĂ©ellement Kalhan XĂ©nia. ArrĂȘte ça Aaron ! C'est exactement ce qu'il veut ! Te faire douter ! Tu sais qui est Kalhan, c'est ton amie, pas un monstre ! » Il secoua la tĂȘte, refusa de se laisser manipuler de la sorte. Mais la jeune fille balaya les maigres certitudes qui l'avaient habitĂ©. Ainsi donc l'Ombre avait raison ? Impossible. ComplĂštement impossible. Aaron ne put s'empĂȘcher de crier Ă  son tour. Non ! » il secoua la tĂȘte en fixant Kalhan. Tu n'es pas ce qu'il dit Kalhan ! Si c'est ce qu'il pense alors il ne te connait pas ! Tu aime Ashkane, tu aime cette universitĂ©, tu aime ses Ă©lĂšves ! Tu ressens Kalhan, il est complĂštement fou ! Ne te laisse pas avoir par ce qu'il dit ! C'est faux, complĂštement faux. Pense Ă  LindwuĂ«n. Pense Ă  Alec.. »Il se baissa pour ramasser la lame de l'Ombre, lança sa propre lame, l'attrapa de sa main gauche alors que la droite prenait le poignard. Se redressant vivement, une moue rageuse au visage, Aaron brandit l'arme dans la direction de l'homme pour appuyer ses paroles. Peu importe ce qu'il s'est passĂ© Ă  Naples, ça ne compte plus, c'est le passĂ© Kalhan ! » il ne savait pas de quoi il parlait mais y croyait vraiment. Je ne sais pas ce qu'on a pu t'y raconter, si des hommes comme lui t'ont dit que tu n'avais aucune Ă©motion, jusqu'Ă  ce que tu y crois, c'est faux, ne les crois plus. LibĂšre toi de ça Kalhan ! C'est un poids mort que tu traine depuis trop longtemps. »Qui lui collait Ă  la peau, lui faisait faire des cauchemars, manquait de la tuer Ă  chaque fois que son pouvoir lui Ă©chappait. Il l'avait entendue plusieurs fois crier pendant son sommeil, s'il n'Ă©tait pas entrĂ© c'Ă©tait parce que il savait que Ashkane veillait sur elle, mieux qu'il n'aurait pu le faire. Et qu'il aurait surement Ă©tĂ© tuĂ© par son pouvoir immense rien qu'en mettant un pied dans la piĂšce. Elle s'en voulait suffisamment naturellement pour qu'il ajoute sur sa conscience sa propre mort. L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Sam 10 Juil - 1534 ContrĂŽle toi. Garde le contrĂŽle. Impassible, mystĂ©rieux, impossible Ă  saisir, terrifiant. L'Ombre ne put cependant retenir le sourire qui lui montait irrĂ©sistiblement aux lĂšvres. Ni le frisson dĂ©licieux qui remonta le long de sa colonne vertĂ©brale. Kalhan rĂ©agissait. Kalhan. Retenait sa rage. Sa propre euphorie lui sauta au visage et il s'efforça de la contenir. Le Suiveur lui lança un regard inquisiteur, intĂ©ressĂ©e par la lumiĂšre de satisfaction qui Ă©clairait les yeux gris de son maĂźtre. Il n'avait pas bronchĂ© lorsqu'elle avait stoppĂ© sa lame, sauvant l'homme par la mĂȘme occasion. Une simple moue de dĂ©ception avait fait bouger ses lĂšvres. Peut ĂȘtre avait-il une quelconque utilitĂ© dont elle ne voulait se passer ? C'Ă©tait, Ă  son avis, plus une question d'honneur. Si elle s'Ă©tait mit en tĂȘte de garder l'autre en vie il Ă©tait lĂ©gitime qu'elle s'y tienne. Dommage, dommage.. Maintenant elle fulminait de rage. C'Ă©tait jouissif. ComplĂštement jouissif de la voir sortir de ses gonds si facilement. Il ne doutait pas que jamais elle eut craquĂ© de la sorte, pas aprĂšs sa formation plus que rigide. Qui sait, c'Ă©tait peut ĂȘtre la premiĂšre fois qu'elle ressentait la colĂšre Ă  ce point, et avec elle une pointe d'effroi. L'Ombre ricana intĂ©rieurement. C'Ă©tait tellement facile, il Ă©tait un peu déçu. Mais le combat qui avait lieu dans la tĂȘte de Kalhan Ă©tait au moins aussi intĂ©ressant que celui qui aurait lieu sous peu. L'homme se mit alors Ă  protester. L'Ombre soupira en sentant un sourire narquois lui monter aux lĂšvres. Quel crĂ©tin. Plus miĂšvre tu meurs. Il ne doutait pas que Kalhan allait l'ignorer, toute Ă  sa colĂšre. Se dĂ©plaçant lĂ©gĂšrement Ă  droite dans un geste fluide, l'homme esquissa un mouvement de la main qui chassa tous les arguments futiles de l'autre. Paisible assurance de celui qui sait. Qui croit en lui. L'assassin s'autorisa un rire bref et ses yeux Ă©tincelĂšrent d'amusement. Alors tu n'as vraiment rien dit ? Ces gens qui tu cĂŽtoie depuis quelques temps te connaissent encore moins que moi, c'est... dĂ©risoire. » il lança un regard mĂ©prisant Ă  l'humain. Ou alors sont ils assez stupide pour ĂȘtre aussi aveugles que celui ci ? »Le Suiveur regarda son maĂźtre s'approprier toute l'attention de la piĂšce, en profita pour se faufiler entre les rangĂ©es de livres Ă©pais, chuchotement sombre entre les autres. Si on l'entendait on l'associait aux vieux craquements qui habitaient les bibliothĂšques aussi vieilles. Elle apprĂ©ciait l'odeur entĂȘtante du papier mĂąchĂ©, de celui trop vieux pour ĂȘtre tournĂ© sans risquer de le briser d'une infime torsion, l'odeur puissante de la reliure en cuir de certains ouvrages et la simple odeur de poussiĂšre qui appelait Ă  un silence Ă©ternel. Vrombissant de joie, elle se coula derriĂšre un fin rideau qui empĂȘchait les livres de se couvrir de poussiĂšre, s'approcha plus encore de l'oiseau. Celui ci toisait d'un Ɠil suspect la serrure de laquelle elle s'Ă©tait Ă©chappĂ©e plus tĂŽt. Un sourire narquois se dessina dans la noirceur de sa fumĂ©e, Le Suiveur se dit qu'elle Ă©tait complĂštement aveugle et dĂ©sarmĂ©e face Ă  sa puissance. Certitude sans fin du prĂ©dateur implacable et jamais vaincu. Elle eut presque envie de se faire remarquer, juste histoire de venger son humain pour ce que le pachyderme poilu lui avait fait ressentir auparavant. Captant cette pensĂ©e, l'Ombre eut un sourire carnassier pour le Ligre, continua tranquillement. Kalhan, Kalhan.. Tu es meilleure comĂ©dienne que j'ai jamais pu l'ĂȘtre surement. S'intĂ©grer si aisĂ©ment Ă  la population et les rendre aussi dĂ©pendants de ta volontĂ©.. C'est du joli travail. » le compliment venait, non pas du coeur car il n'en avait pas Ă  proprement parler, mais de sa raison. Il le pensait vraiment, Ă©tait vaguement intĂ©ressĂ©. Regarde le, il me ferait presque pitiĂ© si j'avais une idĂ©e de ce que ce mot signifie pour les autres. Tout ce que m'inspire cette abomination qui regorge d'Ă©motions toutes plus sales les unes que les autres c'est du dĂ©gout. Et passablement l'envie de l'Ă©radiquer Ă©galement.. » remarqua-t-il d'une voix pensive. Des Ă©tincelles s'allumĂšrent dans ses yeux. Que dirais-tu de t'en charger avec moi ? Allons Kalhan, ne fais pas cette tĂȘte, nous savons tous les deux Ă  quel point ça te manque.. Toi ! Humain.. baisse ta lame, tu pourrais te blesser.. »Tout en finissant sa phrase il se rapprocha, mi fumĂ©e mi homme, plus rapide que l'oeil humain. Il s'arrĂȘta un quart de seconde plus tard prĂšs de l'homme, caressa du bout du doigt la lame de son poignard, presque amoureusement, et vrilla ses yeux gris dans ceux, identiques, de l'homme. MĂ©pris. L'autre rĂ©agissant immĂ©diatement d'un revers de lame, il devint fumĂ©e lĂ  ou il frappait, Ă©clata d'un grand rire sincĂšre et recula d'un pas sans se presser. Il ne l'aurait jamais de toute maniĂšre, n'aurait mĂȘme pas besoin de tirer sa lame. Haha, il m'amuse vraiment celui la , c'est pour ça que tu l'as empĂȘchĂ© de rejoindre plus vite ses ancĂȘtres ? Dans tous les cas tu ne lui as fait gagner que quelques minutes, ma chĂšre. » tirant sa lame, les yeux brillants, il passa sa langue sur ses lĂšvres sĂšches. Car en entrant dans cette piĂšce il Ă©tait certain qu'il n'en ressortirait pas. Du moins, pas avec son Ăąme. Aahh la chaleur qui s'Ă©chappe d'un corps fraichement nettoyĂ© de la salissure de son Ăąme, c'est un moment.. exquis. J'ai hĂąte de voir la tienne s'en aller Ă  jamais. » il fit un pas brusque en avant pour effrayer l'autre, s'arrĂȘta en levant un doigt, narquois. Ne rĂ©siste pas, ça risquerait d'ĂȘtre plus long et douloureux. » Kalhan XĂ©nia Grande gueule traumatiseuse de nouveaux en chef » Messages 4011Date d'inscription 13/08/2009Age 30Feuille de personnageAge de l'humain 19 ansPouvoir PsychokinĂ©sie Peut tout faire par l'espritRelations Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Mer 21 Juil - 1233 Ashkane eut un lĂ©ger sursaut quand GaĂŻa lui rĂ©pondit. La petite daemon Ă©tait en fureur et malgrĂ© sa taille son courage et sa rage Ă©tait au moins aussi immense qu’Ashkane en chair et en poil. Le ligre s’en trouva ravi. Il adorait tellement GaĂŻa. Si jamais il lui arrivait quoi que ce soit, il serait capable de se jeter toutes griffes dehors sur l’homme, l’assassin. Qu’il ait ou non un daemon. Qu’il nous fasse mal ou non. Il serait prĂ©s Ă  tout. Comme je serais prĂȘte Ă  tout pour Aaron. Ça va de paires n’est ce pas ? Les sentiments des humains et ceux de leurs daemons. Pour nous c’était bien rĂ©ussit. MĂȘme si pour le moment. Ashkane m’en voulait toujours
Le calme, la concentration, l’omniscience. Tout avait disparu. Disparu en une phrase, un mot. Naples. Comment
 Comment. L’ombre avait parlĂ© si simplement que ses mots Ă©taient plus terrible encore. Si terriblement vrai. Ma fureur Ă  cotĂ© semblait bien dĂ©risoire. Bien inutile car l’ombre avait parlĂ©. Il avait dit une vĂ©ritĂ© que mĂȘme la meilleur comĂ©dienne ne pourrait cacher car on savait au fond de soi, au son de sa voix, que ça ne servait Ă  rien de ce le nier. Il avait raison. J’aimerais te dire Aaron que c’est faux
 Sans le vouloir, mon regard ce tourna vers lui. Avait-il comprit ? Allait-il me prendre pour un monstre ? Non, pas encore, il Ă©tait concentrĂ© sur autre chose. Une certaine lame qui avait manquĂ© de peu de lui ĂŽter la vie. Ce que je n’avais pas permit. Mais de justesse, et cela me une part de doute c’était emparĂ©e de lui Ă  ce moment, je venais trĂšs probablement de la renforcĂ© en laissant ma rage se dĂ©verser dans mes paroles. Je n’avais pas totalement perdu le calme, le vide de sentiment dans lequel je m’étais rĂ©fugiĂ©. Et cela donnais un aspect plus terrible encore. J’en revenais Ă  lui, l’Ombre ainsi qu’on le surnomme, l’assassin. Lui qui a fait tant de dĂ©gĂąt. Lui que je hais, parce qu’il sait. J’aimerais te faire souffrir comme je ne l’ai encore jamais fait, tu vas voir ça va ĂȘtre d’enfer !Un cri, une voix, dĂ©tourne mon attention Non ! Aaron
Mon ami semblait en proie Ă  quelques tourments, comme une dĂ©cision difficile Ă  prendre ou plus rĂ©aliste, quelque chose qu’il ne voulait pas admettre. Tu n'es pas ce qu'il dit Kalhan ! Si c'est ce qu'il pense alors il ne te connait pas ! Tu aime Ashkane, tu aime cette universitĂ©, tu aime ses Ă©lĂšves ! Tu ressens Kalhan, il est complĂštement fou ! Ne te laisse pas avoir par ce qu'il dit ! C'est faux, complĂštement faux. Pense Ă  LindwuĂ«n. Pense Ă  Alec..[/color] »J’aime
 Oui j’aime. Mais depuis quand ? 1 an Ă  peine que je suis ici ? Ce ne serait pas suffisant pour rĂ©parer le mal que j’avais causĂ©. J’étais arrivĂ©e, sans rien ressentir, c’est vrai. Alec
 c’était lui. Lui le premier qui m’avait redonnĂ© un cƓur, qui l’avait fait battre Ă  nouveau. Aimer, dĂ©tester
 la compassion, la joie
 Il m’avait redonnĂ© tant et peu Ă  peu j’étais redevenu humaine, capable de ressentir. Mais deux sentiments encore m’échappaient. Peut-ĂȘtre les principaux ? La peur et la douleur bon on dira que Wolf a faillit crever plus tard lol. Tu ne savais que ça Aaron, que je n’avais ni peur ni mal. Mais tu ne m’avais jamais demandĂ© pourquoi j’étais ainsi. A l’époque je n’étais pas prĂȘte Ă  en parler. Comment dĂ©voiler un si noir passĂ© Ă  quelqu’un que je connaissais Ă  peine ? Mais Ă  prĂ©sent ? A prĂ©sent tu as le droit de me connait. Il me connait et il sait ce qu’il dit. Ce n’est pas faux. C’en est mĂȘme trĂšs loin. Mais lequel d’entre eux ce trompe le plus ?Le regard toujours fixĂ© sur Aaron je le vis manier les deux lames avec une dextĂ©ritĂ© que je ne lui connaissais pas. Ainsi, je l’aurais bel et bien sous estimĂ©. Je n’étais finalement pas la seule Ă  ne pas tout connaĂźtre de mes amis
 si maigre et si dĂ©risoire consolation. La rage d’Aaron sembla amplifier la mienne. Il faut que je me calme, il faut que je sache. Peu importe ce qu'il s'est passĂ© Ă  Naples, ça ne compte plus, c'est le passĂ© Kalhan ! Je ne sais pas ce qu'on a pu t'y raconter, si des hommes comme lui t'ont dit que tu n'avais aucune Ă©motion, jusqu'Ă  ce que tu y crois, c'est faux, ne les crois plus. LibĂšre toi de ça Kalhan ! C'est un poids mort que tu traine depuis trop longtemps. »- Ce n’est pas aussi simple que ça. Ma voix, si vide, si morte me surpris moi-mĂȘme. Je ne la reconnaissais pas. Les mots cassĂšrent Ă  la fin de la phrase. Non ce n’était pas le moment de lui Dis-lui - Ash tais-toi ! Ne fais pas ça Ash, je sais que tu m’en veux mais ne me trahis pas. Laisse-moi dĂ©cider
Notre mĂ©sentente en resta lĂ  pour l’instant, car l’Ombre avait bougĂ©, son rire bien que trĂšs bref avait Ă©clatĂ© dans la grande salle sombre et poussiĂ©reuse. RĂ©pondant aux paroles d’Aaron. Ne craque pas, ne lui fais pas ce plaisir ! Je te dirais tout mais pas maintenant, ait foi en moi s’il te plait. C’était la premiĂšre fois que je demandais ainsi Ă  quelqu’un de me faire aveuglĂ©ment confiance. Mais seul mon cƓur priait car les mots ne franchissaient pas mes lĂšvres. Les yeux de l’Ombre pĂ©tillaient. Putain ce connard s’amuse bien ! Chacun de ses gestes Ă©taient calculĂ©, prĂ©cis, parfaitement pensĂ©. Il n’était pas n’importe qui. Il avait confiance en lui. Et son assurance n’était pas finte. Il savait parfaitement Ă  quoi il s’exposait car il savait tant de choses sur moi ! Il connaissait ma formation Ă  Naples. Ce qu’on m’avait fait et ce que j’avais fait. Ce que j’étais devenue, machine de mort insensible. Il savait aussi qu’il n’aurait pas besoin de lame avec moi, il connaissait mon pouvoir. Merde mais qui est-ce ?En tant normal je me serais attendu Ă  entendre la voix de mon ligre lancer il n’as pas de chapeau » ou il ne porte pas de lunette » jouant vĂ©ritablement au qui est-ce ». Peut-ĂȘtre mĂȘme l’aurait-il vĂ©ritablement fait si nous ne nous Ă©tions pas disputĂ©s un instant plus tĂŽt. Sa colĂšre gonflait avec la mienne. * Tu vas lui dire ** Non pas maintenant ! *Le grand ligre, qui Ă©tait en avant de moi, tourna son immense gueule dans ma direction. Ne me fais pas ça. Ne me trahis pas Ashkane
 Alors tu n'as vraiment rien dit ? Ces gens qui tu cĂŽtoie depuis quelques temps te connaissent encore moins que moi, c'est... dĂ©risoire. Ou alors sont-ils assez stupide pour ĂȘtre aussi aveugles que celui ci ? »Le simple fait qu’il regarde Aaron, lui accorde de l’attention, le mĂ©prise surtout, me mettais hors de moi. Si tu touche Ă  un seul de ses cheveux
 Kalhan, Kalhan.. Tu es meilleure comĂ©dienne que j'ai jamais pu l'ĂȘtre surement. S'intĂ©grer si aisĂ©ment Ă  la population et les rendre aussi dĂ©pendants de ta volontĂ©.. C'est du joli travail. » Je serrais les dents, prĂȘtes Ă  exploser vĂ©ritablement. S’ils l’avaient pu, mes yeux auraient lancĂ© des Ă©clairs. Mais je veux savoir ! je veux savoir ! Ne prononce pas mon nom ! Regarde le, il me ferait presque pitiĂ© si j'avais une idĂ©e de ce que ce mot signifie pour les autres. Tout ce que m'inspire cette abomination qui regorge d'Ă©motions toutes plus sales les unes que les autres c'est du dĂ©gout. Et passablement l'envie de l'Ă©radiquer Ă©galement.. » Je n’avais que trop souvent entendu ce discourt. Non, je ne veux pas y retourner. Pas Ă  Naples ! Je ne veux plus y penser ! Ne me parle plus de ça ! Que dirais-tu de t'en charger avec moi ? Allons Kalhan, ne fais pas cette tĂȘte, nous savons tous les deux Ă  quel point ça te manque.. Toi ! Humain.. baisse ta lame, tu pourrais te blesser.. »Me manquer ? Non ! Jamais plus je ne le referais, j’ai changĂ©. J’AI CHANGE ! Ne me parle pas ! Tais-toi ! Je ne veux plus entendre parler de ça ! Tu fais parti du passĂ© ! J’ai changĂ©, j’ai changé Je rĂ©pĂ©tais inlassablement cette phrase dans ma tĂȘte comme pour m’en convaincre. AprĂšs tout
 Ă©tait-ce bien le cas ? Avais-je vraiment changĂ© ? Oui, non ! Étais-je si diffĂ©rente ? Non, Oui !Je ne sais pas
 peut-ĂȘtre au fond suis-je lĂ  mĂȘme
 peut-ĂȘtre qu’au fond c’était ça mon destin. Je me disais que je devenais celle que je j’aurais du ĂȘtre mais je l’étais dĂ©jĂ  non ? Peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre
 je suis comme ça non ? Au fond ? Est-ce que je joue la comĂ©die ? Mes sentiments pour Aaron et tout les autres, sont-ils vrai ou est-ce un simple reflet de mes dĂ©sirs. Vouloir ĂȘtre acceptĂ©. Oui peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre
 les embobiner, leur faire croire
 que je ne suis pas. * Kalhan ! *Je m'aperçus que j’avais soudain baissĂ© la tĂȘte. Les Ă©paules les bras, mon arme. Comme-ci j’avais abandonnĂ©. AbandonnĂ© avant d’avoir commencĂ©. Quelle honte, aussi bien au prĂ©sent qu’au passĂ©. Les ordres de mon maitres battent Ă  mes oreilles, ne jamais reculer, ne jamais hĂ©siter. HĂ©siter
 ne jamais se laisser le choix, ne jamais parler avec des si »  hĂ©siter !L’Ombre n’était plus dans mon champ de vision. Il n’était plus Ă  l’endroit oĂč il se trouvait une fraction de seconde plus tĂŽt. HĂ© bien hĂ© bien
 Non il n’était pas bien loin. Il Ă©tait juste là
 Ă  cotĂ© d’Aaron. Ce nom ne me fit ni chaud ni froid. J’aurais aussi bien pu dire Ă  cotĂ© de l’étagĂšre ». On s’en fou. L’Ombre est lĂ . Une telle assurance Ă©mane de lui. Comme au bon vieux temps, ah oui oui oui
et son arme qu’il caresse tendrement. Tiens c’est dommage je n’avais jamais eu d’arme Ă  dorloter. J’étais l’arme
 Les deux hommes se fixĂšrent, leurs yeux Ă©trangement semblables. Tiens
 Si semblables et si diffĂ©rents Ă  la fois. Ah c’est beau
 Une lame se leva et l’Ombre disparu en fumĂ©e lĂ  oĂč elle aurait du entamer la chair
 TrĂšs intĂ©ressant. Le rire de l’ombre me fit sourire. Je me rendis compte que j’étais restĂ©e betement plantĂ©e Ă  quelques distances d’eux, la tĂȘte penchĂ©e sur le cotĂ© observant la scĂšne si lointaine. Les yeux plus vides que jamais. Tiens je n’avais mĂȘme pas eu Ă  me forcer, c’est gĂ©nial. J’avais l’impression de flotter. Comme si rien ne me rattachais Ă  cette terre, pas mĂȘme Ashkane bouillant de rage Ă  mes cotĂ©s. Haha, il m'amuse vraiment celui la , c'est pour ça que tu l'as empĂȘchĂ© de rejoindre plus vite ses ancĂȘtres ? Dans tous les cas tu ne lui as fait gagner que quelques minutes, ma chĂšre. »Pas de rĂ©ponse. Pas besoin. L’heure viendra. Car en entrant dans cette piĂšce il Ă©tait certain qu'il n'en ressortirait pas. Du moins, pas avec son Ăąme. Aahh la chaleur qui s'Ă©chappe d'un corps fraichement nettoyĂ© de la salissure de son Ăąme, c'est un moment... exquis. J'ai hĂąte de voir la tienne s'en aller Ă  jamais. » Hum
 * Kalhan ! * Ne rĂ©siste pas, ça risquerait d'ĂȘtre plus long et douloureux. »- Attends ! Enfin, je m’anime. Telle une automate, machine, machine Ă  tuer. Je m’approche Ă  pas lent. Attendez, attendez-moi. - Je veux participer voyons ! Ce n’est plus la mĂȘme voix qu’au dĂ©but lorsque je faisais exprĂšs de le provoquer. Non celle lĂ  a disparu. Celle-ci est vide, sans aucun ton discernable sauf peut-ĂȘtre du sadisme Ă  l’état brut. La perfection sanguinaire. * Tu joue un jeu bien trop dangereux ! ArrĂȘte ça ! ** Mais je ne joue pas Ashkane ^^ ** ArrĂȘte ça ! Ne t’aventure pas dans cette voie ! ** Silence, j’aimerais travailler. *Cette derniĂšre phrase si longtemps employĂ© quand nous partions en mission et qu’Ashkane me cassait les pieds
 le bon vieux temps
 Je suis prĂȘt d’eux maintenant, mais ce n’est pas l’Ombre que je regarde en premier. Non je m’adresse Ă  Aaron - Tu sais bien des choses sur moi, mais tu n’as aucune idĂ©e de ce qu’on m’a fait, ni de ce que J’AI fais.* Ne fais pas ça ! **Cette fois je me tourne vers l’Ombre si proche. Si dĂ©licieusement proche. Une merveille. Et ses yeux gris si semblables à
 ses yeux là
- J’aimerais que tu me dises toi, qui tu es et d’oĂč tu me connais. Car tu connais mon passĂ© mais rien de mon prĂ©sent. Tu n’imagine pas, toi, ce que je suis devenue ici. Cette derniĂšre phrase, ponctuĂ©e d’un sourire dĂ©licieusement sadique et mes yeux brulant d’un vide inquiĂ©tant. Je veux savoir. * GaĂŻa ? Tout va bien ? C’est le pied Ash ! le pied ! Aaron Dwayne ...ou comment ĂȘtre un Feu Follet sur pattes \o/ » Messages 4008Date d'inscription 07/08/2009Age 29Localisation Entre les lignes de son Histoire Feuille de personnageAge de l'humain 28 ans =PPouvoir DĂ©clenche des Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Jeu 22 Juil - 2231 Ce n’est pas aussi simple que ça. »Aaron perdit son Ă©quilibre, comme si la simple phrase de Kalhan l'avait bousculĂ©. Ses yeux gris ne lĂąchant pas l'Ombre des yeux, sa concentration Ă©tait toute entiĂšre Ă  Kalhan. MĂȘme s'il refusait de la regarder, comme si il pensait avoir mal entendu. Ses yeux se troublĂšrent lĂ©gĂšrement et ses doigts se raffermirent autour de la garde de chaque lame. Non. Nan, c'est pas ce que tu crois, tu as mal entendu, c'est l'autre qui brouille tout autour d'elle.. Dis-lui » assena Ashkane comme un marteau sur une enclume Ash tais-toi ! »Un frisson remonta le long de la colonne vertĂ©brale du jeune homme et ses yeux divaguĂšrent lentement vers l'Ă©tudiante qui le fixait. Il fronça lĂ©gĂšrement les sourcils, lui demandant du regard qu'est ce qu'elle voulait taire. Qu'est ce que tu me cache Kalhan ? GaĂŻa s'agita sur son Ă©tagĂšre, sentant que quelque chose n'allait pas. En plus du fait qu'un assassin Ă©tait en passe de les tuer, certes, mais cette fois ça venait de Kalhan. Ash n'Ă©tait de toute Ă©vidence pas d'accord avec elle sur un point et vu le ton sur lequel elle l'avait rabrouĂ©.. Ça ne sentait vraiment pas bon. Elle percevait de son perchoir la colĂšre vibrante du daĂ«mon. Sentant sa propre rage monter en elle, GaĂŻa la retint dans un juron et se rembrunit. Si il y avait quelque chose Ă  dĂ©tester en cet instant c'Ă©tait l'Ombre, et pas sa moitiĂ© ! Puis, l'Ombre se remit Ă  parler, balayant les grandes phrases d'Aaron avec une assurance mĂ©prisante. Le pion eut l'impression qu'il grandissait en l'Ă©crasant par la seule force de ses mots, sentit son cƓur pulser Ă  l'intĂ©rieur de sa poitrine comme si il se recroquevillait sur lui mĂȘme. Aaron serra les dents et assura de nouveau sa prise, sentant un filet de sueur froide glisser le long de sa nuque. Qu'il baisse sa lame ? Autant parcourir le Tartare avec une meute de titans dĂ©chainĂ©s Ă  ses trousses ! L'homme lui dĂ©dia un regard brĂ»lant de haine mais ne rĂ©pondit pas. Sans pouvoir s'en empĂȘcher, Aaron sentit ses yeux dĂ©river du cĂŽtĂ© de Kalhan pour voir sa rĂ©action quand il avait parlĂ© de le tuer Ă  deux. Bon sang ! Entendre parler de sa propre mort avec un tel dĂ©tachement, comme si de toute maniĂšre il ne pourrait rien faire pour l'en empĂȘcher. Il s'attendait Ă  trouver une Kalhan rĂ©voltĂ©e, les yeux brillant d'une rage meurtriĂšre, ou encore cette absence de sentiment dĂ©rangeante mais rien. Rien de tout cela. Le regard rivĂ© au sol, la jeune fille avait baissĂ© sa lame, baissĂ© ses Ă©paules. Abandon. Les pupilles d'Aaron s'agrandirent alors qu'il sentait sa propre peur prendre son envol. Merde. Merde ! Si Kalhan laissait tomber ils Ă©taient foutus. Ressentant d'un coup une prĂ©sence prĂšs de lui, l'homme tourna la tĂȘte et eut un mouvement de recul brusque, trouvant l'Ombre Ă  un pas de lui. D'un revers de lame, il tenta de le blesser mais l'acier ne rencontra que du vide. Il avait rĂ©agit rapidement mais Ă©tait sur d'avoir vu l'assassin caresser la lame bien avant qu'il ne bouge. Bon sang ! Comment pouvait-il bouger aussi vite ? Les deux regards gris s'entrecroisaient, se dĂ©fiant silencieusement. Aaron sentit son sang se mettre Ă  bourdonner Ă  ses oreilles et Ă©valua ses chances. D'aprĂšs ce qu'il se rappelait de la position des meubles il lui restait trois ou quatre pas jusqu'Ă  la prochaine Ă©tagĂšre. L'Ombre sortit sa lame, recommença Ă  cracher son venin avec amusement. Sa langue perfide passa sur ses lĂšvres et ses yeux brillĂšrent d'une joie sombre. Ne rĂ©siste pas, ça risquerait d'ĂȘtre plus long et douloureux. »D'un pas rapide en avant, comme s'il attaquait, l'Ombre fit reculer Aaron d'un pas instinctivement. Se maudissant pour sa bĂȘtise, l'homme campa sur ses positions, jeta un Ɠil Ă  Kalhan qui observait la scĂšne, un sourire dĂ©ment aux lĂšvres. Aaron sentit son cƓur se serrer mais il ne pouvait rien faire. Voir Kalhan comme ça, c'Ă©tait ... terrifiant. Attends ! » bougeant enfin, elle se rapprocha des deux hommes, souple et fĂ©line. PrĂ©datrice. Je veux participer voyons ! »* ASHKANE ! Ashkane, dis moi qu'elle fais semblant, dis le moi ou je te jure que je vous tue tous les deux ! * glapit GaĂŻa en sentant ses plumes se hĂ©risser sur son ses yeux Ă©bahis, elle vit son humain se dĂ©composer. Lentement. Surement. Doucement, sa lame s'abaissa sans qu'il s'en rende compte. Kalhan... Il n'en revenait pas. Kalhan.. AARON ! AARON TA LAME ! » Mais il ne l'entendait pas. Ce n'Ă©tait pas possible, pas Kalhan ! Pas sa Kalhan ! Non, c'Ă©tait impossible, elle faisait semblant. Oui. C'Ă©tait un piĂšge dans lequel l'Ombre se prĂ©cipiterait sans attendre, un piĂšge si bien tendu qu'il manquait d'y tomber Ă©galement. Les yeux bleus de la jeune femme vrillĂšrent les siens et il sentit ses espoirs se cacher derriĂšre son cƓur. Tu sais bien des choses sur moi, mais tu n’as aucune idĂ©e de ce qu’on m’a fait, ni de ce que J’AI fais. » elle se dĂ©sintĂ©ressa immĂ©diatement de lui pour en revenir Ă  l'Ombre. Aaron entendit Ă  peine ce qu'elle lui disait. Tout ce qu'il avait entendu c'Ă©taient les mots qui lui Ă©taient adressĂ©s. Ses bras s'affaissĂšrent lentement. Il ne pouvait pas menacer Kalhan d'une lame, pas maintenant qu'elle Ă©tait Ă  cĂŽtĂ© de l'Ombre. Du cĂŽtĂ© de l'Ombre. Brusquement, le monde s' avec lui la lumiĂšre qui avait toujours portĂ© Aaron, plus haut, plus loin. Il rĂ©agit Ă  peine lorsque GaĂŻa poussa un cri, sentant quelque chose l'attraper par derriĂšre, rĂ©agit Ă  peine quand ses lames glissĂšrent lentement d'entre ses doigts. L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Ven 23 Juil - 2235 Faisant pivoter son poignet il entendit son os craquer, eut un sourire dĂ©ment. L'autre n'en menait pas large, parfait. Il pouvait presque sentir sa peur, rien qu'en aspirant l'air lourd de la bibliothĂšque. Une autre flamme sombre attisa la folie de ses yeux gris et il eut un mouvement sec de la nuque, Ă©voquant un rapace ayant vu une proie. Il regarda l'homme Ă©valuer la distance qui lui restait comme retraite entre ses pieds et les Ă©tagĂšres, une lueur d'amusement au coin des lĂšvres. Celui la il se ferait un plaisir de l'Ă©corcher vif. Il avait tout l'air d'un de ces malheureux humains qui campaient sur leurs acquis, certains de leur supĂ©rioritĂ© face aux individus normaux. Dommage pour toi qu'il ait fallut que tu tombe sur un maĂźtre en la matiĂšre. Subitement, la douce voix aux accents tranchants de Kalhan retentit dans la piĂšce. Attends ! Je veux participer voyons ! »Sentant son sang faire un tour, l'Ombre tourna la tĂȘte vers elle, son esprit ayant totalement oubliĂ© l'homme qui lui faisait face. Son esprit seulement, car sa garde n'avait pas faiblit une seconde. Se rendant compte qu'il gardait sa lame tendue, l'Ombre ricana intĂ©rieurement et l'abaissa. Comme s'il avait besoin d'ĂȘtre vigilant avec un ĂȘtre aussi lent que celui la. Il regarda alors cette vĂ©ritable merveille dressĂ©e qui s'avançait vers lui d'un pas comme accompagnĂ© de la mort mĂȘme. Un frisson remonta le long de ses cĂŽtes et l'Ombre sentit un sourire carnassier lui monter dĂ©licieusement aux lĂšvres. Mais elle ne le regardait pas, fixait l'autre sans s'arrĂȘter d'avancer. Tuer ? Ooh mais regarde la ma belle, elle a l'air tout Ă  fait prĂȘte pour le faire seule, regarde moi cette merveille... elle est sublime. Un rire monta dans sa gorge quand elle rabaissa l'autre plus bas que terre mais il se tut, contenta de laisser ses yeux briller d'une aviditĂ© croissante. Ses yeux gris glissĂšrent sur son corps, de haut en bas alors qu'elle le dĂ©visageait Ă©galement. FĂ©line, d'apparence si fragile pour un sale humain, mais plus forte que tous. Sauf lui, Ă©videmment. J’aimerais que tu me dises toi, qui tu es et d’oĂč tu me connais. Car tu connais mon passĂ© mais rien de mon prĂ©sent. Tu n’imagine pas, toi, ce que je suis devenue ici. »L'Ombre rangea sa lame d'un geste souple et l'acier frotta doucement le cuir de son fourreau. Il avait complĂštement oubliĂ© la prĂ©sence dĂ©rangeante de l'autre. Un sifflement rauque s'Ă©chappa de ses lĂšvres et il passa son pouce sur celles ci, comme s'il rĂ©flĂ©chissait. Les yeux brillants, il disparu une seconde dans un nuage de fumĂ©e et se rapprocha fĂ©brilement de la jeune femme, se reformant Ă  deux pas d'elle. Qui je suis ? Je suis l'Ombre et la LumiĂšre, celui qui fait et qui dĂ©fait, celui qui donne et qui enlĂšve, qui nettoie ce qui a besoin d'ĂȘtre purgĂ©. Qui je suis ? Tu le sais au fond de toi Kalhan.. » susurra-t-il, fier de son petit effet. Il haussa ses sourcils pourtant cachĂ©s par sa capuche. Raconte le moi Kalhan, qu'est tu devenue ? As tu beaucoup de ces petits hommes Ă  tes trousses, qui croient avoir rĂ©ussit Ă  emprisonner une part de toi grĂące Ă  leur .. amour.. » le dĂ©gout avec lequel il prononça ce dernier mot montrait Ă  quel point il en faisait fit. Ils croient avoir rĂ©ussit Ă  s'approprier le semblant de libertĂ© qui t'anime.. mais Ă  la vĂ©ritĂ© tu le sais autant que moi, tu n'es pas libre Kalhan. Tu as toujours Ă©tĂ© enchainĂ©e. EnchainĂ©e.. Ă  Naples et Ă .. Lui. »Un grand sourire sadique Ă©tira ses lĂšvres alors qu'il faisait allusion Ă  celui qui avait forgĂ© ce que Kalhan Ă©tait, au rythme de ses coups et du sang qu'il avait fait couler. Bougeant d'un coup sec ses doigts, le Suiveur passa immĂ©diatement Ă  l'attaque. Tel un serpent, elle ondula vivement entre les livres et se jeta sur l'oiseau, prenant au passage la forme vĂ©ritable d'un reptile, crocs sortis. Ils entourĂšrent le pauvre petit animal colorĂ©, le serrĂšrent et le Suiveur commença Ă  tourner rapidement autour du daĂ«mon pour lui faire perdre pied. L'oiseau cria. Le Suiveur rit joyeusement. Trop colorĂ©. Noir maintenant. TrĂšs noir. TrĂšs peur. Oh oui, perdu ! Se parant d'un grand sourire tranchant, l'Ombre se dĂ©cala de Kalhan au cas ou elle essaye de l'en empĂȘcher. Nous avons beaucoup Ă  nous dire ma belle.. » soupira-t-il en se mettant immĂ©diatement en ses prunelles grises dans celles, identiques, de l'autre comme s'ils Ă©taient deux poignards, l'Ombre imagina toute la scĂšne dans sa tĂȘte, comme Ă  chaque fois qu'il passait Ă  l'action. Deux pas, Ă©lan, vitesse, surprise. Tranchant de la main sur poignet gauche, lame qui s'Ă©chappe, os brisĂ©s. Bloquer attaque bras droit bloquĂ©e de l'avant bras, repousser. Poing droit sur joue gauche, dĂ©sorientation. Poing gauche sous menton, recul d'un pas. Appui sur pied gauche, monter dans airs, coup de talon au plexus solaire. Respiration bloquĂ©e, recul puissant, nuque s'Ă©crase dans Ă©tagĂšre, inconscience quasi instantanĂ©e. IncapacitĂ© Ă  se relever avant plusieurs heures. Un sourire dĂ©mentiel Ă©claira une seconde son visage et il se mit en mouvement. L'autre ne pouvait rien faire. Absolument rien faire. Aussi souple et fĂ©lin qu'on puisse l'ĂȘtre, tout en retenant la puissance qui l'animait, l'Ombre passa Ă  l'attaque, fulgurant et impitoyable. Les os du poignet de l'autre craquĂšrent et, comme il l'avait prĂ©vu, il tenta de lui planter la lame dans le cou. MĂ©pris. L'Ombre para son coup, repoussa son bras et Ă©crasa son poing sur la joue de l'homme. Tout n'Ă©tait qu'un geste ample et maĂźtrisĂ©. Continuant naturellement le mouvement, il lui dĂ©cocha une gauche dans le menton, l'envoyant valser un pas plus loin. Comme il l'avait prĂ©vu. Dans la mĂȘme oblique, il bondit dans les airs en tendant sa cheville gauche, dĂ©tendit son pied droit qui alla s'enfoncer dans le plexus solaire de l'autre. Qui, le souffle coupĂ©, alla s'Ă©craser dans l'Ă©tagĂšre derriĂšre lui. L'homme s'effondra sur le sol avant d'avoir pu esquisser un geste et l'Ombre atterrit accroupit, son sourire disparu. Un bras tendu sur le cĂŽtĂ©, il se redressa souplement et se tourna pour ĂȘtre face Ă  Kalhan. Proie.. » coula-t-il dans un sifflement. Nous avions Ă  parler je crois. » dĂ©clara-t-il nonchalemment en effaçant d'un revers de main un pli sur sa dessus de l'armoire, le ricanement du Suiveur qui emprisonnait GaĂŻa raisonna dans les airs. Promesse. Kalhan XĂ©nia Grande gueule traumatiseuse de nouveaux en chef » Messages 4011Date d'inscription 13/08/2009Age 30Feuille de personnageAge de l'humain 19 ansPouvoir PsychokinĂ©sie Peut tout faire par l'espritRelations Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Sam 24 Juil - 2215 Cette impression de sombrer inĂ©vitable. Cette impression de flotter au dessus de la vie. Ne me regarde pas comme ça Aaron, tu ne comprends pas je sais mais crois moi c’est mieux comme ça. Je ne mĂ©rite pas ton amitiĂ©, ni ta confiance, ni mĂȘme que tu m’accorde un seul regard aussi inquiet, aussi surpris, dĂ©stabilisĂ©. Je ne mĂ©rite rien de toi Aaron, parce que je ne suis rien. C’est peur dans ses yeux, au fond, tout au fond parce qu’il affiche un courage exemplaire. Cette peur lĂ  ne m’affecte pas. Plus rien ne m’affecte de lui, plus rien ne compte. J’en ai assez, j’en ai assez de mentir, de me cacher derriĂšre de faux sentiments, derriĂšre le masque de l’amitiĂ©. Ce n’est pas moi. Je ne suis rien, je suis Ă  Lui. Il n’y a que lui qui puisse dĂ©cider de mes actes, de mes pensĂ©es, de mon ? M’en fiche, c’est fini tout ça. Tout est noir, mon regard, mon sourire. Le sadisme, la violence, le meurtre, la haine. Tout ce mĂ©lange, tout ce confond. Mais je veux savoir, je veux comprendre. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais voilĂ , il faut que j’arrĂȘte l’Ombre, qu’il ne tu pas Aaron, pas encore. Pourquoi ? Mais j’en sais rien merde ! C’est comme ça c’est tout ! Je le fais et lui, semblait ravi. IntensĂ©ment ravi de me voir rĂ©agir. Surtout pour renier Aaron, avec autant de facilitĂ©. Comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Peut-ĂȘtre allait-il enfin rĂ©pondre Ă  mes questions. Allez, dit moi ! L’Ombre et la LumiĂšre ? J’aurais plutĂŽt simplement dit Ombre car il n’apportait pas la lumiĂšre, seulement la mort. Au fond, j’aurais du savoir qui il Ă©tait. Quelque chose me disais
 que j’aurais du m’en rappeler mais je n’y arrivais pas. Tant pis. Je n’en tirerais sans doute pas plus de lui. Il ne me dirait pas s’il Ă©tait devenu le nouveau joujou du maitre depuis mon dĂ©part. Ni rien. Raconte le moi Kalhan, qu'est tu devenue ? As tu beaucoup de ces petits hommes Ă  tes trousses, qui croient avoir rĂ©ussit Ă  emprisonner une part de toi grĂące Ă  leur .. amour.. »- Un certain nombre oui
 Pas un regard pour Aaron, pas la peine. Il n’est qu’un meuble dans le dĂ©cor. EnchainĂ©e, enchainĂ©e Ă  Lui, depuis toujours oui
 mon maitre
 Maitre vous me manquez tant
* ASHKANE ! Ashkane, dis moi qu'elle fais semblant, dis le moi ou je te jure que je vous tue tous les deux ! * * Je n’en sais rien ! Je te jure j’en sais rien ! *Ashkane lui-mĂȘme aurait voulu que tout s’arrĂȘte, lui non plus ne comprends pas. Il ne comprend pas ce qu’il se passe en moi. T’es qu’un con Ashkane, t’a toujours Ă©tait un con. T’as jamais rien compris. Tu as toujours fais semblant de croire, de comprendre ce que j’avais subit. Mais toi tu n’as rien eu. Tu te morfondais en pensant que c’était ta faute. E quand on m’a sorti de l’enfer pour m’entrainer, me forger, faire de moi une meurtriĂšre, tu te disais que c’était bien aprĂšs tout car nous n’avions rien en dehors et au fond tu as toujours aimĂ© la puissance, la fiertĂ©, la force. Tu as toujours aimĂ© impressionner les autres, quel hypocrite. T’es qu’un monstre, toujours Ă  grandir pour ĂȘtre le plus grand, le plus fĂ©roce. Mais t’es qu’un con Ash. T’es qu’un con ! T’as toujours Ă©tĂ© comme ça ! Avoue-le au moins ! Tu Ă©tais heureux de savoir mon pouvoir immense, capable de tout, t’étais heureux que je ne sois qu’une machine ! Tu m’en veux Ă  prĂ©sent ? Je t’emmerde Ashkane ! Je te haĂŻ !Quelque part dans la bibliothĂšque sombre, l’oiseau cria. AussitĂŽt, Ashkane poussa un rugissement en se prĂ©cipitant vers l’étagĂšre ou GaĂŻa Ă©tait perchĂ©e. Tu veux jouer au chevalier ? Essai toujours. Mais tu vois mon gars, tu vas apprendre qu’ĂȘtre un grand et fĂ©roce monstre ne sert Ă  ligre stoppa devant l’étagĂšre, indĂ©cis. Que devait-il faire ? A son habitude il aurait dĂ©molie le meuble et croquĂ© la bĂȘte qui retenait GaĂŻa en priant pour que l’oiseau tombe dans sa criniĂšre et ne s’écrase pas sur le sol. Mais croquer le serpent revenait Ă  gober GaĂŻa dans le mĂȘme temps. Et Ashkane, le grand Ashkane se retrouvait comme un con devant l’étagĂšre sans savoir quoi faire. C’est bĂȘte hein ? Nous avons beaucoup Ă  nous dire ma belle.. »Oui, beaucoup. Et il faudrait que j’attendre car pour l’instant l’Ombre s’occupait d’ spectacle extraordinaire ! Voir l’Ombre passer Ă  l’attaque Ă©tait grisant ! Une telle maitrise de soi, une concentration, une assurance
 des gestes calculĂ©s aux millimĂštres, des rĂ©actions explosives, une ombre mouvante, dansant une valse infernale. Une merveille en vĂ©ritĂ©. Tout semblait innĂ© chez lui. Comme si cela avait toujours fait parti de lui comme s’il avait su manier les armes avant mĂȘme de savoir marcher, comme s’il avait su se battre avant mĂȘme de savoir parler. Un ange des tĂ©nĂšbres. Le plus fantastique qui soit. Prince de la nuit. Aaron n’avait aucune chance, il aurait du le savoir, le comprendre ou mĂȘme s’il est trop bĂȘte pour ça, son instinct aurait du lui hurler de fuir. MĂȘme si c’était inutile. Mais je ne voulais pas que l’Ombre tu Aaron. Pourquoi ? Je n’en sais toujours rien ! Mais ainsi, il aurait pu avoir une chance de rester en vie. Maintenant
 il s’effondrait comme une comme le cri de GaĂŻa, le craquement des os d’Aaron ne me dĂ©rangea pas plus que le chant des oiseaux au matin. Comme si tout Ă©tait naturel
 Tel un ange en adoration, L’Ombre se releva. En fait
 il est trop sex quand il attaque. Proie.. Nous avions Ă  parler je crois. »Nonchalamment, je croisais les bras sur ma poitrine tout en dĂ©plaçant mon poids sur une seule jambe, l’autre se pliant aux genoux. Totalement dĂ©tendu. Je n’ai pas peur de lui, loin de lĂ . En fait, ça aurait Ă©tĂ© gĂ©nial de ce battre contre lui, mais pas encore, pas tout de suite. Il ne faut pas sauter de chapitre, ne brulons pas les Ă©tapes et commençons par le dĂ©but - Ainsi, c’est toi qu’il a envoyĂ© ? Il me rĂ©clame ?Quelque chose au fond de moi me hurlais que ce n’était pas vrai. C’était Ă©vident d’ailleurs. Il m’avait appelĂ© proie. Il n’avait donc qu’une seule idĂ©e de l’issue de notre histoire et ce n’était pas le retour Ă  Naples. Le retour vers mon maitre !- Je croyais qu'il aurait compris les raisons de mon dĂ©part. ''Puisqu'il m'a trahis" ajoutais-je dans ma tĂȘte. Et parce que Ashkane Ă©tait trop voyant mais ça c'Ă©tait la version parler Ă  nouveau mais Ashkane s’interposa dans mon esprit * Qu’est ce que tu fais ? Mais qu’est ce que tu fais ! Kalhan es-tu folle ? Dis-moi que tu le fais exprĂšs ! Tu plaisante ? Tu ne vas pas laisser GaĂŻa
 Aaron
** T’as la trouille Ash ? HĂ© bien regarde et Ă©clate toi, je te laisserais ptet en bouffer un bout, tu l’as tant dĂ©sirĂ©. ** Ne dis pas ça, non tu ne
 *Et soudain, sans mĂȘme en avoir Ă©tĂ© avertis, je sentis la colĂšre monter en moi comme un vent de tempĂȘte. Elle explosa comme l’éruption d’un volcan et le regard noir que je posais sur Ashkane le fit reculer de deux pas. Il avait C’est de ta faute Ashkane ! De ta faute ! Tout ce qu’on m’a fais, tout ce que j’ai fais ! Tout ce que je suis ! C’est Ă  cause de toi ! TOUT EST DE TA FAUTE ! Alors soit heureux Ashkane car je suis comme tu l’as voulu. Tu voulais vivre et j’ai vĂ©cu pour toi. Je suis devenue une machine vivante, juste pour que toi l’ñme tu puisses exister. Soit heureux Ashkane. Toi, approche un peu. Allez l’Ombre vient ! J’ai terriblement envie de jouer
 Un sourire sadique, une merveille digne d’un film d’horreur. Viens mon gars, on va s’amuser
Ashkane ne sait plus quoi faire. C’est la premiĂšre fois qu’il se retrouve dans cette situation. Sa taille, sa fĂ©rocitĂ© ne sert plus Ă  rien face Ă  celle qui l’a trahi. Oui son humaine l’a trahis c’est ainsi qu’il le voit. Que doit-il faire ? GaĂŻa, Aaron
 non, il ne les abandonnera pas lui. MĂȘme si c’est un trouillard, il l’avoue enfin, il n’abandonne pas ! Pas ceux qu’il AIME !Le grand ligre avance et passe devant moi, si bien que je ne vois plus l’Ombre. Une montagne de poil nous sĂ©pare. Putain Ash casse toi ! T’es en plein dans un duel lĂ  ! Spectateur inutile ! DĂ©gage ! Mais le ligre n’a nullement l’intention de s’en aller. Il se plante devant l’Ombre et se dresse de toute sa hauteur, tout gonflĂ© de fureur, ce qui n’est pas peu dire devant une bĂȘte pareille. La haine anime son regard. Il brule de colĂšre, de vengeance. Il ferait tout. Tout pour ceux qu’il gueule monstrueuse descend lentement vers le visage encapuchonnĂ© de l’Ombre, ses crocs dĂ©mesurĂ©s bien en Dis Ă  ta bĂȘte de lĂącher GaĂŻa ou je te jure que je te dĂ©vore. Sa voix n’évoque pas de colĂšre, ni d’amour ni de quoi que ce soit, elle ne porte aucun sentiments. Elle est vide. Vide parce qu’il est prĂȘt. PrĂȘt Ă  tout. C’est la voix de celui qui sait. Celui qui sait ce qu’il doit faire. Il a comprit. Tu as compris Ashkane, tu sais que ce n’est pas un jeu. Tu le sais enfin
 Il en Ă©tait capable, de toucher l’Ombre de le dĂ©vorer mĂȘme ! Quitte Ă  me faire mal Ă  moi car je l’avais trahis. Il avait comprit et plus rien d’autre ne comptait. Il allait enfin cesse de jouer avec nos vie. Car ce n’est pas un jeu. C’est rĂ©el. Et plus rien ne la premiĂšre fois que je demandais ainsi Ă  quelqu’un de me faire aveuglĂ©ment confiance... Aaron Dwayne ...ou comment ĂȘtre un Feu Follet sur pattes \o/ » Messages 4008Date d'inscription 07/08/2009Age 29Localisation Entre les lignes de son Histoire Feuille de personnageAge de l'humain 28 ans =PPouvoir DĂ©clenche des Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Jeu 29 Juil - 1736 Et si, tout, depuis le dĂ©but, n'avait Ă©tĂ© que mensonge et comĂ©die. Et si, par delĂ  les sentiments qui obstruaient notre vue, on s'Ă©tait fait abuser. Et si, par simple Ă©lan d'Ă©goĂŻsme et par total dĂ©ni de notre possible erreur, on s'Ă©tait justement inspiration. Un recul de poids vers l'arriĂšre. Le sentiment que tout est dĂ©jĂ  jouĂ© qui monte en lui. C'est tout ce que Aaron eut le temps de ressentir et faire avant que l'Ombre se tourne vers lui et, dans un geste prĂ©cis, parfaitement calculĂ©, prolongement de ses dĂ©sirs et de son talent pour la violence, se jette Ă  sa rencontre. S'en rendant parfaitement compte, le pion fit exactement ce que l'Ombre avait dĂ©cidĂ© auparavant. Ne trouva pas d'autres moyens d'essayer vainement de contrer cette attaque foudroyante. Comme dans un rĂȘve, il vit l'homme bouger plus vite qu'il ne le pourrait jamais, repousser ses bras, sentit son poing percuter sa joue puis son menton, se sentir partir en arriĂšre. A moitiĂ© sonnĂ©, il eut le temps de retrouver un Ă©quilibre prĂ©caire, inspira une courte bouffĂ©e d'air et leva les yeux. Ceux ci rencontrĂšrent celui de l'assassin qui brillaient d'une joie fĂ©roce. Dans un sursaut d'incomprĂ©hension, Aaron se demanda, tout comme Kalhan, qui pouvait bien ĂȘtre ce mec. C'Ă©tait la question, qui Ă©tait donc capable d'autant de violence et d'horreur face Ă  des enfants et en redemander ? Bizarrement, il se surprit Ă  espĂ©rer que Kalhan obtienne sa rĂ©ponse. Peu importait ce qu'elle choisirait de faire plus tard, si elle savait qui il Ă©tait elle aurait toujours une chance de l'arrĂȘter. L'arrĂȘter. Quelqu'un en avait-il jamais Ă©tĂ© capable. Dans un cri sourd, Aaron s'Ă©crasa sur l'Ă©tagĂšre, sentit sa tĂȘte partir en arriĂšre et rencontrer le bois. Sentit son corps s'affaler entre les livres qui lui tombaient dessus. Sentit ses yeux se fermer dĂšs qu'il toucha violemment le sol, le souffle coupĂ©. Peu importait qui Ă©tait l'Ombre, il l'avait simplement Ă©crasĂ©. dans une tempĂȘte plus sombre que tout ce qu'elle avait jamais vu, GaĂŻa sentit son humain lĂącher prise, cria encore. Comme elle avait criĂ© dĂšs que l'Ombre s'Ă©tait mis en mouvement, comme elle avait criĂ© quand cette chose s'Ă©tait mise Ă  lui tourner autour, impitoyable. Bien qu'elle Ă©tait entiĂšrement faite de fumĂ©e, la crĂ©ature repoussait toutes ses tentatives de sorties en intensifiant son mouvement, de sorte qu'elle perde tout repĂšre et peine dĂ©jĂ  Ă  tenir convenablement sur ses pattes. Elle n'arrivait pas Ă  y croire, tout s'effondrait autour d'elle. Kalhan avait basculĂ©, Ashkane Ă©tait impuissant et Aaron.. Oh, Aaron. D'un coup, Le Suiveur cessa de tourner atour d'elle en ricanant et elle manqua de tomber du haut de l'armoire. Ses serres plantĂ©es dans le bois dur, l'oiseau essaya de respirer, se rendit compte qu'elle n'y parvenait pas car son humain non plus. Elle cria encore son prĂ©nom, ne trouva pas la force de voler jusqu'Ă  lui, certaine qu'Ă  son premier mouvement Le Suiveur recommencerait son manĂšge. GaĂŻa ferma le bec, tangua, ferma les yeux, tangua, ferma la porte aux espoirs. Tomba lentement sur le cĂŽtĂ©, restant malgrĂ© tout sur l'Ă©tagĂšre en allant rejoindre sa moitiĂ©. L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Jeu 29 Juil - 2139 Arquant un sourcil moqueur, l'Ombre se passa la langue sur les dents, coula un regard doucereux Ă  Kalhan. Elle Ă©tait lĂ , se bougeant d'une maniĂšre terrible, captant l'ombre et la lumiĂšre, attirant l'attention sur elle dĂšs qu'elle pĂ©nĂ©trait dans une piĂšce. Les humains sont des idiots si ils ne la voient pas comme ça.. Sans cesser de tourner autour du daĂ«mon de l'autre, Le Suiveur eut un rire hystĂ©rique et accĂ©lĂ©ra, couvrant les cris de l'oiseau. Silence. BientĂŽt . Rejoindra son maĂźtre. Rejoindra, dans Limbes . AmusĂ©, l'Ombre la caressa de l'esprit tout en restant concentrĂ© sur une Kalhan qui croisait les bras. Une pointe de surprise traversa les yeux gris de l'homme et il s'esclaffa. Lui ? Ne sois pas stupide, enfant. Crois tu qu'il te rĂ©clamerait comme un gamin rĂ©clame un jouet ? » son rire devint grinçant. S'il est sur que tes talents d'actrice t'ont servit ici, ta cervelle est toujours aussi jeune et folle que celle d'une gamine. Mais bon.. » il esquissa un geste de la main pour chasser ses paroles. Compris ? Il a surtout compris que son Ă©lĂšve l'avait trahie.. Mais si tu veux mon avis tu le surpasse surement. Il a fait l'erreur d'essayer de mettre en cage une si farouche assassine.»Il passa sa langue sur ses lĂšvres avec un air gourmand, avança d'un pas, s'immobilisa car elle semblait en pleine conversation avec sa moitiĂ©. Ce pachyderme poilu, cette machine Ă  tuer. L'Ombre grinça des dents et planta ses yeux sur le museau de l'animal, comme s'il pouvait par sa simple pensĂ©e le crocheter et le jeter Ă  terre, l'enchainer comme la bĂȘte qu'il Ă©tait. Mais de toute Ă©vidence Kalhan n'avait pas besoin de chaines ou de fouet pour faire reculer son monstre. Comme si elle avait elle mĂȘme montrĂ© les crocs, l'immense Ligre recula prudemment. Le regard vissĂ© sur le visage rageur de Kalhan, l'Ombre n'en perdait pas une miette, fascinĂ©. Haha, regarde moi ça. Elle est parfaite . Le Suiveur siffla rageusement et, pour se venger, mordit une nouvelle fois le petit oiseau qui battait faiblement les ailes. Si elle n'Ă©tait que fumĂ©e elle arrivait Ă  lui faire assez peur pour qu'elle croie qu'elle la mordait vĂ©ritablement. Chuintement feutrĂ©, l'Ombre fit un pas sur le cĂŽtĂ©, les bras croisĂ©s et le visage impassible. Cessant de fusiller son daĂ«mon de ses yeux bleus profonds, la belle laissa glisser ses yeux jusqu'Ă  lui, lui dĂ©dia un sourire tellement plein de sadisme qu'il sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertĂ©brale. Ne rĂȘvez pas, ce n'Ă©tait pas de la peur, loin de lĂ . Un sourire mauvais montant sur ses lĂšvres, l'Ombre abaissa ses Ă©paules, laissa retomber ses bras et abaissa lĂ©gĂšrement son centre de gravitĂ© sans la lĂącher des yeux. Position de dĂ©fense. Une lueur veule traversa ses yeux gris. Provocation. AmĂšne toi ma belle, je n'attends que toi.. Quelque chose lui coupa la vue brusquement et l'Ombre leva lentement ses yeux, son sourire descendant et son visage impassible aussi froid que la mort n'annonçait rien qui vaille. Dis Ă  ta bĂȘte de lĂącher GaĂŻa ou je te jure que je te dĂ©vore. »Se redressant lentement, l'homme se passa la langue sur les lĂšvres sans lĂącher le regard fauve du Ligre. Intentionnellement il s'approchait plus encore des crocs de la bĂȘte. Il pencha doucement la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, se fendit d'un coup d'un immense sourire carnassier. D'un geste souple de la main il fit mine de saisir son poignard, ne fit que l'effleurer et la ramena devant lui, la leva vers les crocs du Ligre. Rapide. Trop rapide. Il s'arrĂȘta comme s'il rĂ©flĂ©chissait, quitta le Ligre des yeux un instant, cessa de sourire. Puis, narquoisement, il leva les yeux, sourit avec provocation et remua ses Ă©paules d'une maniĂšre plus fĂ©line qu'humaine. Aahh mais tu oublies quelque chose dans tes plans mon chaton. » il s'essuya la joue de son Ă©paule, eut un rire cynique. Se calmant, il se mit Ă  susurrer ses paroles. As-tu dĂ©jĂ  essayĂ© de dĂ©vorer de la fumĂ©e ? »Le Suiveur Ă©clata d'un rire narquois et l'Ombre bondit dans les airs, directement dans la gueule du Ligre. Quand il sentit la chaleur de cette gueule bĂ©ante le caresser il se transforma, fumĂ©e impalpable.. Le Suiveur s'immobilisa, laissant l'oiseau tomber, inanimĂ©e, sur l'armoire. Se lovant comme un chat sombre contre le mur elle vrilla le Ligre de ses pupilles vides. Sortir ? Ou dĂ©truire de l'intĂ©rieur ? DĂ©couper ? BrĂ»ler, dĂ©former, agiter, crocheter, dĂ©chirer... Stupide gros vilain chat »Se glissant entre les babines de l'animal ainsi que jusque dans ses sinus, se divisant en deux pour l'occasion, l'Ombre sortit du Ligre et vola jusqu'Ă  son daĂ«mon. Dans un ronronnement profond, Le Suiveur lui sauta dessus, se fondit en lui. Un rire Ă©clata sur les murs de la bibliothĂšque et une colonne de fumĂ©e descendit jusqu'au sol. Apparaissant accroupit Ă  quelques mĂštres derriĂšre le daĂ«mon, l'Ombre garda les yeux rivĂ©s au sol, le visage dissimulĂ© par sa capuche. Dans un vrombissement d'air, un autre chat noir de fumĂ©e se frotta contre lui, cracha vers Kalhan. Il redressa la tĂȘte, un sourire retenu aux lĂšvres. Non, voyons, rĂ©flĂ©chit petit animal stupide. Je n'hĂ©siterais pas un instant Ă  t'attaquer, je sais que Kalhan ne ressent pas la douleur. Mieux, elle l'aime, n'est ce pas Kalhan ? » en trottinant, Le Suiveur s'approcha de l'autre Ă©vanouit et le renifla avec intĂ©rĂȘt. Lentement, l'Ombre se redressa. Imagine Kalhan, la beautĂ© de Naples de nouveau sous tes yeux. La splendeur de ses palais sous le clair de lune ; la magnificence de ses pavĂ©s lustrĂ©s par les ans ; l'odeur de tes rues sombres qui n'attendent que de revoir l'Ă©clat meurtrier de ta lame en action.. Non.. c'est vrai. J'oubliais. Tu n'a pas de lame. Peu importe ! Naples se languit du sang qui ne coule plus grĂące Ă  toi Kalhan. »Se transformant en une hyĂšne complĂštement noire, Le Suiveur approcha ses crocs de l'homme en glapissant de joie. Rire veule. Rire hyĂšne. Kalhan XĂ©nia Grande gueule traumatiseuse de nouveaux en chef » Messages 4011Date d'inscription 13/08/2009Age 30Feuille de personnageAge de l'humain 19 ansPouvoir PsychokinĂ©sie Peut tout faire par l'espritRelations Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Sam 31 Juil - 1124 Sur l’étagĂšre, GaĂŻa Ă©tait prise au piĂšge. La chose le daemon de l’Ombre ne lui laissait pas de rĂ©pits. Pauvre GaĂŻa
 Dommage, vraiment dommage. Tu, tu, tu
 Aaron ne bougeait pas, il n’était pas mort pour autant. Mais bon, tant pis. Il se rĂ©veillerait tĂŽt ou tard, peut-ĂȘtre alors priera-t-il pour que tout cela n’ais jamais existĂ©. Son Ă©tat ne me prĂ©occupait pas pour l’instant, Ă  vrai dire il aurait tout aussi bien pu ĂȘtre une table, tout comme GaĂŻa bien que celle –ci piaillait. Inutile, tellement inutile petite. Il ne sert jamais Ă  rien de crier
 combien de fois devrais-je le rĂ©pĂ©ter ?L’Ombre, sous son air machiavĂ©lique, se mit Ă  ricaner Ă  mes paroles. Aurais-je due m’en vexer ? Bah, on s’en fou et puis, c’était prĂ©vu. On n’appelle pas proie quelqu’un qu’on vient chercher. J’étais limite idiote de penser qu’un individu comme lui, l’Ombre, aurait pu ĂȘtre un simple envoyĂ© et mĂȘme seulement travailler pour mon MaĂźtre. Trahir mon maitre
 il l’avait fait le premier ! Mais c’est vrai, je m’étais enfuie. Oui je l’avais trahi. Surpasser mon maĂźtre et en quel honneur ? Non, je ne le surpasserais jamais. Sans lui je n’aurais jamais Ă©tĂ© ce que je suis Ă  prĂ©sent. Il n’a commis qu’une seule erreur, et ce n’était pas de m’enfermer. Je ne rĂ©pondis rien Ă  ses paroles. Pourquoi faire ? Il avait tout dit. Si bien qu’il m’aurait presque ennuyĂ© et j’en haussais les sourcils en levant les yeux au ciel l’air de dire sans blague tu m’en diras tant » je ne m’étais fait aucune illusion sur sa rĂ©ponse mĂȘme si elle dĂ©passait un peu ce Ă  quoi je m’attendais. Au moins, maintenant j’étais fixĂ©, il n’était pas lĂ  pour me ramener et selon toute Ă©vidence il comptait me ramener. Mais pourquoi Ă©tait-il venu ici
 quel hasard que nous nous retrouvions ! Je ne me souvenais pas de lui, mais il semblait qu’il m’avait connu Ă  Naples et mĂȘme pendant mon Son esprit est vide Ă  lui aussi. Rien ne compte plus pour lui. Il sait
 mais a-t-il vraiment compris ? Menacer l’Ombre, comme c’est pathĂ©tique, t’aurais pu trouver mieux quand mĂȘme. Enfin, c’est un dĂ©but. Toi qui avait toujours comptĂ© sur ton physique il va falloir compter avec ta tĂȘte maintenant et sans la mienne. Sans mon pouvoir. GaĂŻa, Aaron
 c’est ton combat, pas le fixait l’Ombre avait autant de haine qu’il le pouvait. Mais sa colĂšre ne viendrait pas entraver ses rĂ©flexions. Oh non
 mĂȘme si jusqu’alors son jugement Ă©tait faussĂ©. Il vit l’homme approcher, aucune crainte chez lui. C’en Ă©tait presque frustrant. Et ce sourire. Il n’aimait pas ça. Il n’avait jamais aimĂ© le sadisme qui Ă©manait de Kalhan, le mĂȘme que l’Ombre. Des fous, ils sont tous fou ! Quelle vie ! Un geste de lui, un seul
 pour saisir son arme, et le ligre Ă©mit un grondement sourd venu du plus profond de son ĂȘtre. Touche-moi
 allĂ© ! » Mais l’Ombre n’avait pas l’air de le vouloir. Il fit passer sa lame meurtriĂšre devant lui tout en l’effleurant. Merde qu’il Ă©tait rapide ! Mais il ne tuerait pas Ashkane, le ligre le pensait sincĂšrement, ce qu’il voulait c’était Kalhan, alors il ne tuerait pas son daemon avant de s’ĂȘtre amusĂ© avec elle. Un instant, trĂšs Ă©trangement, Ashkane cru qu’il allait renoncer. Le ligre croyait encore sa victoire possible. Mais l’Ombre releva bien vite les yeux et Ashkane avait horreur qu’on l’appelle ainsi. Plus encore venant de cet ĂȘtre la fumĂ©e ? Oui il l’avait vu se transformer en fumĂ©e mais
 Et l’Ombre disparu dans un bond, droit sur le ligre, se dissipa soudain. Son corps disparu, a la place ne restait que de la fumĂ©e
 Ashkane le sentit s’insinuer en lui, s’infiltrer dans son ĂȘtre. Lui, cette chose immonde. Mais le ligre ne bougea pas. Il avait peur lui, peur comme jamais. L’Ombre pouvait le tuer. Si facilement, sans mĂȘme qu’il puisse se dĂ©fendre. Ashkane qui aimait tant se battre Ă©tait au supplice. Il avait l’air si dĂ©semparé  pauvre petit ressentais moi aussi ces sensations, comme si l’Ombre avait Ă©tĂ© en moi et pas en lui. C’était quelque chose d’étrange. De presque risible.* Ne bouge pas ** Tiens donc t’aurais finalement pas envie que je disparaisse ? ** T’es vraiment con tu sais *L’Ombre fini par ressortir et s’élever vers son daemon. Les deux rĂ©unis redescendirent lentement, fumĂ©e flottante. Comment faisait-il pour rire sous cette forme ? Tant de chose Ă©tait possible de toute façon
L’Homme reparu enfin, accroupit juste la derriĂšre. Depuis le dĂ©but, j’avais refusĂ© de le regarder directement dans les yeux, mais ça viendrait. Je ne voulais y lire tout le sadisme et la maitrise de cet Ombre. Il portait vraiment bien son nom. Pas seulement parce qu’il pouvait se transformer en fumĂ©e. Mais parce qu’il Ă©tait vĂ©ritablement une ombre. Il savait se dissimuler et ne faire aucun bruit. C’était terrible. Terriblement merveilleux. Son daemon sembla prendre la forme d’un chat mais il restait de la fumĂ©e. Il cracha vers moi et j’en levais un sourcil. Un problĂšme minou ?Ashkane c’était retournĂ© pour leur faire face. Il n’aimait pas ça. Non, voyons, rĂ©flĂ©chit petit animal stupide. Je n'hĂ©siterais pas un instant Ă  t'attaquer, je sais que Kalhan ne ressent pas la douleur. Mieux, elle l'aime, n'est ce pas Kalhan ? »» Qu’aurais-je du rĂ©pondre ? La douleur Ă©tait la seule sensation que je pouvais encore ressentir oui. Mais ce n’était mĂȘme pas de la douleur, je sentais simplement un lĂ©ger picotement voir de la chaleur. Un simple message dans mes nerfs. Mais cela suffisait Ă  me combler. Car la douleur Ă©tait si belle
* Ça oui, je m’en fou de te faire mal ! LĂąche ! TraĂźtre ! ** Et c’est uniquement de ta faute * Et le ligre s’en trouva le souffle coupĂ©. Son cƓur Ă  lui, que je ressentais si peu en temps normal, se serra. Oho des remords mon gros ? Parfait, parfait
 nous approchions. Imagine Kalhan, la beautĂ© de Naples de nouveau sous tes yeux. La splendeur de ses palais sous le clair de lune ; la magnificence de ses pavĂ©s lustrĂ©s par les ans ; l'odeur de tes rues sombres qui n'attendent que de revoir l'Ă©clat meurtrier de ta lame en action.. Non.. c'est vrai. J'oubliais. Tu n'a pas de lame. Peu importe ! Naples se languit du sang qui ne coule plus grĂące Ă  toi Kalhan. »La splendeur de Naples oui. Je fermais les yeux, rejetant la tĂȘte en arriĂšre. Un profond soupir m’échappa. Sous mes paupiĂšres closes dansaient les rues de Naples. Le jour et la nuit. Ses pavĂ©es rougit, ses odeur de mort sur les places
pendant un temps je soignais mes entrĂ©e. Une vĂ©ritable mise en scĂšne
 C’était splendide. On parlait de moi. Le flĂ©au des rues. Princesse de la mort et autres surnoms. Mais c’était loin. Et cela ne m’attirais plus. Je ne voulais plus tuer. Pourquoi le faire ? Rien ne servait Ă  rien. - Je ne retournerais pas Ă  Naples. Je ne reviendrais pas. C’était plus des paroles pour moi que pour l’Ombre. J’avais d’ailleurs gardĂ© ma Tu es sans doute l’ĂȘtre le plus exceptionnel qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de rencontrer. * Kal
 Oh Kal
 *Je rabaissais un peu la tĂȘte et cette fois, mes yeux se plantĂšrent dans ceux de l’Ombre. Gris. Non. Vous n’avez pas les mĂȘmes yeux. Parce que les siens, ceux d’Aaron, sont plein de jamais l’Ombre n’aurait ce regard lĂ . Lentement, j’écartais les bras de mon corps, les Ă©levant doucement, les doigts Ă©cartais. M’offrant Ă  lui. Vas y viens. Prends ! * C’n’est pas
 ** N’essaie pas cette fois de me demander de vivre pour toi *Ashkane longea les Ă©tagĂšres. Cela ne le regardait plus. Il s’approcha alors rapidement du corps d’Aaron toujours Ă©tendu et l’enjamba, se postant entre lui et le daemon de fumĂ©e. Il avait bien vu que sous cette forme, l’Ombre avait pu le toucher, lui daemon. Il devait en ĂȘtre de mĂȘme en sens inverse. Il Ă©tait hors de question que cette chose de fumĂ©e mĂ©tamorphe fasse la moindre mal Ă  l’homme. Il ne savait pas encore ce qu’il ferait, sans doute un acte dĂ©sespĂ©rĂ© qui faisait tant de bazar
 l’explosion de ses siens, bien qu’il soit pĂ©tĂ© de trouille. * Aaron putain ! GaĂŻa ! RĂ©veillez vous !!! * Sur mon visage aucun sentiments, pas mĂȘme du sadisme. Un lĂ©ger sourire aux lĂšvres. Comme si une dĂ©cision avait Ă©tĂ© prise. Soulagement
Non, je ne suis plus Ă  lui tu sais
 tu as raison, il n’aurait pas du m’enchainer. La liberté  libre de faire ce qu’il me plait. De me donner Ă  qui je veux car je suis le maitre de mon destin et le capitaine de mon Ăąme. Je suis Ă  moi seule. Alors ? Tu viens ? Prends-moi. Viens et prends. Laisse les Ashkane, la fĂȘte n'a pas encore commencĂ© L'OmbreMessages 36Date d'inscription 09/06/2010Feuille de personnageAge de l'humain Une trentaines d'annĂ©esPouvoir Se dĂ©sintĂšgre en Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Sam 31 Juil - 2208 Il la voyait dĂ©jĂ  se parer de ce magnifique sourire plus tranchant que la gueule d'une louve, remuer ses Ă©paules comme si elle rĂ©flĂ©chissait, se jeter Ă  sa tĂȘte pour tenter de le tuer. Quelle stupide erreur elle allait faire ! Mais peut importait, une fois qu'il l'aurait vaincue il irait aussi loin qu'il le pourrait, jusqu'Ă  presque l'achever. La laisserait en vie. Prendrait soin d'elle, et il deviendrait le MaĂźtre de cette magnifique crĂ©ature. Le Suiveur eut un soupir dĂ©daigneux et il sourit en coin. Jusqu'Ă  ce que je m'en lasse et que je la tue. C'Ă©tait aussi simple que ça, il suffisait simplement qu'elle lance le processus d'attaque et elle serait Ă  lui. Cela serait si facile ! Si facile ! Il doutait qu'elle se serve de son pouvoir, sachant parfaitement de quelles capacitĂ©s son corps Ă©tait dotĂ©. Mais mĂȘme si elle le faisait il Ă©tait presque sur qu'en se transformant en fumĂ©e il Ă©chapperait Ă  son contrĂŽle. Comment attraper de la fumĂ©e ? Elle leva le menton, dĂ©gageant son cou fin et dĂ©licat. L'Ombre frĂ©mit en voyant la jugulaire qui battait au rythme de son cƓur. Retint un rire carnassier. Passa sa langue sur ses dents. DĂ©cala son Ă©paule gauche en avant, Ă©tira la droite vers l'arriĂšre en sentant son articulation craquer dĂ©licieusement. Se stabilisa, parfaite garde verrouillĂ©e, sans issue pour une Kalhan qui allait se prĂ©cipiter dans ses bras sans rĂ©flĂ©chir. Ou alors en croyant le faire alors qu'il avait dĂ©jĂ  tout prĂ©vu. Tu ne sais pas ce qui t'attend ma belle.. Je ne retournerais pas Ă  Naples. Je ne reviendrais pas. »Bien, bien, parfait. Attaque Ă  prĂ©sent. Place une derniĂšre accroche, fais mine d'ĂȘtre dĂ©solĂ©e ou rĂ©solue, et d'un coup attaque ! Aussi vive que l'onde, que le serpent, que la foudre ou que la lumiĂšre. DĂ©vastatrice, intemporelle et insaisissable. Jusqu'Ă  ce que je te stoppe. Aussi facilement que l'on ferme une porte. Viens Kalhan ! Viens, je t'attends ! Tu es sans doute l’ĂȘtre le plus exceptionnel qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de rencontrer. »Un compliment ? L'Ombre arqua un sourcil, se dit qu'aprĂšs tout c'Ă©tait une assez bonne diversion. Pourquoi pas aprĂšs tout ! La preuve Ă©tait que lui mĂȘme laissait son esprit vagabonder lĂ©gĂšrement. Mais il Ă©tait capable de se battre en pensant Ă  autre chose, et ça ne lui posait aucun problĂšmes. Les diversions ne marchaient jamais avec lui. Sortant de la torpeur dans laquelle elle s'Ă©tait glissĂ©e, parlant sans se soucier du monde alentour, Kalhan riva pour la premiĂšre fois ses yeux dans les siens. L'Ombre se figea, si c'Ă©tait plus encore possible. Cessa de cligner des yeux. Se perdit tout entier dans les puits sans fonds qu'offraient les pupilles sombres de la jeune femme. Sentit quelque chose qu'il n'avait jamais Ă©prouvĂ©. Traits qui se crispent, souffle qui s'intensifie, lĂšvres pincĂ©es.. Seuls ses yeux restĂšrent de marbre. Ă©tait lĂ , aurait du avoir peur, Ă©prouver quelque chose comme du respect, de la rage, de l'acharnement, une pointe de sadisme, un plaisir retenu avant le combat, mais rien de tout ça Ă©clairait les traits de Kalhan en cet instant. L'Ombre sentit le coin de ses lĂšvres se tordre dans un rictus alors qu'il serrait les dents. Qu'est ce que.. cette horrible chose. Il sentit une rage nouvelle enflammer ses veines et inspira profondĂ©ment pour calmer son souffle. Elle rayonnait tellement d'une telle paix qu'elle lui meurtrissait l'Ăąme rien que de la regarder. Lui donnait envie de vomir. Personne n'avait le droit d'ĂȘtre en paix alors qu'il Ă©tait dans les parages. Dans un geste gracieux, Kalhan Ă©carta les bras, s'offrant toute entiĂšre Ă  lui. Un rire sardonique et amer s'Ă©chappa de ses lĂšvres...Le Suiveur feula lorsque l'immense Ligre se plaça entre elle et sa future proie. Elle se pourlĂ©cha les babines et dans un balancement canin des Ă©paules grandit, grandit, jusqu'Ă  atteindre la taille du Ligre. Un rire narquois retentit dans la piĂšce et elle hĂ©rissa des poils de fumĂ©e sur son dos. Crachant de nouveau, elle Ă©tait devenue panthĂšre, mais ses traits bougeaient trop pour se fixer sur une seule forme. A moi. » tonna-t-elle en avançant brusquement en avant pour faire reculer le Ligre. Elle n'avança pas plus, feula encore et se fendit d'un grand sourire digne d'un chat de Cheshire. Toi croire empĂȘcher moi avoir proie ? Niaha, stupide gros vilain chat Gris Ă  moi ! Pas Ă  toi ! Toi rien pouvoir faire pour sauver Gris Toi faible Toi chaton, hihi » un grondement sourd s'Ă©chappa de sa gorge. Reculer. Ou manger cƓur de l'intĂ©rieur »Se campant sur ses appuis elle se prĂ©parait Ă  se jeter Ă  la gueule du Ligre, tĂȘte baissĂ©e, Ă©nergie amassĂ©e dans son dos puissant, lorsque son humain Ă©clata d'un rire qu'elle ne lui connaissait pas. Elle se redressa vivement, dressa ses oreilles vers son maĂźtre en oubliant totalement la prĂ©sence du daĂ«mon et de l'autre Ă  ses pieds. Presque inquiĂšte, elle pencha la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©, curieuse. MaĂźtre ? Rien ma belle, rien. Tu va t'occuper de ces deux lĂ  et moi je m'occupe d'elle. Le Suiveur frissonna de contentement et poussa un jappement qui n'avait rien de fĂ©lin en grognant sur le Ligre. ..Un rire sardonique et amer s'Ă©chappa de ses lĂšvres. Si elle croyait qu'elle allait gagner de la sorte elle se trompait ! Qu'est ce que tu crois pouvoir faire Kalhan ?! Tu crois que je vais t'Ă©pargner simplement parce que tu refuse de te battre ? » il secoua la tĂȘte en riant de nouveau. Tu crois que te laisser tuer si stupidement effacera tes meurtres Ă  Naples et ailleurs ? RĂȘve. RĂȘve, espĂšre et dĂ©sespĂšre Kalhan, jamais cela ne se rĂ©alisera. Crois moi sur parole. » finit-il par cracher rapide qu'il pouvait l'ĂȘtre, portĂ© par sa rage et son envie de meurtre, l'Ombre se porta en avant. Se jetant au sol il balaya sous les pieds de Kalhan, se releva sans savoir si elle avait sautĂ© ou pas et d'une torsion du buste lança sa main tendue vers le plexus solaire de la jeune femme. Respiration coupĂ©e, cerveau mal irriguĂ© en oxygĂšne, perte de ses moyens et.. Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Devenir une ombre parmi les ombres [L'Ombre et Aaron] Page 1 sur 1 Sujets similaires» I'm singing in the Rain Ombre» Je serai comme une ombre, Ă  chacun de tes pas, qui frappe et qui s'en va.» Venez faire corps avec l'Ombre !» Dans un long couloir, elle aperçoit son ombre - PV» //* Aaron's Liinks ‱++.Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumLindwĂŒen DaĂ«mon Inside ; Du cĂŽtĂ© de l'universitĂ© » + LA BIBLIOTHÈQUESauter vers
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